samedi 16 mai 2015

Jardins de sensibilité

Evelyne Bloch-Dano,
Jardins de papier, de Rousseau
à Modiano, Stock, 248 pages, 19,50 €
En cette période où les grosses chaleurs s'annoncent (sans rire), le libraire vous suggère de suivre Evelyne Bloch-Dano dans les allées bien tempérées de ses jardins. Imaginez-vous, son livre à la main, passant de la page imprimée au vol d'un papillon ou d'une feuille, de là au jet d'eau du bassin...
Mais pour commencer, un petit historique ne peut pas faire de mal : des jardins des origines jusqu'aux jardins "en mouvement" de Gilles Clément, Evelyne Bloch-Dano présente les différentes formes des jardins et des parcs, les différents esprits qui les animent. (Dommage de n'avoir pas musardé un peu dans les jardins chinois, les plus subtils qui soient... mais le sujet est inépuisable.)
Puis, vient le tour des jardins de papier, ceux que Rousseau, George Sand, Proust et Colette ont crée avec des mots et de l'encre, plutôt qu'avec une bèche et des cisailles.
Et aussi, moins attendus, Sartre et Simone de Beauvoir, Modiano et Duras.
A la Page avait reçu Evelyne Bloch-Dano pour sa Fabuleuse histoire des légumes.
Le libraire prend plaisir aujourd'hui à la suivre dans son jardin de fleurs et de langage.

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Le librairie signale également l'existence de la revue Jardins, publiée aux éditions du Sandre par Marco Martella.
Revue Jardins, N°5,
142 pages,  16 €

jeudi 14 mai 2015

A mensonge explosif, rencontre explosive

Il sera notre invité samedi 23 mai, à 15 h 30. Pour vous mettre l'eau à la bouche, voici un entretien de Christophe Reydi-Gramond avec Michel Olivès, en juillet 2014.



mercredi 13 mai 2015

Samedi BD (5)

Samedi dernier, c'était SAMEDI BD.
Géraldine, qui règne sur le rayon, avait sélectionné les albums suivants :

Julien Revenu, Ligne B,
Casterman, 120 pages,
17 €

David François, Régis Hautière
Un homme de joie. 1
Casterman, 54 pages, 13,95

Nicolas de Crécy,
La République du catch,
Casterman, 224 pages,
20 €

Laure Marchand, Guillaume
Perrier, Thomas Azuélos,
Le Fantôme arménien,
Futuropolis, 129 pages,
19 €
Milo Manara, Le Caravage,
première partie
Glénat, 64 pages, 14,95 €

Florence Cestac, Daniel Pennac,
Un amour exemplaire,
Dargaud, 64 pages, 14,99 €
 




mardi 12 mai 2015

Sa jeunesse dans un kibboutz

Yaël Neeman, Nous étions
l'avenir, traduit de l'hébreu
par Rosette Azoulay et
Rosie Pinhas-Delpuech,
Actes Sud, 272 pages, 22,50 €
“Le kibboutz n’est pas un village au paysage pastoral, avec ses habitants pittoresques, ses poules et ses arbres de Judée. C’est une œuvre politique, et rares sont les gens de par le monde qui ont vécu, par choix et de leur libre volonté, une telle expérience, la plus ambitieuse qui fut jamais tentée. Qui pourrait dire non à une tentative de fonder un monde meilleur, un monde d’égalité et de justice ? Nous n’avons pas dit non. Nous avons déserté.”
Yaël Neeman  est née en 1960 et a reçu une éducation communautaire dans un kibboutz fondé par ses propres parents
en Galilée.
C'est cette expérience hors du commun (« l’expérience la plus audacieuse jamais tentée, jamais vécue, pour créer une société et une famille idéales »), qu'elle rapporte ici.
Sans pathos, avec un zest de spirituel désenchantement, comme son titre l'indique.
Témoignage doux-amer sur un mouvement utopique dans lequel les personnes comptaient moins que leur idéal, son récit est d'une justesse entraînante.

Kibboutz (D.R.)
Sans tapage, le livre de Yaël Neeman est en train,  de se faire un beau chemin en librairie.

lundi 11 mai 2015

L'abus du Corbu

Catherine Maumi, Franck Lloyd Wright,
Broadacre City, La nouvelle fontière,
Ed. de La Villette, 206 pages, 25 €
Les phénomènes de mode existent en librairie comme ailleurs. Les commémorations aussi. Serait-il à la mode de commémorer l'architecte
Le Corbusier (1887-1965), appelé " Corbu" dans l'intimité ?
Dans tous les rayons les livres pleuvent :
Le Corbusier poète, Le Corbusier pétainiste, Le Corbusier génie, Le Corbusier honni. Dans tous les formats, à tous les prix. N'en jetez plus, nos rayons croulent (et ce ne sont pas forcément des rayons de soleil, comme disait André Breton) !
Alors, le libraire botte en touche et choisit de tourner ses regards vers un architecte américain : Franck Lloyd Wright (1857-1959)
et son projet utopique baptisé Broadacre City.
Catherine Maumi vient de consacrer un essai à ce partisan d'une " architecture organique, c'est-à-dire démocratique ". Précipitez-vous !
De Catherine Maumi, le librairie avait déjà remarqué  Thomas Jefferson et le projet du Nouveau Monde, ainsi que Usonia, ou le mythe de la ville-nature américaine.

Catherine Maumi, Usonia ou le mythe
de la ville-nature américaine,
Ed. de La Villette, 240 pages, 20 €

dimanche 10 mai 2015

Guérir par la lecture

Hoai Huong Nguyen, L'Ombre douce,
Livre de Poche, 186 pages, 6,30
Si la lecture est un art en même temps qu'une thérapie, comme l'affirme Régine Detambel dans Les Livres prennent soin de nous, alors L'ombre douce est une lecture à conseiller d'urgence.
Quand il était paru en grand format en 2013, nous avions sélectionné ce roman de Hoai Huong Nguyen pour le Prix des Lecteurs A la Page.
Il ne l'avait pas alors emporté, ayant eu affaire à forte concurrence.* Mais il avait eu de nombreux avocats. 
Nous sommes en Indochine française, pendant la guerre avec les Français. Mai est infirmière. Elle soigne un soldat breton, Yann. Ils tombent amoureux et c'est l'amour contrarié et, sans doute, tragique (le librairie ne sera pas indiscret), que ce roman célèbre, tout du long.
Vous vous moquez, direz-vous au libraire : quoi d'original ? Rien, mais rien du tout, vous répondra-t-il ! 
Sauf que l'amour est l'un des grands thèmes de la littérature depuis qu'elle existe et que ce thème est ici servi par une rare délicatesse de sentiment. C'est cette délicatesse qui guide Hoai Huong Nguyen dans l'écriture de son récit, où affleure une poésie de la vie très émouvante.  
L'histoire, avec un grand H, n'est pas absente de ce roman. Ni de très fines descriptions des paysages vietnamiens, dans lesquels l'eau occupe une grande et belle place. Ce qui ne gâte rien. Allez-y voir : il s'agit du livre de poche de la semaine. Et plus.

* Cette année-là, Bernard Ollivier l'avait emporté avec Histoire de Rosa qui tint le monde dans sa main (Phébus).
Régine Detambel,
Les Livres prennent soin de nous,
Actes Sud, 165 pages, 16 €