mercredi 8 novembre 2017

Vivent les sciences naturelles et aussi la licorne !

Quel futur sans nature ?, Muséum d'histoire
naturelle, 80 pages, 7,50 €
Les sciences naturelles seraient-elles dépassées ? Verraient-elles le " grand dictionnaire de la nature " se refermer devant le naturaliste ? Le végétal, le minéral et l'animal, qui sont ses objets d'étude, se trouveraient-ils nommés (par les médias et les décideurs) dans un autre vocabulaire -- celui de l' "écologie ", par exemple, plus au goût du jour, moins suranné que les  " leçons de choses " ?
Ceci entraînerait-il une perte d'influence dommageable aussi bien à la nature elle-même qu'à l'humanité ?
C'est cette anxiété multiforme qui semble animer la déclaration lancée par une quinzaine de signataires sous la houlette du président du Muséum national d'histoire naturelle, Bruno David.
 " Le rôle clé de de l'histoire naturelle dans le contexte actuel impose donc d'enrayer la perte de vitesse attestée de son enseignement et de la pédagogie du terrain depuis quarante ans du niveau élémentaire jusqu'au cursus universitaire ", affirment les auteurs.
Leur manifeste est bilingue, français-anglais, et s'accompagne de quelques unes de ces merveilleuses planches de coquillages, de pierres, de plantes et d'animaux qui font l'une des richesses des collections conservées au Musée.
La collection " L'œil curieux ", animée par la Bibliothèque nationale de France, a pour sa part choisi de défendre dans un nouveau livret une autre sorte d'animal. Un animal fabuleux : la licorne. Longtemps tenue pour un " vrai " animal, hantant les forêts du Moyen-Âge et existant déjà pour les auteurs de la Bible, la licorne n'a plus aujourd'hui qu'une existence imaginaire. C'est-à-dire une existence en marge des sciences naturelles dont nous venons de parler. Mais très forte dans le bestiaire inconscient de chacun d'entre nous, ce qui ne compte assurément pas pour du beurre.
Les enlumineurs et les peintres ont fait tout leur possible pour assurer sa postérité et y ont réussi. C'est un vrai plaisir de contempler les images de la licorne et de ses congénères animaux d'un œil frais et ouvert au merveilleux -- ne jamais oublier le merveilleux, dit le libraire infime de province.

Licorne. Animal fabuleux, BNF éditions,
48 pages, 6,80 €



mardi 7 novembre 2017

Des notes et des couleurs

Michel Pastoureau, Une couleur ne vient
jamais seule, Seuil, 232 pages, 20 €
Si vous voulez en voir de toutes les couleurs, mais gentiment, posément, ralliez-vous au panache blanc
de Michel Pastoureau. Son journal  d'étudiant des couleurs vient de paraître pour les années 2012-2016, où il pose ainsi le sujet : " Avant d'être lumière ou matière, , avant d'être sensation ou perception, , une couleur est un abstraction, une idée un concept.  C'est sans doute pourquoi dans les pratiques sociales comme dans la création artistique et dans le monde des symboles et de l'imaginaire, elle n'existe vraiment et ne prend tout son sens que pour autant qu'elle est associée ou opposée à une ou plusieurs autres couleurs. Quel que soit le domaine où elle est à l'œuvre, une couleur ne vient jamais seule. "
Dans ce Journal chromatique, la couleur est vécue quotidiennement. Couleur des encres et du papier, couleurs des maillots du rugby, couleurs de Noël approchant, couleurs des livres de coloriage à la mode. Et un soir, ô stupeur, couleur des draps dans un hôtel chic en Suisse : ils sont noirs et les oreillers itou ! L'historien, qui ne se rêvait pas en cadavre,  dormit cette nuit-là dans un lit sans draps.
Des couleurs à la musique, il n'y a qu'un pas. On le sait depuis Rimbaud au moins : A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu... Vladimir Jankélévitch, lui, mariait musique et philosophie, au point qu'il déclara : " Le philosophe qui m'a le plus influencé : Gabriel Fauré ! ".
Vient d'atteindre l'étal bien rempli du libraire, un recueil d'écrits consacrés à la deuxième passion du penseur du Je-ne-sais-quoi et du presque rien. De Ravel à Rimski-Korsakov en passant par Chopin et Fauré, donc, ou Déodat de Séverac, cher au cœur du libraire, ces articles, préfaces, textes de conférence inédits attestent, s'il en était besoin, de l'intense musicalité du monde intérieur de Vladimir Jankélévitch.
Vladimir Jankélévitch, L'enchantement musical,
Albin-Michel, 303 pages, 21,90 €


lundi 6 novembre 2017

Christine Jordis à Vichy

Les éditions Albin Michel
et la librairie A la Page
ont le plaisir de vous inviter à rencontrer
Christine Jordis
pour la parution de son dernier essai
Automnes
SAMEDI 25 NOVEMBRE A 15 H


L'entrée est gratuite et ouverte à tous

dimanche 5 novembre 2017

Un ami de la pluie

Bernard Manciet, L'eau mate,
La Nouvelle Escampette/Librairie Les Saisons,
61 pages, 12 €
" La pluie venait enfin, mon meilleur abri. Toutes les plantes, tous les arbres ruisselaient de contentement. Les hommes ne sortiraient pas de leur guet, et je pouvais aussi m'ébrouer. Je buvais chaque large feuille.  Je me lavai entièrement dans une retombée de chêne. Je perdais mon odeur de sûri, je prenais celle de la branche, forte comme celle des menthes, et j'épousais son bruissement fruité. Entre les dents, je brisais la pluie comme une tige acidulée de trèfle. La vague s'apaisait, rentrait dans une connivence bien certaine. La pluie ne disait plus mot. Elle écoutait. Très loin, il nous semblait entendre une plainte. Mais ce n'était que la rumeur amie d'une nouvelle et lente rafale. Après, il se ferait un silence d'eau. "

                           Bernard Manciet, L'eau mate

Bernard Manciet, L'Enterrement à Sabres,
Poésie Gallimard, 528 pages  13,90 €