samedi 6 août 2016

Lecture et longueur de vie

Livres Hebdo se fait l'écho de la nouvelle suivante :

" Une étude américaine démontre que les lecteurs vivent en moyenne deux années de plus que les personnes qui ne lisent pas du tout. 
Des chercheurs américains de l'université de Yale viennent d'établir une corrélation entre la lecture et l'espérance de vie (...)  
Par rapport à ceux qui ne lisent pas, les lecteurs occasionnels (moins de 3h30) ont ainsi 17% de risques en moins de mourir dans les douze années qui suivent. Et la même statistique s'élève à 23% pour les personnes lisant plus de 3h30 par semaine.
En moyenne, les lecteurs de livres âgés de plus de 50 ans ont une espérance de vie moyenne de près de deux ans de plus que ceux qui ne lisent pas du tout (...)
Becca R. Levy, professeur d'épidémiologie à Yale, explique au New York Times :
" Même les gens ne déclarant qu'une petite demi-heure par jour de lecture ont un avantage significatif de survie par rapport aux non-lecteurs. Et cet avantage demeure même en ajustant les variables que sont la santé, l'éducation et les capacités cognitives. "
 

vendredi 5 août 2016

Le Graal est devant nous

Edina Bozoky, Les Secrets du Graal,
CNRS éditions, 223 pages, 22 €
" Tu as vu dans tes voyages de ces rochers qui gardent les pistes de bêtes fabuleuses qu’on ne voit plus nulle part.
Ils étaient boue pour recevoir l’empreinte — ils se sont faits pierre pour la garder… Perceval ! quelque chose a passé ici il y a longtemps, dont Montsalvage a gardé l’empreinte, et rien n’a pu l’effacer, car Montsalvage est un lieu clos, car le temps et la vie n’y trouvent plus de prise, car Montsalvage pétrifie – et c’est ce qui fait de moi pour les passants une pierre de foudre au bord de la route, un fantôme en plein soleil, une tête de Méduse qui te fascine et que tu n’oublieras plus jamais de regarder (...) ".
Tels sont les propos que Julien Gracq prête au personnage d'Amfortas dans sa pièce Le Roi Pêcheur, dans laquelle il voulut réactualiser le mythe du Graal
et des  chevaliers de la Table Ronde.
C'est aussi l'histoire de ce mythe littéraire, né au XIIe siècle avec Chrétien de Troyes, et qui renaît incessamment dans des formes variées, dans la littérature fantastique, dans la peinture,  la bande dessinée, au théâtre et au cinéma, dont Edina Bozoky cherche à percer quelques secrets. Son livre retrace le développement, les personnages et les significations principales de la quête  où l'élément religieux et l'élément merveilleux s'entrecroisent en suscitant de foisonnantes interprétations.
Situé sur un plan moins ambitieux, mais témoignant de la vivacité du mythe, La Grande épopée des chevaliers de la Table ronde va bientôt paraître chez Actes Sud Junior.
Les enfants (à partir de huit ans, nous dit l'éditeur) devront attendre jusqu'en 2018 et la parution du troisième tome pour rencontrer Perceval et Galaad. Mais dès la rentrée, ils feront connaissance avec Arthur et Merlin, ce qui n'est pas un mince événement dans la vie d'une petite fille ou d'un petit garçon.
Vision du saint Graal (William Morris, 1890)

jeudi 4 août 2016

Condition tropicale

Francis Hallé, La Condition tropicale,
Une histoire naturelle, économique et sociale
des basses latitudes,
Actes Sud Babel, 702 pages, 12,70
Le livre du botaniste Francis Hallé sur les tropiques est unique en son genre.
Publié il y a cinq ans, il n'est pas près d'être dépassé. Son angle de vue, pour commencer, n'est pas courant. Un botaniste, un homme de science pointu, dont les premiers mots ou presque sont : " Ouvrons la porte aux philosophes et aux poètes ", cela ne se trouve pas sous les sabots d'un cheval.
Non seulement l'information qu'il a réuni pour son étude est aussi précise qu'encyclopédique, mais Francis Hallé n'hésite pas à l'interpréter de façon personnelle en disant " je ". Ce qui constitue une seconde originalité.
Un coup d'œil sur la table des matières permet de juger de l'étendue des sujets abordés : la géographie et le climat (une notion déterminante, bien sûr), mais aussi les données biologiques, anthropologiques et économiques. Et même historiques, quand il s'agira de dater l'apparition des inégalités économiques entre les différentes zones habitées du monde. Jusqu'aux dessins d'arbres ou de poissons qui accompagnent les démonstrations de Francis Hallé sont passionnants.
La Condition tropicale ouvre donc une perspective très différente de celle des sciences hyper-spécialisées, mais en miettes, et dont nul ne parvient à rassembler les petits morceaux accumulés sans fin. Parler de la condition tropicale, c'est aussi parler des parties tempérées du monde ; comparer leur faune et leur flore ; comparer leurs climats, leurs cultures, leurs modes de vie, leurs conceptions du temps et de l'espace. Ce que l'une impose à l'autre comme vision unique de la vie et du bonheur.
Docteur en biologie et en botanique, ancien professeur de botanique à l'université de Montpellier, Francis Hallé a piloté le célèbre radeau des cimes. Tout le monde devrait lire, si ce n'est déjà fait, son petit manuel Du bon usage des arbres, un plaidoyer à l'attention des élus et des énarques.


Francis Hallé, Du bon usage des
arbres, Actes Sud, 92 pages, 14 €


mercredi 3 août 2016

" Cette île a fait de moi un assassin ... "

Natacha Appanah,
Tropique de la violence, Gallimard,
192 pages, 17,50 €
" Je l'entends murmurer, je colle mon oreille à la porte mais je n'arrive pas à comprendre ce qu'il dit, on dirait qu'il chante.
Je ne peux pas rester là indéfiniment. Je ne peux rien pour lui.
J'ai tué un garçon, là-haut, dans les bois, au lac Dziani. Le pistolet est dans mon sac.
C'est ce qu'il m'a dit ce matin à la grille, dans un français impeccable. Il était à peine sept heures du matin, il faisait déjà chaud et il serrait son sac contre sa poitrine en tremblant. J'ai regardé sa longue cicatrice. Ma joue droite à commencer à tressaillir mais, à part ça, je n'ai rien ressenti. Je n'étais pas surpris, c'était comme si j'avais déjà vécu ce moment-là dans une autre vie et que je savais qu'un jour ou l'autre, il m'arriverait à nouveau la même chose.
J'ai juste pensé Voilà, c'est maintenant. "
Moïse, quinze ans, vient de tirer sur Bruce. Il a scellé son destin.
Natacha Appanah, née à l'île Maurice, comme Le Clézio, comme Malcolm de Chazal, situe son roman sur l'île française de Mayotte. Serti dans un cadre naturel magnifique, le pays est traversé de violences sociales et culturelles dont les journaux de la métropole rapportent régulièrement la chronique. Les rues et les bois sont remplis de Bruce, de Moïse et de Marie, la jolie fille défigurée après avoir été attaquée par une bande de voleurs. Ce sont ces rapports de violence que, sous son  titre à la Henry Miller, Natacha Appanah restitue en brefs chapitres, traçants comme la balle qui vient d'abattre Bruce, et dans lesquels les protagonistes viennent tour à tour prendre la parole. Moïse, l'assassin, devra payer le prix fort pour son acte.
Tropique de la violence paraîtra le 28 août prochain.


mardi 2 août 2016

Palmarès des policiers

Pour les policiers au format de poche,
ce sont les trois titres les plus vendus par A la Page :
 
Simenon, Maigret à Vichy,
Le Livre de poche, 5,60 €


Sophie Hénaff, Poulets grillés,
Le Livre de poche, 7,30 €


Ian Manook; Les Temps sauvages,
Le Livre de poche, 8,30
 
Et dans le format broché :
 
Michel Bussi, Le Temps est assassin,
Presses de la Cité, 21,50 €


Mary Higgins Clark, Le Temps des regrets,
Albin Miche, 22,50 €


Philip Kerr, La Dame de Zagreb,
Le Masque, 22,90 €




 
 
 


lundi 1 août 2016

Palmarès littéraire

Ce sont les trois livres les plus vendus en littérature au format de poche,
par A la Page au mois de juillet :
 
 
Elena Ferrante, L'amie prodigieuse,
Folio, 448 pages, 8,20 €

Karen Viggers,
La Mémoire des embruns,
Livre de poche, 570 pages, 8,30 €

Marie-Hélène Lafon, Joseph,
Folio, 128 pages, 6,50 €
 
 
Suivis par les trois livres les plus vendus en littérature
au format broché :
 
Olivier Bourdeaut,
En attendant Bojangles,
Finitude, 160 pages, 15,50 €

Marie-Hélène Lafon, Histoires,
Buchet Chastel, 320 pages, 16 €

Valery Larbaud, Allen, Bleu autour,
200 pages, 28 €
 
 
 
 
 
 

dimanche 31 juillet 2016

Doudou et existence

Laurent Richard, Où se cache mon doudou ?
L'élan vert, 12 €
Aujourd'hui, dans sa mini-chronique,
le libraire désire vous entretenir d'une question brûlante ; d'une question relative
à la tranquillité de toute la maisonnée où se trouve un petit enfant ; une question à régler d'urgence : la question du doudou
(ou, dans le langage savant initié par Donald Winnicott, la question de l'objet transitionnel).
On ne plaisante pas avec ce genre de choses : un doudou égaré, un doudou oublié, un doudou abandonné et c'est une rencontre avec des amis qui est fichue ; une sieste dominicale qui est naufragée ; une mise au lit qui est indéfiniment retardée et tout le monde qui guette avec anxiété l'endormissement du petit ou de la petite.
Donc, autant prendre ses précautions. Comme celle de prévoir des doudous de rechange, même s'il y a un doudou préféré dans la collection ; ou celle de toujours connaître la position des doudous dans la maison et le jardin ; ou bien, alors, celle de prévoir un GPS domestique. Le libraire a des souvenirs assez précis à ce sujet et, très vite, il sut corriger le tir, ne pas rester plus de quelques instants sans doudou à porter de main.
Il reste aussi la solution de lire avec le petit ou la petite les deux ouvrages de protection suivants : ils sont propres à désamorcer quelques accès de désespoir éventuels. Où se cache mon doudou, d'abord, est basé sur le même principe que le célébrissime Où est passé Charlie ? Il y a plein de doudous dessiné sur une page et un seul vrai doudou qu'il s'agit de retrouver parmi toutes ces images. Cela montre au petit qu'égarer une seconde son doudou est une expérience de détresse universelle.
Le second ouvrage que le libraire recommande s'intitule Le Mange-doudous, dans lequel Julien Béziat montre par A plus B (merci Julien) qu'il n'est pas possible que tous les doudous aient disparu en même temps. Le plus affamé des Mange-doudous, même doté par la nature d'un estomac en béton, ne saurait pouvoir digérer tous ces doudous. Et surtout pas celui qui s'appelle Berk, le plus vieux et, disons-le tout net, le plus répugnant d'entre eux, selon les critères discutables et discutés des parents.

Julien Béziat, Le Mange-doudous,
Lutin poche, 5 €