vendredi 19 décembre 2014

La fonte des glaces

Passer par le Nord. La Nouvelle route maritime,
par Isabelle Autissier et Erik Orsenna.
Paulsen, 260 pages, 19,90 €.

Dans la nature, ce sont les vents et les courants qui tracent les routes maritimes.
Les alizés et le Gulf Stream, par exemple.
Les ouvreurs de routes chez les hommes sont explorateurs. Ils ont parfois payé de leur vie leurs expéditions en tous sens sur les mers et les océans, motivées par différentes causes, dont la soif de richesse et de puissance n'est pas la moindre.
Une route maritime restait aussi mystérieuse et légendaire que périlleuse :
le passage du Nord-Ouest, reliant l'Atlantique et le Pacifique par le Canada.
Le passage du Nord-Est, conduisant vers la Russie, n'était guère plus praticable. C'est pourtant le plus court chemin de l'Europe à l'Asie. A vol d'oiseau, si l'on ose dire.
Ces eaux du Nord restèrent quasi-infranchissables jusqu'au début du XXe siècle, faute de moyens de repères et de brise-glaces. Et encore ne les empruntait-on qu'en été, la banquise se refermant aux saisons froides.
Passer par le Nord. La Nouvelle route maritime raconte l'histoire de ces navigations désormais facilitées par le réchauffement climatique.
Les commerçants se frottent les mains. Ils pourront probablement traverser tout droit vers le pôle, sans même emprunter les deux routes légendaires. Ils économiseront 1000 kilomètres. Pour un prix global très élevé.

Passer par le Nord. La Nouvelle route maritime, par Isabelle Autissier et Erik Orsenna. Paulsen, 260 pages, 19,90 €.

jeudi 18 décembre 2014

Si tu reviens jamais danser chez Lavorel...

Il y a chez Dominique Fabre une "petite musique", comme chez Modiano. Comme chez Modiano, encore (mais le librairie ne poussera pas plus loin sa comparaison hasardeuse), le goût des noms propres et de leur répétition dans le texte.
Lavorel, par exemple, dans ce poème, qui rime si bien avec Temporel - la chanson d'André Hardellet ("Si tu reviens jamais danser chez Temporel/ un jour ou l'autre..." que chantait naguère Guy Béart) Comment ne pas faire ce rapprochement-là ?
Les dancings, les bals perdus (nécessairement perdus, là-bas à l'autre bout du temps), les rencontres sur le trottoir, les copains d'enfance disparus, les Gitans, les petites gens, voilà l'ambiance de Dominique Fabre. Un poème ou une chanson-poème pour dire l'impermanence des êtres et des choses, mais pas des sentiments.

Dominique Fabre, Je t'emmènerai danser
 chez Lavorel, Fayard, 12 €


Céline Minard, Ka ta,
Rivages, 10 €

Ka Ta, de Céline Minard, est le fruit d'une résidence d'auteur au Japon (circonstance qui n'est pas nécessairement faite pour rassurer le libraire). Les douze chapitres en forme de kata de ce petit livre n'ont rien de sentimental. Les kata sont, dans les arts martiaux japonais, des exercices d'entrainement au sabre. L'adepte affronte un adversaire imaginaire en s'efforçant de contrôler ses mouvements. Les phrases de Céline Minard ont le coupant du sabre et prennent toutes leurs sanglantes conséquences sur les corps d'en face. Violent.
L'artiste scomparo a encadré le livre de dessins d'où le visage humain est absent.

mercredi 17 décembre 2014

Un Anglais à Corfou

Gerald Durrell, Ma famille et autres animaux,
La Table Ronde, 398 pages, 14 €
Le libraire est heureusement surpris du succès (relativement inattendu) qu'a obtenu La Trilogie de Corfou, de Gerald Durrell aux éditions de La Table Ronde.
C'est le récit de l'installation en Grèce d'une famille anglaise quelque peu déjantée avant la Seconde Guerre mondiale. La mère, qui vit seule, éprouve toutes les difficultés du monde à contrôler sa tribu d'adolescents.
La Trilogie tourne principalement autour de l'intérêt que porte le jeune Gerald aux animaux : la maison grecque se transformera bientôt en une sorte de SPA privée. Rapaces, serpents, tortues, insectes, une partie de la faune locale sera observée, collectionnée et remise sur pied. Un hibou, surtout, élira domicile dans la chambre de Gerald et deviendra son meilleur ami.
Tout ceci ne serait peut-être rien sans le ton  drôle et caustique, à chaque ligne, avec lequel Gerald Durrell campe l'épopée familiale dans l'île.
A signaler : les belles couvertures dont l'illustrateur Loustal a doté les trois volumes. Le libraire est satisfait de proposer aux lecteurs des livres bien composés et bien imprimés.

La Trilogie de Corfou se compose de :
Ma famille et autres animaux. Oiseaux, bêtes et grandes personnes. Le Jardin des dieux. Traduit de l'anglais par Léo Lack (pour les deux premiers volumes) et Cécile Arnaud (pour le troisième). 398, 342 et 296 pages, respectivement. 14 € le volume.

lundi 15 décembre 2014

Un monde d'objets


De quand ça date. 140 histoires d'objets, Historia,
160 pages, 19,90 €
Les objets mènent une seconde vie dans l'imaginaire.
La mode s'intéresse tantôt à ceux des années 1920 ou 30, tantôt à ceux des années 1950 ou 60.
De quand ça date s'intéresse à de plus longues durées : du père Noël au scanner médical.
En passant par une foule d'objets utiles (chaise, lunettes), ludiques (dominos, jeu de l'oie) ou indispensables (bibliothèque. Dommage que le cas de la librairie ait été oublié !).
Sur un registre plus léger, Ces objets emblématiques que vous sauveriez (ou pas) avant de quitter la France, d'Ariel Wizman, évoque le gratte-langue, le Pastis 51, la collection de la Pléiade... mais toujours pas la librairie.
Croyez bien que le libraire le regrette.

De quand ça date. 140 histoires d'objets, Historia,
160 pages, 19,90 €
Ariel Wizman, Ces objets emblématiques que vous sauveriez (ou pas) avant de quitter la France, Michel Lafon, 160 pages, 14 €

Desproges passe à table


Pierre Desproges pris en flagrant délit de gourmandise. C'est ce que prouvent ces chroniques culinaires que les éditions Les Echappées ont eu l'idée de réunir dans un petit volume fait des articles qu'il publiait dans le magazine Cuisine et vins de France.
Sous le titre Encore des nouilles, les déprogiens y dégusteront l'humour pince sans rire de leur humoriste préféré : tout un plat !
"Gastronome approximatif", selon ses dires, Desproges n'y va pas avec le dos de la cuiller, on s'en doute. Il confie son "désarroi culinaire", évoque "l'amour à table" ou dévoile sa recette du "Pot au feu Marie-Croquette".
"Allons, enfants de la patrie, le jour de boire est arrivé."
Tout est dit.

dimanche 14 décembre 2014

Correspondance d'Emile Guillaumin

Statue d'Emile Guillaumin
à Ygrande (Allier), son village natal
Le libraire pense qu'un bon moyen d'entrer en relation profonde avec un écrivain et avec son univers est de lire sa correspondance.
Du 11 août 1914 au 28 décembre 1918, le soldat Guillaumin adressa à ses parents et amis de très nombreuses lettres, restées jusqu'alors inédites.
L'historienne Nadine-Josette Chaline a opéré un choix parmi elles et l'a fait précédé d'une substantielle et éclairante présentation des rapports de Guillaumin avec son époque, la littérature, la guerre, les idées.
Le livre est ponctué d'intéressantes illustrations, faites de cartes postales, d'affiches, d'objets et autres portraits.
L'ensemble est précis, bien informé et destiné à tout public, pour peu qu'il s'intéresse à l'histoire ou à l'auteur de La vie d'un simple. "Poilu", Guillaumin ? "Jamais terme plus trivial et plus bête n'eut une telle fortune", affirme-t-il le 26 septembre 1915.

Nadine-Josette Chaline, Emile Guillaumin, paysan-écrivain bourbonnais, soldat de la Grande Guerre, PUPS, 407 pages sous couverture cartonnée, 27 €