samedi 8 août 2015

Il n'y a pas que la plage

Ghislaine Beaudout et Claire Franek,
La Fabrique à théâtre, Thierry Magnier,
128 pages, 19,50 €
Par les temps qui courent, il n'y en a que pour les jeux de plage. Pour les seaux fluo,
les pelles flashy, les masques et les tubas impossibles à régler. Canicule oblige.
Mais tout passe, casse (surtout
le masque et le tuba à deux balles) et lasse.
Il faut vite songer à
l'organisation des soirées.
Les éditions Thierry Magnier y ont pourvu avec ce guide fort complet qu'elles ont intitulé La Fabrique à théâtre
Curieux de la scène, comédiens en herbe et autres metteurs en scène débutants y trouveront leur compte.
Planter un décor, réfléchir à des costumes, travailler sa diction, c'est prévu.
Fabriquer des marionnettes, des ombres, des silhouettes aussi. La lumière, le son et tout ce qui fait la joie de l'illusion
théâtrale, il en est question.
Comme, bien sûr, de la façon d'écrire
une pièce, avec des personnages, des dialogues et patin-couffin.
L'intérêt de ce livre est qu'il mobilise toute la famille, ainsi que les amis qui pourront remplir la salle de leur présence
et lancer des salves d'applaudissements.
Ah ! si seulement il pouvait se mettre à pleuvoir un bon coup
pour qu'on leur montre notre pièce !
Quant aux petits malins qui n'auront pas corrompu leur livre
dans le sable et l'eau salée, ils pourront l'utiliser en rentrant
et pendant toute l'année.
Histoire d'épater en classe et en société.
Le profit est grand.
 
 


vendredi 7 août 2015

Un grand livre d'histoire réédité

Johan Huizinga, L'Automne du Moyen-
Âge, précédé d'un entretien avec
Jean-Pierre Le Goff, Payot,
496 pages, 10,70 €
C'est un livre d'histoire inspiré, devenu un classique de ce que l'on appelle l'histoire culturelle, que republient les éditions Payot : L'Automne du Moyen Âge.
Pour comprendre l'esprit médiéval, soutient Johan Huizinga (1872-1945), il faut l'étudier sous ses aspects les plus élevés mais aussi dans la vie courante : car, écrit-il, " ce sont les mêmes courants de pensée qui dirigent les plus humbles comme les plus élevées de ses expressions (...) Les habitudes et les formes propres à la haute spéculation du Moyen Âge se retrouvent presque toutes dans la vie ordinaire. "
L'Automne du Moyen Âge est peuplé de bruits, de parfums. Il traite de la nourriture, de l'habillement, des façons de s'aimer et de se battre, des rêves, des émotions.
Le mot " vie " foisonne sous le plume de Huizinga, comme le souligne Jean-Pierre Le Goff : "L'âpre saveur de la vie ",
" L'aspiration vers une  vie plus belle ", " L'art et la vie ", tels sont les titres de trois chapitres du livre.
Huizinga, historien néerlandais, est aussi connu en France pour un essai sur le jeu : Homo Ludens (Gallimard).
Si l'homme est sapiens, s'il est faber, n'oublions pas qu'il est aussi ludens, c'est-à-dire qu'il a la faculté de jouer, rappelle l'auteur.
Et ce n'est pas la plus déplaisante ni insignifiante des trois.

Johan Huizinga, Homo ludens. Essai
sur la fonction sociale du jeu,  Tel,
13,90 €


jeudi 6 août 2015

Le Verlaine inédit de Zweig

Stefan Zweig, Paul Verlaine, traduit de
l'allemand par Corinna Gepner. Edition
présentée par Olivier Philipponat,
Le Castor astral, 156 pages, 14 €
Après Rimbaud* dont le libraire parlait il y a peu, voici son copain, d'amour et de misère : Paul Verlaine.
Dans un portrait signé Stefan Zweig (1881-1942).
Inédit en français, qui plus est.
Le futur auteur de La Confusion des sentiments avait vingt-trois ans lorsqu'il rédigea ce portrait du pauvre Lélian.
Il s'agissait de son premier essai. Et il s'agissait de la première monographie en allemand consacrée au poète français, selon Olivier Philipponnat qui présente le livre.
" Il était tout sauf un insurgé : sa force résidait dans sa faiblesse, sa magie dans sa passivité ", dit de Verlaine
le jeune Zweig, que ne démentiront pas sur ce point de plus récents commentateurs.
Son portrait, empreint de sympathie et d'admiration, n'est pas une hagiographie. Il révèle une bonne connaissance de la littérature et de la poésie française, confirmée par le portrait de Rimbaud qui complète l'essai.
Un autre inédit, fort bref, de Stefan Zweig consacré à Gustav Mahler (1860-1911), le compositeur autrichien, parait simultanément chez Actes Sud.

Stefan Zweig, Le Retour
de Gustav Mahler, traduit
de l'allemand par David Sanson,
Actes Sud, 64 pages, 9,80 €



* Voir le billet du 30 juillet

mercredi 5 août 2015

Langue d'Auvergne

Francisque Mège, Souvenirs de la langue
d'Auvergne. Dictionnaire des mots auvergnats,
Editions des traboules, 182 pages,
14,50 €
Sous le titre Souvenirs de la langue d'Auvergne  
parut en 1861 un lexique de termes " auvergnats " principalement  récoltés dans la région
de Clermont-Ferrand.
En zone de langue romane ou d'oc, conséquemment,
que vint concurrencer, puis supplanter
la langue du nord,  la langue d'oïl.
Il en résulta, selon Francisque Mège,
historien de l'Auvergne, une interférence
 continuelle des deux langues, un idiome
" participant de deux origines ".
Ce qu'il proposa dans son glossaire
est un choix de mots "métis "
dont plus d'un a paru savoureux,
sinon scientifiquement vérifiable, au libraire.
Reproduit sans préface ou postface ni
annotation d'aucune sorte, l'ouvrage manque d'une
mise en perspective à la lumière
des études lexicographiques les plus récentes.
Mais il recense incontestablement de nombreux mots oubliés ou ne figurant dans aucun dictionnaire actuel.
Ce qui justifie une réédition.
Un miarou est un ânon ; un montagnier un habitant
des montagnes ; un bredin un simple d'esprit ;
un viraloeil quelqu'un qui louche
et le verbe geinlier signifie gémir.
Le libraire vous salue bien.


 
 

mardi 4 août 2015

Pauline et les jardiniers


Pauline Tanon, Le secret des jardins,
Vuibert, 256 pages, 19,90 €
Le livre de Pauline Tanon Les secrets des jardins tombe à point nommé pour compléter nos précédents billets sur les jardins.
Ce ne sont point des secrets de plantations, des recettes magiques pour jardins magiques, ni des conseils à la Baraton (dont le Petit dictionnaire amoureux des jardins vient de paraître dans la collection Pocket) que l'on y glanera.
Non, il y a là des portraits d'êtres humains (beaucoup d'hommes, mais pas seulement) autant que des portraits de jardins.
Joe Cocker quittant l'herbe pour les tomates ; Thomas Jefferson rêvant de faire du Nouveau monde un jardin terrestre et, plus terre à terre, Depardieu soignant comme on sait ses vignes. Charles Darwin amoureux des orchidées. Colette des bouquets de fleurs. Nabokov des papillons.
Ces mini-biographies florales et végétales parlent en faveur des jardiniers. Eux-mêmes sont exhaussés par leur passion. Jean-Jacques Rousseau : "L'étude de la nature nous détache de nous-mêmes et nous élève à son Auteur. "

Alain Baraton, Petit dictionnaire
amoureux des jardins, Pocket,
494 pages, 7,90 €




lundi 3 août 2015

Mocky se moque

Jean-Pierre Mocky, Je vais encore me faire
des amis, Cherche Midi, 282 pages, 17 €
Jean-Pierre Mocky ne déteste pas la castagne.
Les soixante films et des poussières qu'il a réalisés,
nanards compris et revendiqués, lui ont donné l'occasion de recevoir des crosses et d'en distribuer.
Il en donne la preuve dans Je vais encore
me faire des amis ! chronique truculente de sa carrière,
de ses rencontres, amitiés et désamours.
Le lecteur feuillette le livre en quête de vacheries, d'anecdotes et de coups de cœur tendres (pour Bourvil, Jacqueline Maillan) : un index lui facilite
 la recherche des noms taclés
et des noms épargnés.
Mais il serait dommage de ne pas  s'adonner
à une lecture suivie.
Les premiers mots donnent le ton.
" Je suis de plus en plus connu.
Sûrement parce qu'en France il y a
de moins en moins de metteurs
en scène qui comptent. "
Une filmographie et une théâtrographie
concluent l'ouvrage
de ce maudit M le Mocky.