samedi 24 juin 2017

Le trésor de Robert Louis Stevenson

Alex Capus, Voyageur sous les étoiles,
récit traduit de l'allemand par
Emanuel Güntzburger, Actes Sud,
238 pages,
21,80 €
Robert Louis Stevenson (1850-1894) se signale régulièrement (et fort agréablement) à l'attention des générations successives de lecteurs par l'intermédiaire d'un âne et d'une île au trésor. L'âne se trouvant situé plutôt dans le sud de la France et le trésor plutôt dans les mers du Sud.
Dans Voyageur sous les étoiles, Alex Capus a laissé tombé l'âne et il s'est concentré sur le trésor. " Je suis assis à l'autre bout du monde, aux Samoa, écrit-il, et je regarde vers le nord l'immense Pacifique sud en me disant que de là jusqu'au pôle Nord, sur un bon quart de la surface du globe, on n'a plus grand-chose. De l'eau en quantité, un zeste de Hawaii, de détroit de Béring, et puis c'est la banquise. "
Et il passe sans plus attendre au sujet de son livre : " Je suis ici pour prouver que l'" île au trésor " de Robert Louis Stevenson existe bel et bien , et qu'elle ne se trouve pas du tout là où des cohortes de chercheurs de trésors l'on cherchée au fils des générations -- et que si Louis a passé aux Samoa les cinq dernières années de sa vie, c'est uniquement parce qu'il était, lui aussi, l'un de ces chercheurs de trésor. "
Vous vous demandez déjà si Robert Louis l'écossais a dégoté le magot et le libraire ne vous le dira pas. Mais pourquoi, âgé de trente-neuf ans, a-t-il investi " toute sa fortune disponible dans l'acquisition d'un bout de jungle impénétrable " et y a-t-il fini ses jours est une question qui devrait définitivement piquer la curiosité.
Alex Capus a mené une enquête qui nous en apprend autant sur la géographie des océans que sur un écrivain somme toute mal connu, car cantonné à la littérature pour adolescents dont il a cependant nourri l'imaginaire de pirates, de mutins et de vieux loups de mer, inoubliables personnages mythiques. Le libraire ne songe qu'à l'en remercier.
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vendredi 23 juin 2017

David Hockney à Vichy

Où sommes-nous, où sommes-nous ? Plus exactement où se trouvait le peintre David Hockney lorsqu'il peignit cette rangée d'arbres, ces chaises jaunes (dont l'une est dérisoirement vide), cette perspective herbue ?
Mais... , bon sang c'est bien sûr, à Vichy ! Dans le Parc des Sources, même, qui donne son titre au tableau, peint en 1970.
Voici son histoire, relatée sur son site en français http://davidhockney.online.fr/ :
 " Hockney découvre Vichy en 1968. Pendant plusieurs années, il revient périodiquement dans cette ville d'eaux où le fascine ce parc, peigné au brin d'herbe près et dans lequel les jardiniers ont conçu une fausse perspective d'arbres  pour rendre la parc plus long qu'il n'est réellement. En avril 1970, il réalise une série de photographies qui constitueront le matériau de son futur tableau. Peter Schlesmger et Ossie Clark posent pour la composition (...). La perspective outrée que génère la taille des frondaisons, le mutisme; la pose inhabituelle des deux personnages de la scène, confèrent à l'œuvre un sentiment d'étrange étrangeté. C'est ce sentiment qu'évoque Hockney lorsque, à son propos, il parle de forte connotation surréaliste. Au début des années dix, Giorgio de Chirico avait systématisé l'usage de telles constructions spatiales pour accroître le mystère de ses œuvres. "
Le tableau mesure 214 x 305 cm. Cécile, au rayon livres d'art de la librairie, la repéré en pages 148-149 du catalogue qui paraît pour la rétrospective que le Centre Pompidou consacre au peintre britannique. Le voici :


jeudi 22 juin 2017

L'art de Bérengère Cournut

Un extrait de Née contente à Oraibi
(Le Tripode), de Bérengère Cournut, Prix des Lecteurs à la Page 2017 :

" Contempler les animaux, les roches et les végétaux pour les comprendre de l'intérieur était un devoir au moins aussi important que celui d'honorer les esprits, en tous cas plus noble que de surveiller ses voisins. Lui respectait la chaleur et le froid autant que les prêtres, parce que l'une et l'autre avait un pouvoir de transformation sur les choses qui dépassait de beaucoup ce que pouvaient les hommes avec leurs prières et leurs connaissances. Il révérait l'eau et la sécheresse, parce qu'ensemble elles ravinaient le sol, le griffaient d'arroyos et creusaient les canyons qui donnaient accès au cœur même de la terre. Il vénérait également la nuit qui, enveloppant tout de son voile noir, déployait les ombres et les sons qui donnaient toute leur dimension au peuple animal nocturne, soufflant et vibrant. Voilà quelle était sans doute sa principale religion. Pratiquant les étoiles autant que les sentiers, il n'avait pas peur de s'y perdre. Il lui suffisait de regarder le ciel pour s'orienter, et sa connaissance de nos mesas était comme une foi profonde, infaillible. En ne le voyant pas rentrer le soir, ma mère aurait pu craindre qu'il ne finisse un jour au bas d'une falaise ou au fond d'un canyon, mais elle savait que ce n'était pas possible. Mon père évoluait sur nos plateaux avec l'aisance du vent.
 
"

mercredi 21 juin 2017

Bérengère Cournut, Prix des Lecteurs A la Page 2017

L'on connaît, depuis hier soir, 19 h, le nom du Prix des Lecteurs A la Page 2017.
Succédant à Gaëlle Josse, c'est Bérengère Cournut qui a été élue pour son roman Née contente à Oraibi (Le Tripode).
Cinq voix se sont portées sur Transcolorado, de Catherine Gucher (Gaïa), tandis que Ronce-Rose, d'Eric Chevillard (Minuit) et La Vie rêvée de Martin Sourire (Phébus) venaient en troisième et quatrième position dans le vote.
Le jury a retenu du roman "anthropologique " de Bérangère Cournut l'écriture à la fois savante et proche.
L'exactitude de la description de cette communauté indienne du Nouveau Mexique a été jugée étourdissante. Elle permet au lecteur de découvrir les rites, l'organisation clanique, la cosmogonie des Hopis. Tandis que le récit, écrit à la première personne, fait de Tavatitaawa un vrai personnage de roman, ouvrant sur l'imaginaire et le rêve. Radicalement autre et cependant familière.

Le jury tout à sa tâche