samedi 9 mai 2015

Interview de Christophe Reydi-Gramond

Christophe Reydi-Gramond,
Un mensonge explosif,
10/18, 405 pages, 8,40 €
Christophe Reydi-Gramond sera l'invité d'A la Page samedi 23 mai, à 15 h 30 pour " Une heure en compagnie de..." à l'occasion de la sortie de son roman Un mensonge explosif chez 10/18. 
Voici quelques extraits de l'entretien qu'il avait accordé à Médiapart le 23 mai 2014, histoire de vous mettre l'eau à la bouche :

J. Pourriez-vous nous donner un aperçu de votre parcours d’écrivain ? Comment êtes-vous arrivé à l’écriture ?

Christophe Reydi-Gramond : J'ai l'impression de n'être jamais "arrivé" à l'écriture parce que j'ai le sentiment d'être né dans les bouquins et de n'en être jamais sorti. Ma mère prof de lettres écrivait, plus tard mon père marin aussi, tous nos appartements ont toujours été tapissés de livres jusqu'au plafond, j'ai lu toute mon enfance y compris des livres qui n'étaient pas "de mon âge", parce qu'on n'avait pas la télévision et que lire me paraissait aussi évident qu'à un politicien de mentir. Et puis un jour, j'ai fait comme le héros de Le Meilleur des mondes : j'ai réalisé que s'il y avait des livres, c'est qu'il y avait quelque part des gens pour les écrire. Alors je me suis dit que ce quelque part était ma place, de toute évidence.  

J. Comment vous est venue l’idée d’écrire un roman centré sur l’affaire AZF ?

C. R-G.  : Je cherchais une bonne histoire à raconter. Je pense que quand on tient une bonne histoire, on a fait 80% du boulot. Après, le style, la narration, les personnages, tout ça c'est très bien mais si on n'a pas LA bonne histoire au départ, c'est un peu comme de la mousse sans bière, juste un faux-col. Or les bonnes histoires, la réalité en est une pourvoyeuse fidèle, généreuse et illimitée. L'affaire AZF m'avait, comme à beaucoup de gens je pense, laissé un arrière-goût d'enfumage, l'impression qu'on avait pris les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. Je me suis dit que de la traiter comme une fiction serait en quelque sorte lui rendre la monnaie de sa pièce. (...)

J. Avez-vous élaboré un plan détaillé de cette histoire (plutôt complexe) avant de commencer l’écriture? L’avez-vous suivi ?

C. R-G. :  Non, je ne fais pas de plan avant d'écrire. Je promets d'essayer d'en faire un la prochaine fois, parce que ça fait sérieux et, maintenant que je suis un auteur publié, il faut que je fasse gaffe à mon standing. Mais en vrai, les plans me dépriment. J'ai déjà suffisamment d'agendas dans ma vie. Et puis, j'ai horreur des polars où l'on comprend comment ça va se terminer dès la page 30. Alors je me dis que si moi-même je ne sais pas comment mon bouquin va tourner au chapitre suivant, il n'y a aucune chance que le lecteur le devine ! (...)

 J. Treize ans après l’explosion, malgré les jugements de justice qui ont conclu à la thèse de l’accident chimique, la controverse et les doutes sur la cause réelle de l’explosion ne sont pas terminés. Quelle est votre intime conviction sur le sujet : accident industriel ou attentat ?  (...)

C. R-G. Mon intime conviction est double : 1) la version officielle n'est probablement pas vraie, 2) fort peu de gens savent ce qui s'est réellement passé ce jour-là et je n'en fait pas partie. Il est même possible que ce ne soit ni un accident, ni un attentat. Mais je ne suis pas policier, ni magistrat, ni même journaliste. Mon propos c'est de raconter une histoire, bonne si possible, pas de révéler une quelconque vérité. En cela mon roman n'a rien de "complotiste". (...)

J. J’ai eu le sentiment qu’en intégrant à votre récit, de façon savoureuse, les thèmes Ummites et Cosmistes, vous avez totalement lâché la bride à votre imagination. C’est quelque chose qui pour vous fait partie du plaisir de l’écriture ?

C. R-G. L'affaire Ummo et le Cosmisme n'ont rien d'imaginaire, malheureusement, mais c'est vrai que ça été du pur bonheur de manipuler ce matériau incroyable ! Oui, le plaisir d'écrire est important, il est même premier en ce qui me concerne. J'écris régulièrement depuis 25 ans sans avoir quasiment rien publié (2 ouvrages jeunesse il y a 15 ans), alors si ce n'était pas pour le bonheur que cela me procure, je ferais des albums de timbres. Et puis, j'aime bien que la frontière entre réalité et fantastique soit poreuse, sans qu'on sache très bien lequel déteint sur l'autre.

 J. Vous avez imaginé toute une série de personnages très forts, très denses, qui cohabitent avec certains personnages bien réels (le premier ministre de l’époque, par exemple). (...) Comment vous est venue l’idée de ce personnage ?

C. R-GIl est venu assez tôt dans la construction. J'avais besoin d'un Pontifex, un pont entre deux rives, capable de relier non seulement le passé au présent mais aussi l'idéologie au business, le bien au mal et les personnages entre eux. Orcine est pour moi un personnage très incarné bien que composite, cela ne m'étonne pas qu'il vous ait plu. D'abord, j'ai utilisé les initiales de quelqu'un que je côtoie tous les jours, cela m'a aidé à penser à lui comme à une vraie personne. Ensuite, j'ai calqué sa bio sur celle d'un scientifique réel, le Pr Jean-Pierre Petit, dont je trouve le côté Ufologue touche-à-tout sympathique (même si je ne le connais pas). (...)

J. Ce roman est publié par Liana Levi dans la collection « policiers », même s’il déborde le cadre d’un polar traditionnel. Comment considérez-vous la littérature policière ? Quels sont vos auteurs préférés, dans ce domaine ?

C. R-G. Ne le répétez pas (ce ne serait pas bon pour mon nouveau standing) mais je ne lis pas beaucoup de polars modernes. A part peut-être Fred Vargas, à petite dose, et Ellis Peters, mais sinon j'en suis resté à John Le Carré, James Hadley Chase, Raymond Chandler... Pire - car il est fort peu en vogue -, ma préférence dans ce domaine va à Vladimir Volkoff. C'est vous dire... Quant à ce que mon roman déborde du cadre, je veux bien vous croire, mais je mets un penny sur la tête de celui qui me dira ce qu'est le cadre d'un polar.
 (...)

vendredi 8 mai 2015

Roland Giraud à Vichy

Le comédien Roland Giraud, invité par l'Association culturelle Théodore Monod, viendra lire L'Ecclésiaste, la première épître de Jean au Temple protestant de Vichy, samedi 30 mai à 18 h.
Le Trio Isocèle assurera la partie musicale.
Le prix d'entrée est de 12 €. Entrée gratuite pour les moins de 16 ans.
Il est conseillé de réserver sa place:
06 81 20 47 61 / 06 62 40 99 33.



jeudi 7 mai 2015

Merveilleux atlas

Christoph Ransmayr, Atlas d 'un homme inquiet,
traduit de l'allemand par Bernard Kreiss,
Albin Michel, 23,90 €
On appelle atlas un recueil de cartes géographiques. Mais ne cherchez pas de graphiques ou de courbes dans le dernier livre de l'autrichien Christoph Ransmayr : son Atlas d'un homme inquiet  est fait de mots combinés en phrases destinés à décrire soixante-dix pays extérieurs et intérieurs.
Christoph Ransmayr a pas mal bourlingué à travers le monde.; il a croisé beaucoup d'hommes et de femmes, heureux ou affligés ; il a contemplé maints paysages et des fleurs ; observé des animaux, pas forcément sauvages, des vaches et des chiens comme des ours.
Mais que seraient ce bagage, ces expériences, que serait le monde entier parcouru en tous sens sans une langue et un point de vue  pour les servir ?
Il n'y a pas de grands sujets, ni de grande expérience : une madeleine contient une immensité de littérature ; une goutte d'eau, ce peut être un océan. Certains, par contre, traversent guerres et grands événements sans avoir rien à en dire.
Christoph Ransmayr possède à la fois langue et point de vue. Il sait faire de l'océan sa goutte d'eau, d'un infini sa madeleine, et inversement. L'opération est mystérieuse. Personnelle et très sensible à la vie alentour. Authentifiée par l'émotion. Ce livre n'est pas un récit de voyages de plus : parole de libraire.

En Bretagne, où Christoph Ransmayr ne semble pas s'être rendu, le festival Etonnants voyageurs de Saint-Malo fête son vingt-cinquième anniversaire. Un album de famille paraît à l'occasion de ce quart de siècle, cornaqué par Michel Le Bris.


Etonnants voyageurs, 25 années d'une aventure littéraire,
Hoebecke, 224 pages, 26,50 €

mardi 5 mai 2015

Faire son cinéma

David Parkinson, Les Grandes idées qui
ont révolutionné le cinéma, Dunod,
216 pages, 26 €
Derrière son titre passe-partout, ce livre d'un bon format passe en revue les courants créatifs,
les techniques, les genres, les effets spéciaux 
qui ont fait le cinéma.
Depuis la lanterne magique jusqu'aux images
de synthèse, en passant par l'invention de la couleur,
de l'éclairage artificiel et de la bande annonce, cent idées sont présentées dans un langage accessible à tous.
Ce tour d'horizon est abondamment illustré à l'aide de photos de tournage, d'affiches et autres documents d'archives qui lui confèrent une forte présence graphique.
Un petit dictionnaire bien utile nous rappelle (ou nous apprend) ce qu'est un plan moyen, un plan par-dessus l'épaule, un champ-contre-champ, et ainsi de suite.
Le libraire en prend de la graine.

Georges Melies, Le Voyage dans la lune

Ne pas perdre son latin (ni son grec)









Quand l'enseignement des langues anciennes est chahuté, une petite vitrine greco-latine n'est pas superflue.
Le programme complet du Printemps régional de l'antiquité grecque et romaine est disponible à la librairie (ou bien sur http://arelacler.free.fr).
N'hésitez pas à le demander au libraire.
Vous y trouverez  tous les stages, conférences, visites guidées et autres animations prévues dans la région,

lundi 4 mai 2015

Dans la cuisine

Jean-Claude Bonnet,
La Gourmandise et la faim,
Livre de Poche, 447 pages,
8,10 €
Oui, il existe des livres de cuisine savoureux. Le libraire
le prouve avec ces deux ouvrages. Il ne s'agit pas de livres de recettes ordinaires, pleins de belles photos à l'appui (ceux-ci ont leur intérêt), mais de livres néanmoins composés par des gourmands. De mots. Autant que de mets.
D'abord, un livre d'histoire et de bon goût que publie, au Livre de Poche, Jean-Claude Bonnet. C'est toute la gastronomie française qu'il retrace depuis le XVIIIe siècle. Le libraire y est particulièrement sensible  à la deuxième partie, où il a pu rencontrer autour de la table  le fantôme de Rousseau
et de Diderot. Plus loin apparaissent Chateaubriand (l'écrivain, pas la pièce de bœuf) et l'inévitable Grimod
de La Reynière.
Denis Montebello, Aller au menu.
Chroniques gourmandes.
Le Temps qu'il fait, 236 pages, 15 €
Plus actuelle est la cuisine de Denis Montebello. A son menu, des chroniques, superbement écrites, sur les fèves, la fouace, le vin bourru, la tourtière, les escargots aux orties, j'en passe à de plus exquises.
Extrait de sa bonne littérature qui est une forme de bonne humeur :
" Et d'abord pourquoi bourru, vin bourru comme on dit moine bourru ? Et pourquoi pas bernache ou vin mou ? Pourquoi ce vin nouveau se voit-il affublé d'un adjectif qualifiant aussi un croquemitaine, un " lutin ", un fantôme qui ne fait même plus rire ? Est-ce parce que l'un ou l'autre nous hantent, parce qu'ils reviennent, l'un effrayer le bon peuple avec sa défroque, l'autre faire pétiller septembre avec les châtaignes ? "
Toutes les pages de Denis Montebello sont de ce tonneau. Un vrai régal. Aller au menu, Chroniques gourmandes est publié au Temps Qu'il fait, un éditeur auquel le libraire est attentif depuis belle lurette.

dimanche 3 mai 2015

Langues étrangères pour les petits

Coffret de 64 cartes : 9,90 €
C'est un jeu pédagogique très intelligent que propose Assimil pour initier les enfants (à partir de quatre ans, selon l'éditeur) aux langues anglaise et française.
Le jeu comprend 64 cartes aux couleurs vives, représentant chacune un objet et le mot qui le désigne. Le joueur doit associer des paires d'objets très simples, ce qui lui permet d'aligner des énoncés très simples eux aussi.
L'originalité d'Assimemor est que les règles du jeu sont rédigées en cinq langues : français, italien, espagnol, allemand et anglais, de sorte que tous peuvent y jouer quelle que soit leur langue maternelle.
Il existe quatre coffrets pour l'instant concernant l'anglais (Animals & Colours ; Food & Numbers ; Body & Clothes ; House & Articles) et le français : animaux et couleurs ; aliments et chiffres ; corps et vêtements ; maison et objets.
En tout, 256 mots peuvent être mémorisés et combinés.
Il paraît que les adultes peu avancés peuvent jouer sans craindre de se ridiculiser. Ni de perdre.

Coffret de 64 cartes : 9,90 €