William Morris, La Plaine étincelante, traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Francis Guèvremont, Aux forges de Vulcain, 222 pages, 19 € |
De Morris, en admettant qu'on le connaisse, on se fait des idées toutes faites. On se souvient des motifs de papier peint art and craft ; vaguement de ses convictions socialistes ; parfois on se souvient de son roman utopique : Nouvelles de nulle part (1890).
La Plaine étincelante (fort joliment traduit pas Francis Guèvremont) est un roman chevaleresque où la délicatesse des sentiments et de l'éducation se mêle à l'héroïsme et aux fières attitudes. Il nous entraîne dans un moment incertain de l'Histoire (un Moyen-Âge imaginaire, auquel William Morris se réfère constamment dans ses conférences) et dans des contrées inconnues, que les personnages traversent et hantent en guerriers aussi bien qu'en danseurs, en troubadours. C'est un monde, où la force et la ruse existent, mais où il y a encore des gens biens -- et non plus seulement des dictateurs, de fieffés coquins et des pervers à chaque coin de rue. C'est un monde empli de rêves. Les noms des personnages, comme les noms de lieux dans ces pays sont savoureux (et finement rendus par le traducteur) : qu'il s'agisse de Gîtallègre, de Renard-Chétif ou de Rapace des Aigles pêcheurs.
Il est dit que Tolkien s'inspira de William Morris et, à sa suite, les auteurs de Fantasy. Seulement, Morris était habité par des espoirs absents des productions ordinaires de la littérature d'imagination pure.
L'on pourrait aussi penser un instant aux Terres du couchant, de Julien Gracq, bien que l'amour et les femmes tiennent un rôle autrement plus réjouissant dans La Plaine étincelante.
Morris fit d'abord paraître sa romance en revue ; puis l'imprima sous forme de livre sur sa propre presse, d'où sortirent des chefs-d'œuvre typographiques.
De William Morris, Aux forges de Vulcain a également publié, dans la même veine, Le Lac aux îles enchantées, Le Pays creux et La Source au bout du monde.
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