samedi 4 février 2017

Alexandra au coeur

Fred Campoy et Mathieu Blanchot, Une vie avec
Alexandra David-Néel, livre 2, Grand angle,
96 pages, 16,90 €
Alexandra David-Néel (notez l'accent sur le nom composé et évitez de prononcer " nil ") est née en en 1868. De sorte que l'on fêtera l'an prochain le cent cinquantième anniversaire de la naissance de cette exploratrice, connue, notamment, pour ses Carnets d'une parisienne à Lhassa. De nombreuses manifestations marqueront l'événement et le libraire ne manquera pas de s'y associer.
En attendant, vient de paraître le deuxième tome d'Une vie avec Alexandra David-Neel qui pourra servir de mise en bouche. Tandis que l'on dégustera quelque récit de voyage récemment réédité, par exemple Au cœur des Himalayas. Le Népal.
Voici un court florilège des pensées d'Alexandra David-Néel, picorées autour de la Maison qui porte son nom à Digne.
" Négliger les petites choses sous prétexte qu'on voudrait en faire de grandes, c'est l'excuse des lâches " ; " La vérité apprise d'autrui est sans valeur. Seule compte, seule est efficace la vérité que nous découvrons nous-mêmes " ; " Il faut se garder de vouloir uniformiser les mentalités " et encore, ceci  : " Tout est vain sauf la bonté ".
Alexandra David-Neel,
Au cœur des HYmalayas,
Payot, 208 pages, 8,20 €


vendredi 3 février 2017

Chic ! René Descartes, vu par Ferdinand Alquié

Ferdinand Alquié, Leçons sur Descartes.
Science et métaphysique chez Descartes,
La Table Ronde, 286 pages, 10,20 €
Ne pas s'y méprendre : sous ce titre au sérieux tout scolaire, le philosophe Ferdinand Alquié (1906-1985) propose des analyses audacieuses et qui incitent à la réflexion buissonnière.
" Certains textes de Descartes sont encore pénétrés d'une sorte d'enthousiasme naturaliste et magique.  (...) Descartes déclare que les poètes vont plus loin que les philosophes dans la connaissance des choses, car précisément, ils se laissent porter par l'enthousiasme. Dans le Compendium musicæ, il fait appel à des notions de sympathie entre les choses, notions fort peu scientifiques, mais tout à fait voisines d'une sorte de naturalisme magique, occultiste? C'est ainsi que Descartes admet qu'une peau de mouton, tendue sur un tambour ne rend aucun son quand, à côté d'elle, on frappe sur une peau de loup. Il y a antipathie entre la peau de mouton et la peau de loup, et la peau de mouton demeure silencieuse comme si elle avait peur. "
A ce stade, le libraire ne peut s'empêcher de s'écrier : vive ce Descartes-là !
Mais, corrige aussitôt Ferdinand Alquié : " D'autres textes, au contraire (...) ne sont compréhensibles que par référence à une méthode strictement mathématique, rigoureusement définie. Cette fois, ce qui constitue le fond de ces textes, de n'est plus l'ingenium, ce n'est plus l'esprit humain considéré comme une sorte de génie, qui ne pénètre on ne sait comment les choses ; c'est la raison, ratio, qui suppose une manière stricte de conduire ses pensées par ordre. "
Reste la grande clarté des leçons du professeur Alquié : sous sa plume, dans son langage, complexité ne veut jamais dire complication.
Quelque peu oublié, il fut aussi l'auteur d'une Philosophie du surréalisme qui lui vaut à elle seule la sympathie du libraire.
René Descartes, par Franz Hals


jeudi 2 février 2017

Libre lecture de Marie-Hélène Lafon

Marie-Hélène Lafon
 
 
sera présente au numéro 5 de la rue Sornin
JEUDI 9 FEVRIER à 18H30
pour une soirée de libre lecture
parmi ses œuvres
à ne manquer sous aucun prétexte
 
 
 
 


mercredi 1 février 2017

Paris, Berlin, Franz Hessel

Franz Hessel, Berlin secret, traduit de l'allemand
par Danielle Risterucci-Roudnicky, préface de
Walter Benjamin, postface de Manfred Flügge,
Albin Michel, 178 pages, 18 €
Franz Hessel (1880-1941) était un romancier, essayiste, poète, traducteur berlinois, ami de Walter Benjamin. Il inspira à Henri-Pierre Roché le personnage de Jules dans Jules et Jim, que Truffaut adapta au cinéma, circonstance que l'on ne manque jamais de souligner lorsque le nom de Hessel se trouve prononcé.
Mais ce rappel est peut-être nécessaire pour comprendre le cadre dans lequel évoluent les protagonistes de Berlin secret, un  roman qui n'avait pas été traduit jusqu'ici en français.
C'est en effet dans la bohème dorée, quoique légèrement déchue, que nous promène ce récit qui se déroule en vingt-quatre heures. Un trio amoureux qui se forme parmi ces jeunes gens oisifs et rêveurs donne à l'œuvre son sujet apparent... et égarant.
Car c'est moins (peut-être) la comédie de mœurs qui frappe sur ces pages (le trio amoureux est une variante des plus courantes en littérature) que l'atmosphère et la langue qui s'en dégage, comme l'affirme l'excellente postface de Manfred Flügge. Sans oublier, naturellement, l'un des principaux personnages de Berlin secret : la ville elle-même, que Franz Hessel habita et dont il parcourut inlassablement les rues et les quartiers.
Hessel vécut un temps à Paris à la fin des années 1930 et s'éprit des apparences de la capitale, comme il aimait Berlin. Il est l'un des représentants de la Flaneurliteratur, une expression qui n'a pas besoin de se traduire. Le libraire a grand plaisir à le suivre dans ses flâneries autour du marché aux puces, avenue du Maine, dans la rue Mouffetard.
Ces parages sont aussi enfouis, parfois, dans le temps et la mémoire, que peut l'être Berlin sous la plume de Franz Hessel.
Franz Hessel, Flâneries parisiennes, traduit de
l'allemand par Maël Renouard,
Rivages, 144 pages, 7,15 €
 


mardi 31 janvier 2017

Lisez, écrivez : il en restera toujours quelque chose

Julia Kerninon, Une activité
respectable, La Brune, 60 pages, 9,80 €
" En lisant, en écrivant ", le titre du livre de Julien Gracq
a fait son chemin. Chez son propre éditeur, José Corti, d'abord, où une collection de ce nom a été créée et dans maintes réutilisations, comme dans les " classes de maître littéraires " qui réunissent ces temps-ci à Paris des écrivains en vue.
C'est assurément aussi la double activité de lire et d'écrire qui faufile le roman de Julia Kerninon et le récit autobiographique de Patrick Autréaux. Le premier parce que son auteur a été élevée par des parents fondus de livres ; le second parce que Patrick Autréaux, réchappé du cancer, devenu médecin, voulut également devenir écrivain.
La tonalité des deux ouvrages diffèrent grandement, bien qu'ils voient ensemble dans la lecture un havre. L'un et l'autre (autre nom de collection célèbre !) font en tous cas de la lecture et de l'écriture un sujet de livre, lui-même centré sur leur désir d'édition. Un sujet en boucle.
Patrick Autréaux, La Voix écrite,
Verdier, 138 pages, 16 €

lundi 30 janvier 2017

Jules Verne, la science

Michel Clamen, Jules Verne et les sciences,
Belin, 300 pages, 9,90 €
Les romans de Jules Verne (1828-1905),  géographe
de formation, sont truffés de prouesses et d'anticipations scientifiques (au point qu'on oublie l'humour avec lequel il traitait ses sujets ).
Et c'est à un polytechnicien que les éditions Belin ont confié la mission de repérer ses intuitions et ses grands flops : à l'échelle d'un siècle, il n'est pas difficile de le prendre en défaut -- ce ne sont pas les futurologues qui pourraient le lui reprocher...
Ce bilan est surtout l'occasion de revenir sur une œuvre tellement classique qu'elle passe inaperçue, comme les objets trop familiers.
Le livre de Michel Clamen permet aussi une plongée dans le milieu de l'édition de son temps et, plus spécialement, auprès de Pierre-Jules Hetzel (1814-1886) génial éditeur de VerneGeorge Sand, Nodier, Nerval, Hugo et, la boucle est bouclée... Elisée Reclus.
Mathieu Vidard serait-il, quant à lui, le nouveau Pic de la Mirandole ? Ce serait beaucoup demander à un citoyen du XXIe siècle, époque qui se caractérise, on le sait, par un éclatement et une profusion de connaissances inconnus des hommes du début du XVIe siècle. Le Carnet scientifique contient néanmoins  une foultitude de renseignements sur les sciences dites dures. Il peut permettre de briller dans les salons en répondant à des questions  comme : " combien pèse l'humanité ? ",
" quel âge a le plus vieux fossile de mouche retrouvé à ce jour ? " ou, plus grave : " quel niveau atteindront les océans en 2100 ? ".
Mathieu Vidard, Le Carnet scientifique,
Grasset, 240 pages, 18 €