samedi 27 août 2016

Petits congés

Le libraire s'envole jusqu'au 13 septembre.
 
 
La librairie, elle,
reste bien amarrée et ouverte
au numéro cinq de la rue Sornin à Vichy.
 
 


vendredi 26 août 2016

Que lire ?

Si d'aventure, après avoir fréquenté le blog et la librairie,
vous vous posiez la question
" Que lire ? ",
 vous trouverez sur la table devant le divan rouge,
la quatrième livraison du magazine gratuit
portant le même titre.
Une aubaine.


Les collégiens auront l'incomparable satisfaction de découvrir,
sur la même table et le même divan rouge,
un  Guide de la littérature gratuit.
Une chance.
 

jeudi 25 août 2016

In Memoriam Michel Butor

 
Michel Butor est décédé hier, 24 août.
Le librairie ne saurait s'en sortir devant son œuvre multiforme
et d'une inconcevable abondance
 par quelques mots rapidement esquissés.
A l'évocation de son nom, tous se rappelleront le "nouveau roman". 
Mais le libraire a un autre souvenir,
qui remonte à dix ans : cette belle suite de poèmes,
Don Juan en Occitanie,
éclairée par de magnifiques lavis de Colette Deblé.
Lisons (et faisons silence un peu) :
 
Il vente mon cœur autrefois
déchiré je blêmissais excommunié
trêve au retour audacieuse
élancée Rosaline surprise nue
par Frédéric Bazille en 1863
muse des cèdres tes mélodies
tes gentillesses tes hanches m'ont imprégné
m'ont enflammé conquis et maintenant
festin des bruyères viens
m'asperger m'emplir à perte d'âme
 
 
.
 

mercredi 24 août 2016

Ajar, vous avez dit Ajar ?

Quel rapport peut-il bien exister entre cette photo :
 
 
et celle que voici :
 
 
Eh bien, c'est que les deux répondent au nom d'Ajar.
La première est celle d'Emile (véritable patronyme : Romain Gary).
La seconde est celle d'un collectif d'écrivains suisses également nommé Ajar,
en mémoire de Romain Gary.
Ils sont dix-huit, garçons et filles, au sein de ce collectif
destiné à encourager la productivité littéraire d'une nouvelle génération.
Et le pire, peut-être, est qu'ils vont incessamment publier
chez Flammarion un roman intitulé Vivre près des tilleuls,
écrit à... 2 x 18 = 36 mains.
Le libraire est vigilant.
 
 
 
 
 
 
 


mardi 23 août 2016

L'art de fêter le 14 juillet avec Eric Vuillard

Eric Vuillard, 14 juillet,
Actes Sud, 202 pages, 19 €
Le mot " récit " et non " roman " est placé sous le titre de
14 juillet que publie ces jours Eric Vuillard. Pas de dialogues dans ce livre ; pas de personnages fictifs, glissés entre les
" grands personnages " de l'histoire ; ni, non plus, de regard distancié et clinique nécessaire, dit-on, à la reconstitution historique. Le lecteur entre, au contraire, de plain pied et immédiatement dans les tourbillon des faits -- ils ne sont pas neutres : tout commence par la destruction par la foule de la riche demeure d'un industriel qui veut baisser les salaires de ses gens, le 28 avril 1789.
Eric Vuillard procède par immersion du lecteur dans son récit où les faits s'enchaînent sans délai ni atermoiements.
Les destructions ; le compte des morts ; leur identité ; leur description physique ne donnent pas lieu à un quelconque pathos, mais rendent êtres et choses très présents. Le langage se fait souvent familier, et anachronique, participant de cette proximité ; et il est en même temps nourri par une information précise sur l'époque. les archives ont été consultées, intelligemment mises à profit. Il n'est pas jusqu'aux listes de noms (coup désormais un peu classique, facile) qui n'aient leur charme : "Ils s'appellent Mathieu, Guillaume, Firmin, de leur nom de famille, car les pauvres n'ont souvent pas mieux à se mettre. Ils peuvent aussi porter noms et prénoms pareils, Pierre Pierre, Jean Jean ; cela signe deux fois leur pauvreté. Ils ont aussi des noms de métiers, Mercier, Meunier, Lesaulnier, Vigneron (...) Mais encore des noms ridicules, Godailler, Quignon, Fagotte, Bourgeonneau, Tronchon, Pinard "...
Le 14 juillet des noms ridicules et des sans nom, sans grade, se lit d'un trait, jusqu'au déluge qui donne son titre au dernier chapitre de ce roman "historien ", plutôt qu' " historique ", selon la distinction que vient de proposer Dominique Viart.

lundi 22 août 2016

L'art d'accueillir les bébés

Lionel Paillès, Papa débutant,
First, 208 pages, 14,95 €
Les éditions First veulent la paix dans les familles
et elles ont, en outre, de la suite dans les idées.
La série avait débuté par Le Papa débutant, que suivirent La Maman débutante et La Grand-mère débutante. Vint le Grand-père débutant, dernier né, pour ainsi dire.
Les choses se précisent encore avec les Grands-parents débutants et, derechef, un Papa débutant, mais, cette fois, dans une version illustrée.
Au sommaire : " La grossesse vue par papa " ; " Quelques heures dans la salle de travail " ; " Quelques jours à trois à la maternité " ; " Le rodage de la première semaine à la maison " ; " La vitesse de croisière ".
Les questions que se posent ici les papas sont plaisantes (" ... il sourit dès que je lui parle de l'OM. Il aime déjà le foot, ou c'est pour me faire plaisir ? ") ; légèrement idiotes ( " Est-ce que je peux mettre mon bébé dans un siège auto s'il a 4 jours ? ") ; touchantes ( " Je me sens cloche quand je parle à mon fils âgé d'un mois. Dois-je continuer à lui parler de la pluie et du beau temps ? ").
Le rôle des grands-parents n'est pas moins crucial. Et il semble que, malgré leurs expériences précédentes, ils aient tout à apprendre pour se hisser à la hauteur du monde moderne, de ses nouvelles layettes, de ses poussettes-canne, de ses écrans et de ses branchitudes diverses.

Caroline Cotinaud,
Grands-parents débutants, First,
192 pages, 9,95 €
 



dimanche 21 août 2016

La servante et le philosophe

Guinever Glasfurd, Les Mots entre mes mains,
traduit de l'anglais par Claire Desserrey,
Préludes, 448 pages, 15 €
" Par la porte de sa chambre ouverte, je vois une flamme trembloter. Il est réveillé. Je frappe sur le chambranle.
" Oui ? "
Il est assis à sa table. Il s'est déshabillé pour se coucher ; ses jambes sont nues, sa chemise pend sur ses cuisses.
" Je vous ai apporté une chaufferette, Monsieur. J'ai vu que vous travailliez... Il fait froid ce soir. "
Cette petite scène triviale est le prélude à la première rencontre amoureuse de René et d'Helena. Helena Jans van der Strom, servante hollandaise et René Descartes philosophe français. Elle a seize ou dix-sept ans ; lui le double à peu près. Lui est catholique ; elle, protestante. Il parle un peu le flamand ; elle a fait tout ce qu'elle pouvait pour apprendre toute seule à lire et écrire. Au début du roman, nous sommes à Amsterdam, en 1635, en plein siècle d'or. Nous accompagnerons Helena et René, le Monsieur, pendant cinq ans.
La relation entre la servante et  le philosophe, et l'existence de Francine, le fruit de leur amour, sont des faits historiquement avérés mais méconnus (ils avaient fait l'objet d'une première interprétation littéraire dans Un amour de Descartes, de Jean-Luc Quoy-Bodin).  Ils sont relatés dans un premier roman dont Guinevere Glasfurd a su rendre la protagoniste centrale fort attachante et la figure de Descartes,  le grand homme, moins froide qu'à l'ordinaire. Témoin cette lettre, datée du 14 août 1636 :
Ma Chère Helena,
Je suis désolé que notre rencontre se soit terminée ainsi. Je touche à la fin de mon travail sur le Discours. Je serai ensuite en meilleure posture. Depuis des années, je ne sais où le destin me conduit, où mes pas vont me mener. J'aspire à une vie plus paisible. Mon esprit s'éloigne des villes où j'ai résidé ces derniers temps.
Je tiens à voir Francine et te prie de venir avec elle. Mon adresse est Rapenburg, maison Gillot. Préviens-moi par un mot afin que je t'attende. Je souhaite parler de certains sujets.
Ton très humble et affectionné serviteur,
René Descartes.
Descartes, Discours de la méthode,
Le Livre de poche,
232 pages, 3,60 €