samedi 31 décembre 2016

Petite pause hivernale pour le blog
jusqu'au 16 janvier 2017.
La librairie, elle, ferme ses portes
les 1er, 2 et 3 janvier.
Réouverture mercredi 4 janvier.
Meilleurs vœux à toutes et tous !
 
 


En route vers le Prix des Lecteurs A la Page 2017

L'étal de la librairie, fortement allégé par les ventes de Noël l'espace d'un instant,
se remplit des premières publications du mois de janvier.
C'est parmi celles-ci que le libraire 
opérera son choix de romans pour la cuvée 2017
du Prix des Lecteurs A la Page.
Ces trois-là
feront-ils partie de la sélection ?
Qui sait ? 
François Beaune, Une vie de Gérard en Occident,
Verticales, 286 pages, 19,50 €

Laurence Werner David, A mes yeux,
Buchet Chastel, 295 pages, 17 €


Christian Chavassieux, La Vie volée de Martin Sourire,
Phébus, 398 pages, 21 €
 
Oui : Qui sait, qui sait, qui sait ?
 
 

jeudi 29 décembre 2016

Connaissez-vous Elisée Reclus (2)

Elisée Reclus, Les Grands textes,
présentés par Christophe Brun,
Champs Flammarion, 503 pages, 12 €
Le libraire ne saurait attendre le 24 janvier et la projection à Vichy du film de Nicolas Eprendre (Elisée Reclus, la passion du monde) pour vous souffler dans l'oreille deux conseils reclusiens.
D'abord, s'emparer de l'anthologie concoctée par Christophe Brun. Elle réunit au format de poche des indications biographiques et bibliographiques indispensables. Un florilège de textes qui composent un portrait ressemblant et incroyablement riche d'Elisée Reclus. L'entrain, la bonne humeur ne font pas défaut dans cette entreprise. C'est encore mieux.
Ensuite, se munir d'Histoire d'un ruisseau, qui est une des entrées les plus lumineuses dans la géographie reclusienne. Une preuve ? Cette page, devenue un classique, qui ouvre le livre :
' L'histoire d'un ruisseau, même celui qui naît et se perd dans la mousse, est l'histoire de l'infini. Ces gouttelettes qui scintillent ont traversé le granit, le calcaire et l'argile ; elles ont été neige sur la froide montagne,, molécule de vapeur dans la nuée, blanche écume sur la crête des flots (...) Tous les agents de l'atmosphère et de l'espace, toutes les forces cosmiques on travaillé de concert a modifier incessamment l'aspect et la position de la gouttelette imperceptible ; elle aussi est un monde comme les astres énormes qui roulent dans les cieux, et son orbite se développe de cycle en cycle par un mouvement sans repos. "
Le livre parut en 1869. Qu'attendez-vous ?
Elisée Reclus, Histoire d'un ruisseau,
Actes Sud Babel, 224 pages, 8,70 €

mercredi 28 décembre 2016

Bonnes fêtes à toutes et tous

La fin de l'année 2016 approche.
Qu'ils soient tous remerciés, dans le désordre :
les  jurés du Prix des Lecteurs A la Page
 
 
Georges-Emmanuel Schmitt qui passait par chez nous 
 
 
Gaëlle Josse venue nous offrir ses clartés
 
 
et Patrice Rötig sa séduction 
 
 
Marie-Hélène Lafon qui va revenir 
 
 
les jeunes jurés du Prix Goupil et Muriel Zürcher venue s'entretenir avec eux
 
 
le public attentif
 
 
 Fabienne Pouradier Duteil et les confiseries de chez Moinet
 
 
 Florence Pazzottu et la Semaine de la poésie
 
 
Christiane Veschambre effacée derrière Charles-Louis Philippe 
 
 
Hervé Morthon et Claire Petit et Sylvain Desplagnes au nom des autistes
 
 
celles dont nous n'avons pas les photos
Michèle Sternberg et Monique Léger-Blanquart
et, enfin,
Le Centre National du Livre
et
la Direction Régionale des Affaires Cultures d'Auvergne Rhône-Alpes
pour leur aide après cette vilaine inondation désormais derrière nous.
 
 
Et devant nous : les deux dévoreuses de livres
au visage caché sur le divan rouge.
Bonne fêtes à toutes et tous !
 

mardi 27 décembre 2016

Connaissez-vous Elisée Reclus ?

Non ? Alors retenez votre soirée du mardi 24 janvier prochain
pour assister à la projection
du film de Nicolas Eprendre
au cinéma Etoile Palace de Vichy.
Le film sera suivi d'un débat.
Vous pourrez y découvrir, au surplus, de nombreux livres relatifs
à l'œuvre de l'illustre géographe.
A  moins que vous vous en munissiez par avance à la librairie.
Tout est possible
 

dimanche 25 décembre 2016

Les fleurs d'Odilon Redon

Robert Coustet, Odilon Redon botaniste,
textes de Francis Jammes et Marius-Ary Leblond,
L'Eveilleur, 80 pages, 15 €
 
" Mon régime le plus fécond, le plus nécessaire à mon expansion a été, je l'ai dit souvent, de copier directement le réel en reproduisant attentivement des objets de la nature extérieure en ce qu'elle a de plus menu, de plus particulier accidentel. Après un effort pour copier minutieusement un caillou, un brin d'herbe, une main, un profil ou toute autre chose de la vie courante ou inorganique, je sens une ébullition mentale venir ; j'ai alors besoin de créer, de me laisser aller à la représentation de l'imaginaire. "
                                                                                                
                                                                                                Odilon Redon, A soi-même
 
Ce livre plaisamment illustré est l'occasion de renouer, bien au-delà de son Aquitaine natale,  avec Redon (1841-1916). Tandis que ses " noirs " impressionnants révélaient le " fond obscur de son imagination ", ceci révèle un imaginaire de couleur, de bouquets, de papillons et de fantaisie.
Redon était devenu un coloriste définitif, 
Au centième anniversaire de sa mort, Robert Coustet vient opportunément attirer l'attention sur l'artiste important qu'il fut, à la croisée du symbolisme et " du surnaturel même de la nature ".
A Noël, dites-le avec des fleurs et avec Redon.
 


samedi 24 décembre 2016

Cézanne, Zola et puis Ramuz

Paul Céznne, Emile Zola,
Lettres croisées 1858-1887,
Gallimard, 22,50 €
" Ah ! mon pauvre cher, que je suis loin de t'imiter. -- Pour l'instant, mon poêle étant éteint, crainte du froid aux pieds, j'écris dans mon lit, fort peu à mon aise, tu peux croire car je tiens ma bougie d'une main et de l'autre je griffonne à grand'peine. D'ailleurs, le matin, lorsque je pourrais écrire ceci ou cela, je reste au lit à rêvasser, le tout par paresse d'allumer mon feu. C'est ma chanson éternelle : je travaillerais bien si j'avais mon poêle allumé , mais rien n'est ennuyeux comme un tel préparatif ", écrivait Emile Zola à son ami Paul Cézanne le 5 février 1861.
Quand on se souvient que Zola mourut (en 1902) asphyxié par son poêle, sa remarque fait à peine sourire.
La correspondance croisée entre les deux hommes dépasse de loin, bien sûr, ces phrases quasi-anecdotiques. On y rencontre une amitié exceptionnelle, ponctuée de nombreux dialogues sur les conceptions esthétiques de l'un et de l'autre. Amitié qui n'aurait pas été scellée (c'est l'enseignement majeur de la présente publication) par la brouille que la critique a longtemps cru déceler entre eux.
Une lettre retrouvée en 2013 permet de battre en brèche une telle théorie selon Henri Mitterand, qui a établi et présenté cette correspondance mise en contexte par ses précieuses présentation et annotations.
Sur Cézanne, le libraire invite à lire deux courts essais de Charles-Ferdinand Ramuz (1878-1947), qui fut, un temps, le plus parisien des Vaudois et, toujours, l'ami des peintres et des musiciens. L'exemple de Cézanne et Cézanne le précurseur viennent, en effet, de reparaître avec la devise suivante : " Non un Cézanne abstrait, mais tel qu'il convient de l'envisager quand on est, comme nous, à la recherche d'un mode d'expression. "
Charles-Ferdinand Ramuz, L'exemple de
Cézanne. Cézanne le précurseur,
Pagine d'Arte, 18 €


vendredi 23 décembre 2016

La Corée du Sud, la Suisse, la France : un chef-d'œuvre

Elisa Shua Dusapin, Hiver à Sokcho,
Zoe, 141 pages, 15,50 €
" Il est arrivé perdu dans un  manteau de laine. Sa valise à mes pieds, il a retiré son bonnet. Visage occidental. Yeux sombres. Cheveux peignés sur le côté. Son regard m'a traversée sans me voir. L'air ennuyé il a demandé en anglais s'il pouvait rester quelques jours, le temps de trouver autre chose. "

Aimeriez-vous passer l'hiver à Sokcho, ville de province de la Corée du Sud ? Quelle que soit votre réponse, le premier roman d'Elisa Shua Dusapin plaide largement en faveur de ses dons littéraires pour donner à sentir l'atmosphère des lieux : un port au bord de la mer du Japon ; une pension quelque peu décrépite où la jeune narratrice fait la cuisine et le ménage ; les restaurants et les poissonneries où trônent les poulpes et les seiches.
Arrive à la pension un voyageur français qui soulève sa curiosité. Elle a étudié la langue et la littérature françaises. Le dialogue se noue difficilement entre eux, leurs deux cultures. Le Français est dessinateur de bande dessinées. Il vient de Normandie, où elle n'est jamais allée, mais elle a lu Maupassant. Elle est d'une grande délicatesse de caractère et possède une fine intelligence -- qui ne fait pas toujours le sujet des romans --, à la fois énergique et réservée. Elle n'est peut-être pas amoureuse de lui, ni exagérément romantique, mais elle finit par souhaiter une chose : qu'il la dessine, qu'elle soit la femme dans son prochain livre, elle qui a si peu confiance en son apparence, en son être, en cet endroit où la nécessité la retient. Il repartira comme il était venu, laissant à la narratrice son carnet de toile et la saison froide et humide de Sokcho.

" C'était un lieu sans en être un. De ces endroits qui prennent forme à l'instant où l'on y pense puis se dissolvent, un seuil, un passage, là où la neige en tombant rencontre l'écume et qu'une partie du flocon s'évapore quand l'autre rejoint la mer. "

Elisa Shua Dusapin est née en 1992. Son père est français, sa mère sud-coréenne. Elle vit en Suisse. Hiver à Sokcho est publié par Zoe, excellente maison d'édition suisse. Le roman a obtenu le prix Robert Walser 2016. Le libraire est d'accord : il s'agit d'un petit chef-d'œuvre.

Elisa Shua Dusapin



jeudi 22 décembre 2016

Heures ludiques

Quelques après-midi pluvieuses, neigeuses ou légèrement plombées d'ennui sont toujours à prévoir en période de fêtes. Pour y remédier, les éditons Prisma proposent le déchiffrement de cent proverbes réduits à l'état de pictogrammes. Sont soumis à la sagacité des joueurs des expressions proverbiales telles que " se jeter à l'eau ",  " mettre le pied à l'étrier " ou " le jeu en vaut la chandelle ".
Jeu inoffensif et qui ne devrait pas mettre le feu aux poudres ni de l'eau dans le gaz...

Matteo Civaschi, Pictologies, 100 proverbes en bref,
Prisma, 128 pages, 9,95 €

Il existe aussi cette année un petit coffret de 60 cartes, édité par Laroussse,  pour jouer au petit bac. 120 thèmes plus ou moins ardus sont suggérés. " Idéal pour animer vos soirées ! ", s'exclame, un peu à court d'idées, l'éditeur de ce jeu d'allure rétro.
Le Jeu du petit bac, Larousse,
coffret de 60 cartes, 10,95 €

Rétro également l'ensemble de vieilles cartes publicitaires à rébus reproduites dans ce joli format presque carré. Elles flatteront les adeptes de la méthode Boscher, les nostalgiques de la vieille carte de France suspendue au tableau et ceux qui se souviennent du goût du chocolat Sucher.
Freud a dit : " Le rêve est un rébus ".  Réfléchissez-y. Les solutions se trouvent en fin de volume.

Rébus à propos de ce qui se passe,
Actes Sud/Mucem,, 80 pages, 15 €


En attendant, le



vous salue bien


mercredi 21 décembre 2016

Einstein, voyageur solitaire

 
Etienne Klein, Le Pays qu'habitait
Einstein, Actes Sud, 246 pages, 20 €
Dans l'essai qu'il vient de faire paraître chez Actes Sud, Etienne Klein parvient à faire entrer le lecteur dans une grande familiarité avec Albert Einstein. En mettant ses pas dans ceux du penseur et physicien. Zürich, Berne, Prague, Bruxelles : autant de villes, autant de tournants dans ses théories, avant son exil définitif aux Etats-Unis. " Génie du non-lieu ", selon la formule d'Etienne Klein, Einstein disait : " Les coordonnées n'ont pas de sens physique, tous les systèmes de repérage dans l'espace-temps sont équivalents. " Ce qui, traduit par Etienne Klein dans le langage ordinaire, signifie que ce qui avait lieu dans l'esprit d'Einstein était " beaucoup plus important que les coordonnées du lieu où il se trouvait être. "
Cet essai parsemé de réflexions paradoxales et savoureuses (" Je ne dors pas longtemps, mais je dors vite ") insiste, dès sa couverture, sur l'humour et la décontraction du personnage d'Einstein. On lui taperait presque sur l'épaule, ce qui est peut-être créer une illusion de proximité. Que dissipent rapidement les passages consacrés à la théorie mathématique ou physique. Sur ce point le libraire n'est pas difficile à intimider, il est vrai.
On pourra continuer à voyager en compagnie d'Einstein avec le livre composé par Andrew Robinson. C'est un savant, un "génie "plus conventionnel, s'il se peut, qui se trouve ici approché à partir des archives Albert Einstein. Pour la couverture de ce livre, Einstein a dû remettre ses lunettes. Sa vie privée, ses rencontres dans
le monde scientifique, mais aussi les rapports entre sa théorie et l'énergie nucléaire, se trouvent abordés, parmi de nombreux documents d'époque.

Albert Einstein. Un siècle de relativité,
Place des Victoires, 256 pages, 25 €

mardi 20 décembre 2016

L'ours, sa maman et l'imagier

Tom Schamp, L'Imagier le plus fou du monde,
traduit du néerlandais par Carole Speroni,
Milan, 61 pages, 18 €
Un imagier nous dit le Dictionnaire culturel en langue française est un "recueil d'images. " Un " livre d'images pour des enfants ne sachant pas lire ".
Or personne n'obligeait Tom Schamp à serrer autant d'images sur la surface de son livre, même si les pages en sont d'un format relativement grand (27,5 cm x 33,5 cm). Monsieur Schamp ne pouvait pas ne pas penser qu'en agissant ainsi, il créerait un livre que l'on peut dire fou sans exagération. Peut-être même, comme il l'affirme lui-même, le plus fou du monde.  L'espace a presque complètement disparu, tant les objets de toutes sortes, de toutes couleurs, de tout volume sont serrés les uns contre les autres. Les objets et leurs noms, toute sortes de lettres, de panneaux, d'écritures pour donner un nom aux choses.
Dans le monde demeurent des zones moins chargées et plus tranquilles. Mon tout petit habite ce monde-là avec sa maman ourse. Qui est un gros animal. Qui occupe presque toute la page du livre. Mais l'espace existe encore. Il y a même des pages très vides. Avec deux poissons seulement qui sautent hors de l'eau.
Le libraire respire.
Jo Weaver, Mon tout-petit, traduit de l'anglais par Elisabeth Duval,
Kaléidoscope, 13 €


lundi 19 décembre 2016

Dans Paris avec Jules Romains

Une des éditions de Paris des Hommes
de bonne volonté
Si aujourd'hui l'on posait au libraire la question : " Existe-t-il un livre en langue française dont vous souhaitez la réédi-
tion ? ", sa réponse serait :
" Oui. (Le libraire est donc d'excellente humeur et optimiste quant à la place encore disponible sur son étal.) Ce serait un livre de Jules Romains, dont nous parlions il y a quelques jours.
Il s'intitule Paris des hommes de bonne volonté. "
L'ouvrage est singulier. Il fut publié en 1949 par Lise Jules Romains, la propre épouse de l'auteur. Il se compose de
" morceaux relatifs à Paris " extraits des 27 volumes des Hommes de bonne volonté. Avec l'assentiment de Jules Romains,
il fut organisé en sept parties, soit : Mouvements d'un grand visage ; Paris de travail de conquête et de crime ; le Paris des nouveaux-venus ; Tableaux et incidents ; Types parisiens ; Intérieurs et, enfin, sous-titre magnifique : Paris surnaturel et frémissant.
Les coupures qui ont dû être faites dans le texte ne le rendent nullement illisible dans la continuité. L'ensemble forme une impressionnante fresque née des pérégrinations urbaines de Jules Romains, piéton considérable.
Alors, qui pour le rééditer ?

Jules Romains, par Paul-Emile Becat,
devant un paysage parisien.

dimanche 18 décembre 2016

Matisse en son laboratoire

Henri Matisse. Le laboratoire intérieur, sous la direction
d'Isabelle Monod-Fontaine et de Sylvie Ramond,
Hazan/Musée des Beaux(Arts de Lyon, 384 pages, 44,95 €
Le libraire se rendra à Lyon, avant le 3 mars prochain, sans quoi il serait trop tard, pour visiter l'exposition Henri Matisse (1859-1864). C'est sûr.
Intitulée " Henri Matisse le laboratoire intérieur ", elle rassemble deux cents dessins, gravures, peintures et sculptures. " Blanc et noir ensemble produisent de la lumière. A la fin de la vie de Matisse, c'est une grande lumière chaude et sereine, ' toujours au moins aussi sereine qu'elle est écla-
tante ' a pu dire Pierre Reverdy, un bain de lumière qui évoque quelque
 ' royaume bienheureux ' ajoute Georges Duthuit. Matisse a mis toutes ses forces à l'atteindre, mais à partir de quelles ombres ? ", demandent les commissaires Isabelle Monod-Fontaine et Sylvie Ramond. Cette exposition, poursuivent-elles, " tente
de donner à voir et à comprendre non seulement l'écart entre les longues années d'apprentissage et l'aboutissement de la fin de sa vie, mais l'espace même du travail,
le questionnement perpétuel, les oscillations, les traces d'effort, et la musicalité du trait.
Le dessin comme laboratoire intime, comme exercice de liberté. "
C'est tout ce parcours créatif, du fauvisme du départ à l'avènement de la couleur pure et aux papiers découpés, que retracent les textes du catalogue qui accompagne l'exposition. Avec le dessin pour fil rouge.
Parallèlement reparaît, sous coffret et en fac-similé du n° 263 de l'édition originale de 1947, Les Fleurs du mal illustré par Matisse.
Aragon disait Matisse " hanté par Baudelaire ". D'où naquit ce recueil dans lequel abondent les visages féminins en miroir aux poèmes, dans une interprétation débarrassée de tout décadentisme, comme le souligne Stéphane Guégan dans ses commentaires de la présente édition. Belles ténébreuses, s'intitule tout de même ce précieux livret d'accompagnement critique.

Avec ses vêtements ondoyants et nacrés,
Même quand elle marche on croirait qu'elle danse

A la Page ouvre ses portes à 14 heures. Le libraire vous souhaite un bon dimanche !

Matisse Baudelaire, Les Fleurs du mal,
Hazan , 25 €

vendredi 16 décembre 2016

Paris, un songe ?

Nicolas d'Estienne d'Orves, Paris n'est qu'un songe,
94 pages, 12 €
Paris n'est qu'un songe, affirme Nicolas d'Estienne d'Orves (après Raymond Queneau) dans sa récente fable dont le protagoniste, Sylvain Chauvier, a le don de remonter le temps. Comme les personnages de Wells et celui, moins connu mais tout aussi passionnant, de George du Maurier, Peter Ibbetson.
Mais à quoi croyez-vous que ce Chauvier, Sylvain de son prénom, ait décidé de consacrer son énergie rétrospective ? Pas seulement à rêver d'amour comme le bouleversant Peter Ibbetson  (traduit en français par Raymond Queneau !). Mais à corriger activement les verrues, les ratés, les erreurs architecturales qu'il rencontre au cours de ses promenades à travers la capitale. 
" Adieu Jussieu ! Adieu Front de Seine ! Adieu Beaubourg ! ", s'exclame le vengeur, qui se vante d'avoir épargné aux Parisiens d'aujourd'hui le Palais des Congrès, la Grande Arche, l'Opéra-Bastille : " Oh la prodigieuse volupté de flâner dans Paris en sachant tout se que cette ville me doit ! se rengorge-t-il. La joie d'arpenter Belleville, Ménilmontant, la Butte aux Cailles.... "
Et puis, un jour où il avait remonté le temps jusqu'en 1900,  Chauvier résolut de passer à l'action dans le métro... Le libraire n'en dira pas plus.
Parmi les nombreux écrivains de Paris, il en est un, bien oublié aujourd'hui : Jules Romains, dont le nom rappelle surtout Les Copains et Knock, bien entendu. Pourtant, son chef-d'œuvre, Les Hommes de bonne volonté (en 27 volumes !) comporte de nombreuses pages remarquables consacrées à Paris, dont il semble avoir connu chaque morceau de trottoir, chaque couleur de nuage, chaque inclinaison des buttes. Hélas, c'est un livre actuellement indisponible.
Le lecteur pourra, en revanche, lire Puissances de Paris, beaucoup plus bref mais présentant un aperçu de l'art parisien de l'Auvergnat Louis Farigoule, dit Jules Romains.


Jules Romains, Puissances de Paris,
L'Imaginaire, 144 pages, 7 €



jeudi 15 décembre 2016

Les premiers rendez-vous A la Page en 2017

Marie-Hélène Lafon
 
sera de retour A la Page
le 9 février prochain
tandis que Frédéric Forte


sera l'invité de la Semaine de la poésie
au mois de mars 2017.
A noter sur vos tous nouveaux calendriers.

mercredi 14 décembre 2016

Luxe de couleurs

Jean-Philippe Lenclos, Dominique Lenclos,
Couleurs de la Méditerranée, Le Moniteur, 264 pages, 45 €
Après Couleurs de la France (1982), Couleurs de l'Europe (1995) et Couleurs du monde (1999) Jean-Philippe et Dominique Lenclos étendent leur palette à la Méditerranée. Leur regard, appliqué à la Grèce, à l'Italie, au Maroc et à bien d'autres contrées du bassin méditerranéen, est à la fois sensible et raisonné. Il permet de dégager le rôle que jouent les couleurs dans la géographie, tant dans les paysages naturels (ou ce qu'il en reste) que dans les constructions humaines champêtres -- verna-
culaires pour être plus précis. Passant sans cesse de l'habitat au site d'où sont tirées les matériaux et les couleurs des édifices, les auteurs se proposent de comprendre comment opère sur nous une grande partie du charme des petites cités. Comment agissent sur nos perceptions les volumes et les proportions des bâtiments ; les contrastes des tonalités ; les rythmes créés par les lignes droites, les courbes, les ornements, suscitant des jeux d'ombre et de lumière. Il ne s'agit pas de tuer la spontanéité du regard, mais de l'approfondir, au-delà de l'œil touristique étourdi et pressé. Et peut-être même de l'œil architecte guère moins étourdi et pressé... C'est dire l'intérêt de l'ouvrage !
De son côté, Michel Pastoureau continue ses histoires monochromes. Après Bleu. Histoire d'une couleur (2000), Noir. Histoire d'une couleur (2008) et Vert. Histoire d'une couleur, voici Rouge. Histoire d'une couleur. Limitée à l'Europe, cette longue histoire du rouge, de ses symboles, de ses correspondances psychologiques et culturelles, depuis les origines jusqu'au temps présent, est aussi riche et parlante que les précédents volumes. Le rouge y est vu dans la vie matérielle, parmi toutes les couches de la société, dans sa dimension religieuse et profane autant qu'artistique. Longtemps couleur préférée (VIe-XIVe siècle), le rouge perd ensuite de sa superbe dans la critique protestante de son indécence et de sa théâtralité, avant de devenir, à partir de la Révolution, la couleur de la subversion. 


Michel Pastoureau. Rouge. Histoire d'une couleur,
Seuil, 216 pages, 39 €

lundi 12 décembre 2016

Vive Dada !

Kurt Schwitters et Käte Steinitz, Les Contes du paradis,
traduit de l'allemand par Lucie Taïeb, Ypsilon, 38 pages, 20 €
Ma parole, le libraire aggrave son cas. Le voici maintenant qui passe du Cantique des cantiques à... Dada, mouvement artistique scandaleux, s'il en fut.
Les Contes du paradis ne sont, certes pas, une œuvre mystique. Ils furent rédigés en 1924 par Kurt Schwitters (1887-1948) et illustrés par Käte Steinitz (1889-1995) : " Tandis qu'il écrivait et lisait l'histoire à haute voix,
elle dessinait elle-même au fur à mesure,
à main levée ". Plus loin, Käte Steinmitz  évoque " son style, libéré de toute rigueur académique, qui par là même séduisait Schwitters : l'imprécision des contours, le non-respect des règles de la perspective lui permettait de rendre compte de toute la spontanéité de l'histoire ",
De cette collaboration naquit ce conte dadaïste pour les enfants dans lequel les événements absurdes s'enchaînent dans un parfait naturel, comparable à l'atmosphère des rêves. Les personnages volent, c'est normal. Les lions mangent des abricots, quoi d'étonnant, les fleurs se changent en vaches ou le contraire, et alors ? " Dans les merveilles tout est merveilleux " résume Schwitters. Ce n'est pas le libraire qui le contredira.
Les Contes du paradis sont remarquables par la place qu'y occupe la typographie, ce qui a visiblement séduit son actuel éditeur. L'on se souvient que les dadaïstes se firent une joie d'associer librement entre elles les casses de lettres et d'en faire des œuvres d'art abstraites. Schwitters ne rechigna pas à la tâche. Le fait que l'album soit entièrement conçu en noir et blanc risque de dépayser dans un moment où la couleur règne sans partage. En même temps, ce silence coloré permet une meilleure concentration sur le texte des contes.
Emporté par son élan, le libraire signale la reparution bienvenue des mémoires de Georges Ribemont-Dessaignes, dadaïste pur jus et quelque peu négligé. Déjà jadis est le titre (splendide dans sa concision) de cette fresque sans concessions, qui permet de renouer avec ce que la première moitié du vingtième siècle produisit d'artistes importants. Sans concessions, mais animée d'un grand amour de la vie, ce qui n'est pas une denrée si abondante.

Georges Ribemont-Dessaignes, Déjà jadis
ou du mouvement dada à l'espace abstrait,
Les Belles Lettres, 254 pages, 14,90 €

Traduire le Chant : deux gouttes d'érudition

Le Cantique des cantiques. Sept lectures poétiques :
hébreu, grec, latin, quatre traductions en langue
française, Diane de Selliers, 208 pages, 29 €
Passer de la bande dessinée au grand poème biblique qu'est le Cantique des cantiques, le Chant des chants, monsieur le libraire vous faites preuve d'un redoutable éclectisme.
Tentons, quand même.
Les éditions Diane de Selliers proposent
la lecture de quatre versions différentes de ce texte brûlant d'amour charnel et mystique à la fois qui appartient aux " écrits " (avec les Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste, le Livre de Job, c'est-à-dire les textes les plus
" littéraires " de la Bible).
A telle enseigne, précise Marc-Alain Ouaknin, que " certains ont vu dans le Cantique un chant nuptial, d'autres une pièce de théâtre, d'autres les rêveries d'une promenade solitaire ou encore un concours de poésie ".
On comprend dès lors combien était délicat l'établissement d'une traduction française et combien impossible sa fixation une et définitive. On voit quels enjeux soulevait et soulève encore un texte inséré dans la Bible qui ne mentionne jamais Dieu et peut donc se lire comme un écrit profane.
La juxtaposition sur une même page de quatre traductions historiques (Bible de Jérusalem, Bible Segond, Bible de Zadoc Kahn et Bible Chouraqui), avec en regard les textes antiques (Hebraïca, Septante, Néo-Vulgate) est chargée de surprises. Elle illustre par l'exemple les choix que doit faire le traducteur (ou doivent faire les traducteurs) à partir d'un seul mot pris dans un lexique apparemment " simple ". Ainsi, pour ne donner qu'un exemple parmi beaucoup d'autres possibles, le mot pardès, rendu par " verger ", "paradis ", "jardin ", " jardin de délices ", " jardin de plaisance " ou " parc " par les différents traducteurs au fil des siècles.  Et faudra-t-il parler des " jambes " de la bien-aimée, de ses " cuisses " ou de ses "jarrets " ? Et mille nuances qui ont leur poids
Après cette " mise en éclats " du texte, le libraire conseille une lecture, ou relecture, suivie de l'œuvre que l'édition érudite de Diane de Selliers rend aussi possible. 

Le Cantique des cantiques, vu par Marc Chagall

dimanche 11 décembre 2016

Samedi BD (20)

Lors de son vingtième SAMEDI BD,
Géraldine a choisi ces cinq albums,
parmi lesquels trois sont des adaptations
(d'un roman : Franck Thilliez ; de contes : Quiroga,
 et d'une pièce de théâtre : Michalik).
Nous vous souhaitons un bon dimanche !
 
Mig et Franck Thilliez, Puzzle, Ankama,
216 pages, 19,60 €

Horacio Quiroga, Lautaro Ortiz,
Lucas Nine, Les Contes du suicidé,
Warum, 128 pages, 18 €
 
Daniel Clowes, Patience, Cornélius,
182 pages, 30,50 €


Christophe Gaultier, Alexis Michalik,
Le Porteur d'histoire, Les Arènes, 120 pages, 21,90 €

Lolita Séchan, Les Brumes de Sapa, Delcourt,
23,95 €