samedi 19 août 2017

Portrait de la mère en nageuse

Chantal Thomas, Souvenirs de la marée basse,
Seuil, 222 pages, 18 €
" Jackie est revenue à Arcachon, elle est revenue en vacances. Elle occupe avec son mari le rez-de-chaussée de la nouvelle maison de ses parents, construite non pas comme la première à la lisière de la forêt, mais à la lisière de la ville d'Hiver, dans la ville d'Eté. Elle entend, ou imagine, leurs pas au-dessus de sa tête et par les fenêtres ouvertes les voix conjointes de son père et de sa mère, ce fond sonore qui lui est aussi nécessaire que l'air qu'elle respire. (...) On m'a logée à l'étage. J'égrène avec allant des bouts de babillage, manifestations d'attirance parlée de ma famille ou vers le concert de pépiements des oiseaux du ciel. "
Jackie est la mère de la narratrice, à la fois proche et inaccessible personnage de ce roman dans lequel le souvenir actif, le souvenir qui fait qu'une personne se comprend elle-même dans ses métamorphoses, est omniprésent.
Le réactive, un jour, la vue de Jackie nageant au bord de la mer.
Colette, comme Paul Morand ou encore Gide
(" Ne désire jamais, Nathanaël, regoûter les eaux du passé "...), et André Mauriac, l'Aquitain, étayent les souvenirs de la narratrice. Mais en lisant les pages délicates de Chantal Thomas, la précision de ses impressions, le libraire a songé, on ne se corrige pas,  aux Enfantines de Larbaud. Nice et Arcachon d'un côté, les parcs de La Bourboule de l'autre. De fait, d'un côté ni de l'autre, le souvenir n'est alourdi de regrets. " Le premier beau soir a dressé son camp dans le jardin et a placé un rayon en sentinelle à chacune des fenêtres de la maison. On imagine un contour de joues roses, un regard bleu, une grande sœur blonde qui se penche à contre-jour". Chantal Thomas ou Larbaud, qui vient de parler, témoignent pour la certitude des sensations de vie. Sinon pour davantage de certitude.
Valery Larbaud, Enfantines, L'Imaginaire,
190 pages, 7,65 €

lundi 14 août 2017

Folio junoir : une peau neuve


La célèbre collection Folio junior qui réunit 500 auteurs au compteur (et quelques... conteurs !) fête cette année son quarantième anniversaire.
Pour la circonstance, la collection adopte un nouveau logo et une nouvelle ligne graphique. Un roman inédit de Jean-Philippe Arrou-Vignod est offert pour l'achat de deux livres au format de poche.
Un guide  "Suivez le livre " est disponible sur la table basse du libraire, face au canapé rouge.

dimanche 13 août 2017

Les curiosités naturelles

Jaxques Testard, Petit florilège naturaliste,
Belin, 144 pages, 17 €
Jacques Testard a eu la bonne idée d'extraire quelques définitions d'un certain Manuel du naturaliste, ouvrage publié en 1770 pour " amuser le lecteur tout en l'instruisant. "
La validité scientifique des observations que contient ce dictionnaire n'est pas son point fort. Mais le choix de Jacques Testard en direction de ce qui y paraît " drôle, cocasse, joli, prémonitoire ou aberrant " est une étincelante réussite.
 Extraits :

Perdrix de Grèce : Elles sont di familières dans l'île de Scio qu'un coup de sifflet les rassemble de grand matin autour d'un pâtre, qui les mène au champ et les ramène au même signal.

Camélon : Il peut vivre 5 ou 6 mois sans prendre de nourriture. Il se contente d'ouvrir la bouche, d'aspirer un air frais, et dans ces moments, il fait des mouvements pleins de gentillesse.

Datte : Un usage immodéré de ce fruit dérange la tête, produit la mélancolie et affaiblit la vue. En Espagne, on fait usage de la poudre des noyaux brûlés pour blanchir les dents. Cette poudre entre dans la composition de l'encre de la Chine.

Pétrole  : En Perse on se sert de l'huile de pétrole pour s'y éclairer. Elle est si commune qu'on la puise dans des puits. C'est un objet de commerce considérable. Les Persans s'en servent aussi au lieu de bois.

Fou : On le dresse à la pêche comme le cormoran. Sa chair est marécageuse.

La présentation de Jacques Testard (le biologiste) pourvoit le lecteur d'une mise en contexte éclairante et légère du Manuel du naturaliste, dont l'auteur, curieusement, est resté anonyme. Le libraire prose le livre sur l'étal de son rayon Nature.

L'édition de 1770