Pietro Citati, Don Quichotte, traduit de l'italien par Brigitte Pérol, L'Arpenteur, 187 pages, 19,50 € |
Ainsi Miguel de Unamuno (1864-1936) concluait-il son profond essai La Vie de Don Quichotte et Sancho Pança publié en 1905. Il y montrait que chaque geste du chevalier devait être pris au pied de la lettre.
Le mythe n'est toujours pas mort et c'est aujourd'hui Pietro Citati qui reprend le flambeau du cervantisme, c'est-à-dire de l'interprétation fascinée du roman des romans de Cervantès. Fascinée et proprement inépuisable.
" Tous portaient le livre aux nues. Les enfants le feuilletaient ; les jeunes gens le lisaient ; les hommes faits le comprenaient ; les riches le célébraient (....) Chaque lecteur avait ses passages préférés. Les uns penchaient pour l'aventure des moulins à vent, que don Quichotte prenait pour des géants et des Briare , d'autres pour celles des moulins à foulon ; d'autres préféraient la description des deux armées, qui n'étaient que deux troupeaux de brebis et de moutons. "
Après avoir mis ses pas dans ceux de Kafka, Leopardi et Tolstoï, Pietro Citati ravive les personnages nés à la toute fin du XVIe siècle et qui ont fait le tour de monde. De quoi sont-ils armés pour ce faire ? D'un casque et d'une lance ; d'un valet et de sa bourrique ; de l'amour pour Dulcinée du Toboso; de l'amour pour Dieu et de la peur de mourir.
Et Citati de quoi est-il riche ? D'un essai qui a la politesse d'être court et qui a celle de ne pas être rédigé dans un métalangage fait pour éblouir le gogo ou ses étudiants subjugués par la volubilité conceptuelle de leur professeur. Sobre, calme et néanmoins riche, Citati replace Don Quichotte dans la grande perspective romantique : c'est un chef-d'œuvre, oui. Mais " de rêve et de fumée ".
Il kiffe, le libraire.
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