samedi 29 juillet 2017

Grand-mère Melena

Eleni Sikélianos, Animale Machine.
La Grecque prodige, traduit de l'américain
par Claro, Actes Sud, 196 pages, 22 €
 
Ceci est l'histoire de Melena, la grand-mère d'Eleni Sikélianos, qui eut cinq époux (et quels !), fit la danseuse du ventre, effeuilleuse en costume léopard au Moulin Rouge de Denver et ailleurs aux Etats-Unis, où elle avait immigré, celle que l'on surnommait la Fille Léopard, la Grecque prodige, dont Eleni Sikélioanos tire un portrait volcanique.
Il faut faire feu de tout bois, convoquer albums photos, souvenirs intérieurs à la famille, coupures de presse, lettres, pour évoquer un personnage comme la Fille Léopard, ses maris (parmi lesquels un truand, un aviateur et une prêtre baptiste), ses tribulations parmi les éléphants, les clowns, les hercules et les escrocs qui forment l'univers de la nuit. " Cinq maris, cinq foyers, cinq corps, cinq doigts, cinq vies, cinq poêles avec lesquelles leur donner des coups sur la tête. " 
Eleni Sikélianos se souvient de sa grand-mère vieillissante et lui prodiguant ses conseils de danseuse ; elle imagine les maris, du genre maltraitants sur les bords ; elle se souvient de sa mère, qui avait de qui tenir, et de sa boutique dans le désert où elle tentait de vendre des minéraux. " Les week-ends on déjeunait à l'Ours grognon (j'ai pleuré et pleuré en découvrant qu'il n'y avait pas là de vrai ours) ou on allait dans des villes fantômes au beau milieu d'un paysage décoloré -- du sable jaune sur des kilomètres à la ronde et pas une âme, et nous qui marchions sur les trottoirs abandonnés juste pour les entendre grincer. Elle attrapait des serpents à sonnettes er leur coupait la queue, chloroformait ou je ne sais quoi des scorpions pour les piéger dans du Plexiglas, qu'on posait ensuite sur le tableau de bord de la Nova qui démarrait une fois sur deux. "
Le style d'Eneni ne ressemble à rien de bien connu. Il emprunte à la poésie, à la chanson, au collage, à la citation. Il décoiffe, comme sied à pareille lignée. "J'essaie de me rappeler quand et où ma mère m'a raconté ces histoires, qu'elle racontait souvent, et raconte encore. Mais le contexte m'échappe, pas celui des histoires, celui de leur récit. Il se cogne contre toutes les horloges molles du corps. "

vendredi 28 juillet 2017

Jerusalem de rêve

Myriam Hardy, La Petite fille de
Jérusalem, Editions des Malassis,
271 pages, 16 €
" Toujours est-il que Siona, trônant près de la coufïa, dominait la vie. Elle voisinait avec le chanfrein des chevaux, avec les paniers d'anémones et d'iris, avec les cruches de miel sauvage et de lait caillé que les femmes de Siloé, très droites, portent sur leur tête. De la main, elle touchait les amulettes des chameaux -- souvent leurs charges risquait de la chavirer, -- elle plongeait dans les échoppes semblables à des antres où des gnomes accroupis cousent des tuniques de lumière, forgent des anneaux magiques, brodent des souliers de fée, et où de beaux éphèbes somnolent parmi des oranges de Jaffa, comme des Aladins parmi des lampes merveilleuses.
Dans les couloirs voûtés des souks, elle fendait avec son genou un fleuve de turbans et de tarbouches, elle voguait sur un nuage d'odeurs épicées et de parfums de roses. De-ci, de-là, d'autres enfants émergeaient du clair-obscur (...) Quelquefois, dans un œil de la voûte, le ciel se penchait sur sa tête, une colonne de feu bleue l'enveloppait, elle et le hennin de sa nourrice et le voile blanc, vers d'autres mirages, vers d'autres mystères. "
Dans le décor orientalisant de la librairie (voyez le document à droite si vous ne m'en croyez), rien de tel que de se fournir La Petite fille Jérusalem, retrouvée par les Editions des Malassis.
Myriam Harry, l'auteur de ces merveilles, obtint le premier prix Femina, bien avant que le libraire n'ouvre son échoppe, en 1904. La Petite fille de Jérusalem fut publié en 1914.Qui était Myriam Harry ? Ecoutons son dernier éditeur en date :
Myriam Harry, de son vrai nom Maria Rosette Shapira, est née à Jérusalem en 1869. Son enfance et sa jeunesse ont fait l’objet de quatre romans. La Petite Fille de Jérusalem est le premier. Découverte à Berlin par Sacher-Masoch, Myriam Harry devient l’égérie de J.-K. Huysmans, Anatole France, Jules Lemaître. Elle est l’auteur de nombreux romans et nouvelles qui, tous, eurent un très grand succès. Souvent sollicitée par les directeurs de journaux, elle parcourt le monde : elle en rapporte de très justes récits de voyage (Tunisie, Irak, Madagascar, Indochine…). Elle reçoit en 1904 le tout premier prix Femina pour La Conquête de Jérusalem.
Demain, le libraire vous entretiendra d'un tout autre conte, d'une facture littéraire toute différente...

Myriam Harry

dimanche 23 juillet 2017

La science pour l'été

Cinq livres de sciences a emporter sur les chemins par tous les temps
 
Bernard Pellequer, Petit guide du ciel,
Points, 7,60 €

Etienne Klein, En cherchant Majorana, le
physicien absolu, Folio, 206 pages, 7,20 €

Antonio Fischetti, Charlie au labo,
Belin, 350 pages, 22 €

Christophe Galfard, E=mc2,
Flammarion, 138 pages, 12 €

Jean-Baptiste de Panafieu, Darwin à la plage,
168 pages, 14,90 €