samedi 26 décembre 2015

Maurice Sauzet, Roland Barthes et le Japon

Maurice Sauzet, Chris Younes, Poétique de l'architecture,
Norma éditions, 352 pages, 49 €
Maurice Sauzet est un architecte français né en 1927 et le livre qui lui est aujourd'hui consacré met superbement en valeur les habitations individuelles qu'il a réalisées au long de sa vie professionnelle." Entre recueil et déploiement ", Maurice Sauzet pratique une architecture de mise en harmonie avec le milieu, très influencée par ce qu'il a pu observer au Japon. Au milieu des années 1960, il opère en esprit la jonction entre les constructions vernaculaires de la Méditerranée et la maison japonaise. Toute son œuvre subséquente s'en trouve influencée.
C'est peu dire que les illustrations nombreuses de cet ouvrage plaident en faveur des théories et de la pratique de Maurice Sauzet, faute d'avoir pu en contempler les réalisations in situ. Dans ce cas, le libraire dit : vive l'architecture !
Et puisque nous parlons, du Japon, voici une citation extraite de L'Empire des signes, de Roland Barthes, qui vient d'être réédité  au Seuil dans son format originel :
" Le haïku a cette propriété quelque peu fantasmagorique, que l'on s'imagine toujours pouvoir en faire soi-même facilement. On se dit quoi de plus accessible à l'écriture spontanée que ceci (de Buson) :
C'est le soir, l'automne,
Je pense seulement
A mes parents.
Le haïku fait envie : combien de lecteurs occidentaux n'ont pas rêvé de se promener dans la vie, un carnet à la main, notant ici et là des " impressions " (...) ? "
Oui, combien ?
Roland Barthes, L'Empire des signes,
Seuil, 156 pages, 25 €

jeudi 24 décembre 2015

Michaux kiffe Zao Wou-Ki

Henri Michaux et Zao Wou-Ki dans l'empire des signes,
texte et notices de Bernard Vouilloux, avec des contributions
de Yolande Escande et de Laurence Madeline, ainsi qu'un
entretien avec Michel Butor, Flammarion, 39 €
 
Voir Henri Michaux avec Zao Wou-Ki
et lire Zao Wou-Ki  avec Henri Michaux : mais oui, pourquoi pas...
L'auteur d'Un barbare en Asie avait trouvé, semble-t-il, dans la peinture de Zao Wou-Ki une invitation au voyage dans la Chine de son imagination.
Ce livre à la reliure toilée contient les quatre textes que Michaux consacra à son ami ; la reproduction de plusieurs toiles peintes en Hommage à Henri Michaux composées par Zao Wou-Ki, ; ainsi que de nombreux documents et essais évoquant leur rencontre.
Les deux amis échangèrent des traits et de l'encre, et il  est passionnant de rapprocher l'œuvre picturale du poète belge de celle de l'artiste chinois : Michaux " irrigue sa propre créativité littéraire, graphique et picturale de la source chinoise qu'il fait sienne ", alors que Zao Wou-Ki, pour trouver sa propre voie, doit s'écarter, lui, des gestes appris dans son enfance. Pour résumer d'une phrase la situation, voilà un livre que le libraire aimerait bien se voir offrir...

Zao Wou-Ki, 16.4.62

mercredi 23 décembre 2015

Auvergne vintage

Pascal Desmichel, Frédéric Faucon, Patrimoine
extraordinaire du chemin de fer en Auvergne
et Limousin, Christine Bonneton, 168 pages,
24,90 €
Pascal Desmichel et Frédéric Faucon  nous entraînent le long des anciennes voies ferrées de l'Auvergne et du Limousin.
Tout le vocabulaire du chemin de fer est passé en revue : gares, naturellement ; viaducs ; tunnels ; postes d'aiguillages ; remises ; châteaux d'eau et alentours des voies ferrées. On prend conscience de l'étonnante couverture ferroviaire de la région par les compagnies du Midi, Paris-Orléans, Lyon-Pyrénées et autres compagnies secondaires. C'est une excellente invitation à faire de la géographie et de l'architecture autrement.
" Avec l'arrivée du chemin de fer, écrit pour sa part Frédérique Chevalier,  des services de diligence assurent la liaison régulière entre les villes  et les gares nouvellement établies ", à partir de la moitié du XIXe siècle.
 L'Auvergne 100% vintage, en s'appuyant
sur une très belle collecte de cartes postales, fait revivre la région dans tous ses aspects : campagnes, industrie, thermalisme, cités, vie quotidienne, foi et croyances. Le livre est d'un format très séduisant : celui des cartes postales elles-mêmes, enrichi par l'épaisseur des pages. Il a de l'allure et contient maintes informations.


Frédérique Chevalier, Olivier Bouze, L'Auvergne
100% vintages à travers la carte postale,
HC éditions, 256 pages, 12 €

mardi 22 décembre 2015

Un moment magique

 
Dimanche 20 décembre 2015, 5, rue Sornin
dans l'après-midi.
Grâce au Merle pourpre, la magie du conte
et de la musique médiévale
en pleine librairie.
Marioline.
Witold.
Les enfants.
Douceur.
 

lundi 21 décembre 2015

Les animaux de Loys Masson

Loys Masson, XX animaux et talismans, préface d'Eric Dussert,
Les Grands Champs, 106 pages, 6 €
L'un des plus petits des grands livres en cette fin d'année (ou l'un des plus grands petits livres) s'appelle XX animaux et talismans.
Il mesure 6 cm de diamètre. Oui, vous avez bien lu : c'est un livre petit et rond. Rond comme un œuf.
Relié par un anneau.
Ce phénomène est la réédition d'un livre-objet de Loys Masson (1915-1969), naguère paru chez un éditeur indépendant et, conséquemment, intrépide : Robert Morel (1922-1990).
Il contient des portraits lyriques d'animaux, au rang desquels figurent l'araignée, la guenon, les licornes (qui sont parmi les animaux fantastiques préférés du libraire), le poulpe ou les hirondelles.
L'originalité, vous l'avez compris, marque de bout en bout l'entreprise et dirige les jeunes regards sur Loys Masson, poète et romancier mauricien (comme Le Clézio et Malcolm de Chazal). L'envoi magnifique de son grand petit livre est à méditer :
"... chevaucheur de nuées, blanc cueilleur d'immortelles pour vivre, sois absurde et fais-moi confiance sous peine, follet, que je te dénonce à tes propres songes."

Loys Masson. Photo Le Mauricien.com. DR

dimanche 20 décembre 2015

Filles et garçons

Laure Adler, Elisa Lecosse, Les femmes
qui aiment sont dangereuses, Flammarion,
156 pages, 19,90 €
De Vénus à Dora Maar ; de la fée Viviane en passant par Danae jusqu'à Juliette Drouet, les amoureuses "se révèlent brutales ou tendres, ambitieuses parfois, mais toujours ensorceleuses : dangereuses pour les autres et pour elles-mêmes ", écrivent Laure Adler et Elisa Lecosse.Dans ce survol historique des représentations féminines,  la marche des femmes vers la conscience de soi, la maîtrise du corps et l'affirmation du désir paraît irrésistible. Une introduction et cinq chapitres évoquent extase amoureuse, mythes et fables, séductrices et ensorceleuses, transgressions amoureuses et femmes fatales... 
Le texte est accompagné de nombreuses reproductions de tableaux où la geste féminine se donne à contempler.
Le livre succède à  Les Femmes qui lisent sont dangereuses.
On pourra retrouver les garçons dans l'histoire avec le livre d'Anne-Marie Sohn, La Fabrique des garçons (qui fait écho à La Fabrique des filles, paru en 2010). L'auteur s'appuie sur un ensemble très riche d'images (photographies, cartes postales, affiches ou, encore, manuels scolaires) pour dessiner le parcours de la masculinité du XIXe siècle à nos jours. Il en ressort que les garçons sont désormais confrontés à l'émancipation et à la concurrence des filles et que l'âge du tout-viril est derrière nous.

Anne-Marie Sohn, La Fabrique des garçons. L'éducation des
garçons de 1820 à aujourd'hui, Textuel, 160 pages, 35 €