vendredi 22 septembre 2017

Le precieux catalogue du musée Anne de Beaujeu

De couleurs et d'or, dir. Maud Leyoudec et Danièle
Rivoletti, MAB/Tomacom, 184 pages, 28 €
Le musée Anne de Beaujeu, à Moulins, publie en coédition avec Tomacom édition, un superbe catalogue d'œuvres d'art du Moyen-âge et de la Renaissance. Soit du XIIe siècle au début du XVIIe siècle. Nul besoin d'être historien d'art ou spécialiste de ces époques, pour s'apercevoir, au premier coup d'œil, de la qualité des objets présentés, qui constituent une partie des collections de ce musée joliment sis dans le palais des ducs de Bourbon.
Le premier mérite de ce catalogue est de dresser un historique des acquisitions du musée au fil du temps, regroupant des œuvres provenant de l'Europe entière. Un autre mérite, et non des moindres, est de donner un sens à des acquisitions qui peuvent paraître hétérogènes au public des visiteurs.
Peinture (des écoles italienne, germanique, flamande et française), sculpture, céramique, orfèvrerie, instruments scientifiques, notamment, se voient consacrer un chapitre rédigé par une équipe internationale de contributeurs réunis par Maud Leyoudec et Danièle Rivoletti.
La mise en page et la qualité remarquable des illustrations (la photographie de l'ouvrage est due  à Jérôme Mondière) ajoutent à l'excellence du projet. Pleines pages, d'une remarquable précision, et détails alternent, donnant une impression de clarté et de calme maîtrise du propos qui emportent l'adhésion du lecteur.
Le libraire, vous l'avez compris, applaudit des deux mains.

jeudi 21 septembre 2017

La potion magique de Prosper Brouillon

Eric Chevillard, Défense de Prosper
Brouillon, illustrations de Jean-François
Martin, Noir sur blanc, 101 pages, 14 €
Eric Chevillard (dont le dernier roman, Ronce Rose faisait partie de la sélection du Prix des Lecteurs à la Page 2017, a tenu vaillamment pendant six ans le feuilleton littéraire du journal Le Monde.
Une expérience marquante, à tous les sens du mot, si l'on en croit le récit intitulé Défense de Prosper Brouillon qu'il publie aujourd'hui.
Qui est Prosper Brouillon  (à ne pas confondre avec Georges Bouillon et sa célèbre potion magique) ?Un auteur français à succès, dont " pas un roman ne se hisse quelques minutes après sa sortie en tête des meilleures ventes. " Un abonné des plateaux de télévision, un vieux renard des antennes radiophoniques dont le succès irrite ses confrères que l'on pourrait surnommer " les moindres ventes ".
Pendant ce temps, Prosper score, Prosper prospère.
Eric Chevillard le connaît sur le bout des doigts son Prosper Brouillon.  " Si vous rencontrez un personnage ' protégé d'humour ', 'crêté d'orgueil ', ' émergé du ridicule ', ' troué de chagrin ' ou
' éreinté de faux semblants ', écrit-il, vous êtes à n'en pas douter dans un livre de Prosper Brouillon. "
Six années de lectures intensives lui ont fourni une abondante documentation. Il peut nous restituer son génie, dévoiler ses techniques, nous faire valoir la beauté de sa prose. Citations à l'appui, dont voici trois ou quatre nouveaux exemples saisissants :
" Il jeta un œil circulaire sur la pièce. "
" Un deuil brutal aboie en elle. "
" ... amoncelé sur une chaise en osier (...), le regard catapulté au large. "
" Un rien suffisait à l'extirper de ses gonds "
" On n'entendait pas siffler le passage du temps. "
Et autres perles que le chroniqueur Eric Chevillard, il nous le jure, a relevé dans une

" vingtaine de romans français publiés ces dernières années, ayant tous obtenu de beaux succès de vente ". Car, bien sûr, Prosper Brouillon, n'est pas un être fabriqué d'une seule pièce. Chevillard l'a bricolé, tel Frankenstein, à partir de divers cas littéraires bien connus, et même récompensés pour leurs services par de grands prix littéraires, mais dont les noms restent scellés.
Le libraire se demande si vous sauriez les reconnaître... De toute façon, lui qui vend les romans de Prosper sans prospérer, il ne croit pas aux méchancetés de cette mauvaise langue d'Eric Chevillard. Le libraire est pur.

Roald Dahl, La Potion magique de Georges Bouillon,
traduit de l'anglais par Marie-Raymond Farré,
128 pages, 6,80 €
 




mercredi 20 septembre 2017

La belle saison des prix littéraires

Georges Borgeaud, Mille feuilles III,
La Bibliothèque des arts, 286 pages, 9 €
" Quand vient à Paris la saison des prix littéraires, cette saison d'arrière-automne chagrin, les verres à cocktail commencent à scintiller et à s'entrechoquer dans les fiefs où la littérature est reine. Les journaux avancent, discrètement d'abord, les noms d'écrivains plus ou moins méconnus, mais déjà favoris. Qui est à l'origine de ces réputations ? Quel mystérieux jury éliminatoire, quelles éminences grises ou pourpres ? On n'en sait rien ! Peut-être cette rumeur restreinte faite de critiques, d'éditeurs, de radioteurs et, encore, de cette poignée forte, bien que clairsemée, de lecteurs rôdant autour des salons littéraires, vivant à l'intérieur même, animateurs qui se plaisent dans l'imprimé comme le ciron dans le bois. De toute manière, plusieurs petites flammes mijotent une réputation jusqu'au concours ou Goncourt. "

Georges Borgeaud, Le Cérémonial des lettres, Gazette de Lausanne, 9 janvier 1954.

Georges Borgeaud, Le Soleil sur Aubiac,
Zoe, 350 pages, 11 €