" Comment naît une amitié ? Nul n'en sait rien. Mais il y a entre nous, dès le départ, quelque chose d'animé et de vif. Ce n'est pas de l'ordre du principe rationnel, d'une intellection ou d'un calcul. Cela ne repose sur aucun raisonnement, mais sur une expérience intuitive -- physique et intellectuelle à la fois -- de cette présence si particulière. (...) Regardez vos amis. Interrogez leurs gestes,leurs mouvements, leurs atomes. Lisez sur leur lèvres, feuilletez leur peau, déchiffrez leur teint. Pénétrez leur visage et imaginez leurs poumons. Intéressez-vous à leur système nerveux. Ecoutez leur pouls. Sachez faire parler leurs muscles, leurs tendons. Epelez patiemment toutes les nuances de leur santé, de leur humeur, leur complexion. Alors, peut-être, vous approcherez tout en douceur du grand mystère. "
Dans François, portrait d'un absent, Michaël Ferrier renoue avec un thème injustement passé au second plan dans les romans et les récits ces derniers temps. Il entreprend de réparer cet oubli dans un livre-hommage à l'un de ses amis disparu. Un bel éloge fraternel au cinéaste et homme de radio François Christophe, victime, avec sa fille, d'un accident de nyade. Ensemble, ils avaient formé un "tandem", comme l'écrit bien Michaël Ferrier qui ne manque pas de rappeler la si belle phrase d'Isidore Ducasse, comte de Lautréamont : " Tant que mes amis ne mourront pas, je ne parlerai pas de la mort."
> Michaël Ferrier, François, portrait d'un absent, L'Infini/ Gallimard, 236 pages, 20 €