vendredi 27 mai 2016

Mémoire, mon beau navire

Troels Donnerborg, Jesper Gaarskjaer,
L'Homme qui se souvient de tout, traduit du
danois par Marie Louise Albers, Premier
Parallèle, 98 pages, 12 €
Alors que l'Euro de football va bientôt battre son plein, alors que nous en entendrons beaucoup parler, il existe un autre genre de compétition : le championnat du monde de la mémoire (on se souvient que le dernier titre a été décerné au mois de décembre dernier).
Le " mnémiste " qui a fondé ce tournoi se nomme Tony Buzan et l'actuel champion de France s'appelle Sébastien Martinez. Quel est le nom de l'actuel champion du monde ?
Le libraire l'a oublié.
Aussi, s'est-il précipité sur ces deux ouvrages consacrés à l'art de se souvenir de tout, où sont décrits les secrets des fortiches de la mémoire. Il en a immédiatement retenu qu'imagination et attention sont la base des futurs succès en cette matière. Voilà pour les fondamentaux. Mais pour devenir infaillible, il faudra, bien sûr, aller plus loin et s'initier à quelques petits secrets supplémentaires.
D'où ces deux modestes suggestions de lecture et ce poème d'Apollinaire :

Mon beau navire, ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire
De la belle aube au triste soir.


Sébastien Martinez, Une mémoire infaillible,
Premier Parallèle, 158 pages, 16 €

jeudi 26 mai 2016

La France de Depardon

Les Habitants, est d'abord un film  dans lequel Raymond Depardon est allé à la rencontre des "gens de peu " pour les écouter parler. De Charleville-Mézières à Morlaix, de Sète à Cherbourg, il a invité des passants inconnus à poursuivre leur conversation devant son micro, sans aucunement intervenir. Il semble avoir suivi deux  règles impératives : éviter ceux qui ont l'habitude de prendre la parole ; éviter les lieux dont on parle partout.
Les Habitants, c'est aussi 
un  livre où ces conversations sont restituées, accompagnées de photographies prises par Depardon tandis qu'il réalisait son film.
Le résultat est dépaysant. Alors que tous ces visages et tous ces lieux nous sont terriblement familiers. Ces deux copines qui discutent à l'angle d'une rue de Castres ; ces deux devantures dans une ruelle tortueuse de Cherbourg ; ce pavage des rues piétonnes ; cette maison humide et condamnée dans l'arrière-ville de Tarbes...
Raymond Depardon, Les Habitants,
Seuil, 25 €

mercredi 25 mai 2016

Prix des Lecteurs A la Page 2016 : il n'en reste que quatre

Une sélection de huit romans
avait été proposée par les libraires
aux suffrages du jury du Prix des Lecteurs A la page.
Au soir du 24 mai 2016, à 19 h environ,
il devait n'en rester que quatre.
Après discussions, arguments et contre-arguments,
c'est chose faite.
Participeront au vote final, le 14 juin prochain, 
les romans suivants :
François Brival,
Nègre de personne, Gallimard

Gaëlle Josse,
L'ombre de nos nuits, Noir sur blanc

Dominique Paravel,
Giratoire, Serge Safran

Emmanuel Régniez,
Notre château, Le Tripode
 
L'heure du choix approche
 

mardi 24 mai 2016

Hammett sur tous les fronts

Terreur dans la nuit, nouvelles horrifiques
présentées par Dahiell Hammett,
Fleuve éditions, 217 pages, 16,90 €
Outre les fantômes, les fleurs vénéneuses, les pendus, 
les loups-garous et autres horreurs ordinaires,
Terreur dans la nuit comporte deux autres mignonnes curiosités : un récit long de quelques pages seulement d'André Maurois, un peu tombé dans l'oubli et qu'on n'attendait pas à un tel festin ; et d'autre part, et sans doute surtout, une présentation par le grand Dashiel Hammett (1864-1961) en personne. Oui, l'ancien détective privé, l'auteur de Moisson rouge, de La Clé de verre ou du Faucon maltais (où apparaît Sam Spade, le détective des détectives), qui est au roman policier américain ce que les principales pièces de Shakespeare sont au théâtre universel.
Les dix nouvelles qui composent cette anthologie horrifique ont été par lui sélectionnées, et les amateurs du genre ont tout lieu de s'en réjouir.
Sobriété, efficacité y marquent les récits de Peter Fleming, de H.P. Lovecraft (un classique) ou de Hanns Heins Ewers, le " nouvel Edgar Poe ".
Ce n'est pas tout. On peut dire que les admirateurs
de Dashiell Hammett sont à la noce. Gallimard vient en effet de faire traduire un ensemble de ses nouvelles restées inédites en français. La surprise est au-rendez-vous puisque, hormis deux textes, les nouvelles réunies dans Le Chasseur n'appartiennent  pas au genre noir. Hammett eut toutes les peines du monde à se défaire de l'étiquette d'auteur de polars et à faire valoir son talent dans la haute littérature. On ne pourra pas dire qu'il ne s'y était pas employé.

Dashiell Hammett, Le Chasseur et autres histoires,
traduit de l'anglais (Etats-Unis)
par Natalie Beunat, Gallimard, 377 pages, 22 €

lundi 23 mai 2016

On connaît le lauréat du prix Goupil 2016 !

Mais avant de le connaître, les échanges entre les membres du jury ont été nourris et stimulants ce samedi après-midi.
Cinq auteurs étaient en lice :

Johan Heliot (Les Sous vivants, Seuil) ; Amandine Pena (La Revanche de la coccinelle, Oskar) ;
Stéphane Tamaillon (L'Ultramonde, Seuil) ; Marie Vernande-Lherm (London Panic, Sarbacane) et, enfin, 
Muriel Zürcher (Robin des graffs, Thierry Magnier).



Il fallait que chacun vote selon son cœur... 
 
 

... tout en tenant compte des façons de lire des autres.





Passion, écoute, humour devaient conduire au vote final









Et à élection de... Muriel Zürcher pour Robin des graffs, qui succède ainsi
à Jean-Christophe Tixier, lauréat 2015 pour Dix minutes à perdre (Syros).
Les membres du jury ont tenu à souligner le caractère " touchant, émouvant " du roman, épaulés par Géraldine, la responsable de la sélection, qui se déclara enchantée par ce vote.

Les membres du jury présents le jour du vote, avec Anne Clairet, venue évoquer son expérience auprès des éditeurs.


dimanche 22 mai 2016

Patti revient

Patti Smith, M Train, traduit de l'anglais
(Etats-Unis) par Nicolas Richard,
Gallimard, 272 pages, 19,50 €
" Il existe deux sortes de chefs-d'œuvre. Il y a les classiques, monstrueuses et divines telles que Moby Dick, Les Hauts de Hurlevent ou Frankenstein ou le Prométhée moderne. Puis il y a ces textes où l'auteur semble infuser une énergie vitale dans les mots tandis que le lecteur est secoué comme dans une machine à laver, essoré et suspendu pour le séchage. Des livres dévastateurs. Comme 2666 et Le Maître
et Marguerite. Chronique de l'oiseau à ressort
est de ceux-là. A peine terminé, immédiatement
j'ai été obligée de le relire. Tout d'abord, je n'avais pas envie de quitter son atmosphère. Mais aussi,
le fantôme d'une phrase me hantait. Quelque chose
qui dénouait un nœud bien net et laissait les bords effilochés effleurer mes joues quand je dormais.
Cela avait à voir avec le destin d'une certaine propriété décrite par Murakami dans le chapitre d'ouverture. "

-- Patti Smith, M Train

Faut-il oublier pour autant Glaneurs de rêves, plus bref, plus serré, plus allusif qui vient tout juste d'arriver dans le rayon poche ? Poser la question, c'est déjà y répondre.

Patti Smith, Glaneurs de rêves,
traduit de l'américain par
Héloïse Esquié, Folio,
112 pages, 4,80 €