vendredi 7 avril 2017

Résumons-nous

Eric Vuillard
Le libraire avait consacré son billet du 28 août 2016 à un petit livre à la forme allongée intitulé 14 juillet publié par Actes Sud et œuvre d'Eric Vuillard.
Le Prix Alexandre Vialatte 2017 vient d'être attribué à ce livre (roman ? récit ?) et à l'ensemble de l'œuvre de l'auteur.
Bien que le rapport direct avec Vialatte échappe à ce balourd de libraire, inculte et acariâtre, celui-ci n'est pas mécontent ce soir.
Notez encore les deux informations suivantes : 14 juillet figure sur la liste du Prix Inter 2017 et des chroniques de Vialatte, redevenues introuvables, viennent d'être republiées chez Bouquins sous le titre de Résumons-nous, avec une préface de Pierre Jourde..

Alexandre Vialatte, Résumons-nous,
Bouquins, 1344 pages, 32 €

jeudi 6 avril 2017

Couvrir le livre

Lecteurs, connaissez-vous le nom Pierre Faucheux ? Celui de Massin ? Oui, non ?
Ce ne sont pas des noms de romanciers, ni de poètes (quoique...), ni d'historiens et, moins encore, de journalistes.
Pourtant, ils tinrent un rôle nullement mineur, essentiel plutôt, dans l'univers des livres que nous aimons. Nous leur devons, effecti- vement, d'innombrables couvertures de livres.
Impossible d'en dresser l'inventaire, serait-ce un inventaire à la Prévert.
S'il n'y avait qu'un exemple à citer dans l'œuvre de Robert Massin (né en 1925), le libraire citerait la collection " L'Imaginaire ", de chez Gallimard.
Et de Pierre Faucheux (1924-1999), il citerait de nombreux chefs-d'œuvre  graphiques réalisés pour le Livre de Poche, sans qu'il puisse trancher entre la couverture des Chants de Maldoror de Lautréamont, celle du Rêve de l'escalier de Buzzati ou de L'Astragale d'Albertine Sarrazin.
C'est de Massin et de Pierre Faucheux que nous entretient  Le Corps du livre. Autrement dit l'ouvrage que le libraire remettra gratuitement à ses clients pendant la journée de la Fête de la librairie, le 22 avril prochain. Avec, au sommaire, d'autres histoires de couvertures, inventées par les descendants de Massin et de Faucheux.
Une suggestion : cherchez toujours, et retenez, le nom de l'auteur des couvertures de livres que vous aimez, bien qu'il ne soit pas toujours indiqué par l'éditeur (ou figure sous celui d'une agence impersonnelle.)



mercredi 5 avril 2017

Américains à Paris

Maud Simonnot, La Nuit pour adresse,
Gallimard, 258 pages, 20 €
Si vous voulez faire une double plongée dans l'univers des artistes et écrivains Américains à Paris, deux livres récents existent pour vous.
Ils font revivre deux époques et deux géographies parisiennes. Les années 20 et Montparnasse pour la Génération perdue. Les années 1950 et le Quartier latin pour la génération  Beat.
Avec son joli bandeau en forme de clin d'œil à Francis Scott Fitzgerald, La Nuit pour adresse retrace l'épopée parisienne de l'éditeur et écrivain Robert McAlmon (1895-1956). Maud Simonnot s'est lancée sur les traces
de cet exilé, figure oubliée, mais qui hanta les nuits de Montparnasse après la Première Guerre. Un habitué de la librairie Shakespeare et Cie, MacAlmon côtoya James Joyce et, devinez un peu, un certain... Valery Larbaud. Raison pour laquelle le libraire l'a à l'œil et vous en reparlera.
Une autre génération d'Américains s'était fixée dans la capitale après MacAlmon, Miller et Hemingway.
Ils fréquentèrent les petits hôtels miteux de la rive gauche et avaient pour noms Allen Ginsberg, William Burroughs, mais aussi Miles Davis ou Sydney Bechet.
Ils firent partie d'un bouillonnement intellectuel et artistique qui fit plusieurs allers et retours de part et d'autre de l'Atlantique. Ils continuent à faire parler d'eux.

Elisa Capdevila, Des Américains à Paris.
Artistes et bohèmes dans la France
de l'après-guerre, Armand Colin,
352 pages, 22,90 €

mardi 4 avril 2017

Le temps des libraires (suite)

Tous les samedis, sur les ondes de France Culture, un libraire conclut l'émission  " Le Temps des écrivains ", animée par Christophe Ono-dit-Bio.
Le 1er avril dernier (pas de mauvais esprit avec les poissons !), c'était au tour de la librairie A la Page de conseiller un livre à la suite de l'émission spéciale consacrée à Erri de Luca.
Peut-être aurez-vous plaisir à ouïr l'ensemble d'une rediffusion, le libraire (qui a de la suite dans les idées*) présentant le catalogue de l'exposition Pissarro qui a lieu au musée Marmottan Monet, à Paris :

* Voyez son billet du 24 février dernier



lundi 3 avril 2017

Notre soirée du 14 avril

Carole Llewellyn, Une ombre chacun,
Belfond, 294 pages,
Voici que le mot " ombre " figure de nouveau dans un titre de roman proche de nous.
Celui de Carole Llewellyn : Une ombre chacun.
Née en 1983, Carole Llewellyn a étudié la littérature américaine et l'art dramatique
entre la France et les États-Unis.
Depuis l'obtention de son doctorat en 2010, elle vit à Paris.
Elle viendra présenter son premier roman à la librairie
le vendredi 14 avril prochain à 18 heures.
A vos agendas !

Carole Llewellyn
Crédit photo : © Melania Avanzato / Éditions Belfond

dimanche 2 avril 2017

L'art de l'essai : Armand Farrachi

Armand Farrachi, La Tectonique des nuages,
José Corti, 255 pages, 21 €
Armand Farrachi publie ces jours-ci aux éditions Corti un bel ensemble d'essais, au nombre de dix-sept. Essais dans le sens que Montaigne donna
à ce mot et que Farrachi lui-même carac-térise comme l'association d'une expérience personnelle ou d'un souvenir avec une interrogation plus générale.
Quand un essai est réussi, ce mariage de l'expérience et de la réflexion fait mouche. Nous n'avons pas nécessairement fait les mêmes expériences que l'auteur ou nous n'en tirons pas toujours les mêmes leçons. Mais il nous met, pour ainsi dire, le pied à l'étrier : " et moi, qu'aurais-je pensé, dans cette circonstance ? " ; " ai-je réagi comme lui à la majesté
de ce paysage ? " ; " ai-je compris comme lui cette lecture ? " . C'est que, dans l'essai, le point de vue de l'auteur est à la fois présent et non-totalitaire :
il laisse respirer et vivre la subjectivité de son lecteur. Il en est le tremplin.
Dans La Tectonique des nuages, il est question de la nature extérieure, de la condition animale, de l'aveuglement suicidaire des hommes, des charmes des passantes, aussi bien que de la beauté des pavés et de leur usage. Le libraire a été particulièrement ému par la chapitre intitulé " Les revenants", où il est question de nos rapports avec les êtres disparus. Sujet plutôt sombre, dira-t-on, et mal fait pour le commerce qui se doit de distraire à tout prix le chaland. Mais ceci : " Ne serait-ce pas trop beau , trop triste, trop simple d'oublier soudain nos parents et nos amis au moment de leur mort, de même que nous cessons de voir le jour quand la nuit est tombée ? Quoiqu'ils n'existent déjà plus, on continue de les aimer, de les attendre, de penser à eux, de reconnaître leur pas dans l'escalier, leur clef dans la serrure (...) Les voyageurs voyagent, les penseurs pensent, les revenants reviennent, on n'y peut rien. Ils sont là. Mais où ? Ce que nous appelons nos souvenirs sont-ils des visites, des séjours, d'éphémères  résidences ? "
N'êtes-vous pas remués lisant ceci ?
Armand Farrachi