samedi 23 avril 2016

Fêtons la librairie indépendante !

Le jour de la San Jordi, en Espagne, 
il est de tradition d'offrir une rose à celui qui achète un livre.
Ce samedi 23 avril, c'est la San Jordi
et l'on fête la librairie indépendante :
avec une rose, un livre et la présence
de Christine Flament à 15 h 30
pour dédicacer son
Carnet de costumes
 
 

vendredi 22 avril 2016

Sacrés nanars

François Forestier, 101 nanars. Une anthologie du
cinéma affligeant (mais hillarant), Denoël;
381 pages, 21 €
" Nanar " : vieillerie sans valeur, dit le dictionnaire. Synonyme : "navet ".
François Forestier est incollable et il faut rendre justice à ses efforts : dégager 101 mauvais films dans l'avalanche de chef-d'œuvres cinématographiques qui se présentent à nos yeux est une grande prouesse. Il faut dire qu'il s'est donné du champ
en remontant jusqu'aux années 1950.
Son anthologie comporte douze grands chapitres (douze comme les travaux d'Hercule) parmi
lesquels : "Péplums et exotisme ", " Le rayon
macho ", " Erotisme sauvage "ou " Nanars à la française ".
Le ton de l'auteur est grave, le style profond et la culture astronomique, comme il sied à un tel projet.
Un lion en premier plan et Pamela Anderson derrière lui en bikini préhistorique font les frais de la couverture. On retrouve beaucoup de grands acteurs à l'intérieur du livre, ainsi que de grands réalisateurs venus du monde entier.
Orson Wells (dont aucun film ne figure dans le palmarès des 101 nanars, ouh !) avait dit : " Un bon film c'est celui qui vaut le prix du ticket, du restaurant et de la baby-sitter " et Woody Allen (autre absent de l'anthologie) : " Mes films sont une forme de psychanalyse, sauf que c'est moi qui suis payé, ce qui change tout ! ".
Leurs déclarations, qui n'engagent qu'eux-mêmes, se trouvent dans 300 citations pour les amoureux de cinéma que l'on peut se procurer chez le libraire.

Mélanie Carpentier, Alessandro Rizzo, 300 citations pour
les amoureux de cinéma, Dunod, 124 pages, 5,50 €

jeudi 21 avril 2016

La littérature et l'idéal

Philippe Vilain, La Littérature
sans idéal, Grasset,
158 pages, 16,00 €
" Qu'en est-il donc pour la littérature française contemporaine ? Que vaut-elle réellement ? D'où vient que sa valeur suscite autant de polémiques ? Ne les provoque-t-elle pas elle-même, d'ailleurs, ces polémiques, ne faforise-t-elle pas un malentendu à son propos en ne distinguant pas clairement, par exemple, une littérature que l'on pourrait définir comme "littéraire ", créatrice, produite par la maîtrise technique et l'inspiration, et une littérature " commerciale ", prescrite par les goûts et les intérêts du temps, qui compose la majeure partie de sa production (...) "
                                      
                                      Philippe Vilain, La Littérature sans idéal


" La demande harcelante de grands écrivains fait que presque chaque nouveau venu a l'air de sortir d'une forcerie : il se dope, il se travaille, il se fouaille les côtes : il veut être à la hauteur de ce qu'on attend de lui, à la hauteur de son époque. Le critique, lui, n'en veut pas démordre : coûte que coûte il découvrira, c'est sa mission -- ce n'est pas une époque comme les autres -- chaque semaine il lui faut quelque chose a jeter dans l'arène à son de trompe (...) "
                                                                                                
                                                                                                Julien Gracq, La Littérature à l'estomac

Julien Gracq, La Littérature
à l'estomac, Corti, 74 pages,
11 €

mercredi 20 avril 2016

Aux champs !

Petite campagne de promotion 
de la collection Champs Flammarion : l'éditeur offre Houellebecq économiste, l'essai de Bernard Maris, pour l'achat de deux volumes.
Lancée en 1978, Champs couvre désormais de très nombreux... domaines.
L'histoire aussi bien que la philosophie, les sciences exactes ou les études littéraires.
Le libraire rappelle ce qu'il disait dans son billet du 18 avril : 
le livre de Samuel Noah Kramer : L'Histoire commence à Sumer est publié dans cette collection. C'est une preuve, non ?
Ah, oui : Braudel, Jankelevitch, Le Roy Ladurie, Dumézil, Hawking, Alain Corbin, Michel Serres, y sont aussi présents.

mardi 19 avril 2016

Marcheurs

Franck Maubert,
L'Homme qui marche,
Fayard, 132 pages, 17 €
" L'Homme qui marche " : frêle figure aux jambes d'échassier, tout le monde a présente à l'esprit la silhouette de cette statue d'Alberto Giacometti.
Mais alors que le sculpteur est célèbre dans le monde entier et son œuvre partout commentée, cet " emblème de l'homme universel ", comme dit Franck Maubert, n'a curieusement fait l'objet d'aucune étude.
" A quoi tient donc la puissance de cette œuvre ? Qu'est-ce qui en fait son humanité ? Dressée dans sa verticalité, ses pieds rocheux enracinés dans la pierre qui est le socle, cette figure de bronze a une âme et semble habitée par une variété intérieure. Est-ce sa tête réduite, son port haut qui lui insuffle cette énergie, comme si tout son être se tenait là, dans cette petite tête serrée. "
L'enquête est lancée et bien menée par Franck Maubert : depuis, qu'il l'a croisé, le marcheur n'a cessé de marcher dans son paysage intérieur.
Antoine Piazza a choisi, lui, de marcher à l'intérieur et au dehors, dans le temps et dans l'espace. Il en a résulté ces quarante-huit proses diverses. Passer avec lui du coq à l'âne, d'une petite vignette géographique à un portrait du lieutenant Columbo, d'Anton Bruckner à Fernandel, ne produit pas de secousses immodérées : le ton inchangé et la distance toujours égale par rapport à ses différents sujets aplanissent la route et la lecture. Le pas est vif, l'air léger, les zigzags distrayants.

Antoine Piazza,
Histoires et géographies,
Le Rouergue, 105 pages, 13,50 €

lundi 18 avril 2016

Le plus vieux récit du monde

L'Epopée de Gilgamesh, traduit
et adapté par Abed Azrié,
Albin Michel, 180 pages, 7,20 €
Le libraire rayonne.
L'Epopée de Gilgamesh (prononcez Ghilgamesh) reparaît en collection de poche dans la traduction qu'il préfère : celle d'Abed Azrié. Elle est la plus poétique sans s'écarter de l'exactitude requise.
Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, les éditions L'Atalante viennent de republier l'adaptation que fit Robert Silverberg en 1984 de l'Epopée.
Silverberg, plutôt connu comme écrivain de fantasy et de science fiction, a bien eu raison de se tourner pour une fois vers le passé de l'humanité. Son Gilgamesh roi d'Ourouk, très bien documenté, pas trop simplifié, mais d'une lecture aisée, est une excellente adaptation sous forme romancée. Elle peut sourire aux lecteurs adolescents et aux plus âgés ; aux amateurs d'aventures comme aux amateurs d'archéologie.
" Dans ce livre, nous dit-il, je me suis principalement intéressé au Gilgamesh de l'Histoire, sans pour autant négliger le personnage mythique, le héros de la plus ancienne littérature épique ayant traversé les âges jusqu'à nous. "
Ceux que l'histoire des civilisations attire devraient se pencher du même coup sur le classique des classique de Samuel Noah Kramer : L'Histoire commence à Sumer, disponible en Champs Flammarion.
Robert Silverberg, Gilgamesh,
Roi d'Ourouk, traduit de l'américain par
Gilles Ganache, L'Atalante,
379 pages, 23 €
 



dimanche 17 avril 2016

Le dessin et le silence

Le Cahier dessiné n°11, 384 pages, 45 €
 
La dernière livraison de la revue Le Cahier dessiné, animée par Frédéric Pajak et qui paraît une fois l'an, est simplement somptueuse.
Ne comporterait-elle que le cahier consacré à Jacques Hartmann ( " Dans les entrailles foisonnantes du paysage ") que nous serions bien aise. Mais non. Il faut que s'y ajoutent un dossier Roland Topor (" Roland Topor, un jardin longtemps resté secret ") et un autre, saisissant, présentant le clochard dessinateur Marcel Bascoulard (" Une ombre dans la ville "), mort étranglé en 1978 dans un coin de Bourges, dont il hantait les rues depuis quarante ans...
Au sommaire encore, les natures mortes de Marianne Wydler et, sur plus de 380 pages d'un grand format, rien de médiocre.

                                       *

 Dessiner, c'est peut-être une de ces dernières occasions qui restent de faire silence avec laquelle Alain Corbin, historien des sensibilités, nous invite à renouer.
De plus en plus, parmi nous autres civilisés, la capacité de se taire et d'écouter diminue.
" Certes, écrit Alain Corbin, quelques randonneurs solitaires, des artistes et des écrivains, des adeptes de la méditation, des femmes et des hommes retirés dans un monastère, quelques visiteuses de tombes et, surtout, des amoureux qui se regardent et se taisent sont en quête de silence et restent sensibles à ses textures. Mais ils sont comme des voyageurs échoués sur une île, bientôt déserte, dont les rivages sont rongés. "
En même temps, notre intolérance au bruit ne fait que croître. Et il apparaît que le silence est tout sauf un moment sinistre : une vraie richesse.
Jean-Michel Delacomptée, que cite Alain Corbin, disait : " Il y a toujours, dans le silence une beauté qui surprend, certaine tonalité qu'on goûte avec la finesse d'un gourmet, un repos au goût exquis (...) "
Alain Corbin, Histoire du silence.
De la Renaissance à nos jours,
Albin Michel, 216 pages, 16,50 €