samedi 7 mai 2016

En Italie avec Emmanuel Guibert

Emmanuel Guibert, Italia, Aire Libre,
45 €
Italia d'Emmanuel Guibert est un formidable carnet de dessin. Directement puisé, suppose-t-on, dans les carnets amassés par le dessinateur-promeneur. Scènes de rue, paysages urbains, détails d'architecture monumentale ou vernaculaire, portraits de piétons, de voyageurs somnolents, palmiers, natures mortes, pins parasols, christs et piétas. Une Italie saisie au vif
de ses matins, de ses pénombres, de ses eaux marines, de ses clochetons, de ses jardins,
de ses agaves. De son Nord et de son Sud.
Une Italie prise dans ses extérieurs pour
mieux en intérioriser les spectacles et les
décors. Une Italie déambulée par temps de
loisir, un peu trop immobile, pacifiée, mais
l'on en a soupé aussi des violences et l'on
se souvient sans doute qu'Emmanuel Guibert
est le dessinateur de la série de bandes dessinées
Le Photographe (Aire Libre), qui reste
 une pierre de touche de la BD contemporaine.
" Pour moi, les dessins sont faits d'accidents, a déclaré Emmanuel Guibert à Télérama à propos de son livre : tout est réalisé en direct, rien n'est complété à la maison. J'opère sans l'aide de la photographie. Je fais des embardées techniques, et utilisant des matériaux divers. Par exemple, j'installe le papier sur une pierre de Rome, le parapet d'un pont ou une marche d'escalier. Ainsi le grain de la matière imprime la feuille, et me permet d'emporter un peu de la ville avec moi  ! "


vendredi 6 mai 2016

Chanson française

Bertrand Dicale, Dictionnaire amoureux
de la chanson française, Plon, 757 pages, 25 €
Avant ce Dictionnaire amoureux de la chanson française, Bertrand Dicale a publié des biographies consacrées à Serge Gainsbourg, Juliette Gréco, Georges Brassens, notamment, et on lui doit aussi La Chanson française pour les nuls.
Il connaît donc le sujet sur le bout des doigts et son dictionnaire comporte des notices longues et précises.
Un peu trop longues, peut-être, pour permettre de loger dans un volume de cette collection (environ 750 pages) tous les chanteurs qu'on aimerait y retrouver. Et que lui-même aurait voulu présenter. Mais rendons lui cette justice d'en être conscient, au point de présenter ses excuses pour l'avoir "incomplètement écrit." (Où Michel Jonasz, Colette Magny, Jacques Bertin, Georges Chelon, Jean-Jacques Debout, Brigitte Fontaine, Serge Reggiani, Christophe ?)
Les notices consacrées à Barbara, Brassens, Dalida, Nougaro (un peu froid, non ?) ou Johnny Hallyday (et pas Eddy Mitchell...) sont solides, bien amenées. Celle qui rend justice à Ronnie Bird (qui s'en souvient ?) est la bienvenue. Et celle aussi consacrée à Jean-Louis Murat,  " compliqué, dense, superbe ". Bravo, tout est dit.
A ce propos, le dernier CD de Murat (intitulé Morituri) vient de sortir : on le trouve évidemment sur le comptoir de la librairie.
Comment s'en priver ?

jeudi 5 mai 2016

Rimbaud chez Arthaud

Bernard MoitessierEric Tabarly, Loïc PeyronFlorence Arthaud ou Isabelle Autissier, navigateurs impénitents ou Maurice Herzog, Reinhold Messner, grands alpinistes ou Pierre Loti, illustre voyageur, tous ont élu domicile dans la maison Arthaud.
Vous pouvez les y retrouver, ainsi que Frison-Roche ou Henry de Montfreid, avec Arthur Rimbaud, dont il vous sera offert un volume de lettres bien édité. Celles que l'exilé adressa à ses proches depuis le Harar et l'Abyssinie.
Qu'allait faire Arthur Rimbaud dans ce désert ?
Les spécialistes en discutent encore.
Il tourna le dos à la poésie, disent les uns.
Il fit des affaires et trafiqua des armes, disent les autres.
Il fit les deux affirment les troisièmes, dont Alain Borer qui est bien renseigné : " ' La volonté de vivre une poésie en acte ' qui animait déjà Rimbaud dans sa période créatrice n'autorise pas à distinguer le poète puis ' l'homme d'action ' ", soutient-il dans son classique Rimbaud en Abyssinie.
Rimbaud au Harar fut à la fois le même et un autre.
Bref, si vous voulez faire coup double, joindre Paul-Emile Victor ou Alain Bombard à Rimbaud, vous pouvez rejoindre à votre tour la maison Arthaud.




mercredi 4 mai 2016

Une exclusivité Panini/Générations Stars Wars

La 18ème édition de Générations StarWars et Science Fiction 
organisée par les Héritiers de la Force
qui s'est tenue à Cusset samedi et dimanche derniers a battu un record d'affluence.
Que les collectionneurs  pourtant se rassurent :
oui, il reste à leur intention
des numéros 7 de la revue avec sa couverture exclusive
dont nous repoduisons ici la face et le dos ensemble.


  Ce n'est pas tout ! D'ici quelques jours,
la lithographie qui l'accompagne nous parviendra.
Nous pourrons la joindre gratuitement au collector, dans la limite bien sûr
des stocks disponibles.


Le numéro vaut 7,90 €.
La quantité désirée peut vous être adressée par la poste.
Renseignements auprès d'À la page
par téléphone ou par courriel pour le prix de port et d'emballage
04 70 59 13 33 ou lgv-alapage@wanadoo.fr
Ceci dit, un conseil : n'attendez-pas trop, il risque de s'épuiser !

Pour en savoir plus sur les Héritiers de la Force :
genstarwars.com

 

mardi 3 mai 2016

Jonathan Franzen

Jonathan Franzen, Purity, traduit de
l'anglais (Etats-Unis) par
Olivier Deparis, L'Olivier, 744 pages,
24,50 €
" Dans les romans du XIXe siècle -- voyez Zola --, il y a des pages et des pages de descriptions. Nous n'avons plus besoin de celles-ci. Il est fastidieux de lire un, long paragraphe sur le visage de quelqu'un. Nous sommes tellement habitués maintenant à allumer la télé et à voir les images...  (...) L'attention du lecteur est limitée, comme le nombre de mots. Ceux-ci sont mieux employés à évoquer des choses que la télévision ne peut pas montrer. Je suis ravi que la télévision me libère de la responsabilité de décrire un morceau
de tapis. "
C'est ce qu'a déclaré Jonathan Franzen au journal Le Monde, vendredi dernier à l'occasion de la traduction de son nouveau roman, Purity.
Le libraire tique. Le libraire coince. Trouve que le geste est brutal. Car un roman n'est pas une œuvre qui répond aux lois de l'information télévisée (où il en joue délibérément et ceci est une autre histoire).
La description est un art, c'est sûr. Sa longueur, sa précision, notamment, doivent être bien agencées ; l'économie, la sobriété ne sont pas de vains mots. Ni les changements de rythme entre les phrases et à l'intérieur du roman. Mais la description d'un visage à la télévision (ou au cinéma) et la description d'un visage par un bon écrivain sont-elles équivalentes ? Peuvent-elles créer les mêmes effets dans l'esprit du spectateur et du lecteur ? Beaucoup de professeurs de littérature ont soumis le sujet à leurs élèves. Et il valait mieux qu'ils répondent par la négative. Une image " visuelle " et une image intérieure ne sont pas identiques. Les images qui naissent de la littérature, affectent d'autant plus profondément le lecteur qu'elles en appellent à sa liberté d'imaginer, par " leur flou élastique ", disait fort bien Julien Gracq. Aussi précises que l'auteur les aient voulues. Les enchantements du cinéma (ou des images fixes, comme la photo) existent, mais tiennent à d'autres raisons. 
Il reste à aller voir de quoi sont faites les 744 pages du roman de Jonathan Franzen qui vient d'arriver.

Jonathan Franzen



lundi 2 mai 2016

Les blagues sous l'Empire romain

Alberto Angela, Empire. Un fabuleux
voyage chez les Romains avec un sesterce
en poche, traduit de l'italien par
natjalie Bouyssès avec la collaboration
de Mario Pasa, Payot, 462 pages, 24 €
" Un barbier à son client : Comment dois-je te couper les cheveux ?
Le client : En silence.

Un homme à son médecin : Docteur, quand je me réveille, j'ai la tête qui tourne pendant une demi-heure, puis tout rentre dans l'ordre. Que me conseillez-vous ?
Le médecin : Dormez une demi-heure de plus !

Un avare rédige son testament et nomme comme seul héritier... lui-même !

On demande à un trouillard lesquels, des bateaux de guerre ou de commerce, sont les plus sûrs pour voyager. Ceux qui sont en cale sèche ! rétorque-t-il. "

D'où croyez-vous que proviennent ces quelques blagues ? Des humoristes contemporains, des vedettes du rire derniers nés, des plateaux télé ?
Non point, non point. Elles sont tirées du Philogelos, L'Ami du rire, qui ressemblait 265 histoires drôles, ou réputées telles, rédigées en grec à Rome au Ve siècle.
C'est ce que l'on peut apprendre dans Empire, la fresque historique d'Alberto Angela qui vient d'être traduit aux éditions Payot.
" Classées par catégories comme dans les recueils actuels, elles visent les habitants soi-disant pas très futés de certaines cités (...) ou des personnages affublés de gros défauts et dépeints dans leurs quotidien -- le bougon, l'avare, le lâche, le pince-sans-rire, l'envieux, celui qui a mauvaise haleine, etc. Surtout, près de la moitié des plaisanteries tournent autour de l'intellectuel pédant complètement déconnecté de la réalité, une sorte de Monsieur-je-sais-tout dans les nuages ", a soin de préciser Alberto Angela. Ouf ! le libraire n'est jamais visé.

dimanche 1 mai 2016

Nouvelles du Poisson soluble

Joanna Concejo, Quand les groseilles seront
mûres, L'Atelier du poisson soluble, 20 €
Quand les groseilles seront mûres est paru à L'Atelier du poisson soluble en mars 2015. Le libraire a glané cet album dans le rayon avant d'éteindre les lumières, hier soir.
C'est l'histoire d'Henry, un vieil homme sur la fin de ses jours.  Un vieil homme qui ressemble à son chat quand il ronronne en fermant les yeux. Avec des mots tendres et remplis de teintes douces. Bleu clair, gris, groseille venus des crayons de couleur de Joanna Concejo.
Mais c'est peut-être surtout un éloge du dessin.
Du dessin spontané, qui procède, bien sûr, d'une pratique quotidienne, sans continuité nécessaire ou apparente entre les images. mais qui trahit une cohérence profonde chez le dessinateur. Son monde essentiel, où le silence joue son rôle.
Le libraire approuve.
Comme il approuve Une femme et un homme, qu'il glana le même soir quelques instants plus tard.

Allez savoir pourquoi il pense au poète Jules Supervielle en lisant cet album à la mise en page subtile et raffinée : dans un format à l'italienne, relié par le haut, comme un éphéméride en beaucoup plus grand, une femme et un homme dans un village se font face. Leurs maisons se font face. Leurs mots se font face. Très vite, le tout, village, personnages, maisons et mots prennent leur envol. C'est que la femme et l'homme se sont reconnus. Ils s'offrent des tas de choses. Des fleurs, des chansons et des mots à surprise. " Je suis là ", dit elle. " Je suis là ", lui répond-il. Et leurs maisons, c'est forcé, se mettent à fleurir.

Grassa Toro, Ana Yael, Une femme et un homme, (Image intérieure)
L'Atelier du poisson soluble, 17 €