samedi 5 mai 2018

Le secret du sacret : connaissez-vous Marc Graciano ?

Marc Graciano, Le Sacret,
José Corti, 87 pages, 14 €
Le sacret : quel drôle de mot, n'est-ce-pas ?
Le sacret est le mâle du sacre (qui est la femelle... du sacret ! De même que le lanier est la femelle du laneret). Bref, le sacre et son mâle, le sacret, sont des oiseaux de proie de la famille des faucons. Au sens figuré, dire d'un individu qu'il est un sacre, c'est le traiter de... rapace. Plutôt joli, non ?
Dans Le Sacret (celui de Marc Graciano),
le lecteur fera moult autres découvertes de mots plutôt rares et liés au monde aviaire et, plus particulièrement, à la fauconnerie. Ainsi d'autourserie et d'autoursier, de vervelle, d'alules, de tiercelet et, pour ce qui est des verbes, d'halbraner, d'éclamer, d'empiéter. Mais pas que : ainsi de chainse, de palmus, d'éburnin, de bliaud ou de fame qui tous reportent le lecteur vers le XIIIe siècle -- entre Gracq et William Morris, excusez du peu.

Le Sacret est, indiscutablement, il semble au libraire, le livre le plus envoûtant paru de longue date et à l'abri des modes : une chasse au faucon et ses apprêts en sont le cœur, dont font les frais lièvres, une cane et même un renard dont Marc Graciano décrit la dépouille comme goulûment. L'attombisseur s'emploiera, de son côté à chasser le héron, tâche pour laquelle dressé il fut.
L'ouvrage n'a rien de mièvre. Dans l'étrange, dans le déjanté, il n'en fait pas des caisses. Il ne fait pas davantage dans le "pohétique", sous prétexte que l'on y traite d'animaux et du milieu naturel. Ce qui l'éloigne de bien des productions actuelles.
Le libraire taira la toute fin -- splendide -- du récit. Mais ne cachera pas que celui-ci tient en une seule phrase longue de 87 pages.


Marc Graciano