samedi 7 mars 2015

Petits géants

Andrée Chedid, L'Onomatopée,
Sarabacane, 24 pages, 7,50 €
C'est le nom de la collection que les éditions Rue du Monde destinent à la poésie pour les tout petits, dès l'âge de deux ans, selon l'éditeur.
Chaque volume d'un petit format carré associe un poète francophone et un illustrateur de talent. Au catalogue figurent, par exemple, les duos suivants : Victor Hugo et Eric Battut ; Jules Supervielle et Marc Daniau ; Boris Vian et Lionel Le NéouanicPaul Eluard et Antonin Louchard.
 

Cerise sur le gâteau, il existe à côté de la collection francophone, des
" Petits géants " en version bilingue. Oui, monsieur, oui madame !  Soit des poètes du monde entier, comme l'espagnol Juan Goytisolo, le japonais  Ryokan, ou le turc Nazim Hikmet dont les poèmes figurent d'abord en traduction française, puis dans leur langue d'origine. Un  parfait départ dans la vie de polyglottes que nos enfants pourraient mener.
Le librairie confesse un petit coup de cœur pour C'est demain dimanche (Soupault/Choux) ; L'Enfant précoce (Cadou/Larnicol) et L'Onomatopée (Chedid/Placin).


Philippe Soupault, C'est demain dimanche,
Sarbacane, 24 pages, 7,50 €

vendredi 6 mars 2015

Yak Rivais dans la cour des grands

Yak Rivais, Les Aventures du général
Francoquin au pays des frères Cyclopus,
Le Tripode, 600 pages, 23,00 €
Les Sorcières sont NRV (1988), Le Métro mé pas tro (1991), L F H É la sorcière (1999), Yak Rivais est une étoile de la littérature enfantine.
Ce qu'on ignorait généralement, c'est qu'il avait fait ses débuts dans les romans pour les grands en 1967, avec ces Aventures du général Francoquin au pays des frères Cyclopus.
Salué lors de sa première parution, le général qui fait d'abord penser, allez savoir pourquoi (mais c'est un grand compliment), aux deux aventures du Baron de Münchhausen et de Simplicus Simplicissimus, fut publié dans la collection blanche de Gallimard avant d'être livré à la critique rongeuse des souris...
Sous une pétulante couverture jaune,
Le Tripode republie aujourd'hui ce récit tordant, véloce, un brin paillard, burlesque et qui fait mouche à chaque ligne de ses 596 pages imprimées, ce qui fait beaucoup, puisque le libraire a compté environ 35 lignes par page.

Extrait :
" La sentinelle ouvrit la porte et Francoquin entra. Reclus, Chou-Baby pleurait fixement, sur son lit. Un moment, Francoquin la regarde sans rien dire, de la porte refermée. Il s'avance embarrassé, une main tendue :
- Chou-Baby ?
Elle le regarde sans expression. Elle pleure. Il s'assied auprès d'elle, bras croisés, contemple ses bottes :
- Parle-moi ? Qu'y a-t-il entre ce garçon, Catt-bis, et toi ?
- Rien.
- Il prétend que tu l'aimes.
- Oui. Tu ne sais même pas ce que ça veut dire. Au fond, tu n'as que vingt ans. (...)
Il n'a pas d'avenir peut-être ! Pas d'argent ! La situation qu'il occupe dans ce pays, il peut la perdre !
- Je l'aime.
- (...) Quand l'as-tu vu pour la première fois ? Ce matin ?
- Oui. "


Yak Rivais, Le métro mais pas tro,
Ecole des Loisirs;


 
 
 

jeudi 5 mars 2015

Ce n'est pas tout à fait le printemps

Pas tout à fait, non : nous sommes d'accord : des petits grêlons sont même tombés hier rue Sornin, au numéro 5.
Toutefois, si le printemps n'est pas pour demain, il est pour après-demain. Et alors, tous au jardin !
Le libraire a donc mis de côté deux livres. Le premier est relatif à une très belle plante de jardin, le bambou. A condition que le bambou apprenne un peu à respecter autrui ou que le jardinier sache s'y prendre avec le bambou, car tous les observateurs vous le diront : " les bambous soit on les déteste, soit on les adore ".
Les auteurs de ce guide " pour une utilisation raisonnée " (je cite) proposent d'apprendre à connaître les différentes variétés  (bambous nains, petits bambous, bambous moyens et géants...) et à faire bon usage de leur plantation. C'est une précaution qu'approuve le libraire.

Danielle et Jean Vastrade,
Le bambou, ça rend fou, Edisalm, 98 pages
18,50 €

Le deuxième livre est tout aussi salutaire. Il s'intitule Ma tondeuse est silencieuse, et lui aussi s'attaque à l'une des nuisances bien connues des jardins printaniers : les bruits de moteur dans la maison d'à-côté et, le libraire sera franc, dans toutes les maisons du quartier ou du village (Le librairie se plaint souvent qu'il se publie trop de livres. Mais à quand Ma tronçonneuse est silencieuse ? Ma perceuse est silencieuse ?). Cet ouvrage joliment illustré suggère des remèdes et leur réalisation pratique : des tondeuses sans moteur pour les petites surfaces aux tondeuses animales (lapins, poules, mini-moutons). Et avez-vous pensé à cette solution bouleversante de beauté et de simplicité : la pelouse fleurie ?
Ces deux œuvres sont des cadeaux pour les amis du genre humain.

 
Patricia Beucher,
Ma tondeuse est silencieuse, Alternatives,
93 pages, 10 € 
 

mercredi 4 mars 2015

L'un des meilleurs romans français

Hubert Mingarelli,
L'Homme qui avait soif,
J'ai Lu, 156 pages,  6,40 €
... de l'année 2014 vient de paraître au format de poche. Il s'agit de L'Homme qui avait soif, d'Hubert Mingarelli, initialement publié chez Stock.
Il nous transporte dans le Japon de l'immédiat après-guerre.
Le soldat de seconde classe Hisao Kikuchi en a réchappé.
Avec cette étrange séquelle qu'il souffre d'une soif irrépressible. Au point de laisser repartir le train duquel il était descendu pour l'assouvir.
Le lecteur le suivra pendant tout le roman alors qu'il essaie de retrouver sa valise, son seul bien, restée à bord.
Nous haletons à ses côtés dans la quête qu'il mène pour retrouver à la fois sa mémoire et le contenu mystérieux et infiniment précieux de cette valise.
Hubert Mingarelli conduit son récit en de courts chapitres où s'entrelacent ses souvenirs resurgis, cette soif insistante, ainsi que des scènes dont on ne saurait vraiment dire si elles sont vécues ou rêvées. 

Le temps flotte de même que les lieux. Les êtres aussi, reliés toutefois par l'amitié.
Et une grande douceur, qui est celle du protagoniste lui-même, personnage complètement exposé, enveloppe le récit.
Les phrases sont elliptiques, à la mesure des chapitres, le vocabulaire d'une touchante simplicité comme Hisao Kikuchi.
Mais, bon sang, que contient cette fichue valise ?
Lorsqu'il l'apprend, le lecteur n'est que plus ému par tant de vraie candeur.


Hubert Mingarelli, DR.

mardi 3 mars 2015

En chantier

Le libraire est sur le pont.
Il prépare la rencontre avec Patricia Castex-Menier
du SAMEDI 21 MARS 2015, à 11 h 30
pour un apéritif-lecture en poésie
en partenariat, comme chaque année, avec la Semaine de la poésie.
Patricia Castex-Menier
Et, pour la première fois, 
en partenariat avec les 48 heures du polar de Clermont,
la venue de deux auteurs de romans policiers :
Barry Gornel et Olivier Norek,
le JEUDI 2 AVRIL 2015, à 17 h.
 
Olivier Norek
Barry Gornel
 
 

lundi 2 mars 2015

Al Capone, le Balafré, est-il en vie ?

Al Capone, Ma vie,
La Manufacture de livres, 237 pages, 16,90 €
Le catalogue des éditions de la Manufacture de livres est entièrement consacré aux  malfrats et aux gros méchants.
Et de ce point de vue, Al Capone, dit Scarface (Le Balafré) était incontournable.
Rédigée en 1948, son autobiographie n'était plus disponible en français depuis les années 1980. On peut douter que tout y soit conforme à la vérité et même qu'il soit l'auteur du récit de sa vie. Mais celui-ci, qui nous plonge au cœur de la prohibition dans les années 1920-30 à Chicago, est digne des classiques du polar. Il a inspiré maints films et séries.
Capone, dès qu'il règne, sur le trafic d'alcool et sur la ville, devient un mélange de dandy cruel et de Robin des Bois, distribuant des repas aux pauvres pour redorer son blason dans la crise qui secoue les Etats-Unis.
En attendant, les guerre des gangs fait rage ; Capone introduit le jazz à Chicago ; il règle leur compte aux caïds rivaux à coups de sulfateuse et de battes de baseball.
Il est plus que probable que la devise d'Al Capone soit apocryphe, mais elle vaut d'être citée : " On peut obtenir beaucoup plus avec un mot gentil et un revolver, qu'avec un mot gentil tout seul. "
Le libraire trouve que tout cela a très mauvais genre.

dimanche 1 mars 2015

Un chercheur dans l'alcôve

Jean-Claude Kaufmann,
Un lit pour deux. La tendre guerre.
Jean-Claude Lattès,  283 pages, 18 €
Où va se nicher la sociologie ? Et le sociologue ?
Un peu partout, à vrai dire, leur champ n'ayant fait que s'élargir (avec la multiplication des sociologues de l'Université eux-mêmes) et se rapprocher des domaines les plus personnels depuis qu'Auguste Comte inventa le mot.
Bref, avec Jean-Paul Kaufmann, la sociologie vient se nicher dans... la chambre à coucher.
Un échantillon (c'est le terme en vigueur chez les sociologues) de deux-cents couples a accepté de confier à l'enquêteur ce qui se passe sous la couette.
" Les témoignages sont très clairs : après quelques mots doux, ("bonne nuit"), bisous ou caresses, tourner le dos à son conjoint est une pratique massivement répandue " a ainsi découvert Jean-Paul Kaufmann.
Les positions, les combinaisons, les séparations, " le décalage des horaires au coucher ", il a tout ausculté. " Le dormeur léger (homme ou femme"), qui a la malchance d'avoir un conjoint ronfleur, est condamné à toute une gamme de tactiques bien connues :
il siffle, pince ou secoue, ne réglant le plus souvent que très momentanément le problème."
C'est finement observé.
Le lit, on s'en doutait un peu, est l'objet d'une mythologie complexe, dans laquelle les "irrémédiables solitaires" et les "fusionnels absolus " installent leurs habitudes. Le rituel du livre, rapporté par Jean-Paul Kaufmann a bien amusé le libraire :

Yves : Quand je lis un livre, je le pose toujours par terre.
Maria : Ça m'énerve ça ! Tu pourrais le mettre sur la table, ou à peu près rangé.
Yves : Moi, j'ai l'habitude de mettre mon livre par terre. C'est sa place, c'est mon côté, hein !