lundi 29 février 2016

En lisant Charles-Louis Philippe



Charles-Louis Philippe, Marie Donadieu,
Editions Ombres, 222 pages, 10,20 €
" Il sortirent, ils ne réfléchirent pas beaucoup
et s'arrêtèrent dans un café du boulevard Saint-Michel.
Il était imposant, avec trois étages, dont un sous-sol,
avec des chaises en cuir, avec des tables lourdes, en marbre épais, avec des vitraux, avec les plafonds conventionnels du Quartier Latin, où l'on a peint des étudiants qui lèvent la jambe autour d'une grisette, avec des lampes électriques,
avec des fumées qui se rejoignaient de table en table
et voyageaient au-dessus de la salle, par nappes, avec on ne savait quoi qui se gonflait autour de vous.
 
(Charles-Louis Philippe, Marie Donadieu)







                                          Et, samedi 27 février 2016...
 
 
                                                               Christiane Veschambre...
 
 
lut et interprèta Charles-Louis Philippe,
5, rue Sornin, à Vichy.


 
 
 

dimanche 28 février 2016

Le Prix Goupil 2016

Qui succédera à Jean-Christophe Tixier, le lauréat du prix Goupil 2015 ?
L'un des cinq auteurs des romans suivants
sélectionnés par Géraldine :
 
Johan Heliot
Les Sous-vivants,  Seuil jeunesse
 
Muriel Zürcher,
Robin des graffs, Thierry Magnier

Stéphane Tamaillon,
L'Ultramonde, Seuil

Amandine Penna,
La Revanche de la coccinelle
Oskar

Marie Vermande-Lherm,London panic !
Sarbacane

Adoubé par le jeune jury,
le nom du lauréat sera connu à la fin du mois de mai.

samedi 27 février 2016

Débarrassez-vous de vos liseuses !

Photo Livres Hebdo
Après les larmes numériques du libraire (voir le billet du 20 février), voici son sourire numérique.
Il est provoqué par cette suggestion relevée dans Livres Hebdo de ce jour :
" Le Labo de l’édition appelle le grand public et les constructeurs à céder leurs vieux appareils afin de créer un " Petit musée
de la lecture numérique ".
Le Labo de l’édition projette d’ouvrir dans ses locaux un " Petit musée de la lecture numérique ", qui veut être un lieu d’expo-
sition inédit en Europe dédié à l’histoire des appareils de lecture numérique. A cet effet,
le Labo de l’édition lance un appel aux dons afin de rassembler le maximum d’appareils.
(...) La construction du musée sera évolutive et la première étape se concentrera sur la collecte de liseuses électroniques. D’autres appareils comme les premiers smartphones et les premières tablettes seront ensuite installés. Toute personne possédant une liseuse antérieure à un modèle 2015 dont elle n’a plus l’usage est ainsi invitée à remplir le formulaire de don mis à disposition. Le Labo de l’édition compte également sur les dons des fabriquants. "
C'est vrai, si votre liseuse est un vieil appareil de plus d'un an, il n'y a qu'une chose à faire : donnez-là au petit musée !

Marché aux puces d'Orléans, vers 1910



 

vendredi 26 février 2016

Joseph Roth : le voyageur

Joseph Roth, Croquis de voyage,
récits choisis, présentés et traduits
de l'allemand par Jean Ruffet
Le libraire aimerait bien que tout ce qui porte le nom de récits de voyage sur les étals aient la profondeur de ceux de Joseph Roth (1894-1939). Il traversa Allemagne, France, Russie, Pologne, Italie, notamment. Il avait peut-être choisi ses destinations, mais pas son siècle.
Ecoutez un peu :
" C'est être bien téméraire que de vouloir décrire une ville.
Les villes ont de nombreux visages, bien des humeurs, mille tendances, des buts obscurs, des mystère de toutes sortes : sombres ou gais. Elles cachent beaucoup de choses, elles en montrent aussi beaucoup, chacune est à elle seule une unité,
une pluralité, chacune a plus de temps devant qu'un journaliste qu'un individu, qu'un groupe, qu'une nation. Les villes survivent aux peuples auxquels elles doivent l'existence et aux langues qui ont permis aux bâtisseurs de se comprendre. "
En d'autres termes, Roth joue dans une autre catégorie.
Pourquoi ? Parce qu'il écrit mieux ? Parce qu'il a trouvé son ton ? Mais d'où vient l'écriture et d'où vient le ton ?
Le libraire estime que si Joseph Roth est plus captivant et émouvant que d'autres voyageurs à travers l'espace et le temps, il le doit à  son immense humanité, marquée par le pessimisme, dans une période de perdition universelle.
Un jour, à un enfant, Roth avait fait cette réponse : " J'écris pour que le printemps revienne "




jeudi 25 février 2016

La musique de la nature

Emmanuel Reibel, Nature et musique,
Fayard, 192 pages, 15 €
" La musique n'a certes pas le même pouvoir de représentation que la peinture ou la littérature :
il lui est impossible de donner avec précision l'idée d'un arbre ou d'une fleur ! Pourtant elle est peut-être de tous les arts le plus en phase avec la nature. Ecoutez le chant du rossignol, le clapotis des flots ou le sifflement du vent dans les feuilles : l'homme n'a fait que renchérir sur ces manifestations sonores en soufflant dans des roseaux taillés, en percutant des peaux et des carapaces, en concevant d'innom-
brables instruments à partir du frêne, du poirier
ou du châtaignier. "
Dans Nature et musique dont ces lignes sont extraites, Emmanuel Reibel examine l'influence
de la nature sur les musiciens depuis Vivaldi jusqu'à l'électroacoustique en passant par le Baroque et les Romantiques.
A chaque époque, l'idée de la nature change.
Plus près de nous, le musicien, comme le peintre, cherchent moins à imiter les éléments qu'à travailler comme eux. Et ce n'est pas seulement le vent ou l'eau, la foudre qui les inspirent mais les confins de l'univers et l'écoute des étoiles. N'avait-pas parlé très tôt de la musique des sphères ?
Par ailleurs, un double CD vient de paraître, enregistré à l'occasion de la Folle journée de Nantes, sur ce thème de la nature dans la musique. A lire pendant l'écoute. A écouter pendant la lecture.
La Nature, distribution Harmonia Mundi, 10,60 €

mercredi 24 février 2016

Thoreau es-tu là ?

Georges Picard, Le Sage des bois,
Corti, 234 pages, 19 €
On se souvient de titre du film de Rémy Waterhouse : Je règle mon pas sur le pas de mon père.
Le protagoniste du dernier roman de Georges Picard
a réglé le sien sur celui de Henry David Thoreau
(1817-1862).
 En 2015 ou 16, il fait même tout comme lui. Il règle ses pensées sur lui. Il règle ses longues marches sur lui. Surtout, il règle son rêve sur un étang : exactement comme l'avait fait l'Américain, qui passa en solitaire deux années de son existence au bord de l'étang de Walden. Thoreau donna ce titre à l'un de ses livres les plus importants.
Seulement voilà. Le XXIe siècle n'est pas le XIXe, ni la France le Massachusetts. Ses pérégrinations conduiront le personnage de Georges Picard dans les zigzags de nos montagnes, à deux jets de salive de Vichy. Enfin... au Puy-en-Velay. De là, il n'aura plus qu'à s'exclamer : " Thoreau où es-tu ? " Et... à regagner Paris,  faisant profil bas.
La morale de ce livre tient dans son exergue, extrait d'une lettre de Thoreau : " Qu'il faut être stupide pour penser trouver son Eldorado n'importe où, hormis là où on vit " (le libraire ajouterait, si on lui permet : pourvu que ce lieu ne soit pas trop rébarbatif ni trop bruyant).
Georges Picard n'entend certainement pas ridiculiser Thoreau. Mais, peut-être, mettre à distance certaines douces (et nécessaires) naïvetés qui furent les siennes. Il y a quelque temps. Pas si longtemps.
La première édition de Walden (1854)





mardi 23 février 2016

Christiane Veschambre

Christiane Veschambre,
Versailles Chantiers, photographies
de Juliette Agnel, éditions 
Isabelle Sauvage, 18 €
... qui viendra ce samedi à la librairie lire des pages de Charles-Louis Philippe est elle-même écrivain et poète. Elle vit à Paris et dans la Combraille bourbonnaise.
J’écris, dit elle, à partir de l’expérience intérieure. Je cherche la langue qui pourrait la suivre, la précéder, la transformer.
Mes livres sont de poésie, de narration, de pensée. Ils n'ont pas de "genre".

Le libraire aime cela. Tout particulièrement.
Le premier livre de Christiane Veschambre fut publié aux éditions des Femmes en 1979. Puis s'enchaînèrent, notamment :
Les Mots pauvres, Cheyne éditeur, 1996 ;  La Griffe et les rubans, éditions Le préau des collines, 2002 ; Haut jardin (photographies de Jacques Le Scanff), éditions Le préau des collines, 2004 ; Robert & Joséphine, Cheyne éditeur, 2008, (Prix des explorateurs).
Et dernièrement : Versailles Chantiers (photographies de Juliette Agnel), éditions Isabelle Sauvage et Quelque chose approche (Les Arêtes éditions).
Un dossier est consacré à son œuvre dans le n° 6 de la revue
Le préau des collines, ainsi que dans le n° 25 de la revue Les Hommes sans épaules.
L'intérêt de Christiane Veschambre pour l'œuvre de Charles-Louis Philippe ne date pas d'aujourd'hui et c'est très spontanément qu'elle s'est proposée de lire les pages d'un autre.
Le libraire aime aussi cela. Tout particulièrement.
Christiane Veschambre
(Photo DR Régis Nardoux)

lundi 22 février 2016

Ciao Eco

Il avait dit :
" Si Dieu existait, il serait une bibliothèque. "

Umberto Eco
1932-2016
 
 



dimanche 21 février 2016

Histoires d'oufs

Iegor Gran, Le Retour de Russie,
P.O.L., 240 pages, 16,50 €
Pour consoler tout le monde, après les terribles nouvelles rapportées hier, le libraire a trouvé le dernier livre de Iegor Gran, Le Retour de Russie, paru chez P.O.L.
" Mi-loufoque, mi-tragique ", aux dires de son auteur en personne, ce roman semble avoir été inspiré par des dessins de Sophie Siniavski (lui-même étant le fils d'Andreï Siniavski, le dissident russe), autour desquels toute son histoire s'est construite.
Napoléon semble avoir été l'autre source d'inspiration de Iegor Gran. Mais pas n'importe quel Napoléon.
Napoléon revisité par un patient du Docteur Day, directeur d'hôpital psychiatrique. Et même que ce Napoléon est une Napoléon, oui, vous avez bien lu : Napoléon est une jeune femme.
Ce qui ne s'était jamais vu et à de quoi faire perdre la tête au directeur.
Au bout du compte, repartis et revenus de Russie en sa compagnie, on n'en veut pas à l'auteur d'avoir ajouté plusieurs chapitres à l'histoire des folies Napoléoniennes. C'est dire.
Si vous l'avez suivi jusqu'ici, le libraire vous rappelle son billet du 22 octobre 2015, où il était question une première fois de la résurrection de l'empereur sous la plume de Romain Puértolas...

Romain Puértolas, Re-vive l'empereur,
Le Dilettante, 351 pages, 22 €

samedi 20 février 2016

Les larmes numériques du libraire

Le libraire est en pleurs. Inconsolable.
Il vient d'apprendre par Livres Hebdo (le très officiel magazine professionnel) du 18 février 2016 la nouvelle suivante :
" Simon & Schuster, HarperCollins et Hachette ont enregistré une baisse de leurs ventes de livres numériques tout au long de l’année 2015.
Trois des plus gros éditeurs au Royaume-Uni et aux Etats-Unis ont fait état de la même tendance : les livres numériques se vendent de moins en moins.
Dans le rapport financier de son dernier trimestre de l’année 2015, Simon & Schuster constate que les ventes d’ebooks ne représentent plus que 21% du total de ses ventes, contre 24% à la même période en 2014. "

Le libraire a une pensée émue pour tous ceux qui ont soutenu et soutiennent depuis tant d'années le " livre " dématérialisé.
Comme une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule, et que rien décidément ne nous sera épargné, le même Livres Hebdo, daté 19 févriernous apprend tout à trac que soixante nouvelles librairies indépendantes se sont ouvertes en 2015 aux Etats-Unis, dont une librairie jeunesse spécialisée en ouvrages français.
Non mais, quels attardés ces Américains !

La librairie Bonjour Mama, French Bookstore, à Kengsington, au nord de Washington, créée en 2015.
Photo : Livres Hebdo


vendredi 19 février 2016

Lecture de Charles-Louis Philippe

Charles-Louis Philippe sur le site
des Amis de Charles-Louis Philippe
A la Page a le plaisir de vous inviter samedi 27 février, à 15h30, à la rencontre/lecture :
Charles Louis-Philippe lu par Christiane Veschambre
 
En attendant avec impatience l'éclairage personnel qu'apportera Christiane Veschambre sur Charles-Louis Philippe à l'occasion de cette lecture , voici Charles-Louis Philippe vu par Emille Guillaumin : 
 " Il savait les faire vivre et les faire agir, ces gens de petite ville de province, il les rendait sympathiques jusque dans leurs faiblesses, parce qu'il les imprégnait de toute la tendresse élue et pitoyable qui débordait de son cœur. Il l'avait connue  la misère des humbles, il en avait souffert pour son compte ;  il avait vu autour de lui tant d'autres souffrances. Alors lui, artiste et poète, s'était juré de leur faire une place dans les œuvres d'art, d'intéresser à leur vie monotone, à leurs sentiments simplistes le public blasé, même le beau monde des grandes villes. "
 
(Charles-Louis Philippe, mon ami, Grasset, 1942)
 
Christiane Veschambre
 
 
 
 
 

jeudi 18 février 2016

Vive les durs à cuir

Joe Gores, Spade & Archer, traduit
de l'anglais (Etats-Unis) par
Natalie Beunat, préface de James Ellroy,
Rivages Noir, 408 pages, 9 €
Si vous voulez retrouver Sam Spade, le détective crée par Dashiell Hammett (1894-1961), le maître du roman noir américain, rendez-vous immédiatement auprès de Joe Gores
Dans Spade & Archer, il a recrée l'univers des " privés ",
des truands, des blondes fatales, des hommes politiques véreux et autres fleurs de la société étatsusienne.
Si vous voulez retrouver Philip Marlowe, le détective créé par Raymond Chandler (1888-1959), dans le sillage de Dashiell Hammett, rendez-vous immédiatement auprès de Benjamin Black.
Dans La Blonde aux yeux noirs, il a remis ses pas dans ceux du détective cynique et blasé, qui porta un imperméable douteux avant l'inspecteur Colombo.
Si vous préférez l'original à la copie, alors rendez-vous directement auprès des romans de Hammet et de Chandler.
Spécialement Le Faucon maltais (Folio policier), du premier ; et Adieu ma jolie (même éditeur), du second.  

Benjamin Black, La Blonde aux
yeux noirs, traduit de l'anglais
(Irlande) par Michèle Albaret-
Maatch, 10/18, 8,10 €

mardi 16 février 2016

L'homme qui n'a jamais peur

David Crockett, Vies et mémoires
authentiques (1786-1836), traduit de
l'anglais par Jean Quéval, Texto,
222 pages, 8 €
De David Crockett, tous les petits garçons, scouts ou pas, ont retenu une chanson et son refrain disant qu'il " n'avait jamais peur ". C'est bien. C'est beau. Mais un peu court.
Le vrai Crockett (1786-1836), porta bel et bien sa célèbre toque en queue de renard qui en fait le trappeur romantique préféré du libraire et le mieux habillé, mais il eut aussi une carrière politique. Lui-même l'a retracée dans cette autobiographie qui, à travers oublis et présentations avantageuses, complète néanmoins le portrait d'un homme exceptionnel. Plusieurs fois élu au Congrès, il perdit la vie dans des circonstances embrouillées lors du siège de Fort Alamo.
Le récit de cet homme de la frontière a été traduit par Jean Queval, membre de l'Oulipo et l'un des plus fins traducteurs de sa génération.
Au menu de ce jour, le libraire, parti complètement à l'Ouest, ajoute un tout nouveau Faire la paix avec Cochise. Ce document est le journal tenu par Joseph Alton Sladen, capitaine de l'armée américaine, chargé de négocier la paix avec le chef apache. Ce journal, ici publié dans la collection
" Nuage rouge ", est une mine de renseignements sur l'histoire des Indiens d'Amérique du Nord.
La paix fut signée par Cochise en 1872. Elle confinait les Apaches dans des réserves dont ils ne sortirent jamais vraiment
Joseph Alton Sladen, Faire la paix
avec Cochise, traduit de l'anglais par
Aline Weill, Nuage rouge,
O. D. éditions, 212 pages, 19,90 €
.

lundi 15 février 2016

" Lorsque je marche le soir... "

Daido Moriyama, Daido Tokyo,
Fondation Cartier pour l'art
contemporain, 35 €
 
" Lorsque je marche le soir, mon appareil photo à la main,
du Kabuki-cho à Kuyakusho-dori, puis d'Ōkubo-dori à
la gare de Shin-Ōkubo, il m'arrive parfois de sentir
un frisson courir le long de mon dos. Il ne s'est rien passé de particulier, et pourtant je perçois en moi comme un
mouvement de recul. Sous les néons et les
enseignes lumineuses, ou dans l'obscurité au fond
des ruelles, se reflète une foule grouillante
à la présence fantomatique. Et les réactions de ces ombres humaines, aussi subtiles que celle des insectes, se
transmettent à la manière d'impulsions électriques à l'œil du petit appareil photo que je tiens à la main ", écrit le photographe japonais Daido Mariyama.
C'est pour ainsi dire son carnet de route que l'on publie à l'occasion de l'exposition qui a lieu à la
Fondation Cartier, à Paris (jusqu'au 15 juin).
Alors que Daido Mariyama est connu pour
ses photos en noir et blanc, l'ouvrage est composé
de nombreuses photographies en couleur récentes,
prises avec son appareil numérique.
C'est le décor de la ville moderne,
ses affiches, ses inscriptions, ses tuyaux, ses vitrines, ses paumé(e)s
et les lieux qu'ils hantent qui fascinent ce promeneur nocturne.



dimanche 14 février 2016

Fête de la librairie en 2016

 
Comme tous les ans A la Page participera à la Fête de la librairie,
qui aura lieu cette année le samedi 23 avril 2016.
Un livre d’art, réalisé en partenariat avec
les Editions Diane de Selliers et la Réunion des Musées Nationaux,
sera offert aux clients des librairies participant à la journée. 
Ce livre s’intitule Amour et Psyché,
extrait de L’Âne d’or ou les Métamorphoses, d’Apulée.
Né en 123, pense-t-on, et mort en 170 à peu près,
Apulée fut un grand romancier, un voyageur, un conférencier
fort célèbre en son temps.
L'Âne d'or est son roman le plus connu.
Voici, en avant-première, la couverture
et l'une des illustrations du livre qui sera offert
lors de cette Fête de la librairie.
Tentant, non ?

samedi 13 février 2016

Les conseils d'écriture d'Antoine (Albalat)

Antoine Albalat, Comment il ne faut
pas écrire, édition établie, annotée
et postfacée par Yannis Constantinidès,
Mille et une nuits, 124 pages, 4 €
Les lectures en vue de sélectionner les romans du Prix des Lecteurs A la page 2016, IXe du nom, battaient leur plein. 
Le libraire regardait d'un air rêveur la pile de romans qu'il avait mis de côté.
C'est alors qu'il se souvint des conseils (largement négligés) d'Antoine Albalat
(1856-1935) dans Comment il ne faut pas écrire :
" Tous les dix ans, à peu près, l'art et le style changent, disait Antoine, et le désir de trouver
du nouveau pousse les écrivains à varier leurs procédés. On renchérit pour attirer l'attention ;
on exagère pour montrer qu'on a du talent.
Mais la nouveauté se fane vite, et il arrive souvent qu'un livre vieillit précisément par les qualités qui firent sa vogue (...) La conclusion, c'est que pour faire une œuvre qui dure, il ne faut ni chercher le succès ni suivre la mode. Un ouvrage ne résiste au temps que s'il est écrit dans le génie de la langue
et si le genre d'observation qu'il contient relève de tous les pays et de toutes les époques. "
Le libraire décida de méditer à fond les manettes ces conseils. Et il reprit ses lectures.
 
 
Le prix 2013 en librairie
 

vendredi 12 février 2016

Actualité Vialatte

    La première sélection du prix Alexandre Vialatte 2016 vient d'être rendue publique. La voici :
    Olivier Bourdeaut, En attendant Bojangles (Finitude)
    Philippe Claudel, De quelques amoureux des livres (Finitude)
    Christian Garcin, Les Vies multiples de Jeremiah Reynolds (Stock)
    Gérard Oberlé, Bonnes nouvelles de Chassignet (Grasset)
    Jean-Michel Ribes, Mille et un morceaux (L'Iconoclaste)

    Le prix Alexandre Vialatte est doté par le Groupe Centre-France de 6105 euros, ce qui correspond à " la somme de la hauteur du Puy-de-Dôme et de la longueur du Fleuve Congo ", font savoir les organisateurs du prix.
    Jacques A Bertrand avait été le lauréat du prix 2015, pour Brève histoire des choses (Julliard) et pour l'ensemble de son œuvre.
    De leur côté, les éditions Le Dilettante viennent de republier La Maison du joueur de flûte.  En un mot comme en cent, Vialatte est en forme.

    
    Alexandre Vialatte, La Maison du joueur
    de flûte, préface de Ferny Besson,
    Le Dilettante, 128 pages, 15 €
     

jeudi 11 février 2016

Premiers voyages en Afrique

Voyages en Afrique noire d'Alvise Ca' Mosto
(1455 et 1456), Relations traduites de l'italien
et présentées par Frédérique Verrier
" L'Afrique de Ca' da Mosto est étonnamment riante, fraîche et boisée. La terre est si fertile qu'elle fait tout germer et la présence d'arbres hauts et verts est un leitmotiv du voyage.
Le Vénitien est l'un des premiers voyageurs occidentaux à décrire la nature tropicale (climat, durée des jours et des nuits, saison des pluies, températures...).
L'espace libre de la forêt sénégalaise "où chacun peut se servir " est opposé à l'espace clos et privé du potager européen. D'un côté une nature luxuriante et généreuse, de l'autre une nature laborieuse et muselée.
Nul doute que l'île de Madère, ce "jardin où pousserait de l'or", apparaisse au Vénitien comme une colonie modèle. "
La question qui vient à l'esprit du naïf libraire en lisant ces lignes de présentation des Voyages en Afrique noire d'Alvise Ca' da Mosto (1455 et 1456) est :  Pourquoi cet homme d'affaires n'est-il pas plutôt resté chez lui ?
Reste son témoignage, d'une écriture charmante, d'une curiosité multiple et sympathique aux habitants de l'Afrique noire avec lesquels il espère commercer.
Le volume republié par les éditions Chandeigne/Unesco est d'une facture parfaite, comme tous les livres qui paraissent à son enseigne. Papier, mise en page, typographie en font un ouvrage digne des belles bibliothèques.

Dans le fleuve Gambie

mercredi 10 février 2016

Décapage

Décapage n° 54, 173 pages, 15 €
La revue Décapage est née il y a 54 numéros.
C'est donc une dame qui a traversé diverses expériences. Le librairie l'a connue un peu plus confidentielle. La voici depuis quelque temps recentrée et parlant sur un ton incessamment décontracté. Le ton de moult mooks (magazine+book = mook, qui ne le sait ?).
Au sommaire, un dossier consacré à Jérôme Ferrari (" auteur discret et rare " dit Décapage).
Une thématique dans laquelle la rédaction a interrogé une palanquée d'écrivains pour savoir ce qu'ils faisaient de " leurs journées passées à faire autre chose qu'écrire " (ce qui suppose qu'ils font quelque chose quand ils écrivent).
Une rencontre imaginaire avec un " petit rigolo " (dit Décapage) nommé William Faulkner.
Et diverses chroniques dont l'unité tient à ce que les écrivains y parlent beaucoup d'eux-mêmes. Mais de manière décontractée. Toujours.
A part ça, Décapage diffuse des autocollants,
comme ceux-ci :

mardi 9 février 2016

Les insectes

Lafacadio Hearn, Insectes,
Le Sonneur, 326 pages, 19,50 €
Lafcadio Hearn est un bien intéressant personnage. Né en Grèce en 1850, mais citoyen irlandais, 
il s'installa au Japon en 1890, après diverses tribulations. Il devait mourir à Tokyo en 1890,
après être devenu l'un des plus éloquents interprètes
de la civilisation japonaise auprès des Occidentaux.
Il revient ici en interprète du monde des insectes,
pour lesquels il se passionna son existence durant.
Un peu comme Fabre, mais en moins scientifique ;
un peu comme Michelet, esprit singulier comme lui.
Les éditions du Sonneur publient dix essais sur les papillons du Japon, les moustiques, les fourmis,
les libellules, les lucioles, ainsi que sur les rapports
des diverses civilisations avec ces bestioles.
Extrait délicieux concernant une espèce de cigale
du Japon, la tsuku-tsuku-boshi :
" Au lendemain de la fête des Morts, selon l'ancien calendrier japonais (c'est en fait le seizième jour du septième mois, date incomparablement plus juste que celle de notre calendrier occidental en ce qui concerne les transformations et les manifestations de la nature), la tsuku-tsuku-boshi commence à se faire entendre. L'on dit que sa stridulation peut être comparée au chant d'un oiseau. On l'appelle également kutsu-kustsu-bôshi, chôko-chôko-uisu, tsuku-tsuku-hôshi, tsuku-tsuku-oishi, toutes appellations trouvant leurs sources dans les onomatopées. "
Tendons l'oreille, les amis, tendons l'oreille : le monde est poétique !

Lafcadio Hearn et son épouse japonaise,
Setsu Koisumi

lundi 8 février 2016

Tolstoï et Samedi BD, d'un coup d'un seul

Martin Veyron, Ce qu'il faut de terre
à l'homme, d'après Tolstoï, Dargaud,
142 pages, 19,99 €
Voici comment commence Qu'il faut peu de place sur terre, une des Scènes de la vie russe qu'écrivit Tolstoï en 1886 :

" Elles étaient deux sœurs. L’une avait épousé un marchand établi en ville, l’autre un cultivateur de la campagne. Un jour, la sœur aînée alla voir sa sœur la campagnarde, et tout en prenant leur thé, elles se mirent à causer.
— Comme je préfère mon genre de vie au tien, dit l’aînée : je suis élégamment logée, j’ai de jolies toilettes, mes enfants sont charmants dans leurs costumes bien faits ; je mange toujours de très bonnes choses, et notre temps se passe en promenades, en visites et en fêtes le soir.
— Je conviens, répondit la cadette, que tu as une douce existence, mais que de fatigues amènent les plaisirs, 
et que d’argent ils coûtent ! Vous êtes sans cesse occupés à avoir assez d’argent pour faire face à beaucoup de nécessités que nous ignorons. Nous menons une vie plus régulière et plus saine, aussi nous portons-nous mieux que vous, et ne nous inquiétons-nous guère du lendemain pour vivre ; la vie de la campagne est paisible comme le cours d’une rivière large et profonde. Le proverbe dit que le bonheur et le malheur voyagent ensemble ; nous les accueillons philosophiquement quand ils passent, comme les paysans savent accueillir des voyageurs. Enfin… nous avons toujours le nécessaire. "

Martin Veyron a eu l'idée de s'inspirer de ce conte pour en tirer un album sous le titre de 
Ce qu'il faut de terre à l'homme. Peut-être celui-ci fera-t-il partie de la sélection concoctée par Géraldine pour le prochain Samedi BD (à 11h30, avec l'apéritif au milieu), le douzième 
du nom ? Peut-être.
Quoi qu'il en soit, vous n'avez pas d'excuses à manquer Samedi BD.

Léon Tolstoï (1828-1910)

dimanche 7 février 2016

Le peintre des oiseaux américains

Fabien Grolleau et Jérémie Royer,
Sur les ailes du monde Audubon,
Dargaud, 184 pages, 21 €
Fabien Grolleau et Jérémie Royer ont eu l'excellente idée de consacrer un album à un grand oublié de l'histoire naturelle et, plus spécialement, de l'ornithologie, Jean-Jacques Audubon.
Considéré comme un classique aux Etats-Unis, où existent des écoles, des rues, des timbres de la poste et des associations portant son nom, Audubon est un peu un exilé dans sa culture d'origine, la culture française.
Il faut dire que, né en Haïti en 1785, d'une mère nantaise et d'un père breton, il quitta dès 1803 le sol français pour s'installer près de Philadelphie. Après avoir fait faillite, il se lança dans un projet fou : répertorier et dessiner toutes la variétés d'oiseaux américains.
Il constituera ainsi un incroyable portfolio de 435 portraits d'oiseaux, dont il vendra les planches
à Londres, ce qui lui permettra d'éditer un livre :
Les Oiseaux d'Amérique.  Il obtint un succès considérable
et fut à l'origine de la constitution de nombreuses sociétés savantes.
Sur les ailes du monde, Audubon, retrace en bandes dessinées la vie de cet aventurier-naturaliste de grand envergure, comme les oiseaux qu'il aimait, mort à New York en 1851.
Geai-gorge noire, dessiné par Audubon



samedi 6 février 2016

La Havane et Londres

Alejo Carpentier, La Cité des colonnes,
Photographies de Paolo Gasparini,
traduction de Julian Garavito,
Le Temps des cerises, 92 pages, 15 €
Deux beaux livres sur des grandes villes, très différents l'un de l'autre, viennent de paraître. Le premier concerne La Havane et l'autre Londres. Le premier a la concision d'un
essai et d'une petite promenade sous la lumière violente ; le second a l'épaisseur d'une Bible et la structure complexe d'un labyrinthe.
C'est Alejo Carpentier (1904-1980),  écrivain cubain dont le père était architecte, qui nous livre sa perception des rues de La Havane, suffocante de chaleur et, conséquemment, abritée sous des arcades, des patios, des arrière-cours.
La Havane a été progressivement inventée par des artisans ingénieux. Témoins les esquinas de fraile, les coins de rue conçus pour abriter du soleil, ainsi que les medios puntos, impostes en vitraux placées au-dessus des fenêtres et, aussi bien, le badigeonnage des murs destiné à neutraliser la réverbération tropicale. Ces pages contiennent beaucoup de science, mais parfaitement digérée

et poétiquement offerte au lecteur. A noter, les merveilleuses photographies en
noir et blanc de Paolo Gasparini qui jalonnent la promenade havanaise.
Le livre londonien de Peter Ackroyd est étourdissant d'érudition, parfaitement assimilée

elle aussi. Cette biographie de la ville nous conduit à travers le temps et l'espace dans ses moindres recoins. Rien n'est étranger à Peter Ackroyd. Ni les origines géologiques de
LLyn-don (ou Laindon) ; ni ses envahisseurs successifs ; ni l'argot de ses habitants, leurs métiers, leurs violences, leurs pubs, leurs bas-fonds, leurs assassins, leurs recettes de cuisine (mais oui !).
Ni ses écrivains, bien sûr, Charles Dickens en tête.
Le libraire ne connaît pas d'équivalent à ce livre d'un seul volume pour aucune ville.


Peter Ackroyd, Londres La biographie,
traduit de l'anglais par Bernard Turle,
Philippe Rey, 926 pages, 13,90 €

vendredi 5 février 2016

Chômeurs du XVIIIe siècle

Catherine Doleux, Chômage :
tous vos droits 2016,
Prat, 198 pages, 23 €
Le librairie a continué sa lecture du Tableau de Paris que Louis Sébastien Mercier publia en 1781 et qu'il évoquait ici pas plus tard que le 29 janvier dernier.
Et quelle découverte a-t-il fait cette fois ? Celle de... Pôle emploi. Jugez-en par vous-mêmes :
" Parmi tant de bureaux qui vous vexent, vous tourmentent, vous pillent (...) il en manque un qui serait infiniment utile.
Ce serait un registre où tout homme qui veut travailler,
en quelque genre que ce fût, s'offrirait en exposant son âge,
 sa demeure et ses talents. D'un autre côté, un registre semblable recevrait toutes les demandes possibles. Puis des hommes intelligents, faisant la comparaison, rapprocheraient les demandes et les personnes.
N'est-ce pas ce qu'on appelle le hasard qui a placé une foule de gens inoccupés, qui leur a donné de l'emploi ? Pourquoi ne pas hâter ce hasard, ou plutôt le faire naître dans une ville où il y a une multitude de besoins et tant de gens qui cherchent à travailler pour les autres ?  (...) Quoi ? voilà un homme qui
a des talents, et il n'y aurait point de place pour lui dans le monde ?
Les petites affiches sont insuffisantes à cet égard. (...) Des registres toujours ouverts et que chacun viendrait consulter à toute heure ; des commis habiles dans cette partie d'administration, ferait disparaître la race des désœuvrés, ou ne leur laisserait aucune excuse. "
( Le Tableau de Paris, Tome VI, 509. Bureau qui manque à Paris.)
Trop fort, Louis Sébastien Mercier, trop fort !