dimanche 31 décembre 2017

Meilleurs voeux

En vous souhaitant une belle année 2018,
le blog se met au repos.
Il rouvrira le 15 janvier prochain.
En attendant, la librairie reste ouverte
selon ses horaires habituels,
de 9 à 19 h, sans interruption*.

 
 * à l'exception du lundi 1er, du mardi 2 et du mercredi 3 janvier


Eloge de la cabane

Marc Augé, Qui donc est l'autre,
Odile Jacob, 315 pages, 24,90 €
" La cabane, ce n'est pas pour habiter, mais pour faire : le bûcheron, le pêcheur, le chasseur peuvent utiliser une cabane. Elle n'autorise le rêve, n'éveille les sensations que si elle sert ; les enfants l'ont compris et n'inventent des cabanes que pour jouer des rôles. En sens inverse, les lieux hautement fonctionnels (les résidences, les bureaux, les voitures) sont parfois l'objet de tentatives de miniaturisation qui essaient de leur donner l'aspect d'un espace personnel et ludique. L'atelier du bricoleur au sous-sol du pavillon de banlieue, la machine à café avec son sucrier sous les photos de famille et les cartes postales dans le bureau de la secrétaire, la boîte à gants dans la voiture, avec sa lampe torche et sa carte routière, et sur le dessus de laquelle somnolent, sous la dernière vignette fiscale, un roman et une paire de lunettes, se donnent des allures de cabane : approximatifs, métonymiques, un peu tragiques, ces morceaux d'espace sont des coins cabanes, comme il y a des coins cuisines. "
Avec cet extrait de Qui donc est l'autre, de Marc Augé, que viennent de publier les éditions Odile Jacob, le libraire vous souhaite une bonne fin d'année dans vos cabanes.


vendredi 29 décembre 2017

Faites très attention

Gertrude Stein, Le livre de lecture, traduit de l'anglais
(Etats-Unis) par Martin Richet, édition brochée,
80 pages, 16 €
Faites très attention à comment allez-vous.
Faites très attention à quand vous aurez vu ceci souvenez-vous de moi.
Faites très attention à très bien je vous remercie.
Faites très attention à puis-je sortir s'il vous plaît.
Faites très attention à que voulez-vous.
Faites très attention à combien d'œufs y-a-t-il là-dedans.
Faites très attention à qu'avez-vous dans la poche.

Oui, faites très attention à tout cela : ces conseils de Gertrude Stein (1874-1946) figureront incessamment sur l'étal du libraire dans le format de poche des éditions Cambourakis sous le titre Le Livre de lecture.
Les rejoindra, ne relâchez surtout pas votre attention, le roman de Michel Bernard, Deux remords de Claude Monet, dont le libraire avait naguère dit du bien. Et le dernier roman d'ycelui dont la lecture va commencer sans tarder.
Restez concentré.

Michel Bernard, Deux remords de Claude
Monet, La Petite Vermillon,
233 pages, 8,70 €



mardi 26 décembre 2017

Actualité gréco-romaine

Le programme (copieux) du Printemps régional
de l'antiquité grecque et romaine
pour les mois de janvier à juin 2018
vient d'arriver.
Il est disponible sur la table basse
près du divan rouge.
 


samedi 23 décembre 2017

Dans le rayon BD

Et voici quatre BD pour Noël
(sans oublier le prochain SAMEDI BD A la Page
qui aura lieu le samedi 13 janvier 2018)
 
Frédéric Nadolny Poustochkine, Balzac et ka petite
tailleuse chinoise, Futuropolis, 320 pages, 32 €

Koren Shadmi, Le Voyageur, Ici-même, 174 pages, 25 €

Santini et Richerand, L'esprit de Lewis,
Soleil, 72 pages, 16,95 €

Lupano, Andreae, Azimut, Vents d'Ouest,
48 pages, 13,90 €
 

vendredi 22 décembre 2017

La géographie enchantée

Véronique Barrau, Richard Ely, Terres enchantées,
Plume de carotte, 126 pages, 24 €
A force de considérer la nature d'un point de vue scientifique, à force de tout chiffrer, de compter, de mesurer l'air, les distances, les pluies, les vents comme l'on compte la vitesse des trains, la quantité de micro-secondes qu'il faut pour ... on a fini par oublier que la beauté, l'étrangeté, l'imaginaire ne se mesurent pas.
D'ailleurs quel Mont-Blanc est le plus haut, dîtes un peu ? Celui de la carte ou celui de nos rêves de la nuit et des jours ? Ce livre tombe à pic, c'est le cas de le dire.
Voici la géographie racontée par les fées. Les grottes, les montagnes, les îles, les torrents, les volcans... habités par les elfes, les géants et les dames noires. Un livre qui rétablit le passage du courant entre la nature et l'imagination.
A qui offrir ce livre ? Mais aux adultes, bien entendu !
Ce sont les adultes qui ont le plus besoin des fées, qui ont le plus besoin de magie et de merveilleux. Ils en ont besoin pour eux-mêmes ; pour ré-enchanter le monde après toutes ces années passées a sérieusement (on se comprend) conduire leur vie. Ou à ne pas la conduire du tout.
Plus tard, le livre restera dans la famille. Il sera le livre familial des fées et des songes.
Pour échapper à une iconographie un peu convenue (les fées n'habitent pas seulement chez Walt Disney), l'éditeur a pioché ses illustrations dans La Nature,  une grande revue scientifique du XIXe siècle, à laquelle de grands graveurs collaborèrent et dans laquelle les surréalistes puisèrent le matériau de leurs collages. Le libraire s'écrie : quel kiff !

jeudi 21 décembre 2017

Pour les amoureux des livres de 4 à 6 ans

Depuis le rayon jeunesse,
 Esilda vous conseille :
 
Zhu Chengliang, Flamme,
Hongfei, 14,60 €

Claude Ponti, La Course en livre,
Ecoles des loisirs, 107 pages, 15 €

Marc Daniau/ Yvan Duque, Comme un géant,
Thierry Magnier, 18 €

Pénélope Jossen, Bucéphale,
Ecole des loisirs, 12,70 €

Henry David Thoreau,  Une année dans les bois,
traduit de l'anglais par Emmanuelle Urien,
 illustré par Giovanni Manna,
extraits de Walden choisis par Laura Manaresi,
Poil de carotte, 18 €
 

mercredi 20 décembre 2017

La double vie de Gala

Dominique Bona, Une vie de Gala,
Flammarion, 232 pages, 29,90

Dominique Bona republie et enrichie de nombreuses archives inédites, sa vie de Gala et Salvador Dalì : Une vie de Gala. L'iconographie et les nombreuses archives inédites de ce volume en font un beau motif de connaissance de celui qu'André Bren surnomma Avida Dollars et de sa compagne, surtout.Dominique Bona sait ne pas se montrer complaisante envers ses modèles. Ni envers le statut de muse, d'égérie que la postérité a attribué à Gala. Ni envers les faiblesses de celui qu'elle a cornaqué pendant un demi-siècle. De quoi écorner le mythe, en restituant les faits, les rencontres et les lieux. Les fausses provocations et les vraies phobies.
Gala et Dalì de l'autre côté du miroir, que signent Dominique de Gasquet et Paquita Llorens Vergès, paraît prendre cette position à contre-pied à partir des souvenirs recomposés par l'homme de confiance du couple et son épouse.
 " La Madone de port Lligat
 " retrouve du coup son auréole ; Paul Eluard (qui fut son premier mari) ne pleure plus son absence à son propre enterrement ; Dali fut le premier hippy ; André Breton n'a rien compris. Lewis Carroll n'est pour rien dans cette affaire.

Dominique de Gasquet - Paquita Llorens Vergés,
Gala et Dalì de l'autre côté du miroir,
Laffont, 262 pages, 20 €

samedi 16 décembre 2017

Kaliméra-Bonjour

Nicole Dubois-Tartacap, Kaliméra. Séjours et
songes en terre grecque, Transboréal,
426 pages, 13,90 €
Le regard du voyageur assidu n'est pas aussi superficiel que celui du touriste pressé, celui qui avale les kilomètres sur les autoroutes ou à travers les nuages. Au fil des séjours, il se perfectionne -- dans la connaissance de la culture, de l'histoire, de la langue du pays dans lequel il aime revenir. Il a même ses habitudes -- dans les transports et sur place où il s'est créé des coins favoris : l'habitude n'a pas que des mauvais côtés. Mais il n'habite toujours pas ; il se trouve, vis à vis des lieux et des gens, dans la situation du connaisseur, de l'amateur, de l'admirateur.
Il semble que c'est de ce regard bien informé, chaleureux et passionné que procèdent les " séjours et les songes " de Nicole Dubois-Tartacap en terres grecques. Kaliméra est le titre de son livre en même temps que l'un des premiers mots que l'étranger apprend de la bouche de ses hôtes : bonjour !. Et Nicole Dubois-Tatacap l'a entendu prononcer de Monemvasia (le village natal du poète Yannis Rítsos et du vin de Malvoisie) à Nauplie, d'Epidaure à Thèbes. Elle a entendu les chants des îles et le rébétiko ; elle a vu les yeux de diamant noir des Maniotes, comme vous pourrez les voir en parcourant les terres au sud de Sparte.
C'est d'un regard très voisin qu'étaient nées, il y a peu, les observations et les réflexions de Philipe Lutz dans Îles grecques mon amour (Médiapop éditions) qui, comme son titre le laisse entendre, est consacré à ses vadrouilles répétées dans les Cyclades.

vendredi 15 décembre 2017

L'amour des fleurs

Le Pouvoir des fleurs. Pierre-Joseph Redouté
(1759-1840), Paris Musées, 152 pages, 29,90 €
Ceci est l'un des " beaux livres " les plus remarquables de la fin d'année.
Il est consacré à Pierre-Joseph Redouté ( 1759-1840), un naturaliste, un dessinateur et un peintre de fleurs dont le libraire vous encourage à faire la connaissance, si ce n'est déjà fait. Redouté vécut et participa directement à l'âge d'or des sciences naturelles, quand la botanique, les beaux-arts et les arts appliqués se dansaient d'un même pas.
Le livre retrace la carrière d'un infatigable collecteur qui s'intéressa à toutes les formes d'expression florale, qu'il s'agisse des roses familières, du pavot d'Orient ou des plantes grasses exotiques. Ses rendus sont d'une exquise subtilité, alliée à la précision scientifique.
" Il n'y a aucune incompatibilité entre l'exact et le poétique ", dira plus tard (et dans un autre contexte) Victor Hugo. Comment ne pas être d'accord devant les planches, superbement reproduites, de Redouté ?
Faut-il dire pouvoir ou amour des fleurs ? Toujours est-il que votre cueillette dans la librairie pourrait se poursuivre avec Flora Allegoria qui retrace l'histoire de l'illustration botanique depuis le Moyen Âge jusqu'à nos jours, à partir des collections de la Bibliothèque nationale de France. Le libraire est tombé en arrêt devant une planche de chardons, où s'ébattent papillons et un minime insecte et il n'est revenu que beaucoup plus tard (il fallait s'y attendre) de son voyage végétal.
Flora Allegoria, Bibliothèque nationale de France,
192 pages, 35 €

mercredi 13 décembre 2017

Il ya en nous quelque chose de la Mésopotamie

De Gilgamesh à Artaban. 3300-120 av. J-C,
Belin 1040 pages, 58 €
Au risque de nous entraîner un peu loin des chanteurs de rock, de leur vie, de leur trépas, les éditions Belin continuent la publication de leur belle histoire des civilisations anciennes sous la direction de Joël Cornette.
Le dernier volume paru est consacré aux Sumériens, 5000 ans avant Johnny Hallyday.
Bertrand Lafont, Aline Tenu, Francis Jaonnès et Philippe Clancier ont composé ce qui nous semble être la chronique la plus complète à ce jour en français sur la Mésopotamie
Gilgamesh, roi d'Uruk, souvent fêté par le libraire, et Artaban, roi des Parthes, ouvrent et ferment un récit historique de près de trois millénaires. Ruines, tablettes, figurines, briques ou sceaux-cylindres ont légué leurs traces sur le terrain et dans les musées. L'illustration abondante qui peut ainsi ponctuer le texte des historiens rend plus proches ces rois, ces guerriers et leurs chars, ces divinités aux grands yeux.
Sont déjà parus dans la collection " Mondes anciens ": Préhistoires d'Europe et L'Egypte des pharaons.


De Narmer à Dioclétien. 3150 av. J-C-284 apr. J-C,
Belin 848 pages, 49 €

mardi 12 décembre 2017

Véronique Lopez en dédicace

SAMEDI  16 DECEMBRE, à 15 h 30,
Véronique Lopez dédicacera
Ces Auvergnats qui ont fait l'Histoire
(éditions Le Papillon rouge)
 
 
Extrait :
 
" Bon nombre d’entre eux sont restés célèbres comme le marquis de La Fayette, Albert Londres, Blaise Pascal, Coco Chanel, Fernand Raynaud ou le Président Georges Pompidou
Mais qui se souvient encore de l’incroyable George Onslow, célèbre compositeur que l’on appelait le Beethoven auvergnat ; de Jeanne Labourne, véritable icône de la révolution russe ; ou encore du député excentrique Philibert Besson qui inventa et fit circuler dès les années 30 la première monnaie européenne ? "

lundi 11 décembre 2017

Samedi BD (26)

Ce vingt-sixième SAMEDI BD a été cornaqué par Esilda,
dont voici cinq coups de cœur :
 
Emmanuel Lepage, Ar-Men,
Futuropolis, 96 pages, 21 €

Aude Picault, L'air de rien, Dargaud,
72 pages, 16,45 €


Zidrou et Edith, Emma G. Wildford,
Noctambule, 102 pages, 19,99 €

Chabouté/Herman Melville, Moby Dick, livre premier,
Vents d'Ouest, 118 pages, 18,50 €

Pedrosa/Gaignard, Serum, Delcourt,
150 pages, 18,95 €
 
 
Vous n'étiez pas là, samedi dernier ?
Vous avez rendez-vous avec SAMEDI BD
et Esilda le 13 janvier 2018.

samedi 9 décembre 2017

L'oxygène de janvier

Joël Gayraud, La Paupière auriculaire,
Corti, 260 pages, 19,50 €
" Je pourrais dire de ma bibliothèque qu'elle constitue mon exsoquelette spirituel, qui grandit avec moi, s'accroit autour de moi, comme la carapace du homard ou de la tortue, et que le nombre de rayonnages peut rendre compte de mon âge aussi bien que les cernes de l'aubier trahissent l'âge d'un arbre. Cet exsoquelette n'est pas une simple carapace, mais un organe sensible, et s'apparente par là à la fonction  respiratoire de notre peau ; ma bibliothèque me protège des agressions de plus en plus intolérables du monde extérieur, mais aussi régule les échanges entre lui et moi. Ces milliers d'ouvrages, lus, relus, soulignés et annotés, jouent le rôle d'une membrane qui me permet de filtrer et d'amener jusqu'à moi la meilleure partie de ce qui s'est pensé au dehors. "
Voilà ce que l'on pourra lire, dès le 4 janvier, dans La Paupière auriculaire, de Joël Gayraud, qui paraîtra aux éditions José Corti.
Impatiemment attendu, chez le même éditeur, Parce que l'oiseau de Fabienne Raphoz.


Fabienne Raphoz, Parce que l'oiseau,
Corti, 192 pages, 15 €

jeudi 7 décembre 2017

Haïku et sonnets

Laurent Albarracin, Plein vent, 111 haïku,
Pierre Mainard, 48 pages, 10 €
Et la poésie dans tout cela ? Voici ce que répond Laurent Albarracin en 111 haïku précisément, des haku de Plein vent. Ce qui donne ces résultats exquis :

Une noix qui tombe
et le silence
se fait coquille

Ecureuil
courant sur la route
grignote la route

Echappe d'une haie
ce juron délicieux :
le merle

Tout y est : la précision de l'observation ; la rapidité de la notation (en 17 syllabes ou non) ; un rien de la malice indispensable.

Et encore :

Crapaud
sourire fendu jusqu'aux flancs
boîte de quelque perle

Robert Marteau a choisi le sonnet (14 vers) et l'alexandrin (12 pieds). Comme ceci :

La vie a été un long loisir, consacrée
Toute à la frivolité, aux jeux de l'amour,
Aux hasards du jeu, à jouer la tromperie.
Ce fut un emploi du temps rigoureusement
Réglé où les imprévus étaient ménagés
Et chaque quiproquo prévu de longue date.
Derrière soi ne pas laisser la moindre trace
Sans qu'il soit question de s'en préoccuper,
Faire de tout son août et jamais n'engranger rien,
Faire d'ailleurs son lieu sans un pas qui y aille,
En ses châteaux loger seulement ses chimères,
Ponctuel improviser l'attente, se rendre
Au rendez-vous manqué rien que pour se le dire,
La vie étant à tout prendre un trop bref loisir.

Robert Marteau tient de la sorte un " journal en sonnets ", dont cet exemple, noté le 19 août 2005.
Robert Marteau, La Venue (liturgie VIII,
2005-2006), Champ Vallon,
192 pages, 16 €

mercredi 6 décembre 2017

L'alliance des produits culturels et des machines à laver : c'est possible !

Toujours bien renseigné, Livres Hebdo de ce jour annonce cette chimère (animal mythique à la tête de lion, au corps de chèvre et à la queue de dragon, dit le dictionnaire. Encore un animal !) : " Le groupe Fnac Darty a annoncé son plan stratégique Confiance + qui doit lui permettre d'enregistrer une croissance supérieure à ses marchés et une marge opérationnelle de 4,5% à 5%.
Dans un communiqué de presse paru le 4 décembre, Fnac Darty dévoile les grandes lignes de son plan stratégique (...). Etabli à moyen terme, celui-ci repose sur de nombreuses initiatives dont " l'ouverture de plus de 200 magasins en franchise en France et dans le monde " et la mise en place d' " un plan d'investissements dédié à la digitalisation des magasins, aux plateformes e-commerce (...) ".



mardi 5 décembre 2017

La Billebaude et les animaux légendaires

Revue La Billebaude N°11, 96 pages, 19,90 €
La Billebaude est une somptueuse revue consacrée à la nature. Plus précisément,
dit son équipe éditoriale, aux " usages et aux représentations de la nature ". Pour son onzième numéro, elle aborde un sujet passionnant et directement relié au billet précédent du libraire : les animaux imaginaires.
" L'homme, affirme Philippe Dulac, n'a jamais pu et ne pourra jamais envisager sa vie sans la compagnie des animaux, et ce couple ne se satisfait pas des rencontres de la vie réelle. Il lui faut, pour s'épanouir pleinement, des rencontres qui relèvent du rêve. "
Paul Shepard, lui, a rédigé une lettre adressée aux hommes (excusez : aux humains) par les animaux, dans laquelle il souligne combien ces derniers " nous ont inspirés et habités en modelant nos imaginaires ". " D'eux nous tirons nos danses, nos parures, nos symboles. " Et d'interroger : " Que font leur disparition massive, aujourd'hui, et leur statut de masse domestiquée ou de sauvage menacé, à nos vies intérieures, à nos arts, et à notre imaginaire ? "
Pour ce numéro, David Christoffel et Nathalie Blanc ont étudié, de leur côté, le comportement d'animaux inventés, tels que l'albatros d'Amsterdam (Diomedea amsterdamensis), le martin triste (acridotheres tristis) ou la fourmi de feu. Suzanne Doppelt et Jean-Louis Giovannoni ont fait de même avec l'escargot de Corse et le rat noir, ce qui ne peut que ravir les poètes.
Le sujet est inépuisable, somptueusement illustré et mis en page.

lundi 4 décembre 2017

Zoo de rêve et rêve de zoo

Charlotte Sleigh, Zoo de papier. 500 ans d'art naturaliste,
traduction Christian Vair, Citadelles et Mazenod,
256 pages, 49 €
On parle parfois d' " architecture de papier " pour qualifier des projets de construction qui n'aboutissent jamais, destinées à rester à l'état de plans ou de maquettes. Le propos du Zoo de papier est autre. Il enferme des animaux de papier, c'est-à-dire de splendides images de sciences naturelles conservées depuis le XVIe siècle. Les amis des bêtes en seront donc deux fois ravis. Le plus beau, d'ailleurs, est que ces tableaux, ces planches, ces estampes qui affichent l'intention d'être fidèles à la réalité du corps animal, de ses poils, de ses plumes, de ses cornes, des ses écailles dépassent leur rôle d'information et envahissent l'imaginaire de celui qui les regarde. Qu'ils se nomment toucan, poisson-globe, poulpe, salamandre ou loup d'Abyssinie, leur parade est merveilleuse. La science naturelle se fait poésie, la science naturelle fait rêver.
Peindre le rêve est du reste le titre d'un deuxième livre que publient les éditions Citadelles et Mazenod. Où il apparaît que le corpus des rêves peints est très fourni et qu'il est bien plaisant d'y trouver des artistes méconnus ou oubliés, comme Eugène Carrière (1849-1906), Füssli (1741-1825), Thomas Cole (1801-1848) ou, dans une moindre mesure, Odilon Redon (1840-1916). De La Tour, Gauguin, Le Lorrain et y sont présents eux-aussi, et comment !
Le libraire trouve, par ailleurs, bien dommage, et révélateur, que les peintures du rêve aient presque complètement disparues du champ artistique, comme représentation et comme processus créatif, depuis les surréalistes. C'est l'un des enseignements de ce livre et du texte très riche de Daniel Bergez.

Daniel Bergez, Peindre le rêve,
Citadelles et Mazenod, 256 pages, 69 €

dimanche 3 décembre 2017

Gaëlle Vermeer et Marie-Hélène Millet

Gaëlle Josse, Vermeer entre deux songes,
Invenit, 56 pages, 12 €
" Ekphrasis ", ce mot grec signifie " description ", ou exégèse, d'une œuvre d'art. C'est aussi le titre que les éditions Invenit ont donné à l'une de leurs collections dont l'idée de départ est simple : " confier au regard sensible d'un auteur une œuvre " remarquable ", trésor emblématique ou insoupçonné d'un musée. "
En sont résultées une quarantaine d'évocations signées par des plumes très variées, allant de Hubbert Haddad, Colette Nys-Mazure, Carolyn Carlson ou Régine Detambel jusqu'à Maurice Pons, Lucien Suel et Jacques Jouet, chargés d'ekphrasiser Hopper, le douanier Rousseau, Klee, Matisse ou Bruegel.
Les deux derniers titres parus sont l'œuvre de deux romancières bien connues et aimées d'A la Page, Gaëlle Josse et Marie-Hélène Lafon. L'une décrivant " La Jeune fille assoupie "de Vermeer ; l'autre s'attachant à la " Brûleuse d'herbes " de Millet.


Marie-Hélène Lafon, Millet, pleins et
déliés, Invenit, 26 pages, 12 €

jeudi 30 novembre 2017

Où aller, où vivre : Nerval dromomane et noctambule


Christian Wasselin, Le Paris de Nerval,
Editions Alexandrines, 119 pages, 9,90 €
Le libraire a été fortement ému par l'essai de Christian Wasselin sur Gérard de Nerval (1808-1855) à Paris. Moins par ce qui s'y trouve dit de la ville elle-même qu'à cause du portrait d'un homme qui en ressort.
Un homme qui ne semble à sa place nulle part. Un geai rare (le jeu de mot est de lui) sans cesse en déplacement dans la ville, puis à Londres, en Allemagne, en
" Orient ", dans son Valois. Un écorché vif lancé à la recherche de sa mère, de Jenny Colon, du merveilleux, de l'Infini. Un être poignant. " Il n'y a pas plus dromomane que lui ", affirme Christian Wasselin. Dromomane, c'est-à-dire poussé par un
" instinct mobile et nomade ", disait Paul de Saint-Victor, qui ajoutait : "On le cherchait, on le demandait, on s'inquiétait de son absence ; quelque temps après on le voyait revenir souriant, effaré, ravi, comme s'il revenait du pays des fées. "
Poignant, vous dit le libraire. Poignant.
Christian Wasselin est pour sa part un spécialiste de Berlioz et de Beaumarchais à qui il a consacré des biographies. Il est également l'auteur de la Chouette effraie, un roman noir parodique (Soleils bleus éditions)

mercredi 29 novembre 2017

Une soirée sur le tapis avec les éditions Bleu Autour

Pierre-Antoine Gallice, co-auteur de Symbolique des kilims,
 sera l'invité d'A la Page et des éditions Bleu autour
 MERCREDI 6 DECEMBRE A 18 H
 Cet ouvrage, fruit de tente ans de recherches,
éclaire d'un jour nouveau le langage symbolique des kilims.
 " On y entend, selon Jacques Lacarrière (1925-2005), qui signa en son temps la préface,
des appels silencieux à la fertilité du sol,
à la protection des esprits et du ciel, à la complicité
des végétaux, des animaux..."
Et ce n'est certainement pas le libraire qui ira contre la parole
d'un homme tel que Jacques Lacarrière.
 
 
On peut noter que la soirée se déroulera autour d'un verre de raki.
 

 

mardi 28 novembre 2017

Le musée Anne de Beaujeu en librairie

Maud Leyoudec,
conservatrice du patrimoine, chargée des collections
Beaux-Arts et arts décoratifs du musée Anne de Beaujeu à Moulins,
sera l'invitée d'À la Page et des éditions Tomacom
SAMEDI 9 décembre 2017, à 15 h30.
Pour présenter et dédicacer De couleurs et d'or,
un des beaux livres de cette fin d'année,
et pour répondre à toutes vos questions
sur la vie, le fonctionnement, la mission,
les collections du magnifique musée de Moulins.
Une occasion unique : le musée en librairie !

dimanche 26 novembre 2017

Bienvenue en pays imaginaires

William Morris, La Plaine étincelante, traduit de
l'anglais (Royaume-Uni) par Francis Guèvremont,
Aux forges de Vulcain, 222 pages, 19 €
Quelle excellente initiative ont eu les éditions Aux forges de Vulcain  de relancer l'attention vers William Morris (1834-1896) en publiant cette romance !
De Morris, en admettant qu'on le connaisse, on se fait des idées toutes faites. On se souvient des motifs de papier peint art and craft ; vaguement de ses convictions socialistes ; parfois on se souvient de son roman utopique : Nouvelles de nulle part (1890).
La Plaine étincelante (fort joliment traduit pas Francis Guèvremont) est un roman chevaleresque où la délicatesse des sentiments et de l'éducation se mêle à l'héroïsme et aux fières attitudes. Il nous entraîne dans un moment incertain de l'Histoire (un Moyen-Âge  imaginaire, auquel William Morris se réfère constamment dans ses conférences) et dans des contrées inconnues, que les personnages traversent et hantent en guerriers aussi bien qu'en danseurs, en troubadours. C'est un monde, où la force et la ruse existent, mais où il y a encore des gens biens -- et non plus seulement des dictateurs, de fieffés coquins et des pervers à chaque coin de rue. C'est un monde empli de rêves. Les noms des personnages, comme les noms de lieux dans ces pays sont savoureux (et finement rendus par le traducteur) : qu'il s'agisse de Gîtallègre, de Renard-Chétif ou de Rapace des Aigles pêcheurs.
Il est dit que Tolkien s'inspira de William Morris et, à sa suite, les auteurs de Fantasy. Seulement, Morris était habité par des espoirs absents des productions ordinaires de la littérature d'imagination pure.
L'on pourrait aussi penser un instant aux Terres du couchant, de Julien Gracq, bien que l'amour et les femmes tiennent un rôle autrement plus réjouissant dans La Plaine étincelante.
Morris fit d'abord paraître sa romance en revue ; puis l'imprima sous forme de livre sur sa propre presse, d'où sortirent des chefs-d'œuvre typographiques.
De William Morris, Aux forges de Vulcain a également publié, dans la même veine, Le Lac aux îles enchantées, Le Pays creux et La Source au bout du monde.

samedi 25 novembre 2017

Le crépuscule des libraires et autres fariboles électroniques

Ceci dans les colonnes de Livres Hebdo (23 novembre 2017) sous le titre " Plongée dans l'intelligence artificielle appliquée au livre" , un titre rafraîchissant pour un style qui ne l'est pas moins :

" Les Assises du livre numérique du Syndicat national de l’édition ont exploré la mise en œuvre de l’analyse de données massives et des outils sémantiques au service de l’innovation dans le livre.
« Imaginez un libraire se rappelant de tout ce que vous lui avez acheté comme livre, et de tout ce que vous lui avez dit que vous aimiez, et qui est en plus disponible 24 h sur 24 pour vous en recommander d’autres, en fonction de ce qu’il sait : c’est ce que nous ambitionnons de faire », a expliqué Michael Tamblyn, P-DG de Kobo, en ouverture des Assises du livre numérique, organisées par le Syndicat national de l’édition, à Paris, le 23 novembre.
  Le patron de cette librairie numérique, aujourd’hui filiale du groupe japonais Rakuten, implantée dans 23 pays, revendiquant plusieurs dizaines de millions de clients, a reconnu que les débuts de la recommandation (curation) de livres avaient été assez frustres et basiques, mais que la puissance de calcul et les outils de l’intelligence artificielles ouvraient des possibilités quasi infinies.
Il n’a pas éludé les risques de ces algorithmes de recommandation (homogénéisation et banalisation de l’offre), qui dépendent de l’usage qui en est fait, mais s’est montré confiant dans les vertus du marché, la concurrence étant selon lui la meilleure garante de la diversité de la diffusion. "

Reste à trouver le nom de cette pseudo-librairie du futur. " Catastrophe ", lui irait assez bien. Peut-être : " Abomination ". Avez-vous des suggestions ?



 

jeudi 23 novembre 2017

Ella et Pitr Dada

                                                           Cette image ne donne qu'une faible mesure des fresques réalisées par Ella et Pitr : elles peuvent atteindre des dimensions improbables, comme celle réalisée sur... la pelouse du stade Geoffroy Guichard, à Saint-Etienne. D'autres fois, elles occupent l'espace d'un grand panneau publicitaire, où viennent s'encadrer, se blottir, se tasser des personnages aux yeux souvent fermés -- sur quel monde intérieur ? A Chicago, sur un pan de mur de brique, l'un deux s'est affaissé, coincé dans ce cadre immense : un fêtard, pantin ridicule qui vient de se faire mettre à la porte par sa compagne ; il est à-demi nu, une paire de chaussures rouges et féminines sur la tête... A Montréal, sur un toit qu'il recouvre entièrement et  jouxtant une voie ferrée, on dirait que celui-ci s'est endormi, une couronne incertaine au-dessus de la tête, pauvre pantin tombé d'où, après quelle avanie ?
Cette iconographie pour aujourd'hui se trouve dans Ella et Pitr. Comme des fourmis, que publient les éditions Alternatives, le livre le plus complet sans doute qui leur ait été réservé jusqu'à maintenant.
L'iconographie Dada se trouve bien représentée dans Dada Africa, qui accompagne l'exposition du même nom au musée de l'Orangerie, à Paris. Les promoteurs de ce grand bazar moral et artistique que fut Dada ( les Tristan Tzara, Raoul Hausmann, Hans Richter, Sophie Taeuber, au début, Hans Arp) seraient peut-être les premiers surpris que l'on honore les 101 ans de leur festival de provocations. Ici, il s'agit essentiellement de montrer à quelles sources primitives ils allèrent se consoler et se renforcer après la grande démoralisation de la Première Guerre mondiale. Qu'on ironise ou non, leurs extériorisations, qui prirent les formes de la typographie, du masque, du costume, de la danse, de la sculpture, du poème sonore, du photo-montage ont conservé une vitalité explosive.

Dada Africa,
Hazan, 224 pages, 32 €