samedi 2 avril 2016

L'amour chez les Arabes

Histoires d'amour dans l'histoire
des Arabes, choisies, traduites et annotées
par Jean-Jacques Schmidt, Sindbad/
Actes Sud, 152 pages, 19 €
Les éditions Sindbad, fondées en 1972 par Pierre Bernard, se consacrent à la traduction de la littérature arabe contemporaine. Elles publient, de plus, 
des œuvres classiques arabes, mais aussi persanes.
Ainsi vient de paraître un recueil d'Histoires d'amour, thème qui abonde chez ces conteurs. La période dont
nous viennent ces récits enflammés remonte aux temps antéislamiques et s'étend jusqu'à la chute de Grenade, au XVe siècle. C'est de l'esprit de l'amour courtois dont ces récits merveilleux et, parfois, légendaires,
se rapprochent le plus en Occident. La plupart
des textes proposés et traduits par Jean-Jacques Schmidt sont brefs et comportent une chute à la manière des fables. La mort se mêle souvent de la partie,
les amants versant des larmes sur la tombe des aimés
et ne tardant généralement pas à les rejoindre, où qu'ils soient.
Maintenant, connaissez-vous Washington Irving (1783-1859) et ses Contes de l'Alhambra ?
Comment le libraire du 5 de la rue Sornin à Vichy, qui exerce dans ses locaux à la mauresque,  a t-il pu passer aussi longtemps sous silence un tel bijou ?
Irving (Washington, pas John...) fut un écrivain romantique américain des plus fêtés outre-Atlantique de son vivant. L'un des fondateurs de la littérature américaine.
Or, Irving était tombé raide dingue de l'Alhambra et de ses jardins. Il en tira ce livre délicieux de récits hispano-mauresques qui ont pour particularité de tous se passer dans le palais extraordinaire. Et de parler souvent, eux aussi, d'amour.

Washington Irving, Contes de l'Alhambra,
traduit de l'américain par André Bélamich,
Libretto, 286 pages, 9,75 €

vendredi 1 avril 2016

Henri Rousseau, créateur complet

Les Ecrits du douanier Rousseau,
présentés par Yann le Pichon,
CNRS éditions, 292 pages, 22 €
Henri Rousseau, dit le douanier, dont le libraire s'est plu à parler il y a peu, est évidemment connu dans le monde entier pour sa peinture. Plus spécialement, d'ailleurs, pour ses jungles imaginaires.
Ses portraits et ses paysages, quoique dignes de la plus grande attention, et qui sont les plus abondants dans son œuvre, passent au second plan.
Sait-on qu'Henri Rousseau pratiquait aussi la musique et le chant, lorsqu'il recevait dans son atelier ses voisins et ses amis les peintres et les poètes ?
Parfois, il faut le dire, certains riaient de lui sous cape en l'écoutant chanter des compositions aussi " naïves " que ses toiles. Comme cette valse pour violon ou mandoline, intitulée Clémence qu'il jouait souvent sur son violon (et dont le compositeur Daniel Foley a repris le thème en hommage au douanier).  
Homme complet, Rousseau ? Tellement qu'il composa même des pièces de théâtre. En voici un très court échantillon, saturé de son tendre humour lunaire :

                               Rigolette.
De la blague, comment oses-tu me dire cela à moi ta Rigolette, ce n'est pas parce que je ne te fais de chichis, que je ne te cajole pas, au contraire.
 
La Lune.
Pour sûr, alors !
 
A ce moment, entrent Titine et Mominette, fumant une cigarette.
 
La Lune.
Bonjour Mominette.
 
Mominette.
Bonjour, La Lune.
 
Georges.
Salut, Titine, comment qu'ça va ?
 
Titine
Ah ! Le turbin ne va pas bien fort, qu'c'est donc triste, la galette ne tombe pas,
j'crois bien qu'ils l'ont tous gelée.
Georges.
Veux-tu prendre quelque chose ?
 
Titine.
Oui, tout de même, mais quelque chose de doux, hein !
 
 

jeudi 31 mars 2016

Americana : un drapeau et des couvertures

La question que se pose le libraire aujourd'hui
est la suivante :
Le drapeau fait-il vendre des livres ?
A voir certaines de leurs couvertures,
sans exagérer,
sans en rajouter,
mais sans mentir non plus,
il semble que les éditeurs
 pensent que oui.

Willy Vlautin, Ballade pour Leroy,
traduit de l'américain par Hélène Fournier,
Albin Michel, 294 pages, 22 €


Laird Hunt, Neverhome, traduit
de l'américain sauf le titre
par Anne-Laure Tissut, Actes Sud,
262 pages, 22 €
Richard Ford, En toute franchise, traduit
de l'anglais (Etats-Unis) par Josée Kamoun,
L'Olivier, 233 pages, 21,50 €
 

Joyce Carol Oates, Carthage, traduit de l'anglais,
(Etats-Unis) par Claude Seban, Philippe Rey,
598 pages, 24,50 €


mercredi 30 mars 2016

Au village sans prétention...

Michèle Sternberg, L'Affaire des Pions.
La Montagne bourbonnaise sous l'ancien régime,
201 pages, 17 €
Ce village se nomme Pion. Il est situé en pleine Montagne bourbonnaise et l'événement historique que retrace Michèle Sternberg nous reporte au mois de février 1764.
Marie Barraud, inculpée de meurtre et écrouée
à Ferrière-sur-Sichon,  est enlevée par une quarantaine d'hommes du village venue la libérer.
Ce qu'on appelle " l'affaire des Pions " vient de commencer et connaîtra de nombreux rebondissements.
Elle conduira les protagonistes du drame à la Conciergerie de Paris pour certains, au bagne et à la pendaison en place publique pour les autres.
Marie Barraud, pour sa part, mourra à l'âge respectable de quatre-vingt dix ans.
Michèle Sternberg a mené son enquête aux archives  nationales, aux archives de la police de Paris et aux archives départementales de l'Allier pendant plusieurs années. Elle a aussi mené des recherches généalogiques dans les mairies concernées.
En voyant son livre, le libraire s'est souvenu d'où il avait lu des nouvelles des Pions.
 Mais chez Jacques Lacarrière, évidemment, lorsque celui-ci traversa le Forez !
" Aussi très longtemps, ce hameau fut-il un foyer réfractaire, écrit Lacarièrre, un lieu de dissidence, rebelle à toute autorité centrale. Plusieurs fois, il fut encerclé par la troupe, des paysans furent torturés, des maisons incendiées. Rien n'y fit. La population prenait fait et cause pour les " rebelles " et cherchait elle-même au besoin la protection de la grande forêt. (...) On dit même que Mandrin (dont tout le monde connaît les exploits par ici comme plus loin, dans le cœur de l'Auvergne, on connaît ceux de Gaspard des Montagnes) aurait, un temps, fait son repaire de ces Bois Noirs."
C'est cette ambiance que restitue, clair, solidement informé, le récit de Michèle Sternberg

Jacques Lacarrière, Chemin faisant,
Fayard, 295 pages, 20 €


mardi 29 mars 2016

Revue des revues

Schnock N° 18, La Tengo éditions,
176 pages, 14,50 €
Il y a le dernier numéro de Schnock, qui consacre son grand dossier à Philippe Noiret et ne pouvait éviter Michel Delpech. " L'auteur de
' Pour un flirt ' et ' Quand j'étais chanteur ' a quitté le building en ce début 2016 ", écrit  la revue des vieux de 27 à 87 ans. Comment saluer son passage ici-bas sans faire dans le diabète nécrologique (...) Parce que c'était bien, parce que c'était chouette, Delpech. "
Le libraire opine.
Et puis, il y a France Culture papiers, en son numéro de printemps. Avec la ville de Chicago à la une et les principales émissions de la chaîne de radio : A voix nue, On ne parle pas la bouche pleine, Un autre jour est possible, La fabrique de l'histoire, entre autres.
Enfin, vient d'arriver le premier numéro de Sang Froid, une revue trimestrielle, qui a emprunté son titre à Truman Capote et nous " plongera dans l'univers de la justice, de l'investigation et du polar. "
Soit un cocktail, mélangeant documentaire et fiction, journalisme et littérature noire. Un coquetel (comme disent les québécois) qui doit être subtilement équilibré afin de ne devenir ni gazette judiciaire ni produit racoleur.
Enquêtes, révélations, portraits, affaires classées composent la partie justice et investigation.
La section polar restant consacrée à l'actualité du genre avec, dans ce numéro, une nouvelle inédite de Franck Thilliez.

Sang froid  N°1, Nouveau monde éditions,
162 pages, 15 €

lundi 28 mars 2016

En pensant à Jim Harrison

Jim Harrison vient de mourir d'une crise cardiaque,
 à l'âge de soixante dix-huit ans, dans son ranch du Montana.
 
 
" Dans les champs de luzerne tendre et humide
les bergers se reposaient
jadis les béliers se pavanaient, les Indiens
laissaient des signes guerriers.
Il harnache les chevaux qui tirent le chariot de blé
vers la route
sol gelé, trois cm de neige poudreuse autour de leurs pieds. "

Jim Harrison, Lointains et Gazals,

traduction : Brice Mattieussent)

 
 

dimanche 27 mars 2016

Les conseils de Frédérique Deghelt

Elisabeth Barillé, L'oreille d'or,
Grasset, 128 pages, 14 €
Le libraire vient de recevoir le courriel suivant de Frédérique Deghelt (le libraire biche !) :

" Bonjour Libraires chers à mon coeur,

Voici mes deux derniers coups de cœur :
L'oreille d'or Elisabeth Barillé, chez Grasset ou comment entendre d'une seule oreille par une délicate écrivain.
86, année blanche de Lucile Bordes chez Liana Levi
L'histoire de trois femmes après Tchernobyl.

Dans les deux cas, ces romancières ont une écriture en finesse et le besoin d'être soutenues et invitées par des libraires car la mâchoire médiatique est broyeuse et on convie toujours les mêmes à faire des rencontres signatures... (oui je sais pas vous !)
Des bises pour le printemps et bonne lecture.

Frédérique Deghelt "

Luciles Bordes, 86, année blanche,
Liana Levi, 137 pages, 14,50 €