Claire Barré, Phrères, Robert Laffont, 246 pages, 18 € |
Il a tenu cinq ans, de 1927 à 1932, comme une société poétique et initiatique secrète. Et qui s'y frotte s'y pique, car le niveau d'exigence, d'absolu, qu'il s'était fixé n'avait d'égal que celui dont approchèrent Jacques Vaché ou Antonin Artaud. Même révolte, même jusqu'au-boutisme, à la vie à la mort.
« Le Grand Jeu est irrémédiable ; il ne se joue qu'une fois. Nous voulons le jouer à tous les instants de notre vie », dira Roger-Gilbert Lecomte.
Intraitables avec eux eux-mêmes, avec leur époque, avec la société occidentale, Nathanaël (le surnom de René Daumal) et Gilbert, les deux phrères, finiront par se séparer, et Gilbert par s'anéantir dans la drogue.
Mais Phrères, le roman dans lequel Claire Barré retrace leur jeunesse, s'arrête avant ce point :
« Les deux incandescents se dévisagent en silence. Pressentant les heures glorieuses, les drames obscurs.
"On s'aime tous les deux. On s'aime pas vrai ?" interroge Lecomte dans un souffle.
-- Plus que ça même. »
A qui voudra approcher de l'intérieur le groupe des phrères simplistes, le libraire suggère la lecture de La Défaite, le récit-culte, rageur et auto-critique, de Pierre Minet, le cinquième phrère du Grand Jeu. On y on retrouve les existences météoriques de Daumal et de Gilbert-Lecomte et leurs aventures incomplètes, nécessairement incomplètes.
Pierre Minet, La Défaite, Allia, 251 pages, 9 € |
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