jeudi 7 décembre 2017

Haïku et sonnets

Laurent Albarracin, Plein vent, 111 haïku,
Pierre Mainard, 48 pages, 10 €
Et la poésie dans tout cela ? Voici ce que répond Laurent Albarracin en 111 haïku précisément, des haku de Plein vent. Ce qui donne ces résultats exquis :

Une noix qui tombe
et le silence
se fait coquille

Ecureuil
courant sur la route
grignote la route

Echappe d'une haie
ce juron délicieux :
le merle

Tout y est : la précision de l'observation ; la rapidité de la notation (en 17 syllabes ou non) ; un rien de la malice indispensable.

Et encore :

Crapaud
sourire fendu jusqu'aux flancs
boîte de quelque perle

Robert Marteau a choisi le sonnet (14 vers) et l'alexandrin (12 pieds). Comme ceci :

La vie a été un long loisir, consacrée
Toute à la frivolité, aux jeux de l'amour,
Aux hasards du jeu, à jouer la tromperie.
Ce fut un emploi du temps rigoureusement
Réglé où les imprévus étaient ménagés
Et chaque quiproquo prévu de longue date.
Derrière soi ne pas laisser la moindre trace
Sans qu'il soit question de s'en préoccuper,
Faire de tout son août et jamais n'engranger rien,
Faire d'ailleurs son lieu sans un pas qui y aille,
En ses châteaux loger seulement ses chimères,
Ponctuel improviser l'attente, se rendre
Au rendez-vous manqué rien que pour se le dire,
La vie étant à tout prendre un trop bref loisir.

Robert Marteau tient de la sorte un " journal en sonnets ", dont cet exemple, noté le 19 août 2005.
Robert Marteau, La Venue (liturgie VIII,
2005-2006), Champ Vallon,
192 pages, 16 €

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