jeudi 29 mars 2018

De l'Amérique

Zane Grey, Les Cavaliers des canyons, traduit de
l'anglais (Etats-Unis) par Anne-Sylvie Homassel,
Le Sonneur, 495 pages, 24,50 €
Deux romans, actuellement sur l'étal du libraire, s'offrent à nous faire découvrir l'Ouest américain et les Américains eux-mêmes.
Zane Grey (1872-1939) est un polygraphe, auteur de plus de romans que son éditeur n'en pouvait publier, auteur de livres pour enfants, d'ouvrages sur la pêche et sur le baseball qu'il pratiqua. Il travailla un temps avec Hollywood, la grande usine à rêves de la côte pacifique, après avoir abandonné sa profession de dentiste qui l'ennuyait aussi profondément qu'une dent creuse. Il se livra sans répit aux plaisirs de l'imagination quoi galope dans le grand décor, la grande scènerie américaine. Cliquetis et martellements de sabots, poursuites effrénées, rochers en équilibre instable, armes à feu luisantes, histoires de vachers et selles de cuir : Zane Grey passe pour l'inventeur du roman-western. Ses livres se vendirent à des centaines de milliers d'exemplaires. On s'amusera à comparer ces immensités, ces solitudes et ces galops dans lesquels Grey épanche ses angoisses, aux jardins clos de l'Europe, à ses praels (prés) grands comme des mouchoirs de poche, à ses lacs pareils à des confettis.

Tout autre est le projet de Gertrud Stein (1874-1946), contemporaine de Zane Grey, mais dont l'écriture " moderniste " s'écarte largement de la sienne, moins en quête d'imagination que d'incantation. Comme ici :
" Ces quatre femmes avec leurs maris et leurs enfants  nés et à naître seront le sujet de l'histoire qui décrit l'ascension d'une famille. D'autres, personnes, d'autres dynasties, entreront dans leur vie au cours des années, les uns, de pauvres gens qui n'arrivèrent jamais à gagner leur pain, qui rêvèrent pendant que leurs voisins luttaient,  et qui sombrèrent enfin, eux et leurs enfants ; d'autres qui peinèrent tant et si bien que leurs enfants, grâce à eux, connurent la grandeur. Tous ces gens-là et tous leurs enfants nous aideront à retracer l'histoire et l'ascension de notre famille. ".
Américains d'Amérique retrace l'histoire de l'installation outre-atlantique de la famille Dehning, de la famille Hersland, de Wilkliam Beckling, Pat Moore, Arthur Keller, Jacques Flint. Gertude Stein reconstitue " leur vie intérieure, et son mouvement, et sa durée, et ses relations avec l'extérieur, avec les autres êtres, avec chaque autre être " dans un XIXe siècle aussi tournoyant que le style de l'auteur.
" Lentement, chaque moment de la vie d'un être vient s'incorporer dans l'histoire générale de tous les êtres. "
Ce pourrait être la morale d'un roman entêtant.

Gertrude Stein, Américains d'Amérique,
traduit de l'anglais (Etats-Unis) par la baronne
J. Seillère et Bernard Faÿ, Bartillat,
320 pages, 20 €



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