samedi 3 février 2018

Connaissez-vous Jeanne Hébuterne ?

Dominique Marny, L'amour fou à Paris, 1920-1940,
Omnibus, 208 pages, 35 €
" Prétextant le froid, Modigliani, l'homme des randonnées nocturnes, se replia avec Jeanne, loin de ces rues qu'il aimait tant. L'origine de sa mort réside dans cet enfermement volontaire. Pendant qu'il dormait, toussant de plus en plus fort, Jeanne dessinait en veillant sur sa petite fille. Une nuit, elle se représenta en train de se planter un poignard dans le cœur, et le matin, vers midi, Modigliani regarda ce dessin. Il la connaissait trop bien pour en ignorer le sens ", écrivait Alain Jouffroy.
Jeanne, c'est Jeanne Hébuterne (1898-1920), la dernière compagne de Modigliani (1884-1920) dont Dominique Marny retrace l'existence brève, belle et tragique. 
Artiste elle-même, Jeanne Hébuterne, croisa Modigliani à La Rotonde, le lieu de rendez-vous de la bohème parisienne et internationale dans les années 1920. Modi, un peu maudit, boit, se drogue, commet pas mal de bêtises, disparaît, réapparait. Ils ont un enfant, elle est enceinte d'un deuxième. Cette histoire de poignard dans le cœur, elle la vivra le lendemain de la mort de Modigliani. De douleur, elle se défenestrera.
La vie de Jeanne est contée dans L'amour fou à Paris, 1920-1940, à côté de celle de plusieurs couples  (Man Ray et Kiki de Montparnasse ; Marc Chagall et Bella Chagall ; Paul Eluard et Nusch Eluard, notamment). Olivia Elkaim a fait d'elle le centre de son dernier roman : Je suis Jeanne Hébuterne.

Olivia Elkaïm, Je suis Jeanne Hébuterne,
Stock, 242 pages, 19 €

vendredi 2 février 2018

Les premiers artistes


Marylène Patou-Mathis, Neandertal de A à Z,
Allary éditions, 624 pages, 24,90 €
A l'article "Artiste " du dictionnaire Neandertal de A à Z qui vient d'arriver sur l'étal du libraire, on peut lire ceci :
" L'anthropologue américain Franz Boas (1858-1942) avance qu'il y a art quand "la maîtrise d'une technique aboutit  à une forme parfaite". Si on suit cette définition, un biface ou une pointe Levallois taillés par Neandertal sont parfaits. Le terme art, du latin ars, qui signifie habileté, métier, connaissance technique et qui s'apparente au terme grec techné, recouvre deux acceptions : l'une renvoie davantage à la pensée et l'autre à la réalisation. La forme, notamment la symétrie, de certains outils lithiques comme le biface confère à l'objet une qualité esthétique indéniable, d'autant que, dans la plupart des cas, cette symétrie n'est pas indispensable à la fonctionnalité de l'outil. Il arrive que des nervures de couleur, des fossiles ou des cristaux incrustés dans la pierre soient conservés par le tailleur, voire mis en valeur, ce qui vient ajouter  à la beauté de l'objet. Ces pièces personnalisent alors leur artisan, faisant ainsi passer l'objet du strict usage domestique à un contenu social, voire symbolique. "
Le lecteur pourra poursuivre sa rêverie artistique dans les grottes avec Jean Rouaud, qui se soucie, lui, de l'activité de l'homme du paléolithique supérieur dans La Splendeur escamotée de frère Cheval -- comme frère Soleil, sœur lune et les étoiles de saint François d'Assise. A ne pas confondre donc avec la splendeur du facteur Cheval, un frère quand même lui aussi. .

Jean Rouaud, La Splendeur escamotée de
frère Cheval, Grasset, 288 pages, 19 €

jeudi 1 février 2018

L'ardeur des poètes

Le Printemps des poètes
fête ses vingt printemps.
Quelle fraîcheur !
Quelle verdeur !
Quelle ardeur, pour tout dire !


La librairie A la Page, en partenariat avec
la Semaine de la poésie, de Clermont-Ferrand,
recevra Patricia Castex-Menier
pour un apéritif en poésie
SAMEDI 10 MARS 2018 à 11 h.
Nous en reparlerons !
 

lundi 29 janvier 2018

Les pays inxistants et quelques autres

Ivan Jablonka, En camping-car,
Seuil, 178 pages, 17 €
" Pendant des heures, avec une méticulosité et un abandon que j'admire rétrospectivement, on dessine des cartes de pays qui n'existent pas, avec toute la symbolique associée, littoraux et frontières en noir, mers et rivières en bleu, massifs montagneux en brun, forêts en vert, axes routiers en jaune ou en rouge. Des côtes déchiquetées, des presqu'îles, des ports, des autoroutes. On n'en figure pas l'échelle, mais on nomme tout ce qui peut l'être : Gérébax (la capitale), le Syranol (fleuve), etc. Ces contrées, qui ne se font jamais la guerre et ne s'annexent jamais, magnifient celles que nous visitons pour de bon avec nos parents et, parfois, elles nous sauvent des visites auxquelles ils veulent nous astreindre. "
Au fond, qu'est-ce qui intéresse davantage  un enfant comme celui que décrit Ivan Jablonka (et qui n'est autre que lui-même), que les pays qui n'existent pas ?
Les autres, les vrais, comme le Portugal, la Grèce ou le Maroc, a-t-il envie de les admirer derrière les vitres du camping-car parental ?
Au lieu de s'esclaffer sans arrêt, certains enfants (au grand dam des adultes) comptent les cyclistes que croise le camping-car ; le petit Jablonka joue aux cartes avec son frère et ses amis. Chacun bricole ses merveilles intérieures. Le sens du paysage, le plaisir géographique, semble venir plus tard. Ou s'inscrire ailleurs que dans la conscience du petit voyageur. Quand les parents vieillissent.

Michel Butor, dans La Mémoire des sentiers, livre posthume qui vient de paraître, a livré ses idées et sensations sur les paysages à la fin de sa vie. Pleinement conscient "de passer son temps à explorer le visible ". Il raconte l'importance décisive qu'eurent pour lui les montagnes d'Amérique, de Suisse, du Japon, de la Haute-Savoie où il se fixa. Il parle également de ses lectures montagnardes et, en particulier, de ce classique de la littérature japonaise que sont les Notes de ma cabane de moine, de Kamo no Chömei, un ermite du XIIe siècle. Amis de Henry David Thoreau, sentez-vous concernés !
Michel Butor, La Mémoire des sentiers.
Entretiens avec Fabrice Lardreau,
Arthaud, 150 pages, 12,50 €

dimanche 28 janvier 2018

La cusine auvergnate et la cuisine des mots

Serge Camaille, La Cuisine auvergnate,
Magasin pittoresque, 126 pages, 5,90
Excellent conseil pour un dimanche d'hiver, cette cuisine auvergnate. Le livre est léger. Les soupes et entrées, les poissons, suivis des plats et, enfin, des desserts : tout est dans l'ordre. Truites mélancoliques ou gigot brayaude ; patranque ou pounti ; millard aux cerises ou cornet de Murat, les noms des plats proposés est, lui aussi, du côté des poètes arvernes. Il n'est qu'à passer à l'action. Les recettes sont très simples sur le papier. Ah, oui, l'option semble bonne.
Reste cette petite curiosité que constitue le nom de l'éditeur de La Cuisine auvergnate : Magasin pittoresque
Sans doute un clin d'œil au Magasin pittoresque, fondé au XIXe siècle par Edouard Chartron sur le modèle des... magazines anglais. C'est-à-dire des dépôts, non pas de marchandises (quoique), mais d'informations en tous genres.
Ce magasin/magazine se vendait deux sous ou trois le numéro.
Et voilà à quoi conduit la cuisine des mots. Bon appétit.