samedi 25 juillet 2015

La chronique cyclopédique

Christian Laborde, A chacun son tour.
Chroniques du Tour de France, suivi de
Roue libre,
Laffont, 196 pages
La chronique est un art délicat et exigeant.
Il y faut de l'esprit, de la culture, de la concision,
de la rapidité.
Elle peut couvrir un éventail de sujets très large : la musique, la littérature, la vie quotidienne du libraire, les mœurs animales, la science ou le sport.
Alexandre Vialatte, que nous connaissons bien sur ce petit bout de Terre, était un grand chroniqueur. A certains égards, un maître en la matière.
Pour le sport, et plus spécialement le cyclisme, s'était distingué Antoine Blondin.
Extrait d'une de ses chroniques, le 20 juillet 1957 :
« Un maillot jaune, une peur bleue, une copie blanche et peu de matière grise… Nous en aurons vu de toutes les couleurs pendant trois semaines. La mémoire, comme un arc-en-ciel, retient et dilapide des souvenirs confonds, pépite qu’il nous faudra extraire de leur gangue et rentrer avant l’hiver, pour les veillées. Seul s’impose aujourd’hui ce sentiment que Gustave Flaubert  appelait la mélancolie des sympathies interrompues. Le Tour, carrefour des nations et de langages, pâque tournante pour les amitiés, est maintenant semblable à un quai de gare tout bruissant de partances et de déchirements refoulés. » (Tour d’Ivoire ).
Où l'on voit que Blondin était lui aussi un maître du genre.
Et Christian Laborde, dont un recueil de chroniques cyclopédiques paraît à point nommé, lui tient la dragée haute d'outre-tombe. Extrait  :
" Le Tour de France arrive à Mulhouse où, en 1952, Raphaël Geminiani, membre de l'équipe de France, remporte une somptueuse victoire. Raphaël Geminiani appartient  à la famille des grands pifs, ces coureurs qui, au plus dur de l'effort, déposent sur leur guidon un nez dessiné par Edmond Rostand, un nez, que dis-je, un roc, un pic, une vraie péninsule. "
En cette veille d'arrivée du Tour de France 2015, le libraire, qui n'entend pas grand chose au vélo, n'a plus qu'une chose à dire : roule ma poule !

vendredi 24 juillet 2015

Les citations du jour (4)

Roger Bissière, Fage, 64 pages, 6,50 €
" Tout est permis; tout est possible; pourvu que derrière le tableau un homme apparaisse, tel qu'il est, tout nu, comme la vie. "
(Roger Bissière)

" Arrête, où cours-tu donc ? Le ciel est en toi. "
(Angélus Silesius)

" Ne reprenez pas mes sentiers, ne reprenez pas les sentiers des autres, inventez vos propres chemins. "
(Jacques Lacarrière)

" Comme on fait son rêve, on fait sa vie. "
(Victor Hugo)
Victor Hugo, Le Promontoire
du songe, préface d'Annie Le Brun,
Gallimard/L'Imaginaire,
112 pages, 6 €
 









jeudi 23 juillet 2015

Les meilleures ventes de littérature étrangère

Voici, par ordre décroissant, les six romans étrangers les plus vendus
par A la Page aux mois de juin-juillet :
 
Annie Barrows, Le Secret de la manu-
facture de chaussettes inusables,
NIL, 480 pages, 21 €

Umberto Eco, Numéro zéro,
Grasset, 224 pages, 19 €
 
Douglas Kennedy, Mirage,
Belfond, 550 pages, 22,50 €


Milena Busquets, Ça aussi, ça passera,
Gallimard, 192 pages, 17 €

Victoria Hislop, La Ville orpheline,
Les Escales, 368 pages, 21,90 €


Yaël Neeman,
Nous étions l'avenir,
272 pages, 22,50 €

 

mercredi 22 juillet 2015

Revues de l'été

Revenons au XXIe siècle avec trois revues pour l'été.
Les deux derniers numéros de revues déjà signalées par le libraire :
Schnock et la Revue dessinée.

Schnock, n°15
176 pages, 14,50 €

La Revue dessinée, n°8,
226 pages, 15 €
Et L'Eléphant, sous titrée La revue de culture générale, qui en est à son onzième numéro.
En lisant cette livraison, vous apprendrez que Van Gogh n'a vendu qu'une seule toile
de son vivant ; qu'être exposé plusieurs fois à un objet nous le rend plus attirant ;
que le thé à de nombreuses vertus et a été une arme géopolitique...
Et bien d'autres choses profondes promises par l'éditeur.

L'Eléphant, n°11,
160 pages, 15 €


mardi 21 juillet 2015

Le premier héros littéraire

L'épopée de Gilgames, Le grand
homme qui ne voulait pas mourir.
taduit de l'akkadien et présenté par
Jean Bottéro, Gallimard, 304 pages,
25,90 €
Comme chacun l'a remarqué, le libraire est quelque peu sorti de l'actualité dans ses derniers billets : été oblige.
Alors, tant que nous y sommes, faisons un grand saut en arrière. Le plus grand possible. Jusqu'à L'Epopée de Gilgamesh, la plus ancienne œuvre de fiction connue au monde.
Un bel emblème pour le libraire, non ?
Nous sommes à Sumer, 2500 ans avant J.-C. environ. Gilgamesh règne en tyran sur Uruk. Il va entreprendre, en compagnie d'Enkidu, son ami cher, un long voyage ayant valeur d'initiation. A l'issue de ce voyage, après avoir vaincu maints périls, Gilgamesh, lui le roi omnipuissant, découvrira la condition humaine et la mort.
L'épopée est d'une puissance poétique bouleversante et pose les grands thèmes de la littérature universelle dès son aube.
Désormais étudié au collège, au même titre que les récits fondateurs, L'Epopée de Gilgamesh existe en de nombreuses versions. Le libraire signale deux d'entre elles : la plus savante, celle de Jean Bottéro, chez Gallimard et celle d'Abed Azrie, malheureusement épuisée : appel aux éditions Berg pour une réédition sans délai !

Gilgamesh, au Louvre

lundi 20 juillet 2015

Visites aux Indiens du Brésil

Benjamin Péret, Dans la zone torride
du Brésil. Visites aux Indiens,
Les éditions du chemin de fer,
100 pages, 15 €
Le nom de Benjamin Péret (1899-1959) est surtout attaché au surréalisme et à sa poésie.
Les éditions du Chemin de fer ont eu l'heureuse idée de s'intéresser à un volet beaucoup moins connu de son activité, celui d'ethnologue -- de passion plus que de profession,
en parfaite cohérence avec les principaux centres d'intérêt
des surréalistes : " Si l'ambition de l'ethnologue est de toujours remonter aux sources des commencements afin d'explorer les limites de l'humanité à son stade le plus primitif, le poète surréaliste se propose, lui, de remonter aux sources de la poésie ", écrit Leonor Lourenço de Abreu dans sa postface.
Dans la zone torride du Brésil réunit donc un récit de deux voyages que fit Péret dans le Haut Xingu en 1956 et un article inédit qu'il publia dans un magazine brésilien.
Benjamin Péret porte un regard à la fois parfaitement sympathique aux Indiens et parfaitement lucide, nourri par son observation sur le terrain, plus que par des théories académiques. Il peut admirer, mais ne tombe pas dans l'idéalisation des tribus qu'il côtoie, menacées de disparaître.
Le livre comporte un beau cahier de photographies prises sur place par Benjamin Péret.

Benjamin Péret, Anthologie
des mythes, légendes et contes
populaires d'Amérique,
Albin Michel poche, 7,80 €

dimanche 19 juillet 2015

Le retour de François

François Graveline, Les Oiseaux du petit fleuve, avec des papiers sculptés
de Madé, Erès/ Po&Psy, n.p., 10 €
On se souvient que François Graveline était venu A la Page, l'hiver dernier.
Nous avions évoqué avec lui les multiples facettes de son activité à l'occasion de la seconde édition de L'Invention du Massif central (Page centrale).
François revient par l'intermédiaire d'un nouveau recueil de poèmes brefs,
Les Oiseaux du petit fleuve.
Le libraire lui vole trois poèmes :

Avant d'avoir brisé
la coquille des nuages
l'éclair s'est envolé.

*  
Invisible sur l'autre rive
pouillot mendiant
pouillot pirate
pouillot roi.

* 
Le ciel
les vagues
l'envol
le désir
ce qui déborde
ici.
 
Ajoutons que le volume est soigneusement édité, sous un élégant coffret qui n'empêche nos amis les oiseaux envoyés par François Graveline de nous rejoindre et de nous toucher.
Dans la même collection ont été publiés, notamment, Garcia Lorca, Issa, Guillevic, Rítsos. Oiseaux mes beaux oiseaux...

François Graveline (au fond, à gauche), A la Page, hiver 2014.