jeudi 26 octobre 2017

Marie-Hélène Lafon et le rythme de la ville

Marie-Hélène Lafon, Nos vies,
Buchet-Chastel, 192 pages, 15 €
Notre amie Marie-Hélène Lafon sera sur le plateau de La Grande librairie jeudi 2 novembre.
A ses côtés se trouveront Patrick Modiano, Pierre Michon, Jeanne Balibar et François-Henri Désérable (qui avait fait partie de la sélection du Prix des Lecteurs A la Page en 2015 pour Evariste).
Elle présentera Nos vies, son dernier roman  Buchet Chastel), qui se situe, chose rare chez elle, dans l'univers parisien et " les solitudes qui le tissent ". Malgré le nom doux-amer de la rue où se noue le roman : la rue du Rendez-vous, derrière la place de la Nation.

mercredi 25 octobre 2017

Le Rêve de Patrick Modiano

Patrick Modiano, Souvenirs dormants,
Gallimard, 105 pages, 14,50 €
Un personnage qui lit Les Rêves et les moyens de les diriger du marquis Léon Hervey de Saint-Denys (1822-1892) et y ajoute la lecture du
" spectateur nocturne ", alias Nicolas Restif de la Bretonne (1734-1806), auteur des Nuits de Paris, ne saurait laisser le libraire indifférent.
Mais si, de surcroît, le même personnage fréquente le petit bar qui répond au nom " Le Rêve ", sis  vers le haut de la rue Caulaincourt, dans le dix-huitième arrondissement de la capitale, comment le libraire ne lui en serait pas reconnaissant ?
Comment les souvenirs personnels, même ceux d'un infime libraire de province, n'interviendraient-ils pas dans sa lecture d'un récit ou d'un roman ? Le souvenir personnel n'est-il pas, au contraire, l'un des éléments actifs dans le plaisir de lire (et dans celui d'écrire, mais ceci est une autre affaire, dont traite Georges Picard dans son récent Cher lecteur) ?
Car le libraire infime de province a bien connu le petit bar, si bien nommé " Le Rêve ", dans un moment reculé de son mince existence sur les pentes de Monmartre.
C'est là, à deux pas de l'allée des Brouillards que hantait Gérard de Nervalau pied d'un escalier dominant une petite place, que ce café offrait son asile à certaines de ses discussions et rencontres adolescentes.
" Le  Rêve " n'est donc pas qu'un rêve ; "Le Rêve " (avec son beau comptoir qui mange la petite salle de devant, laquelle est séparée d'une minuscule arrière-salle par une cloison typique), n'a pas seulement abrité des rêves de jeunesse : il a de l'existence dans la vraie vie ; le rêve s'épanche dans la vraie vie. Ce que ne contrediraient ni Hervey de Saint-Denys ni Patrick Modiano.
Le personnage de Souvenirs dormants, un titre réussi, fréquentait cet établissement dans les années 1965, nous dit son auteur (Modiano lui-même ?). Il lisait les journaux à la terrasse. Pile quand l'infime libraire de province y entrait, bousculant les pages de L'Aurore et de France Soir qu'un homme tenait largement dépliées ce jour-là. Les souvenirs dormants se réveillent. Ils sont faits pour ça.

Georges Picard, Cher lecteur,
Corti, 192 pages, 17 €

mardi 24 octobre 2017

Le plaisir du voyageur

Jean-Didier Urbain, Une histoire érotique du
voyage, Payot, 272 pages, 20 €
Se spécialiser dans l'étude du tourisme avait conduit Jean-Didier Urbain à consacrer, après L'Idiot du voyage, un autre volume aux voyages ratés : Le Voyage était presque parfait.
Les "mésaventuriers " (n'en sommes-nous pas tous ?) y voyaient radiographiés leurs mécomptes : visites loupées, monuments décevants, " bonnes affaires " illusoires, nourriture déconcertante, les éditeurs de guides reçoivent régulièrement quantité de plaintes dont ce livre rendait compte.
Après avoir comptabilisé les déplaisirs rencontrés au loin, Jean-Didier Urbain s'attache aujourd'hui au voyage, à l'attirance pour l'ailleurs, sous l'angle inverse : celui du plaisir. 
" Transportant la recherche du plaisir hors des alcôves et autres huis clos érotiques habituels en des espaces extérieurs ou insolites, le désir ne fait pas que projeter et cristalliser sa quête dans des objets de substitution, soutient l'historien. Ici, la recherche du plaisir ne se déplace pas. Elle s'étend. Et le voyage apparaît alors comme un moyen majeur pour effectuer cette extension érotique ", conclut-il.
Plaisir paysager,  jubilations montagnardes, caresse de
l'herbe qui incite Maupassant à écrire au sujet d'un pique-nique au bord du gour de Tazenat (Auvergne) : " Et tout le monde s'étendit dans l'herbe avec une joie animale et  délicieuse. Les hommes s'y roulaient, y enfonçaient leurs mains ; et les femmes, doucement couchées sur le flanc,  y posaient leur joue comme pour y chercher une fraîche caresse. " Ou extases tahitiennes de Gauguin, dont il est beaucoup question en ce moment : " Là à Tahiti, je pourrai, au silence des belles nuits tropicales, écouter la douce musique murmurante des mouvements de mon cœur en harmonie amoureuse avec les êtres mystérieux de mon entourage. "
Jean-Didier Urbain, Le Voyage était presque
parfait, essai sur les voyages ratés, Petite
Bibliothèque Payot, 718 pages, 12,80 €

 


lundi 23 octobre 2017

Avec les Anges et les fleuves

Le Matricule des Anges, n° 187,
52 pages, 6,50 €
Azad Ziya Eren, qui nous avait fait le plaisir et l'honneur de nous rejoindre le 30 septembre dernier, figure au menu du Matricule des Anges  en sa cent-quatre vingt septième livraison.
Ainsi que Kenneth White (Lettres aux derniers lettrés, Isolato) et Gaston Criel (L'Os quotidien, Le Sonneur).
Ce qui fait trois raisons, au moins, de se pencher sur ce numéro.
Pendant ce temps, la revue La Loire et ses terroirs, " magazine du fleuve et des hommes ", fête ses vingt-cinq ans d'âge. Il y est davantage question de géographie, d'orographie, voire de chansons de mariniers, que de littérature. Mais la poésie de l'eau n'est pas loin. Ni l'Allier et ses abords.
Ce qui fait de nombreuses raisons de s'y pencher.
La Loire et ses terroirs N° 100,
216 pages, 20,00 €