mardi 29 août 2017

Sortir du temps

Christine Jordis, Automnes. Plus je vieillis plus
je me sens prête à vivre, Albin Michel,
286 pages, 19,50 €
Nous avions croisé Christine Jordis en son magnifique essai sur William Blake (voir billet du 25 juin dernier). Le même esprit de culture (vraie, profonde, assimilée) ; la même vitalité lucide ; le même souci des possibilités de sortir la tête hors du temps anime ce nouvel essai consacré à la vieillesse. Ou, plus exactement, selon l'auteur, aux vieillesses, tant il revient à chaque personne de faire face à la sienne. Et, du reste, peut-on définir chacun de nous par son âge, son âge officiel ? . Qu'on ne pense pas trouver là un énième manuel à la Jane Fonda, la dame au corps et au sourire de nymphette des émissions télévisées. Il n'est pas question non plus d'adopter une position de déni : la vieillesse, particulièrement, la grande vieillesse, est une chiennerie, affirme sans détour Christine Jordis. C'est sa " vision du vieillir " que nous propose son livre, nourri de toutes les pensées amies (René Char parlait de ses " alliés substantiels ") venues l'épauler au fil des années. A quoi, finalement, servent-ils tous ces livres, et leurs auteurs quand ils sont exemplaires, sinon à nous épauler ?
Il en est un, sur lequel s'appuie Christine Jordis, fine connaisseuse de la littérature britannique, nommé John Cowper Powys qui proposa ses services dans son Art de vieillir.  "  C'était un grand vivant, dit de lui Christine Jordis, jusque dans sa longue vieillesse , quand il se pencha sur l'art du bonheur et le pouvoir de notre esprit de le cultiver. " Justement, est-ce que Powys ne fut pas très tôt un grand vivant ? Est-ce que le meilleur moyen de se faire une " autre " vieillesse ne serait pas de se faire une "autre " jeunesse ?  De sortir du temps le plus tôt possible ?

John Cowper Powys, L'Art de vieillir,
traduit de l'anglais par
Matie-Odile Fortier-Masek,
José Corti, 386 pages,

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