lundi 17 octobre 2016

La magie ineffacée du livre

Jean-Christophe Bailly,
La Magie du livre,
Bayard, 64 pages, 12,50 €
Dans la collection "Les petites conférences ", qui vise un    public d'enfants à partir de dix ans et ceux qui les accompagnent (l'idée en est venue de la belle expression qu'avait forgée Walter Benjamin : Lumières pour enfants), Jean-Christophe Bailly a prononcé une dissertation orale intitulée La magie du livre. que publient les éditions Bayard. On peut y lire les lignes suivantes en réponse à une question de l'audience :

" Je n'arrive pas à lire sur tablette. J'ai déjà essayé, mais je suis tellement habitué à tourner les pages que j'ai du mal. Je vois un texte qui défile sur l'écran, on imite le geste de tourner les pages et la page que je lisais avant disparaît Alors, que dans le livre, elle ne disparaît pas, elle reste là physiquement. (...) On pourrait se demander pourquoi il existe des salles de cinéma puisque nous pouvons avoir les images sur des écrans de toutes tailles. D'une certaine façon, ce n'est pas seulement la dimension de l'écran qui compte, mais la relation que nous établissons avec une image dans une salle où nous nous rendons. Le film s'imprime davantage. (...) La dématérialisation des signes et des écritures contient un peu l'idée que tout devient comme un fantôme. "

Jean Christophe Bailly est aussi l'auteur d'un tout récent livre de mémoire (qui s'adresse uniquement à un public d'adultes, cette fois) : L'Ineffacé. Titre qui résonne très bien avec sa conférence. Bailly y présente de splendides pages de manuscrits dont l'IMEC (Institut Mémoires de l'édition contemporaine) conserve les originaux. Ce peuvent être des pages de carnets ou de cahiers ornés de croquis, de ratures, de renvois, de schémas ; ce peuvent être des dessins-poèmes automatiques ; des chutes de papier peint utilisées pendant la Seconde Guerre mondiale, lors de la pénurie de papier ; ce peuvent être des décalcomanies, dont l'artiste Oscar Dominguez donna parmi les plus beaux exemples ; ou bien des fiches préparant une œuvre en cours.
Toutes ces traces, remontant à l'ère anté-numérique, font se côtoyer Antonin Artaud, Alain Resnais, Roland Barthes, Erik Satie ou Philippe Soupault, pour ne citer que quelques noms.
Jean-Christophe Bailly, L'Ineffacé,
IMEC, 162 pages, 32 €



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire