samedi 20 août 2016

La rentrée des géographes

Roger Brunet, Trésor du terroir.
Les noms de lieu de la France,
CNRS éditions, 655 pages, 39 €
" Les noms font rêver. Tous les noms (...) D'où viennent le nom que je porte, et celui du village qui m'accueille, de ce lieu-dit où je passe ? (...) Pourquoi Lyon, pourquoi la France comme nation et la France comme petite région
des environs de Paris, pourquoi Amboise, que signifient tous ces Essarts, Plessis, Bouzigue, Condamine, Devèze, Varenne, Chaumont, Jouy ou Aulnay éparpillés sur le territoire, que nous disent ces pittoresques Pet de Grolle, Cocumont, Minjesèbes, Tartifume, Soupetard, Quiquengrogne qui ornent et parfument les terroirs ?
On comprend le Mont Blanc, on croit deviner le Ventoux, mais quel sens ont le Vignemal, ou le Pelvoux ? "
C'est pour contribuer à répondre à ces questions qu'existe ce Trésor du terroir. Trésor dans les deux sens du terme, qui désigne à la fois un ensemble de choses de valeur et un inventaire, un dictionnaire si l'on veut.
Roger Brunet, compilateur d'une « base de données mondiale des localisations qui changent », mène ce projet depuis les années 1980.
Plus de 600 pages d'un format raisonnable s'efforcent de donner des réponses scientifiques en croisant d'innombrables sources et travaux toponymiques antérieurs. Sans cacher qu'il subsiste des zones d'ombres et des faux amis, propres à raviver les querelles onomastiques les plus ardentes.
Marcel Roncayolo, autre géographe historique, fait aussi sa rentrée, avec un livre où il prend quelque liberté avec la prudente géographie académique. Encouragé par l'exemple de Julien Gracq à travers Nantes (La Forme d'une ville) et par de nombreuses contributions qui ont mis la sensibilité à l'ordre du jour, Roncayolo refait ses parcours dans la ville de Marseille.
Abordée par le souvenir, l'image et le document personnel, la ville devient une autre réalité que celle que déclinent sans fin les chiffres et les statistiques.  Un peu d'air. Ouf !

Marcel Roncayolo, Le Géographe dans sa ville,
Parenthèses, 266 pages, 26 €

vendredi 19 août 2016

La magie dans les villes

Frédéric Fiolot ,
La Magie dans les villes,
Quidam éditeur, 108 pages, 12 €
Un nouveau Plume est peut-être né.
Pas une plume (quoique...).
Un Plume, le personnage impondérable d'Henri Michaux. Ce nouveau Plume n'a pas de nom. 
Il s'appelle  " il " : " Il n'a jamais fait la guerre. Il est le survivant des guerres qu'il n'a pas faites. " ' Ces derniers temps, il manque un peu de consistance. Il traverse souvent les murs sans s'en rendre compte (...) ".
" Il aime bien les dimanches. Leur petit air de répit grignoté, de répit mal ajusté. Ils ont la mélancolie de tout ce qui n'en finit pas de finir. " " Il joue au rami avec son grand-père. On ne se parle pas. On pioche, on jette. Tout se passe au-dessus du tapis vert un peu collant. Il a mis du temps à faire tenir ses quatorze cartes en éventail dans une seule main. "
Sa vie n'a rien de moral ni d'immoral. Mais son rapport au monde est lunaire. Si lunaire veut toutefois dire une certaine absence au monde quotidien qui s'avère être une présence sur un tout autre plan.
Il a choisi de rencontrer la magie dans les villes ; mais c'eût pu être dans un autre pays, un autre royaume, une autre sphère. Chez les Papous. Ou chez les anges.
C'eût pu être ailleurs. Ailleurs est peut-être le mot clé. Pas le dernier mot, car " Rien de devrait finir. Tout ce qui finit l'attriste. C'est aussi simple que cela. Les livres ne devraient pas pouvoir se refermer, ni les contes prendre fin. "
Ayez hâte de le rencontrer. On ne se fait tous les jours de nouveaux amis, même en temps de rentrée littéraire.

Henri Michaux, Plume
précédé de Lointain intérieur,
Poésie Gallimard, 224 pages,
8,80 €
 

jeudi 18 août 2016

Trafic de saison

 
Le chassé-croisé n'a pas seulement lieu en ce moment sur les routes de France et de Navarre.
Il se produit aussi sur les étals du libraire.
La preuve ? Ce coin de la table littérature française du jeudi 18 août :
 
 

mercredi 17 août 2016

La nature dans la ville

Gilles Carcasses, La Fleurette et le camionneur,
Ulmer, 192 pages, 19,90 €
Sens aigu de l'observation ? Goût de la nature retrouvée où l'on ne l'attendait plus ? Sans doute une combinaison des deux éléments a-t-elle présidé à la conception de ce livre au titre plaisant.
" Le conducteur stoppe au feu rouge et la vitre du conducteur se baisse, raconte son auteur.
Sans vous déranger, s'il vous plaît, qu'est-ce que vous photographiez ?
Je me relève : C'est une petite plante rare qui fleurit là le long du caniveau. "
Gilles Carcasses, a multiplié les trouvailles à même le milieu urbain : dans les parcs et jardins, évidemment ; mais aussi sur un quai de gare, dans les allées des cimetières, sur les toits où l'épervier vient chasser les petits oiseaux (mais oui, madame, mais oui, monsieur : le libraire en a été témoin sur son propre toit où il vit les pigeons attaqués par le rapace dont la poitrine porte des rayures horizontales).
Nouvelles espèces d'oiseaux apparues sur les bassins;  guêpes invasives venues ... du Mexique ; faucons perchés sur les panneaux de signalisation sont au rendez-vous de cet ouvrage qui abrite de nombreuses preuves photographiques de ce qu'il avance.
Femelle d'épervier