samedi 28 février 2015

Entre les lèvres du baiser...

... la vitre de la solitude.
Combien de fois le libraire, étant adolescent, s'est répété les deux seuls vers
de ce poème que Roger Gilbert-Lecomte (1907-1943) intitula
 "Les frontières de l'amour " :
 
Entre les lèvres du baiser
La vitre de la solitude
 

Roger Gilbert-Lecomte,
La Vie, l'Amour, la Mort,
le Vide et le Vent
Poésie Gallimard, 7,10 €

Le poème se trouve dans ce recueil d'un poète qui pratiquait la poésie noire (comme on parle de la magie noire pour l'opposer à la magie blanche). Un poète de l'intransigeance qui, délibérément, coula à pic dans l'autodestruction, la drogue, entre les bras de Monsieur Morphée.
On pourrait lui comparer, en France, Jean-Pierre Duprey, Stanislas Rodanski, Jacques Prével, Antonin Artaud, tous quatre grands lyriques du soleil et du miroir noirs.
Roger Gilbert-Lecomte fit partie du groupe Le grand Jeu, qui ne connut d'égal en intensité que celui des surréalistes. Son ami, son phrère  lui-même, René Daumal (1908-1944), finit par rompre avec lui,  optant pour la poésie blanche, après un long débat interne.
Il semble seulement au libraire que Roger Gilbert-Lecomte méritait une anthologie plus étoffée (ses Œuvres complètes parues aux mêmes éditions Gallimard comportent deux volumes, comptant respectivement 376 et 288 pages.) Il est vrai qu'existe dans la même collection de poche un volume consacré aux Poètes du Grand Jeu.
Le livre et Gilbert-Lecomte méritaient aussi des marges dignes de ce nom... Ils méritaient

Un palais aux murs
De vent

Un palais dont les tours
Sont de flamme au grand jour

Un palais d'opale
Au cœur du zénith
 
Mais voici l'heure d'une découverte bouleversante.
Le choix de poèmes et de textes, ainsi que la présentation, sont de Zéno Bianu. Avec, en préface, un texte d'Antonin Artaud.
 
 
 


vendredi 27 février 2015

Conférence sur les villes d'Auvergne

La Bourboule
Les citadins auvergnats évoluent quotidiennement dans des formes urbaines qui vont " du spectaculaire au plus ordinaire ", affirme Bénédicte Renaud Morand.
Pour nous apprendre à mieux lire cet univers citadin elle a publié l'ouvrage Les Villes en Auvergne et viendra tenir une conférence sur ce thème ce samedi 28 février 2015, à 15h30.
Les portes de la librairie vous sont ouvertes. La conférence est gratuite et accessible à tous. A vous voir nombreux samedi.

Clermont-Ferrand. Place de Jaude

jeudi 26 février 2015

Isabelle Mestre

Isabelle Mestre
Bonne nouvelle ! Isabelle Mestre, premier Prix des Lecteurs A la Page pour L'Arpenteuse, paru au Mercure de France en 2008 (déjà... le lecteur réprime un sanglot mélancolique) reviendra prochainement à Vichy et dans le cadre de notre partenariat avec le Petit Théâtre Impérial.
Après La Femme au rivage (Jean-Pierre Huget éditeur) paru en 2011,
Isabelle publie aujourd'hui Jeanne Lanvin : Arpèges aux éditions Le Passage.
Nous en reparlerons, c'est sûr. 
Isabelle Mestre, Jeanne Lanvin : Arpèges
172 pages, Le Passage, 16 €

mercredi 25 février 2015

Edward Hopper à la première personne

Karin Müller, Edward Hopper... exprimer
une pensée par la peinture.
Coll. Je biographe, Michel de Maule, 76 pages, 17 €
Rédiger la biographie d'un écrivain, d'un personnage historique ou d'un peintre à la première personne, pourquoi pas ? Marguerite Yourcenar l'a tenté dans un grand livre : Les Mémoires d'Hadrien.
Le libraire avait consacré un billet, le 8 février dernier, au livre d'Olympia Olberti sur Etty Hillesum, également rédigé à la première personne.
Alors après je suis Hadrien et je suis Etty, Karin Müller s'est glissée dans la peau du peintre américain et nous dit : je suis Edward Hopper (1882-1967), le peintre de la mélancolie et de l'attente de quelque chose.
Son récit biographique est simple,épuré, comme l'art de Hopper. Il permet de croiser tous ceux qui ont compté dans sa carrière, Renoir, Pissarro, Degas ; son ami Dos Passos ; les lieux où il a vécu, à Paris ou au Cape Cod ; ses nombreuses lectures ; ses toiles, célèbres dans le monde entier.
L'essentiel de Hopper, en quelque sorte.


Cape Cod evening, 1939

mardi 24 février 2015

Les essais de Virginia Woolf

Le libraire aime bien les correspondances, les journaux, les recueils d'articles et d'essais.
Formes d'écriture secondaires, laisse-t-on parfois entendre. Mais nullement insignifiantes, soutient le libraire, et bien supérieures en tous cas à un roman mauvais ou un récit moyen.
Par sa facture libre et directe, sa fantaisie, ses airs de conversation détendue ou sa gravité, son intimisme ou, au contraire, ses face-à-face avec l'actualité et les questions universelles, il nourrit les idées et les sensibilités. Chacun a envie de penser à sa suite, comme dit Marcel Conche, car l'essai, contrairement aux discours clos sur eux-mêmes ne se prétend jamais achevé, toujours à repenser.
Il existe ainsi un art de l'essai auquel en France Montaigne a donné le branle et porté à sa plus haute expression et toute une tradition anglaise, nous y venons, dont les auteurs sont moins connus ici, mais qui court du XVIIIe siècle à nos jours. Et passe donc par Virginia Woolf.
Ce recueil en donne une excellente illustration sur des thèmes variés, qui font l'un des charmes supplémentaires de ce genre d'écrits.
Une promenade nocturne, une réflexion sur la maladie, des considérations sur la paix et la guerre, une rêverie sur les pouvoirs de la lecture, des souvenirs de promenade : la malle aux trésors est ouverte. Bon voyage dans vos rêves, vos pensées et vos souvenirs !
Virginia Woolf, Essais choisis. Traduction nouvelle et édition de Catherine Bernard. Folio classique, 533 pages, 9,00 €.

Une édition anglaise d'Orlando


Juan José Saer et les Indiens

Dès la première page de ce roman oublié*, le lecteur est emporté, émerveillé. Saer, écrivain argentin (1937-2005), se fonde sur un fait réel, la captivité pendant quinze ans d'un jeune marin espagnol du XVIe siècle (on pense alors à ce qui arriva à Cabeza de Vaca et à la relation qu'il fit de son voyage) dans une tribu d'Indiens anthropophages.
A son retour, le marin de Saer, devenu un vieil homme, entreprend de raconter ce qu'il a vécu chez eux. Sans voyeurisme, ni mépris, ni pitié. Et il comprend alors que ces Indiens connaissent la vraie vie, ensorcelante, et que ces quinze années ont été les plus riches de sa propre existence.
La langue de Juan José Saer est d'une richesse  et d'une précision magnifiques. Sa traductrice, Laure Bataillon (1928-1990), qui œuvra beaucoup en faveur de la littérature latino-américaine, a été primée pour L'Ancêtre

Juan José Saer, L'Ancêtre, traduit de l'espagnol (argentin) par Laure Bataillon et suivi d'une préface d'Alberto Manguel, Tripode, 185 pages, 17 €.

* L'Ancêtre est paru la première fois en français en 1987, chez Flammarion.
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Juan José Saer

lundi 23 février 2015

L'homme qui tenait le monde dans ses pieds

Bernard Ollivier est l'auteur de Longue marche (éditions Phébus) un énorme succès de librairie : plus de 400.000 exemplaires vendus !
Dans cette trilogie, Bernard Ollivier racontait son odyssée : 12.000 kilomètres parcourus pédestrement sur la route de la Soie. Quatre saisons passées à marcher, non par goût de l'exploit sportif ou désir d'aller au bout de ses possibilités, mais pour se reconstruire après une période de dépression profonde.
Alors, les vertus de la marche, Bernard Ollivier les connaît. Et il entend les partager avec d'autres : en mai 2000, il crée l'association Seuil pour tenter de venir en aide à des adolescents en grande difficulté, condamnés à des peines de prison, en leur proposant le contrat suivant : marcher quasiment 2000 kilomètres, sac au dos, sans téléphone, ni réseaux dits sociaux et sans contrainte non plus. Ils  bénéficient de quatorze euros par jour. A tout instant, ils peuvent décider de s'arrêter.
Bernard Ollivier,
Marche et invente ta vie,
Arthaud, 230 pages, 15 €
Ce que gagnent (ou ne gagnent pas) sur eux-mêmes et sur leur destin, ces jeunes confiés par des juges, est raconté dans le livre que publie aujourd'hui Bernard Ollivier chez Arthaud : Marche et invente ta vie.
Le fonctionnement de l'association Seuil  (www.assoseuil.org) et ses buts y sont exposés en détail.
Au début du livre figure une sentence de Sartre :
" L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous. "


Le librairie rappelle modestement que Bernard Ollivier avait reçu pour son roman Histoire de Rosa qui tint le monde dans sa main (Phébus) le Prix des Lecteurs A la Page 2013.


Bernard Ollivier, invité de la librairie à l'automne 2013, pour le Prix des Lecteurs A la Page

  

dimanche 22 février 2015

Les citations du jour (2)

On parle toujours d'originalité, mais qu'est-ce que cela veut dire ? Dès notre naissance, l'univers commence à influer sur nous et cela continue ainsi jusqu'à la fin. Et d'ailleurs, que pouvons-nous appeler "nôtre", si ce n'est l'énergie, la force, la volonté ? Si je pouvais dire tout ce que je dois à mes prédécesseurs et à mes contemporains, il ne me resterait pas grand-chose.

                                                                                Goethe







                Comment rendre notre gagne-pain poétique ?
                                          
                                  Henry-David Thoreau





On n'écrit pas pour être connu, admiré, adulé et rien n'est plus absurde que l'ambition littéraire. On écrit pour connaître les inconnus qui puisent aux mêmes sources d'exigences et de jouvences, pour chercher l'Autre en soi (et peut-être le Soi des autres), et aussi pour " s'ajouter au monde ", selon la belle expression de Jean Giono, ce qui est l'exact antipode de l'ambition littéraire. Personnellement, j'ajouterai que j'ai aussi le sentiment d'écrire pour augmenter le mystère du monde et non pour le résoudre, tâche qui incombe davantage aux savants qu'aux poètes.              
                                                                            
                                                                              Jacques Lacarrière

samedi 21 février 2015

La vie de Jean-Louis Murat

Sébastien Bataille,
Jean-Louis Murat. Coup de tête,
Editions Carpentier, 208 pages, 17,90 €
On ne pourra plus passer du côté de Murat-Le-Quaire, village qui domine du haut de son rocher La Bourboule, sans songer à Jean-Louis Murat. C'est là qu'il faillit devenir berger (du reste son vrai nom est Bergheaud). Cest là qu'il rêvait de courir leTour de France et qu' il découvrit, grâce à un professeur d'anglais, Miles Davis et Charlie Parker. Grateful Dead, Canned Heat ensuite. Impossible de tous les citer.
Ni les petits boulots des années 1970.
Ni le premier disque sorti dans l'indifférence quasi-générale, dixit son biographe, Sébastien Bataille.
Suivront vingt albums enregistrés jusqu'à ce jour et la poursuite d'une non-carrière des plus estimables retracée ici, avec une discographie sélective et un dernier chapitre volcanique consacré aux coups de boule
de Jean-Louis Murat.
" Pour un bon mot, reconnaît-il, je suis prêt à déclencher une guerre mondiale. " La petite anthologie qui termine le livre n'est pas vraiment pacifique. Les oreilles vont continuer de siffler.

jeudi 19 février 2015

Monde du polar et polar dans le monde


Books, hors série n° 6, 9,80 €

La  revue Books consacre un numéro hors série au roman policier à travers le monde et au regard que posent les auteurs de polar sur l'état du monde. C'est peu dire que ce regard est noir – de l'Italie au Japon, en passant par le Mexique, l'Inde, la Chine ou la France.
Dans un dossier fort complet, avec de très nombreuses idées de lectures, les différents genres de polar sont évoqués : roman d'enquête,  suspens psychologique, roman ethnologique, sociologique ou politique.
L'évolution du genre fait aussi l'objet d'articles ainsi que les recettes d'écriture des grands maîtres, comme Ian Rankin, aujourd'hui, ou Raymond Chandler, hier.
Très romantique, le libraire a surtout une pensée pour ce dernier et pour Dashiel Hammet, les intrigues incompréhensibles du premier et La Clé de verre du second.
 
Humphrey Bogart, dans le rôle du mythique détective dur à cuire Philip Marlowe, imaginé par Raymond Chandler.
A droite, Lauren Bacall. Photo extraite du film " Le Grand Sommeil " d'Howard Hawks.




Dashiel Hammett, La Clé de Verre,
Folio Policier 8,00 €



mercredi 18 février 2015

La collection " Empreinte" chez Denoël

Natalia Ginzburg,
La Ville qui mène à la ville,
roman traduit de l'italien par Georges Piroué
Coll. Empreinte, 120 pages, 11,90 €


Cette collection n'est pas toute récente.
Riche de 77 titres, elle compte des auteurs comme  l'Anglais Julian Barnes, le Japonais Abe Kôbô, l'Américain  Isaac Bashevis Singer, le Finlandais Ato Paasilina ou le Français Georges Pérec. Entre autres.
Les couvertures des nouvelles parutions viennent d'être refaites, proposant un nouveau format et un visuel mieux accordé à l'air du temps. Des préfaces sont confiées à des noms en vue, de la littérature ou du monde de la culture.
Parmi les titres auxquels " Empreinte "redonne vie, le libraire a remarqué Bonjour minuit, de Jean Rhys, avec une préface de Fanny Ardant ; L'Âge difficile, de Henry James, avec une préface de Denis Grozdanovitch  
et La Route qui mène à la ville de Natalia Ginzburg, pour qui il avoue avoir un  petit faible, préfacé par Marie Darrieussecq.


Natalia Ginzburg (1916-1991)





 

mardi 17 février 2015

Coups de cœur BD

A vos calepins !
Voici la sélection de huit albums proposée par Géraldine
aux heureux présents du dernier SAMEDI BD .
L'apéritif a probablement été servi
quelque part entre
Et tu connaîtras l'univers et les dieux et L'Œil de la nuit.
Prochain rendez-vous : samedi 14 mars.
Même endroit (5, rue Sornin). Même heure (11 h 30).

Walter Hill, Balles perdues
Rue de Sèvres, 18 €
Olivier Milhaud/Clément Fabre,
Explicite : Carnet de tournage,
Delcourt, 16,95 €
 
Tiburce Oger, Buffalo Runner
Editions Rue de Sèvres, 18 €
 
Jesse Jacob,
Et tu connaîtras l'univers et les dieux
Editions Tanibis, 17,10 €
Serge Lehman/Gess et Delf,
L'Œil de la nuit, tome 1
Delcourt; 15,95 €
Xavier Dorison/Ralph Meyer,
Undertaker, tome 1
Dargaud, 13,99 €
Zanzim, LÎle aux femmes,
Glénat, 19,50 €
Isabel Greenberg,
Encyclopédie des débuts de la terre,
Casterman, 24 €



La fin des villes



Thierry Paquot, philosophe et urbaniste, était venu à la librairie A la Page,
il y a plusieurs années de cela, nous parler de l'importance de la rue pour la bonne santé des villes : l'importance de son animation sans tapage, de sa beauté, de sa complémentarité avec les places, les jardins, les parcs, les volées de marches, les passages.
Aujourd'hui, il publie un essai aux éditions La Découverte dans lequel il tente de définir ce qui, au contraire,  nie l'esprit de la ville.
Il consacre cinq chapitres aux ""dispositifs " architecturaux et urbanistiques suivants : le grand ensemble  ; le centre commercial  ; le gratte-ciel  ;
la gated community ; les " grands projets ". Autrement dit, et respectivement : l'ensemble sans ensemble ; le commerce sans échange ; l'impasse en hauteur ; la vie enclavée ; la toxicité de la démesure.
Le libraire n'invente rien. Thierry Paquot lui a tout soufflé.
Désastres urbains n'est cependant pas un traité de désespérance à l'usage de l'homo urbanus. La "cité jardin ", le "village urbain", la "ville territoire" ou la "biorégion" s'offrent pour lui en contre-modèles capables d'éviter ("même de manière imparfaite", écrit-il honnêtement) que la ville (et indirectement la campagne) ne soit détruite dans son caractère profond.
Une longue " promenade bibliographique " commentée conclut l'essai, pleine d'idées de lectures, qui sont autant de contrepoisons.
Thierry Paquot, Désastres urbains. Les villes meurent aussi. La Découverte, 222 pages, 17,90 €.
A noter que Thierry Paquot dirige aussi la revue annuelle L'Esprit des Villes, dont le second numéro est à paraître au mois de mai prochain.



lundi 16 février 2015

Le jeune Van Gogh

Van Gogh au Borinage. La naissance d'un artiste.
Fonds Mercator/Musée des Beaux-Arts de Mons
25x30 cm, 259 pages, 49,95 €
On ne manquait pas de livres sur Vincent Van Gogh (1853-1890), se répétant bien un peu les uns les autres, déclinant à tout-va la figure du "peintre maudit ".
Raison de plus pour saluer ce Van Gogh au Borinage consacré aux débuts du peintre.
Vincent a vingt-cinq ans lorsqu'il s'installe dans la province belge du Hainaut. Fils de pasteur, il éprouve un "intérêt dévorant" pour la religion. Alors, il se propose comme évangéliste auprès des travailleurs de la mine. Vincent donne des lectures de la Bible, Vincent impressionne son entourage, Vincent distribue ses vêtements et son argent aux plus pauvres, Vincent s'occupe des malades. Mais bientôt, il est mis fin à son contrat temporaire.
Cet échec terrible le poussera vers un nouveau métier : Vincent sera peintre. Et toute sa courte vie restera fidèle à son expérience dans le Borinage.
Ce livre est le premier à étudier de près cette période essentielle dans la maturation du tempérament artistique de Van Gogh. Il est illustré par de nombreux dessins, tableaux, lettres et documents.
Le libraire le trouve fort émouvant.
Autoportrait (1887)


dimanche 15 février 2015

Ce qui se passera samedi 28 février

 
 
Le 28 février à 15 h 30,
 après la réunion du groupe de lecture  "Lions nos pages",
Bénédicte Renaud-Morand,
conservateur du patrimoine au service régional de l'Inventaire,
tiendra une conférence sur le thème :
 
LES VILLES EN AUVERGNE.
 
Après un échange avec l'audience,
elle dédicacera le livre du même titre paru aux éditions Lieux dits.

Une petite rectification







Le libraire n'est qu'un étourdi : le prix du roman de Tracy Chevalier, La dernière fugitive, paru chez Folio, est de 8 € (et non 9), comme il l'indiquait dans son billet.
Une raison supplémentaire de s'y intéresser !
Et de rester courtois quand même avec le libraire.

samedi 14 février 2015

Un voyage au Japon

En matière de voyages, la nouveauté la plus voyante des derniers jours est peut-être celle du guide Michelin 2015.
Plus discrète est celle que publie la collection Babel du récit d'Antoine Piazza, Un Voyage au Japon.
Le Japon est une destination plutôt courante chez les écrivains-voyageurs, qu'ils entreprennent leur périple avec un vélo, comme ici, ou en auto-stop, ou en employant tout autre moyen de déplacement.
Surtout depuis que Nicolas Bouvier, impeccable, et intouchable en tous cas, a publié ses carnets.
Antoine Piazza n'était donc pas sans concurrence. Mais plutôt que de jeter sur le papier de simples notes, rapides comme les impressions du voyageur
et, quelquefois, trop rapides pour faire littérature, il a choisi de livrer un récit continu.
La force de frappe d'Antoine Piazza est le style. Celui que l'on trouve dans ses romans (Les Ronces ; La Route de Tassiga ; Le Chiffre des sœurs...) et  qu'il fait passer sans rupture dans cette forme d'expression. 
Pour Les Ronces, Antoine Piazza avait reçu le prix Emile Guillaumin 2006.

 
Antoine Piazza, Un Voyage au Japon
Actes Sud Babel, 166 pages; 6,80 €

vendredi 13 février 2015

Tracy Chevalier en poche

Tracy Chevalier,
La Dernière fugitive
 
Nous sommes au milieu du XIXe siècle. Deux jeunes anglaises, Honor et Grace, s'embarquent pour le Nouveau Monde. Grace doit rejoindre dans l'Ohio son fiancé, un quaker comme elle. Elle mourra lors de la traversée de l'Atlantique, mais sa sœur décidera de poursuivre seule le voyage.
Tracy Chevalier nous fait découvrir des Etats-Unis tout jeunes encore, un vaste territoire à l'occupation très espacée, une Amérique de villageois, de bûcherons, d'esclaves noirs et de ... chasseurs d'esclaves.
Malgré les risques encourus, Honor se conformera à l'éthique des quakers, opposés à l'esclavage. Elle connaîtra l'amitié d'autres femmes, un foyer pas très heureux. Surtout, elle se révélera un être splendidement doux et fort.
Tracy Chevalier s'est très précisément documentée pour nous léguer ce double portrait : d'une nation en construction et d'une femme tentant elle-même de se construire, aux prises avec son temps, ses sentiments et ses aspirations.
Le librairie se réjouit pour tous ceux qui ne l'ont pas encore lu. Les autres connaissent déjà leur chance.
Tracy Chevalier, La Dernière fugitive, roman traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Annick Neuhoff,
395 pages, 9 €

Tracy Chevalier

jeudi 12 février 2015

Samedi 14 février : c'est samedi BD

Des sièges, des tables et des bacs remplis de BD vous attendent dès 11h30 ce samedi 14 février.
Un apéritif aussi.
Et surtout, les coups de cœur de Géraldine. Une dizaine de titres soigneusement sélectionnés. Avec, peut-être, quelques coups de griffes, ici et là. Qui sait ?
Le monde des bulles, non plus, n'est pas universellement talentueux...
Comme mise en bouche, et hors sélection bien entendu, voici proposé par les éditions Shampooing (ça commence bien) le troisième volume du Guide du Mauvais Père par Guy Delisle.

On pourra dire que 190 pages pour épingler les maladresses paternelles, cela fait peu. Mais on rira sans arrière-pensées à voir ce papa d'aujourd'hui s'empêtrer dans ses réponses à sa fille ; s'enfoncer dans sa communication avec son fils ; vider le réfrigérateur de leurs boissons favorites comme le grand adolescent qu'il est ; briser en mille morceaux le cadeau d'anniversaire de l'un ; ruiner le moral de l'autre avant qu'elle entre à l'école.Tout un art.
Le libraire a bien rigolé. N'empêche vivement SAMEDI BD !
Extrait de Guy Delisle, Le Guide du Mauvais Père, 3
éditions Shampooing, 190 pages, 9,95 €


 

mercredi 11 février 2015

Les fables scientifiques de Jean Deutsch

Jean Deutsch,
Le corbeau qui tenait en son bec un outil
et autres histoires naturelles,
Seuil, Science ouverte, 218 pages, 18 €
Le livre de Jean Deutsch est conçu dans la lignée des écrits de popularisation qui se sont largement développés au XIXe siècle.
Ils sont informés des plus récentes données de la science et s'adressent à un public curieux, non spécialisé, dans un langage clair et attrayant.
Jean Deutsch, nouveau Buffon, nouveau Jean-Henry Fabre, consacre douze chapitres à des histoires naturelles décalées :  le poisson aveugle, l'araignée sauteuse, la souris à pattes blanches et tutti quanti, n'ont pas de mystère pour lui.
Ni, non plus, le corbeau, donc, un oiseau qui n'a rien d'un nigaud : celui qui habite la Nouvelle-Calédonie utilise des outils pour aller quérir les vers que son trop gros bec empêche d'approcher dans les trous des arbres. Il se saisit d'une brindille, en tord l'extrémité pour en faire un crochet. Le tour est joué.

Le librairie apprécie qu'on réhabilite ainsi les oiseaux.
Il signale, à ce propos, l'un des plus beaux livres parus ces dernières années :
Le Chant des oyseaulx,
 par Antoine Ouellette,
aux éditions Tryptique
(274 pages, 25 €).
Magnifique.


mardi 10 février 2015

Et toc !


" Depuis de trop longues minutes déjà, un prétentieux pérore devant vous et toute l’assemblée. Il a le don de gâcher votre soirée. Vous aimeriez que cela cesse, vous cherchez en vain le bon mot qui le remettrait à sa place et le ferait taire. Rien ne vient ; plus frustrant encore, la formule appropriée arrive trop tard. C’est que, avoir de la répartie, cela s’apprend ! Rien de tel que de s’inspirer du talent des autres pour clouer le bec à son adversaire. "
C'est à cette œuvre utile qu'est consacré ce petit manuel du savoir s'en sortir à son avantage en société.
Son auteur, Claude Clodong, a dressé la liste d'un certain nombre de situations profondément rasantes et compilé des réparties possibles.  Adolescents, professeurs,  dames et messieurs se voient ainsi proposer des répliques définitives face aux enquiquineurs, aux séducteurs (à la mie de pain), aux Narcisses et autres beaux parleurs prêts à gâcher soirées, sorties ou réunions de travail.
Face au bavard (à la bavarde), déclarez : Il y a toujours des gens qui trouvent à ne rien dire (Raymond Queneau).
 Face au vantard (à la vantarde), osez : L'an dernier, tu étais encore un peu prétentieux, mais cette année, tu es parfait(e).
Face au vieux grincheux ( à la vieille grincheuse) qui disait à Frank ZappaSi j'en juge par vos cheveux longs, vous êtes une fille, répondez superbement comme il le fit : Et si j'en juge par votre jambe de bois, vous êtes une table  !
Et ainsi de suite. C'est ravissant. 

Claude Colong, Et toc ! Le meilleur des réparties pour moucher les emmerdeurs, les cons, les prétentieux et autres ennuyeux, Mille et une nuits, 118 pages, 4 €



Frank Zappa

Diane Ducret



Comme le librairie l'indiquait dans son billet du 18 janvier dernier, Diane Ducret sera à Vichy ce vendredi 13 février à 16 heures, au Petit Théâtre impérial, pour répondre aux questions de Sylvain Beltran, à l'occasion de la publication de son dernier livre Chair interdite.

lundi 9 février 2015

Teodor le jardinier

En 1992, Teodor Cerić, étudiant en lettres, quitta son pays bombardé par l'armée serbe et vagabonda à travers l'Europe de l'Ouest. Il vécut de petits boulots, profitant des tuyaux qui lui étaient donnés ou consultant les annonces des journaux ou des commerçants pour trouver de l'embauche.
Trois ans plus tard, il rentra au pays et, en 1998, se retira non loin de Sarajevo, publiant chroniques et poèmes. Puis, il décida de se taire, jusqu'à ce que Marco Martella, son traducteur et lui-même passionné de jardins*, obtienne son accord (le lui arrache, plutôt) de publier en français Jardins en temps de guerre que voici.
Il s'agit de sept chapitres regroupant les souvenirs de jardinage de Teodor. Des jardins très différents entre eux : anglais, grecs, parisiens, italiens ; jardins de centre ville ou jardins de banlieue autour des maisons ; jardins raffinés  et jardins sauvages ; jardins ouverts et jardins clos – ceux qu'il préfère, sans doute.  Jardins dans lesquels il a travaillé non comme noble paysagiste, mais comme  désherbeur sans grade, comme poète " aux angles noirs de terre ".
De cette expérience et de celle du vaste monde, Teodor a conclu que le jardin est l'endroit où il se sent chez lui. Un espace que les guerres ont épargné. Un lieu de résistance, dont il écrit ceci : " Je le retrouve chaque matin, lorsque je sors de ma maison à l'aube et qu'immanquablement je m'arrête, ébahi devant tant de grâce qui apparaît pour moi, rien que pour moi, sortant des ténèbres. Je le regarde frémir comme une bête sauvage de la forêt qui, par je ne sais quel miracle, aurait consenti à se laisser domestiquer. "
Teodor est un jardinier de caractère. Mais existe-t-il vraiment ? Ne serait-il pas plutôt un jardinier de papier, le nom de guerre de son traducteur, comme Jorn de Précy, la précédente créature de Marco Martella ?


Teodor Cerić, Jardins en temps de guerre, récit traduit du serbo-croate par Marco MartellaActes Sud , collection " Un endroit où aller ", 152 pages, 16 €

* Marco Martella dirige la revue Jardins (éditions du Sandre).