samedi 14 mai 2016

L'album de la Pléiade : Shakespeare

L'album Shakespeare prêt à être
feuilleté sur le comptoir
" Shakespeare est le nom d’un homme dont on sait peu
de choses avec certitude, qui n’a laissé qu’une œuvre
poétique et dramatique, préservée en grande partie
grâce à deux acteurs qui ont pris le soin d’éditer ses pièces, sept ans après sa mort en avril 1616. Shakespeare est le nom de cet âge d’or élisabéthain qui, bien sûr, rassemble d’autres noms, mais qu’il couronne de son aura mythique. Shakespeare dit à la fois la beauté et l’horreur de ce monde changeant et contradictoire, sa folie, sa violence, son illusion, sa drôlerie, sa merveille ", écrit Denis Podalydès dans sa présentation.
A coup sûr, l'année Shakespeare valait bien un album de la Pléiade.
Rappelons que ce volume, inédit et riche d'une belle iconographie, est offert par le libraire pour l'achat de trois volumes de la collection la Bibliothèque de a Pléiade et dans la limite des stocks disponibles, selon le règlement fixé par l'éditeur.

Vu dans la vitrine

vendredi 13 mai 2016

Nouvelles des îles

Nikos Kazantzaki, Rapport au Gréco,
traduit du grec par Michel Saunier,
477 pages, 25 €
Après Alexis Zorba, qui n'était plus disponible en librairie depuis des lustres ; après leur nouvelle traduction de La Lettre au Gréco, sous le titre Rapport au Gréco, introuvable depuis bien plus longtemps encore, les éditions Cambourakis continuent de servir l'œuvre de Nikos Kazantzaki.
Cette fois, c'est La Liberté ou la mort qui renaît, long roman fourmillant de personnages dans lequel l'auteur cherche, une nouvelle fois, à cerner la spécificité de son île natale : la Crète, dans sa lutte pour secouer le joug ottoman.
Dans une lettre à l'un de ses amis, Kazantzaki confiait :
" Je suis immergé dans Capétan Michel [La Liberté ou la mort]. Je m'efforce de ressusciter l'Héraklion de mon enfance. Quelle joie, quelle émotion, mais, en même temps, quelle responsabilité ! Des milliers de visages morts de longue date surgissent dans ma mémoire et réclament leur petite place au soleil, deux ou trois lignes, un bon mot. Ils savent que c'est leur seule chance de résurrection. Qui d'autre écrirait sur eux ? "
                                                     
                                            *

Le rapprochement peut paraître osé, mais les éditions Zulma poursuivent de leur côté la réédition au format semi-poche des écrits de Dany Laferrière. Deux récits sur la magie de l'enfance viennent de paraître : Le Charme des après-midi sans fin et L'Odeur du café. Nous ne sommes plus sur l'île de Crète chère à Kazantzaki, mais en Haïti, à un jet de pierre de Petit-GoâveDany Laferrière a grandi dans les années 1960. Voici les flamboyants de la cour de l'école ; voici le caporal Bazil ; voici Djo ; voici surtout Da, la grand-mère tant aimée de Vieux Os, alias Dany Laferrière.
" Tu es dans la lune Vieux Os. Non, Da, plutôt dans le temps ".
Dans la machine à remonter le temps. Comme Kazantzaki sur son île, après tout.
Dany Laferrière, Le Charme des
après-midi sans fin, Zulma,
226 pages, 9,95 €
 



jeudi 12 mai 2016

Deux éloges de la montagne

Erri De Luca, Le Plus et le moins,
traduit de l'italien par Danièle Valin,
Gallimard, 200 pages, 14,50 €
" Blanc est le titre donné au mont, nom de celui qui le repère
de loin. Si l'on pénètre dans les glaciers, on le voit strié de
crevasses noires, comme la livrée du tigre. Le granit des parois est une peau d'aubergine frite. Le son d'avalanches
cadencées est la respiration amplifiée d'un vieil homme
qui ronfle en plein jour et fait penser au vin qu'il avale
d'un trait et décharge dans son sommeil.
Le ciel est une lame sous la meule d'un aiguiseur qui
l'actionne au pied et en tire des étincelles. On est dans le Blanc
et rien ne le rappelle, pas même le névé qu'on écrase et pétrit,
au contraire il évoque le raisin d'une vendange lointaine
les pieds nus. "
 
-- Erri De Luca, Le Plus et le moins

      " La face nord des Grandes Jorasses ?
Elle est difficile et  surtout elle est belle.
Haute de 1200 mètres, large de 1500, elle est construite
comme une cathédrale. A 4200 mètres, elle culmine. En bas le glacier se tord comme un ruban. Bien campée au fond d'un vaste cirque glaciaire, elle n'est pas visible dans la vallée ; mais elle attire et l'on monte la voir.
Le touriste qui va au refuge du Couvercle la découvre, superbe, à mesure qu'il gravit
 les Egralets. De l'Aiguille du Moine ou de l'Aiguille Verte, l'alpiniste la contemple dans sa réelle mesure : un bloc de granit fauve et gris haut comme quatre tours Eiffel ! Bien charpentée et bien charnue, elle a de l'élan malgré sa masse : sa crête est mitoyenne du ciel.

                                -- Gaston Rebuffat, Etoiles et tempêtes
Gaston Rebuffat, Etoiles et tempêtes,
Hoëbecke, 173 pages, 8,50 €

mercredi 11 mai 2016

Au pays du Merle bleu

Jean de Bosschère, Les Paons et autres
merveilles, Préface de Jacques Delamain,
Klincksieck, 174 pages,
17,50 €
Jean de Bosschère (1878-1953) est d'abord connu pour ses romans, ses textes poétiques, sa participation à des revues de création artistique. Un inclassable, en vérité.
Il est aussi un naturaliste de la tradition française dont la prose atteint la qualité des meilleurs écrivains. Chez lui, comme chez Rousseau (Lettres élémentaires sur la botanique), Jean-Henri Fabre (Mémoires d'un entomologiste) ou Maeterlinck (La Vie des abeilles) pas de jargon, de néologismes ou de notices " rédigées ". Mais une langue.
Une langue dont on pourrait dire qu'elle a la somptuosité des plumages d'oiseau qu'il aimait tant : riche et colorée (on n'ose la comparer à celle du paon, qui a cette réputation d'être orgueilleux...).
Ses observations étaient faites directement, à l'œil nu,
sans appareils scientifiques ni machines à calcul
ultra-rapides. On imagine que les savants étho-
logues d'aujourd'hui y trouveraient des erreurs, nombreuses peut-être.
Cela n'ôte rien au charme de cette science poétique de terrain. De buissons et de jardins. Au pays du Merle bleu, non loin de Rome.
Bref, on ne boudera pas Les Paons et autres merveilles qui reparaît ces jours-ci chez Klincksieck.
Merle bleu azuré

 

mardi 10 mai 2016

Au sommaire de Samedi BD



Pour la première fois,
le prochain Samedi BD, qui aura lieu
le 14 juin à 11 h 30,
sera consacré à un thème :
L'ANTIQUITE EN BD.
(L'apéritif se dégustera néanmoins dans des gobelets
et non allongés sur des banquettes.)

 

lundi 9 mai 2016

Cartes et rêves

Aleksandra Mizielińska et Daniel Mizieliński,
Cartes, Rue du monde, 108 pages, 25,80 €
" Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes,
L'univers est égal à son vaste appétit ",

écrivait Baudelaire. C'est pourquoi le libraire préconise un petit détour par le bel album d'Aleksandra Mizielińska et Daniel Mizieliński. Cartes, c'est son titre, est composé à la manière des anciens atlas géographiques illustrés et couverts d'une myriade de petites vignettes représentant personnages, monuments, animaux et autres objets caractéristiques de la zone concernée.
Il s'en trouve 4000 dans l'album pour exprimer les merveilles du monde et ses curiosités, depuis Napoléon et Marianne pour la France, Elvis Presley et Superman pour les Etats-Unis d'Amérique et le panda géant et la Cité interdite pour la Chine.
Le tout qui, finalement, s'adresse aussi bien aux adultes qu'aux enfants, n'est pas dénué de subjectivité et  renseigne parfois plus sur les auteurs des cartes que sur les pays et les continents eux-mêmes. Mais, avant de prendre le départ, prévoyez des heures et des heures de voyage.
Et si, quelque peu lassés du spectacle des terres et des mers, vous levez la tête pendant les nuits d'été, d'autres images, d'autres géographies apparaissent. Celles des constellations.
Ces lueurs semblent former des figures auxquelles les astronomes ont donné des noms : Petite Ourse et Grande Ourse, bien sûr, Scorpion et Dragon, Cassiopée et Orion, les Gémeaux et la Croix du sud. Susanna Hislop, avec la collaboration de l'illustratrice Hannah Waldron, les a la fois cartographiées et racontées, cette fois à l'intention des lecteurs adultes. " Pour le conteur qui observe les étoiles, voici le summum du bonheur : au-dessus de nous, une page vierge en négatif. Un canevas constellé de petits points blancs et un gros baluchon rempli de mythes, de légendes, de berceuses, de contes de fées qui permettent de les relier et de les expliquer. "
Planant, non ?

Susanna Hislop, Hannah Waldron,
Atlas des constellations, traduction de Cécile Chartres,
Arthaud, 224 pages, 25 €

dimanche 8 mai 2016

D'un aphorisme à l'autre

Dominique Noguez, Pensées bleues.
Aphorismes. Suivi d'un Bref traité
de l'aphorisme, Equateurs, 111 pages,
12 €
Dominique Noguez, en plus d'être un poète, un philosophe de formation et un ancien professeur d'esthétique, est un artiste de l'aphorisme.
" Quelle que soit l'heure où passent les poubelles, elles dérangent. "
" Il faut qu'une porte soit ou verte ou bleue. "
" Pigeon qui roucoule fait rêver de broche. "
" L'Académie : quarante membres. N'est-ce pas un peu se vanter ? "
CQFD.
Pour Dominique Noguez, quelles sont les caractéristiques de l'aphorisme ?
" L'aphorisme a 1° une structure particulière, 2° est comme un tour de magie difficile à réussir, 3° est comme la pièce d'un puzzle, mais 4° supporte mal la compagnie, 5° cherche l'universalité plus que la simplicité, 6° la concision plus que la simplicité, 7° il est souvent amer et 8° il est mal-aimé. "

                                                 *

En fait, l'aphorisme n'est pas sympa, comme dirait Alain Schiffres qui vient de publier un livre dont la conclusion est, justement, un aphorisme : " Plus les temps sont durs, plus les gens sont mous. "
D'après l'ironique Alain Schiffres, " sont plutôt sympas : les prix bas, les bons plans, la fête des voisins et le rapport qualité-prix.
Sont sympas : le nouveau bébé d'Olivia, le petit libraire, les rondeurs chez une femme (...).
Sont très sympas : les spectacles de rue, les applis, les cafés philosophiques, les salons de l'Agriculture et mes nouvelles sandales. "
Mais, à lire la presse, un autre aphorisme vient à l'esprit : tout n'est pas dur au pays des sympas. Jérôme Garcin, de L'Obs ; Alex Girod de l'Ain, d'Elle ; Frédéric Beigbeder, du Figaro Magazine ; Eric Chevillard, du Monde des livres Michel Crépu de La Nouvelle Revue Française ; Jean-Noël Leblanc, du Journal du Centre ; Jean-Claude Perrier de Livres-Hebdo, ont eu raison de dire en chœur tout le bien qu'ils pensaient du livre d'Alain Schiffres, longtemps journaliste à L'express et à L'Obs, confie son éditeur.

Alain Schiffres, Sympa, Le Dilettante,
175 pages, 17