samedi 27 février 2016

Débarrassez-vous de vos liseuses !

Photo Livres Hebdo
Après les larmes numériques du libraire (voir le billet du 20 février), voici son sourire numérique.
Il est provoqué par cette suggestion relevée dans Livres Hebdo de ce jour :
" Le Labo de l’édition appelle le grand public et les constructeurs à céder leurs vieux appareils afin de créer un " Petit musée
de la lecture numérique ".
Le Labo de l’édition projette d’ouvrir dans ses locaux un " Petit musée de la lecture numérique ", qui veut être un lieu d’expo-
sition inédit en Europe dédié à l’histoire des appareils de lecture numérique. A cet effet,
le Labo de l’édition lance un appel aux dons afin de rassembler le maximum d’appareils.
(...) La construction du musée sera évolutive et la première étape se concentrera sur la collecte de liseuses électroniques. D’autres appareils comme les premiers smartphones et les premières tablettes seront ensuite installés. Toute personne possédant une liseuse antérieure à un modèle 2015 dont elle n’a plus l’usage est ainsi invitée à remplir le formulaire de don mis à disposition. Le Labo de l’édition compte également sur les dons des fabriquants. "
C'est vrai, si votre liseuse est un vieil appareil de plus d'un an, il n'y a qu'une chose à faire : donnez-là au petit musée !

Marché aux puces d'Orléans, vers 1910



 

vendredi 26 février 2016

Joseph Roth : le voyageur

Joseph Roth, Croquis de voyage,
récits choisis, présentés et traduits
de l'allemand par Jean Ruffet
Le libraire aimerait bien que tout ce qui porte le nom de récits de voyage sur les étals aient la profondeur de ceux de Joseph Roth (1894-1939). Il traversa Allemagne, France, Russie, Pologne, Italie, notamment. Il avait peut-être choisi ses destinations, mais pas son siècle.
Ecoutez un peu :
" C'est être bien téméraire que de vouloir décrire une ville.
Les villes ont de nombreux visages, bien des humeurs, mille tendances, des buts obscurs, des mystère de toutes sortes : sombres ou gais. Elles cachent beaucoup de choses, elles en montrent aussi beaucoup, chacune est à elle seule une unité,
une pluralité, chacune a plus de temps devant qu'un journaliste qu'un individu, qu'un groupe, qu'une nation. Les villes survivent aux peuples auxquels elles doivent l'existence et aux langues qui ont permis aux bâtisseurs de se comprendre. "
En d'autres termes, Roth joue dans une autre catégorie.
Pourquoi ? Parce qu'il écrit mieux ? Parce qu'il a trouvé son ton ? Mais d'où vient l'écriture et d'où vient le ton ?
Le libraire estime que si Joseph Roth est plus captivant et émouvant que d'autres voyageurs à travers l'espace et le temps, il le doit à  son immense humanité, marquée par le pessimisme, dans une période de perdition universelle.
Un jour, à un enfant, Roth avait fait cette réponse : " J'écris pour que le printemps revienne "




jeudi 25 février 2016

La musique de la nature

Emmanuel Reibel, Nature et musique,
Fayard, 192 pages, 15 €
" La musique n'a certes pas le même pouvoir de représentation que la peinture ou la littérature :
il lui est impossible de donner avec précision l'idée d'un arbre ou d'une fleur ! Pourtant elle est peut-être de tous les arts le plus en phase avec la nature. Ecoutez le chant du rossignol, le clapotis des flots ou le sifflement du vent dans les feuilles : l'homme n'a fait que renchérir sur ces manifestations sonores en soufflant dans des roseaux taillés, en percutant des peaux et des carapaces, en concevant d'innom-
brables instruments à partir du frêne, du poirier
ou du châtaignier. "
Dans Nature et musique dont ces lignes sont extraites, Emmanuel Reibel examine l'influence
de la nature sur les musiciens depuis Vivaldi jusqu'à l'électroacoustique en passant par le Baroque et les Romantiques.
A chaque époque, l'idée de la nature change.
Plus près de nous, le musicien, comme le peintre, cherchent moins à imiter les éléments qu'à travailler comme eux. Et ce n'est pas seulement le vent ou l'eau, la foudre qui les inspirent mais les confins de l'univers et l'écoute des étoiles. N'avait-pas parlé très tôt de la musique des sphères ?
Par ailleurs, un double CD vient de paraître, enregistré à l'occasion de la Folle journée de Nantes, sur ce thème de la nature dans la musique. A lire pendant l'écoute. A écouter pendant la lecture.
La Nature, distribution Harmonia Mundi, 10,60 €

mercredi 24 février 2016

Thoreau es-tu là ?

Georges Picard, Le Sage des bois,
Corti, 234 pages, 19 €
On se souvient de titre du film de Rémy Waterhouse : Je règle mon pas sur le pas de mon père.
Le protagoniste du dernier roman de Georges Picard
a réglé le sien sur celui de Henry David Thoreau
(1817-1862).
 En 2015 ou 16, il fait même tout comme lui. Il règle ses pensées sur lui. Il règle ses longues marches sur lui. Surtout, il règle son rêve sur un étang : exactement comme l'avait fait l'Américain, qui passa en solitaire deux années de son existence au bord de l'étang de Walden. Thoreau donna ce titre à l'un de ses livres les plus importants.
Seulement voilà. Le XXIe siècle n'est pas le XIXe, ni la France le Massachusetts. Ses pérégrinations conduiront le personnage de Georges Picard dans les zigzags de nos montagnes, à deux jets de salive de Vichy. Enfin... au Puy-en-Velay. De là, il n'aura plus qu'à s'exclamer : " Thoreau où es-tu ? " Et... à regagner Paris,  faisant profil bas.
La morale de ce livre tient dans son exergue, extrait d'une lettre de Thoreau : " Qu'il faut être stupide pour penser trouver son Eldorado n'importe où, hormis là où on vit " (le libraire ajouterait, si on lui permet : pourvu que ce lieu ne soit pas trop rébarbatif ni trop bruyant).
Georges Picard n'entend certainement pas ridiculiser Thoreau. Mais, peut-être, mettre à distance certaines douces (et nécessaires) naïvetés qui furent les siennes. Il y a quelque temps. Pas si longtemps.
La première édition de Walden (1854)





mardi 23 février 2016

Christiane Veschambre

Christiane Veschambre,
Versailles Chantiers, photographies
de Juliette Agnel, éditions 
Isabelle Sauvage, 18 €
... qui viendra ce samedi à la librairie lire des pages de Charles-Louis Philippe est elle-même écrivain et poète. Elle vit à Paris et dans la Combraille bourbonnaise.
J’écris, dit elle, à partir de l’expérience intérieure. Je cherche la langue qui pourrait la suivre, la précéder, la transformer.
Mes livres sont de poésie, de narration, de pensée. Ils n'ont pas de "genre".

Le libraire aime cela. Tout particulièrement.
Le premier livre de Christiane Veschambre fut publié aux éditions des Femmes en 1979. Puis s'enchaînèrent, notamment :
Les Mots pauvres, Cheyne éditeur, 1996 ;  La Griffe et les rubans, éditions Le préau des collines, 2002 ; Haut jardin (photographies de Jacques Le Scanff), éditions Le préau des collines, 2004 ; Robert & Joséphine, Cheyne éditeur, 2008, (Prix des explorateurs).
Et dernièrement : Versailles Chantiers (photographies de Juliette Agnel), éditions Isabelle Sauvage et Quelque chose approche (Les Arêtes éditions).
Un dossier est consacré à son œuvre dans le n° 6 de la revue
Le préau des collines, ainsi que dans le n° 25 de la revue Les Hommes sans épaules.
L'intérêt de Christiane Veschambre pour l'œuvre de Charles-Louis Philippe ne date pas d'aujourd'hui et c'est très spontanément qu'elle s'est proposée de lire les pages d'un autre.
Le libraire aime aussi cela. Tout particulièrement.
Christiane Veschambre
(Photo DR Régis Nardoux)

lundi 22 février 2016

Ciao Eco

Il avait dit :
" Si Dieu existait, il serait une bibliothèque. "

Umberto Eco
1932-2016
 
 



dimanche 21 février 2016

Histoires d'oufs

Iegor Gran, Le Retour de Russie,
P.O.L., 240 pages, 16,50 €
Pour consoler tout le monde, après les terribles nouvelles rapportées hier, le libraire a trouvé le dernier livre de Iegor Gran, Le Retour de Russie, paru chez P.O.L.
" Mi-loufoque, mi-tragique ", aux dires de son auteur en personne, ce roman semble avoir été inspiré par des dessins de Sophie Siniavski (lui-même étant le fils d'Andreï Siniavski, le dissident russe), autour desquels toute son histoire s'est construite.
Napoléon semble avoir été l'autre source d'inspiration de Iegor Gran. Mais pas n'importe quel Napoléon.
Napoléon revisité par un patient du Docteur Day, directeur d'hôpital psychiatrique. Et même que ce Napoléon est une Napoléon, oui, vous avez bien lu : Napoléon est une jeune femme.
Ce qui ne s'était jamais vu et à de quoi faire perdre la tête au directeur.
Au bout du compte, repartis et revenus de Russie en sa compagnie, on n'en veut pas à l'auteur d'avoir ajouté plusieurs chapitres à l'histoire des folies Napoléoniennes. C'est dire.
Si vous l'avez suivi jusqu'ici, le libraire vous rappelle son billet du 22 octobre 2015, où il était question une première fois de la résurrection de l'empereur sous la plume de Romain Puértolas...

Romain Puértolas, Re-vive l'empereur,
Le Dilettante, 351 pages, 22 €