samedi 15 avril 2017

Promenons-nous dans le bois

Lars Mytting, L'Homme et le bois,
traduit du norvégien par Alexis Fouillet,
Gaïa, 192 pages, 24 €
Sous sa couverture rétro, c'est un livre venu de Norvège. Vous vous familiariserez avec le bois dans tous ses états ou approfondirez les connaissances que vous en avez. Le bois et tout ce qui tourne autour :
les différents outils nécessaires à son travail, à son abattage et à son stockage ; les différentes techniques de fendage, puis d'empilage (oui, c'est très beau un empilage, et très odorant, dans la grange ou le bûcher) ; les essences qui donnent le meilleur bois de chauffe
(le libraire se perd un peu dans les calculs du CO2 émis dans le ciel !) ;  la sécheresse que doit atteindre le bois pour bien flamber et chauffer.
L'ouvrage s'est valu le prix du meilleur livre de non-fiction de l'année 2016 en Grande-Bretagne.
Restons dans le bois. Avec un compagnon légèrement acariâtre, mais qui laissa des pages d'écriture stimulante : Henry David Thoreau (1817-1862).
Il passa deux ans seul dans une cabane près de l'étang de Walden (Massachusetts). Le livre que lui suggéra cette expérience, produit de son goût pour la solitude est devenu très célèbre à travers le monde. Rien ne dit qu'Henry David écrivait pour les célibataires comme lui et les sauvages comme lui. Son mémoire a gardé son tranchant. Ecoutez plutôt cette remarque typique : " Il m'arrive souvent de penser que les hommes ne sont pas tant les gardiens de leurs troupeaux que les troupeaux sont les gardiens des hommes -- tant il est vrai que les bêtes des troupeaux jouissent d'une liberté bien supérieure à celle dont jouissent les hommes. " Et toc !
Chaque éditeur aura bientôt son " Walden ", comme il a son " Croc blanc". Les éditions Gallmeister en proposent une nouvelle traduction, suivi d'un éloge funèbre de Thoreau par son ami Emerson (1803-1882), dont on aimerait avoir davantage de nouvelles.
Henry David Thoreau, Walden,
traduit de l'américain par Jacques Mailhos,
Gallmeister, 392 pages, 10 €

 

vendredi 14 avril 2017

L'enfance revenue

Roger-Pol Droit, Esprit d'enfance,
Odile Jacob, 206 pages, 17,90 €
" Jouer sans fin "; " s'émouvoir sans cesse " :
est-ce possible, est-ce souhaitable  ?
Oui et non, répond le philosophe Roger-Pol Droit dans son essai Esprit d'enfance.
" Il ne s'agit donc pas de vivre selon l'esprit d'enfance, toujours, partout, en toutes circonstances. Ce serait sans doute plus invivable encore que l'indifférence des sages et la paix plate de la dictature de la raison. "
Mais, précisons que " si nous voulons avancer, simplement vivre vraiment, alors il nous faut jouer, pas à pas, entre l'esprit d'enfance et l'esprit de maturité, les choisir alternativement l'un contre l'autre, les équilibrer et les déséquilibrer l'un par l'autre. "
Pour parvenir à cette fin, Roger Pol-Droit a mis au point un certain nombre d'entrainements paradoxaux et réjouissants : un exercice d'illogisme, un autre d'émotion, un troisième d'éternité et, pour faire bonne mesure, un exercice de sauvagerie sont, entre autres, suggérés par l'auteur.
Chacun peut compléter et renforcer ce dispositif au gré de sa fantaisie et de ses besoins.
Une bonne méthode pour voyager au pays de l'enfance est ainsi de se plonger dans l'atmosphère du cirque. Il existe (enfin) pour cela un magnifique ouvrage intitulé Une histoire du cirque. Ponctué de nombreuses illustrations, il recouvre trois siècles d'évolution, précédés par les premières formes de spectacle chez les peuples cavaliers, puis chez les Romains. Pascal Jacob, son auteur, présente un tour de piste très complet, d'un bord à l'autre du monde  et devant nos yeux d'enfant encore remplis de paillettes. Le libraire rajeunit a vue d'œil.

Pascal Jacob, Une histoire du cirque,
Seuil/BNF éditions, 240 pages, 45 €

mercredi 12 avril 2017

Classica chez Actes Sud

La collection Classica chez le libraire A la Page, 12 avril 2017

Le dernier volume de la collection Classica des éditions Actes Sud est paru au mois de février dernier. Préfacé par André Tubeuf, il est consacré au pianiste et compositeur russe Vladimir Horowitz (1903-1989). Joliment sous-titrée " L'Intranquille ", cette biographie proposée par Jean-Jacques Groleau épouse la trajectoire riche et agitée du rival de Rachmaninov, depuis sa naissance d'enfant gâté en Russie jusqu'à sa naturalisation américaine et sa carrière internationale.
De surcroît, pour l'achat de deux volumes da la collection, Actes Sud et le libraire vous offrent (dans la limite des stocks disponibles) un exemplaire de La Discothèque idéale de l'opéra. Soit une discographie commentée de 250 pièces lyriques majeures. Irrésistible.

mardi 11 avril 2017

Avril, mois des filles ?

Habib Abdulrab Sarori, La Fille de Souslov,
traduit de l'arabe (Yémen) par Hana Jaber,
Sindbad, 192 pages, 21,80 €
Le mois d'avril serait-il le mois des filles ?
Oui, s'il faut en croire les titres des romans étrangers qui se disputent l'étal du libraire. Le mois de mars s'était déjà signalé par Les Filles au lion de Jessie Burton (l'auteur du Miniaturiste) paru chez Gallimard, et par Les Vieilles filles proposées par Pagan Kennedy, chez Denoël.
D'autres signes avant-coureurs s'étaient manifestés. Ainsi, La Fille du train, de Paula Hawkins, avait beaucoup fait parler d'elle (dès 2015 !). La Fille sur la photo, de Karine Reysset (Flammarion), nettement moins, sauf votre respect.
Kiyoto Murata, Fille de joie,
traduit du japonais par Sophie Refle,
272 pages, 21,80 €
Mais, surgis de Nouvelle-Zélande, du Yémen et du Japon, nous arrivent d'un seul coup d'un seul La Fille de Souslov, Fille de joie et Fille de l'air.
Evidemment, le mot " fille " n'a pas le même sens dans les trois cas.
La fille de Souslov désigne la fille d'un certain Monsieur Souslov, homme politique yéménite.
La fille de joie désigne bonnement  (si l'on ose parler ainsi) une prostituée.
Et le roman de Fiona Kidman fait revivre Jean Batten, une aviatrice célèbre dans les années 1930 : vous avez compris à quel plaisant jeu de mots conduit ce titre.
A quoi est dû ce phénomène éditorial ?
Au couronnement par le prix Femina 2016 du roman de Marcus Malte Le Garçon ? L'hypothèse paraît hasardée et laisse le librairie dubitatif.
A la vérité, il n'en a même aucune idée. Il observe.
Que chacun en décide par lui-même. Après tout.

Fiona Kidman, Fille de l'air, traduit de l'anglais
(Nouvelle-Zélande) par Dominique Goy-Blanquet,
Sabine Wespieser, 480 pages,, 25 €

lundi 10 avril 2017

La meilleure première page et autres aventures

Pascal Quignard, Une journée de bonheur,
Arléa, 156 pages, 11 €
La semaine du libraire commence bien. Elle commence avec cette première page :
" Je vous remercie d'être là, ce soir, dans cette grande salle sombre. Je reviens du Japon. Je suis revenu mardi. Je n'ai pas manqué, bien sûr, d'aller voir pâlir le soleil là où il prend naissance. Je suis allé voir mourir les fleurs et s'amasser les brumes? L'automne s'est étendu sous les branches des arbres comme un sang. J'ai senti s'élever, m'envelopper en marchant, le parfum si épais qu'invente, diffuse, puis alourdit la pluie. Je me suis accroupi dans les odeurs enchanteresses, j'ai enfin ramassé (et fait un vœu sur le chemin de pierres) la première feuille d'érable dans le jardin de la villa Katsura à Kyoto. "
Ces lignes sont extraites d'un livre de Pascal Quignard, Une journée de bonheur. Quand on vous disait que la semaine commence bien.
Elle commence même sur les chapeaux de roues.
Avec un thème de recherche d'une grande poésie, d'une douceur peu commune : les cours dans la peinture. Pas les cours royales ou princières. Non, les " simples " cours. Les cours des maisons (de ville, de campagne), des fermes, des tavernes. Les atriums, les patios, sinon les cloîtres. Il y a là un champ d'investigation inestimable pour les rêveurs. Fenêtres sur cours est le titre de ce livre qui sert de catalogue à l'exposition du même nom qui se tient à Toulouse jusqu'au 17 avril.
Les peintres de ces cours n'ont pas tous laissé un nom très connu. Raison de plus pour s'intéresser à leur univers. Une œuvre a particulièrement attiré l'œil du libraire : un Patio à l'Alhambra, peint par un certain Jean-Baptiste, dit Achille Zo (1826-1901) dans un style néo-mauresque qui est aussi bien celui qu'affecte l'immeuble abritant A la Page à Vichy.
Oui, bon début de semaine, décidément !

Fenêtres sur cours. Peintures du 16e au 20e siècle,
Musée des Augustins/Lienart, 97 pages, 29 €

dimanche 9 avril 2017

Samedi BD (24)

Samedi BD pour sa vingt-quatrième édition
a retenu pour vous les cinq albums qui suivent.
(Le librairie ne se lassera pas de vous le dire :
Géraldine en présente bien plus en direct)
 
Futaki et Galandion, Hypnos, Le Lombard,
56 pages, 13,99
 
 
Zidrou, Oriol, Natures mortes, Dargaud,
64 pages, 14,99 €

Nadar, Le Monde à tes pieds,
La Boîte à Bulles, 20,00 €


Efa, Rubio, Monet, nomade de la lumière,
Le Lombard, 112 pages, 17,95 €

Matz, Jef, Geronimo, Rue de Sèvres,
120 pages, 18 €