mardi 25 octobre 2016

Le libraire revient... le 2 novembre.
La librairie est plus là que jamais.
 
 

lundi 24 octobre 2016

Du style épistolaire

Le style épistolaire serait-il en train de revivre ?
Un rapide tour d'horizon le laisserait plutôt penser.
 
Jean-Michel Delacomptée,
Lettre de consolation à un ami
écrivain, Laffont, 152 pages, 16 €
 
 















Maya Angelou, Lettre à ma fille,
Notabilia, 144 pages, 15 €


Thierry Paquot, Lettres à Thomas More
sur son utopie,
La Découverte, 190 pages, 12,50 € 


















François Rollin. Arnaud Tsamere,
Arnaud Joyet, Epîtres, La Martinière,
139 pages, 15 €

Fouad Elkoury, Lamia Ziadé,
Lettres à mon fils, Actes Sud,
141 pages, 18,50 €
 
 
 

dimanche 23 octobre 2016

Les squares parisiens et le fantôme de Prévert

Nathalie Rheims, Nicolas Reitzaum,
La Mémoire des squares, Michel Lafon, 224 pages, 34,95 €
Les amoureux et les promeneurs de Paris sont gâtés: il faudrait créer une chronique régulière pour rendre compte des livres que proposent les éditeurs sur son histoire, sur la vie des rues, leur visage à tel ou tel moment du jour et de la nuit, les hommes qui l'ordonnancèrent.
Jean-Charles Alphand (1817-1891) est de ceux-ci. Cet ingénieur des Ponts et Chaussées fut nommé au service des parcs et promenades par le baron Haussmann,
à qui il succéda en 1870. On lui doit l'aménagement des Buttes Chaumont,
 des bois de Boulogne et de Vincennes, ainsi que du parc Montsouris ; mais aussi des squares que l'on peut découvrir en flânant au hasard.
Nathalie Rheims vient de donner corps à l'une des rêveries dans ces enclos qui symbolisent, au même titre que les fontaines Wallace ou les stations de  métro d'Hector Guimard, un pan de l'esthétique parisienne.
Fortement illustrée, cette promenade met spécialement en valeur les nombreuses sculptures ou groupes sculptés qui ornent les squares, le plus souvent saisies en gros plan. Ils offrent à Nathalie Rheims l'occasion de nombreuses associations d'idées entre les personnages représentés, les œuvres littéraires ou artistiques qu'ils ont portées, les fantômes qu'ils ont laissé derrière eux.
La Mémoire des squares est publié dans la même collection que Le Père Lachaise, jardin des ombres. Les photographies sont du même Nicolas Reitzaum.
Le libraire laissera de côté la petite collection " Pittoresques " lancée par les éditions Scala qui propose de courts textes de Victor Hugo (arraché à Notre Dame de Paris), Nadar ou Edgar Quinet, pour signaler un Paris Prévert qui témoigne très bien de l'atmosphère de Paris entre les deux-guerres, sous l'Occupation et jusqu'à la mort de Prévert en 1977.
On possède évidemment de nombreux documents sur une période aussi récente et où la photographie était abondamment répandue. On connaît d'ailleurs certains de ces clichés de Prévert et de ses amis. Mais il existe aussi des affiches, des collages (comme celui qui ramène la basilique du Sacré cœur  au bord de la Seine ou celui qui, à l'inverse, remonte Notre Dame sur la place Blanche), des dessins et divers documents manuscrits pour témoigner d'un parcours.
Le texte de Danièle Casiglia-Laster serre de près la vie artistique de Prévert, qui se manifesta au cinéma, au théâtre et dans l'édition de poèmes, parfois devenus chansons. Prévert incarne un certain type parisien, à la fois truculent, révolté, facétieux qui a croisé le chemin de nombreux artistes, dont il est difficile de dresser l'inventaire. Et d'innombrables passants anonymes rencontrés dans les rues populaires, les cafés, le métro, sous la pluie ou par beau temps.

Danièle Casiglia-Laster , Paris Prévert,
Gallimard, 288 pages, 39 €

vendredi 21 octobre 2016

Connaissez-vous Oscar Dominguez ?

Dans son billet du 17 octobre (" La magie ineffacée du livre ") ,
le libraire avait cité l'autre jour en passant le nom d'Oscar Dominguez (1906-1957).  Il ne résiste pas au plaisir de reproduire aujourd'hui quelques décalcomanies réalisées par ce peintre, proche ami des surréalistes.
Dominguez s'associa à des nombreuses activités du groupe et nomma
" décalcomanies du désir ou décalcomanies sans objet préconçu " ces dessins  obtenus en collant une feuille de papier sur une vitre ou une autre feuille, préalablement recouverte d'encre (généralement noire ; mais les couleurs, et la peinture à l'huile, furent aussi introduites dans ce procédé).
Des " corrections " ou des ajouts étaient parfois pratiqués, donnant un nouveau sens aux taches dues aux adhésions et aux coulures aléatoires.
Dans la production si abondante de livres d'art, il manque une monographie récente d'Oscar Dominguez, dont l'apport ne se limite pas aux décalcomanies. Le libraire, qui ne manque pourtant pas de livres sur ses rayons et son étal, soyez en sûrs, s'en ferait l'écho.

 






jeudi 20 octobre 2016

Des nouvelles de Christophe Reydi-Gramond

L'auteur d'Un mensonge explosif (Liana Levi)
que nous avons eu le plaisir de recevoir lors de la parution de son premier roman
sera à l'Abbaye-Saint-Gilbert de Saint-Didier-La-Forêt
DIMANCHE 6 NOVEMBRE 2016 à 14 heures
pour présenter et dédicacer Hostis corpus (Piranha)
son deuxième roman policier.
Christophe Reydi-Gramond, Hostis corpus,
Piranha, 266 pages, 18,90 €
" Ce thriller captivant, écrit l'éditeur, est au fond une interrogation
 sur la nécessité de croire : que ce soit au communisme, en Dieu ou dans la Science,
la rationalité est-elle autre chose finalement qu'une autre croyance ?
Que sait-on, que croit-on et que croit-on savoir, jusqu'’à la prochaine expérience ? "
 
Voici une vidéo (tournée chez Mollat, à Bordeaux)
dans laquelle Christophe Reydi-Gramond
présente son livre
 

 

mercredi 19 octobre 2016

Jusqu'où peut aller Francis Hallé ?

Francis Hallé, en collaboration avec
Eliane Patriarca, Atlas de botanique poétique,
Arthaud,  124 pages, 25 €
A chaque parution, ou presque, le libraire le chronique. Pourquoi faillirait-il à la règle avec cet Atlas de botanique poétique tout frais ?
" La but de cet ouvrage est de montrer que la forêt équatoriale n'est pas " l'enfer vert " qu'y ont vu trop souvent les colonisateurs et les aventuriers ; c'est, bien au contraire, un univers quelque peu magique où l'on vit fort agréablement pour peu que l'on observe avec sympathie les petites merveilles qui s'offrent au visiteur occasionnel presque à chaque pas ; il y trouvera amplement de quoi satisfaire ses exigences en matière d'esthétique, de dépaysement et de poésie.
Pour celles et ceux que la biologie passionne, la vie ne sera plus seulement agréable, elle se changera en vrai feu d'artifice d'excitants questionnements. "
" Un univers magique " ; de " petites merveilles à chaque pas " ; l'esthétique, le dépaysement, la poésie et les feux d'artifice : le libraire kiffe !
Francis Hallé vient aussi de préfacer (avec Thierry Thévenin) un joli livre de portraits d'arbres et d'animaux : Les Arbres dont je suis fait et autres retours sauvages. L'arbousier, le cyprès, l'aubépine ou le grenadier y voisinent avec la tourterelle des bois, le mouflon corse, le chat sylvestre ou le congre. Belle arche de Noé sauvée des eaux par un homme qui a été apiculteur, sculpteur, céramiste, éleveur et jardinier nommé Maurice Chaudière. Un homme qui n'a pas sa langue dans sa poche et à tout du conteur.


Maurice Chaudière, Les Arbres
dont je suis fait et autres retours
sauvages, Actes Sud, 264 pages;
20 €

mardi 18 octobre 2016

Une enfance à Majorque

José Calos Llop, Solstice, traduit de l'espagnol
par Edmond Raillard, Jacqueline Chambon,
128 pages, 15 €
Les récits d'enfance (ou les romans évoquant cette période de la vie) seraient-ils en train de rentrer en grâce auprès des éditeurs ? Plusieurs signes le laissent penser, comme l'excellent Solstice du Majorquin José Carlos Llop, dont Jacqueline Chambon avait déjà publié Le Rapport Stein dans lequel le passé et l'autobiographie prenaient tout leur poids.
Dans Solstice, qui relate les étés passés par un enfant avec sa famille sur une île des Baléares dans les années 1960, les réminiscences sont chargées de tant de précision et de vie qu'il est difficile de penser que le " je " du narrateur ne soit pas inspiré par celui de l'auteur. Que Llop soit, par ailleurs, poète ne nous surprendra pas tant son langage a de directe justesse -- ce qui ne l'écarte nullement de l'expression ordinaire des gens ordinaires. Plutôt que d'une recherche d'originalité à tout prix, la force de ses mots  procède d'une intensité du vécu, dont l'enfance est une période généralement exemplaire, et remémorée à un stade de l'existence qui permet d'en maîtriser le récit.
Le libraire a trouvé que le septième chapitre du livre, intitulé Elle, était l'un des plus touchants du livre. " Un été, elle glisse et tombe douloureusement sur le derrière. Nous rentrons à la maison en la portant, comme une reine antique, dit-elle, se moquant d'elle-même et dissimulant sa douleur pour ne pas nous alarmer. Je ne me rappelle pas comment nous nous débrouillons pendant plusieurs jours sans elle, comment nous mangeons, mais je sais qu'elle se remet et qu'elle recommence à se baigner tous les matins. et à se promener tous les soirs. Sa vitalité est infinie, comme son sens de l'humour : elles n'a jamais l'air fatiguée, elle ne l'est jamais, ou bien elle le cache. On ne l'entend jamais se plaindre; pas même de la chaleur qui est d'une rigueur africaine. Elle est gaie comme ses robes imprimées de fleurs ou de dessins géométriques, comme les foulards qu'elle se met sur la tête les jours où il y a du vent, comme son rire qui est vraiment en cristal (...) "
Elle, naturellement, est la mère du narrateur.
Solstice fut rédigé en castillan, et non en catalan (petite trahison de l'enfance ?), langue que l'on parle à Majorque. Le roman (puisque ce terme figure en sous-titre de l'œuvre) peut également se lire comme une ode en prose à la Méditerranée, des côtes catalanes à Hydra et aux rives dalmates.

José Carlos Llop, Le Rapport Stein,
traduit de l'espagnol par
Edmond Raillard, Babel, 112 pages, 6,80 €

lundi 17 octobre 2016

La magie ineffacée du livre

Jean-Christophe Bailly,
La Magie du livre,
Bayard, 64 pages, 12,50 €
Dans la collection "Les petites conférences ", qui vise un    public d'enfants à partir de dix ans et ceux qui les accompagnent (l'idée en est venue de la belle expression qu'avait forgée Walter Benjamin : Lumières pour enfants), Jean-Christophe Bailly a prononcé une dissertation orale intitulée La magie du livre. que publient les éditions Bayard. On peut y lire les lignes suivantes en réponse à une question de l'audience :

" Je n'arrive pas à lire sur tablette. J'ai déjà essayé, mais je suis tellement habitué à tourner les pages que j'ai du mal. Je vois un texte qui défile sur l'écran, on imite le geste de tourner les pages et la page que je lisais avant disparaît Alors, que dans le livre, elle ne disparaît pas, elle reste là physiquement. (...) On pourrait se demander pourquoi il existe des salles de cinéma puisque nous pouvons avoir les images sur des écrans de toutes tailles. D'une certaine façon, ce n'est pas seulement la dimension de l'écran qui compte, mais la relation que nous établissons avec une image dans une salle où nous nous rendons. Le film s'imprime davantage. (...) La dématérialisation des signes et des écritures contient un peu l'idée que tout devient comme un fantôme. "

Jean Christophe Bailly est aussi l'auteur d'un tout récent livre de mémoire (qui s'adresse uniquement à un public d'adultes, cette fois) : L'Ineffacé. Titre qui résonne très bien avec sa conférence. Bailly y présente de splendides pages de manuscrits dont l'IMEC (Institut Mémoires de l'édition contemporaine) conserve les originaux. Ce peuvent être des pages de carnets ou de cahiers ornés de croquis, de ratures, de renvois, de schémas ; ce peuvent être des dessins-poèmes automatiques ; des chutes de papier peint utilisées pendant la Seconde Guerre mondiale, lors de la pénurie de papier ; ce peuvent être des décalcomanies, dont l'artiste Oscar Dominguez donna parmi les plus beaux exemples ; ou bien des fiches préparant une œuvre en cours.
Toutes ces traces, remontant à l'ère anté-numérique, font se côtoyer Antonin Artaud, Alain Resnais, Roland Barthes, Erik Satie ou Philippe Soupault, pour ne citer que quelques noms.
Jean-Christophe Bailly, L'Ineffacé,
IMEC, 162 pages, 32 €



dimanche 16 octobre 2016

Le retour au pays natal de Sylvain Tesson



Sylain Tesson, Sur les chemins noirs,
Gallimard, 142 pages, 15 €
" J'avais bu pour la vie au cours de ces dernières années, noyé des caravanes de souvenirs dans des gués de vodka. A présent : fini ! Le robinet magique était fermé. ", s'exclame Sylvain Tesson dans l'avant-propos de son dernier récit.
Alors, du Sud vers le Nord, du Mercantour au Cotentin, en traversant le Massif central et en épousant une diagonale (inverse de celle de Jacques Lacarrière, parti un jour des Vosges pour atteindre les Corbières), il prit la poudre d'escampette.
Mais cette fois, foin de Sibérie et de l' Axe du loupTesson résolut de partir au bout du monde... près de chez lui -- par comparaison avec les étendues de glace du Baïkal. "Si je m'en sors, je traverse la France à pied ! ", s'était-il juré sur son lit d'hôpital, après sa chute accidentelle et le traumatisme crânien qui en était résulté.
Il emprunta les chemins inconnus encore des foules, sinon des vadrouilleurs et de quelques ermites de  " l'hyper-ruralité ". " Je voulais m'en aller par les chemins cachés, bordés de haies, par les sous-bois de ronces et les pistes à ornières reliant les villages abandonnés. "
Finie la wilderness, que viva les proches déserts !
Pourvu qu'on leur fiche longtemps la paix, à ces sentiers, à ces hameaux à ces pierres de derrière le décor fait par les grands axes, les grandes surfaces, les grands urbanistes, les grandes vitesses, les grands couplets !
Observer les nuages, est le " plus pieux métier du monde ", conclut joliment Sylvain Tesson de sa traversée française qui croise, en Auvergne, la célèbre " diagonale du vide ". Il existe des interstices. Cette perspective sourit au libraire.

Sur l'esprit qui habite les villages montagnards (particulièrement de la Margeride et du Forez, légèrement à l'est du trajet suivi par Sylvain Tesson), le libraire recommande les travaux de l'ethnologue Martin de la Soudière.
 Peu ont su si bien donner à sentir l'atmosphère des sous-bois et la vie contemporaine des hyper-ruraux, les héros de ces endroits écartés.
.
Martin de la Soudière, Poétique du village,
Stock, 270 pages, 24 €


samedi 15 octobre 2016

Lettres d'amour

 
Mireille Sorgue, Lettres à l'Amant,
Albin Michel, 2 volumes, 17 € chacun
On dirait que la presse bruisse de lettres d'amour ces jours-ci.
Le libraire aime l'amour et les lettres d'amour.
 
" M'éveillant aux disputes d'oiseaux, je bouge indécise encore, puis d'un seul retournement, de l'oubli je viens au jour des fenêtres. Alors je te rencontre, et je te reconnais.
Matin ! et j'aime cette heure neuve où mon amour balançant du rêve à la réalité, s'étonne de lui-même, se dénude et s'éprouve. Une lèvre extrême de nuit se dérobe; et la rumeur confuse de mes rives en sommeil se change en un silence pur. Je te retrouve. Ma bouche se sait promise. Une douceur s'amasse où des rires infusent. Ma chair à voix haute divague, et mes mains lentes t'invoquent sur la place à mon côté où je t'imagine dormant. Le temps sur notre accord se compose.
Un jour encore !
Un jour. Je ne me lève pas pour besogner, mais pour t'écrire. "
 
" J'ai assez le sentiment que le temps m'est compté (...) Il me semble qu'en t'écrivant, je pare au plus pressé. Ce travail-ci peut attendre, mais sais-je, si demain vient, sais-je si demain je vis ? Et ce remords que j'aurais à te quitter à mi-dialogue, ce remords que j'ai, que j'aurai : car nous n'en finirons pas de cette conversation-ci, et que t'aurai-je dit qui vaille, que t'aurai-je légué qui soit de quelque poids,
                   hors ces deux mots
                                 Mon amour
                                         qui ne te consoleront pas "
 
Mireille Sorgue était une jeune femme poète, née en 1967 et morte à l'âge de 23 ans,
laissant notamment ces deux volumes  (1985) d'incandescence pure.
 
 
 
                       
 

vendredi 14 octobre 2016

Courtes promenades dans un catalogue

Asger Jorn, un artiste libre, La Bibliothèque des Arts,
224 pages, 39 €
Vous voulez vous sortir du stress de la nouveauté  ? Eh bien, le libraire vous invite à feuilleter avec lui le catalogue de la Bibliothèque des Arts, une maison d'édition qui travaille dans la durée et la discrétion, peu célébrée par les journaux. 
Né en 1954, cet éditeur suisse basé à Lausanne, se consacre à la publication de monographies d'artistes modernes et contemporains ; de catalogues d'expositions ; il s'intéresse aux arts décoratifs et appliqués ; à la mise au point de correspondances, toujours de haute tenue et sans égard pour la mode.
Voici Papiers peints, qui révèle la poésie des murs intérieurs ; voici Asger Jorn, l'un des plus grands peintre-poète-théoricien du XXe siècle ; voici les artistes du Nouveau Monde, les Thomas Cole et les Church, sans oublier Audubon ; voici la correspondance de Gallé avec son épouse Henriette à côté de celle de Matisse et Rouault ; et les quatre volumes des Mille feuilles de Georges Borgeaud, que tous devraient pratiquer au pays de Valery Larbaud -- d'autant plus que les livres de cette collection se présentent dans une belle livrée de papier cristal.
Au catalogue de la Bibliothèque des Arts s'est récemment joint celui des éditions Ides et Calendes. Un certain fluide passait entre les deux maisons et notre promenade suit son cours sans cahots.
Voici le trop méconnu Roger Bissière, étudié par Daniel Abadie ; voici Picassiette en son ébouriffant paradis de mosaïques et son compère en naïveté, Gaston Chaissac ; Jorn, de nouveau. Et puis, dans la collection Pergamine, rendez-vous avec Pol Bury ou Ramuz. Ou encore avec Henri Rousseau, l'employé de l'octroi pour lequel le libraire a un petit faible.
Tous ces noms vous sont peu familiers, pour certains inconnus ?
Quelle chance est la vôtre avec toutes ces lectures devant vous !


Jean Bouret, L'Ecole de Barbizon et le paysage français
au XIXe siècle, Ides et Calendes, 248 pages, 59 €

jeudi 13 octobre 2016

Jack London, héros du jour

Jack London, Romans, récits et nouvelles,
tomes I et II, sous coffret, Prix de lancement :
110 €

A la veille du centenaire de sa mort, le 22 novembre 1916, Jack London incarne le mythe de l'écrivain populaire, aventurier, bagarreur, grand voyageur et se vaut en même temps l'image, un peu plus terne, d'un auteur pour la jeunesse.
Croc-Blanc et L'Appel de la forêt, d'abord vendus comme des histoires d'animaux (donc, forcément comme des histoires enfantines) n'entrent pas pour rien dans ce contresens qui a la vie dure.
Toutes les grandes collections de poche proposent ces deux titres à leur catalogue, mais éditions et rééditions du Talon de fer, par exemple (on en compte au moins cinq versions en librairie à ce jour, toujours présentées comme des " découvertes " d'un texte " méconnu ") ; la traduction de plusieurs volumes de romans, nouvelles, récits autobiographiques et articles dans la collection
" Bouquins " depuis de nombreuses années ; la multiplication des traductions de textes réputés secondaires par de petites maisons d'édition, autant que la multiplication des versions de Martin Eden (une " nouveauté " de chez Folio !) ainsi que l'adaptation de ce chef-d'œuvre en bandes dessinées chez Futuropolis, n'ont pas suffi à laver Jack London de sa réputation d'auteur pour lecteurs adolescents.
Son entrée dans la Pléïade, en deux volumes sous coffret, qui en fera définitivement l'un des auteurs étrangers les mieux couverts par l'édition française, signera peut-être la fin de cette carrière paradoxale. Et sa nécessaire réorientation. Plusieurs biographies y participent à leur niveau. Le libraire ne se dérobera pas.

Olivier Weber, Jack London, L'Appel du grand ailleurs,
Paulsen, 350 pages, 56,00 €

mercredi 12 octobre 2016

Et maintenant : comment dessiner les animaux ?

François David, Un ours, des ours,
Sarbacane, 25 €
Après s'être demandé comment écrire les animaux (dans le billet du 7 octobre), demandons-nous comment les dessiner pour les enfants. A cette question, l'équipe d'illustrateurs (ils sont plus de trente) qui a travaillé pour Un ours, des ours a trouvé de fort belles réponses.
Chacun selon son tempérament a décliné l'image que l'animal, après des siècles difficiles pour lui, s'est acquise auprès des enfants (et des grands). Chaque dessinateur était guidé par les poèmes de François David explorant les mille formes de l'animal : peluche, tendre doudou, représentant des constellations sur la Terre ou magnifique bête blanche promise à disparaître avec la banquise.

Lorsque les tigres
Mangeront des épinards
Et les léopards
Des spaghettis

Les ours alors s'envoleront
Sur des coussins moelleux
Pour aller boire le lait
Des étoiles.

Humour, tendresse, réalisme, naïveté (vraie ou plutôt feinte), collages graphiques : toute la palette de l'illustration contemporaine s'est mise à chanter l'ours, dans sa fourrure blanche ou brune. Le panda (tellement sollicité d'habitude dans les images) est resté pour une fois au sommet de son arbre. On ne le voit pas
.
Stephen Walton, lui, a choisi le fusain pour dessiner la sauvagerie et la faune en danger. Et le résultat est d'une précision, d'un hyperréalisme bluffant. Pas un poil ne manque à la barbe du tigre ou à la crinière du lion, pas une ride à la peau des éléphants ni une rayure au costume du zèbre. Le fusain si fouillé de Stephen Walton montre aussi, s'il en était besoin, la force d'un dessin en noir et blanc.
Il faut dire que l'illustrateur est photographe dans une vie parallèle. " Quand je suis sur le terrain, explique-t-il, je prends des photographies, et lorsque je suis à la maison, je m'en inspire pour dessiner, mais il m'arrive aussi d'utiliser les clichés d'autres photographes comme modèle. "
Le libraire a remarqué une bonne idée à la fin de l'album : l'existence d'une section " Références et lectures recommandées ." Il approuve ce dispositif, rare dans les albums pour la jeunesse.
Hélas, hélas ! Pas un seul de ces conseils ne renvoie à des livres. Tous renvoient à des sites et, donc, à des écrans.
Grrrr ! Grrrrr ! le libraire sauvage sort ses griffes !


Katie Cotton/Tephen Walton,
Sauvage, Gautier Languereau, 18 €

mardi 11 octobre 2016

Tobie Nathan : une clé des songes

Tobie Nathan, Les Secrets
de vos rêves, Odile Jacob, 314 pages,
22,90 €
D'où vient que le rêve est si présent ces derniers temps sur l'étal du libraire ? La dureté du moment que l'on traverse ? Un brusque retour d'intérêt pour une activité humaine profonde qui traverse les époques et les sociétés ? La curiosité redoublée pour ce qui passionna des générations d'artistes ? Ou de freudiens, persuadés que le rêve est une expression de l'inconscient ?
L'ethnopsychologue Tobie Nathan, mi anthropologue mi psychanalyste,  apporte ici sa pierre à l'édifice onirique. Il osculte les songes en tenant compte de l'universalité du phénomène et des pratiques des dormeurs appartenant à des espaces autres que l'Occident. Ou à d'autres époques. 
Ainsi les anciens Grecs, ou les Indiens d'Amérique. Ou bien encore les actuelles cultures du Maghreb, d'Ethiopie ou... de Paris que des "banques de rêves " (c'est-à-dire des listes informatisées de rêves recueillis en laboratoire, à ne pas confondre avec quelque Société Générale ou B.N.P. que ce soit) permettent d'interroger. 
Dans un langage des plus abordables, il analyse les récits qui  lui ont été faits par ses patients. Il en propose une lecture et prodigue ses conseils pour que les rêveurs changent d'habitudes nocturnes et, un peu, de conduite diurne.
En eux-mêmes, avant interprétation, ces rêves ou ces cauchemars constituent souvent de brefs morceaux de littérature que l'on peut goûter pour eux-mêmes et le mystère qu'ils abritent.
Ces récits et leurs interprétations ont été publiés dans Psychologies magazine.


Sigmund Freud, L'interprétation du rêve,
PUF, 756 pages, 18 €

lundi 10 octobre 2016

Samedi bd (18)

Samedi dernier fut un SAMEDI BD.
 Parmi le choix de Géraldine figuraient, tenez-vous bien,
les cinq albums suivants : 
 
Emmanuel Lepage, Sophie Michel & René Follet,
Les Voyages d'Ulysse, Daniel Maghen, 224 pages
29 €

Hubert, V. Augustin, Monsieur désire ?,
Glénat, 128 pages, 17,50 €

Angux & Tamarit, Avery's Blues,
Steinkis, 80 pages, 17 €

Guy Delisle, S'enfuir. Récit d'un otage,
Dargaud, 432 pages, 27,50 €

Miles Hyman, La Loterie, d'après Shirley Jackson,
Casterman, 140 pages, 23 €

dimanche 9 octobre 2016

Georges Pérec chez les libraires

La Littérature est une rencontre.
 Je me souviens, Arléa, 110 pages,  13 €
Quoi d'étonnant, interrogerez-vous ?
Sauf que ce sont les libraires eux-mêmes (et les représentants des maisons d'édition) qui ont été sollicités par Arléa pour composer ce recueil à la mode de Pérec sous le titre La Littérature est une rencontre. Je me souviens.
Il sera en vente le 22 octobre. Bref florilège :
 " Je me souviens  de l'effroi qui me prenait en 5e lorsque j'arrivais à la lecture du vers suivant : " Il a deux trous rouges au côté droit. " (Christophe Aubert, Clarisse et Pierre, représentants)
" Je me souviens de mes larmes lorsqu'une rupture de canalisation a inondé la table de nouveautés."
(Christelle Quéval, librairie Eyrolles, Paris)
"Je ne me souviens pas de la fin de Fin de partie de Samuel Beckett. " (Isabelle Theillet, Mots et Motions, Saint-Mandé)
" Je me souviens de l'été de Britannicus et des Nous Deux parfumés à la poudre de riz de ma grand-mère. " (Carole Rotis, représentante)
" Je me souviens que quand j'étais petite, moi, je ne voulais être ni libraire, ni représentante, je voulais être écuyère. " (Emmanuelle Leroy, représentante)
" Je me souviens du client désolé qu'on ne vende pas de parapluies. " (Librairie L'Odeur du temps, Marseille)
" Je ne me souviens pas où j'ai planqué le E. " (France Verrier, librairie Les Yeux gourmands, Bruxelles)
La contribution du libraire se trouve aux pages 22 et 23 de l'ouvrage (s'il se souvient bien).
Et c'est ainsi qu'Arléa est grand !

Georges Pérec


samedi 8 octobre 2016

Eric-Emmanuel Schmitt à Vichy

Eric-Emmanuel Schmitt,
L'Homme qui voyait à travers les nuages,
Albin Michel, 432 pages, 22 €
 
Invité vendredi soir par les amis du Petit théâtre impérial (www.sbsnews.fr)
à l'occasion de la parution de son dernier roman,
L'Homme qui voyait à travers les nuages  (Albin Michel),
Eric-Emmanuel Schmitt s'est rendu au n° 5, de la rue Sornin.
Le voici à bord du vaisseau A la Page, ce samedi matin,
juste avant l'apéritif de " SAMEDI BD "
 
 

vendredi 7 octobre 2016

Comment écrire les animaux ?

Ernest Thompson Seton, Lobo le loup,
traduit de l'anglais par Bertrand Fillaudeau,
José Corti, 240 pages, 21 €
Si la collection " Biophilia "des éditions José Corti a bien pour vocation de jeter des passerelles entre les conceptions scientifique et littéraire du vivant, alors le dernier livre de cette collection, Lobo le loup, illustre ce projet à la perfection.
Lobo le loup, qui parut en 1898 aux Etats-Unis, avait du reste suscité là-bas une longue querelle entre partisans et adversaires de son auteur, Ernest Thompson Seton (1860-1946), qui devint  un écrivain de la nature prolifique et contribua, en outre, au lancement du mouvement scout américain.

Au cœur de la controverse gisait la question, régulièrement soulevée, de l'anthropomorphisme des représentations animales dans la littérature.
Seton n'était pas le seul auteur visé (notamment par l'excellent naturaliste John Burroughs), mais ses histoires d'animaux, comme Feuille de chou, le lapin, ou Collier roux, la gélinotte mâle, donnaient l'impression d'annexer les animaux sauvages à la psychologie des êtres humains. Il leur accordait même la parole et le privilège de réfléchir !
Voici un exemple de l'approche et du style de Seton :
" J'ai vu Bingo [il s'agit d'un chien] s'approcher du poteau, le renifler, examiner le sol tout autour, puis grogner, la crinière hérissée  et les yeux brillants avant de le labourer, violemment et avec un air de mépris, de ses pattes de derrière, puis repartir très raide, jetant un coup d'œil en arrière de temps en temps. Ce qui, si l'on interprète la langue des chiens , correspondrait à :  ' Grtrrh ! ouaf ! un sale bâtard de Mc Carthy est venu dans le coin. Ouaf ! J'vais m'occuper d'lui cette nuit. Ouaf ! Ouaf ! D'autres fois, après ces préliminaires, il semblait profondément intéressé. Il paraissait s'interroger sur une trace de coyote qui allait et venait et se dire à lui-même, comme je l'ai appris par la suite :  ' Une trace de coyote descendant du nord. Il a dû sentir une vache morte. J'y pense, la vieille Brindle de Pollworth a fini par mourir. Cette hypothèse me semble la bonne. ' "

De fait, Seton s'avéra un fin observateur du monde animal et de la nature et non un faussaire, ou un sentimental, ignorant tout des vrais comportements des espèces sauvages, comme ses adversaires l'avaient insinué.
Tout à son amour des loups, en particulier, et des bêtes en général, il chercha à individualiser les vies de chacun d'entre eux. Des existences particulièrement touchantes car, écrit-il en soulignant ses mots, " la vie d'un animal sauvage a toujours une fin tragique ".

Son recueil animalier a trouvé un nouvel avocat en Bertrand Fillaudeau, auteur de la traduction et de la postface de l'ouvrage, qui souligne la pertinence renouvelée des thèmes d'Ernest Thompson Seton : " Sans nier la part de compétition qui existe dans la nature, Seton est l'un des premiers à mettre en avant l'aide mutuelle et la collaboration, volontaire ou non, entre certaines espèces (l'alerte du geai bleu servant aussi au lapin). Il constate aussi que la technologie menace non seulement de détruire les espèces naturelles mais aussi l'éthique. Pour retrouver une paix morale intérieure, l'homme civilisé ne doit ni oublier ses racines, ni s'en couper. "

Ernest Thompson Seton (1860-1946)

mercredi 5 octobre 2016

La géographie de Mathias Enard et celle de Christian Bobin

Mathias Enard, Dernière communication
à la société proustienne de Barcelone, Inculte,
120 pages, 14,90 €
Mathias Enard passe en revue ses géographies préférées dans un recueil de poèmes qui pourrait évoquer (comparaison n'est pas raison) les Proses du transsibérien de Cendrars. On y croise peut-être aussi les fantômes de Mac Orlan.
Son empan est large comme d'habitude : Beyrouth et Balkans, Russie, mer noire et Catalogne -- Barcelone du moins.
La coulée de ses vers est facile, directe :

Je cherche un cargo lituanien
Avec des Philippins buveurs de rhum
L'exotisme
Et une escale à Malte ou à La Canée
A Istanbul, allez, je ne suis pas chien...

Ça et là passe l'instantanéité des poèmes beat, leur décontraction affichée sur la route :
 
C'est trop calme
C'est la grève tous les deux jours les épiciers baissent
      leurs rideaux de fer
Il faut passer dessous pour acheter ses clopes dans le noir
 
Christian Bobin, lui, ne se sent pas l'âme d'un voyageur au long cours. C'est ce qu'il explique par une lettre à l'éditrice de L'Invention du voyage, un volume dans lequel Sylvain Tesson et Isabelle Autissier, parmi d'autres amoureux des grands espaces, rencontrent des adeptes du local et des petits rayons, comme Pierre Rahbi et Bobin, donc.
La confession de ce dernier ne manque pas de charme : " Je n'ai pas fait un seul pas depuis l'enfance, dit-il. Les fééries m'ont empêché d'aller plus loin. Ma rue natale s'appelait rue du 4 septembre. Je suis resté là, à cette enseigne (...) Ma rue était en pente (...) Je ne m'aventurais même pas à ses extrémités. Vingt mètres m'épuisaient et me comblaient (...) Je connais très bien l'alphabet des nuages, l'écriture des fissures sur les tablettes d'un trottoir. Je n'aime pas plus l'éloge des racines que celui des voyages. "
Ce long vers, cette ligne plutôt, dans un poème de Mathias Enard, devrait cependant lui plaire :

Mon pays est si petit que je peux tenir tous ses arbres au creux de ma main et les lancer -- on se battait avec ses châtaignes dans la cour de l'école.
Collectif, L'Invention du voyage, Le Passeur,
222 pages, 14,90 €

mardi 4 octobre 2016

Les malices de l'avocat

Emmanuel Pierrat, La Vie sexuelle des
aventuriers, éditions du Trésor, 158 pages, 16 €
Ils ou elles sont marins, pirates, demi-dieu, personnages de romans, de films ou de bandes dessinées, voyageuse au long cours. Ils se nomment Ulysse, Barberousse  et Anne Dieu-le-veut, Corto Maltese, James Bond ou Alexandra David-Neel -- que vient-elle faire dans cette galère qui tangue sec ?
D'abord on se dit que 158 pages pour relater la vie sexuelle des aventuriers représentent une bien petite somme. Mais on oublie très vite quelque idée de record que ce soit. On est immédiatement gagné par la malice de l'auteur, Emmanuel Pierrat qui, outre son métier d'avocat au Barreau de Paris, nourrit de longue date une passion pour les curiosa.

Marier ainsi, si l'on peut dire, les personnages de fiction et les personnages historiques est de peu conséquence sur la véracité des aventures qui nous sont contées. Entre l'auteur qui se prend pour Corto Maltese, le mâle séducteur, et Alexandra David-Neel, la jeune protégée de Reclus, adepte du voyeurisme, on ne se demande pas lequel est le plus vrai. On s'amuse des coquineries des uns et des autres ; on se laisse bercer par la révélation des délicieux tourments que connut Ulysse à son mât (ah, les sirènes !) et l'on tremble de faire les mêmes cauchemars que Barberousse condamné au harem et au statut d'eunuque.
Essai ou récit érotique, le livre est publié par les éditions du Trésor qui viennent de faire paraître Comment voyager seule quand on est petite, blonde et aventureuse, de Kasta Estafieff.

Kasta Estafieff,  Comment voyager
seule quand on est petite, blonde et
aventureuse, éditions du Trésor,
224 pages, 17 €

lundi 3 octobre 2016

Poésie du vent et, en particulier, de l'écir



François Cassingena-Trévedy,
Cantique de l'infinistère,
Desclée de Brouwer, 176 pages, 16,90 €
" Les ouragans d'hiver s'appellent écirs ; et on leur a donné un nom particulier, parce qu'alors la terre étant couverte de neige, ils produisent sur cette neige un effet qu'il a fallu désigner par une dénomination quelconque. Un écir diffère des ouragans de certaines îles et de certains continents, en ce qu'il ne souffle point, comme eux, d'un point déterminé de l'horizon. Dans les montagnes d'Auvergne c'est un vent quelconque ; mais il ressemble à ceux-ci en ce qu'il a une violence affreuse, et que comme eux il souffle sans interruption, et avec la même impétuosité, pendant plusieurs jours. Partout où il passe,
il chasse et balaie devant lui la neige. Celle dont
il dépouille en partie les champs et les montagnes,
il la porte dans les gorges, les ravins et les ruisseaux. Elle chemine, toujours poussée en avant, jusqu'à ce qu'elle trouve un abri derrière lequel elle s'arrête. Plus de chemins. Ce qui auparavant était creux devient de niveau avec la terre. M. Duvergier, prieur-curé de Sauzei-le-Froid, m'a dit que l'hiver dernier, sa cour, dont le mur a six ou sept pieds de haut, avait été tellement encombrée de neige, que pour aller à l'église, il avait passé par-dessus la muraille. "
Cette parfaite description de l'action du vent auvergnat est extraite du Voyage d'Auvergne, rapporté par Jean-Baptiste Le Grand d'Aussy en 1788.
Elle figure en note du Cantique de l'infinistère qui vient de paraître sous la plume de François Cassingena-Trévedy, aux éditions Desclée de Brouwer.
Si l'orthographe du village de Sauzei-le-Froid s'est légèrement transformée (elle est devenue Saulzet-le-Froid), l'indication climatique qu'elle contient reste intéressante.
Le village est beau et commande de magnifiques vues lorsqu'on se promène dans ses environs.
Quant au Voyage d'Auvergne, de Le Grand d'Aussy, tout le monde peut remarquer qu'il fut édité à Paris chez un certain Eugène... Onfroy.



dimanche 2 octobre 2016

Muriel Zürcher et son prix Goupil

Quand Muriel Zürcher la lauréate du Prix Goupil 2016,
pour Robin des Grafs (chez Thierry Magnier), rencontre les jeunes lecteurs du jury
(qu'elle en soit mille fois remerciée, parole de libraire) ...

... on fait vite connaissance avec son, ou ses, univers.
On découvre le plan d'un de ses livres. On apprend qu'il est long comme un jour sans pain,
mais... pas toujours respecté.
Il faut que vive l'imagination.
Elle nous révèle d'autres secrets pour faire vivre les
personnages, chanter les phrases, rythmer l'action.
Et l'humour n'est pas absent.

Ni même un  petit pas de danse...
  
D'ailleurs, l'après-midi en profite pour passer trop vite.
Il y a les questions, il y a les réponses, il y a la photo des participants, Muriel, Géraldine et les autres.
Il y a aussi les dédicaces, les dernières confidences, et le train impitoyable
(quoique invisible sur cette photo)
qui doit ramener Muriel chez elle, au bout de l'aventure.