mardi 31 mars 2015

La mer pour débutants

Hubert Reeves, Yves Lancelot,
La Mer expliquée à nos
petits-enfants, 64 pages, Seuil, 8 €
Il fallait au moins un astrophysicien (Hubert Reeves) et un océanographe (Yves Lancelot) pour parcourir l'océan de nos (mé)connaissances de la mer.
C'est chose faite avec ce petit manuel de l'eau salée destiné à attirer l'attention des générations sur 1° la beauté  de cet élément 2° sur son altérité complète par rapport à l'homme 3° sur son importance pour l'avenir des terriens.

Eaux des grands fonds, tectonique des plaques, volcans sous-marins, disparition des poissons et autres problèmes de poubelles océaniques sont également au menu.
Le livre est composé pour les adolescents et ceux qui le sont restés. Ce qui fait pas mal de monde.

mardi 24 mars 2015

Pause du blog

 
Le libraire s'absente une semaine pour se rendre en quelque point de cette carte. Mais pas la librairie, qui reste à votre service comme d'habitude.
Reprise des merveilleux billets du blog le mardi 31 mars.
Vous êtes tout tristes, le librairie le sent bien. Mais soyez patients, il reviendra en grande forme ! C'est fatal. 

samedi 21 mars 2015

Son dernier journal

Henri Bauchau, Dernier journal, Actes Sud,
 681 pages, 27,50 €
Henri Bauchau (1913-2012) est décédé a presque cent ans. Et à presque cent ans, il tenait son journal.
Ce sont ses six dernières années qui se trouvent consignées dans ce volume. Le rugby, Victor Hugo, de nombreux collègues d'écriture (Nancy Huston, Gérard Haddad, Pierre Michon...) ses rêves (on sait qu'il fut psychanalyste), ses lectures font la matière de ces carnets. Les souvenirs aussi. Mais l'ensemble reste, jusqu'au bout, tourné vers le présent et l'avenir.  Aucune geignardise, pas d'amertume.
Le 4 novembre 2008, Henri Bauchau note : " L'épopée du hêtre rouge se termine par un feuillage brun-rose au soleil levant, qui vire dans la journée vers un brun chaud si la journée est belle. Le tulipier de Virginie a presque perdu ses feuilles, il ne reste que ses grands mats. Les tilleuls, par contre sont encore verts.  Que j'aimerais  pouvoir encore me promener en forêt par une belle journée d'automne ! Mon corps me dit " non " avec douceur et autorité. "
Sa dernière note date du 28 août 2012 : "Impression superficielle en revoyant mon Journal du 23 :  impression que c'est irréductiblement le passé et que maintenant, c'est vers d'autres choses que je peux me tourner."
Presque aveugle, il avait toutefois la chance, qui n'échoit pas à toutes les vieilles personnes, de pouvoir dicter ses textes et de lire avec un écran agrandisseur.
Le libraire pense en conclusion qu'un homme qui cite Elisée Reclus en page 480  ne pouvait être entièrement mauvais.

Henri Bauchau

vendredi 20 mars 2015

Le Grand débat

La 5ème édition du Grand débat (manifestation organisée par la Ville de Vichy) aura lieu au Palais des Congrès-Opéra les 10 et 11 avril prochains.
En voici l'affiche :

Comme à chaque édition, les auteurs invités dédicaceront leurs livres à la fin de chaque intervention sur le stand tenu par les libraires de Vichy.
En incontestable vedette cette année le volume de La Pléïade consacré à Jean d'Ormesson, qui sera mise en vente en avant-première nationale.
Vous pourrez obtenir dès la semaine prochaine le programme détaillé des rencontres auprès de la librairie.
En attendant, Patricia Castex-Menier vous offre ce délicieux poème  en avant-première de sa venue samedi prochain pour des lectures poétiques et apéritives à la librairie A la Page :
 
Quelques
chaises, espacées

pour
ceux, à Monceau
 
qui
viennent lire
 
ou
simplement penser,
 
les
pieds posés
sur les arceaux de la pelouse.
 
Il
faut cultiver son philosophe,
dit le jardin.
 
Patricia Castex-Menier, Jardins publics,
éditions Aspect, 74 pages, 11 €
 

jeudi 19 mars 2015

Oiseaux, mes beaux oiseaux

Vincent Gaget, Petites anecdotes
sur les oiseaux extraordinaires
de France, ill. de Bernadette Del Regno,
Editions La vallée heureuse, 136 pages,
11 €
Leurs noms, déjà, font nos délices : le balbuzard pécheur, la huppe fasciée, le jaseur boréal, la sittelle torchepot. C 'est tout un programme !
Il y a ensuite leurs mœurs  pour nous ravir. Le choucas des tours, par exemple, est le seul oiseau qui suit la direction du regard humain, ce qui est réservé aux seuls grands singes parmi les animaux (à l'exception de l'homme).
En plus, il a les yeux bleus., mesdames.
Le vol du faucon crécerelle, que l'on peut facilement voir au-dessus des champs, est dit
" vol en Saint-Esprit "parce qu'il guette ses proies les ailes en croix.
Et savez-vous quelle astuce ont mise au point les pics pour ne pas avoir mal à la tête quand ils frappent les écorces comme des forcenés ? Leur langue " rentrée dans la bouche, s'enroule autour de leur cerveau, servant ainsi d'amortisseur avec la boîte crânienne ". Sans rire !
Dans ce livre de poche, qui fait suite aux Petites anecdotes sur les oiseaux de nos jardins, on trouve nombre d'informations savoureuses concernant nos amis ailés. Il passe quelque chose de frais et de presque enfantin dans les illustrations de Bernadette Del Regno.
L'éditeur, lui, a choisi pour nom " Editions la Vallée heureuse".
Que demande le peuple, dîtes-moi, que demande-t-il ?

Il vole en " Saint-Esprit"

mercredi 18 mars 2015

Coups de cœur BD (3)

Samedi dernier, deuxième du mois, Géraldine proposait un nouveau samedi BD.
Cinq titres et une nouvelle collection (" Les grands peintres ") 
figuraient parmi ses coups de cœur que voici en images.
Naturellement, les heureux présents
eurent droit à une présentation autrement détaillée :
trop tard, trop tard, il fallait venir !
Et il ne reste plus une goutte d'apéritif...
 
Daisuke Igarashi, Saru,
Sarbacane, 450 pages, 17,90 €

Foerster, Le Confesseur sauvage,
Glénat, 104 pages, 22 €

Cosnava/Carbos, Monsieur Lévine,
Sarbacane, 144 pages, 22,00 €

Richard McGuire, Ici,
Gallimard, 304 pages, 29,00 €

Bleys/Benjamin Bozonnet, Goya,
Glénat, Les Grands peintres, 56 pages, 14,50 €

Francis Dermaut, Rosa,
Glénat, 56 pages, 14,50

Une mention spéciale va à Rosa, de François Dermaut.
Cet album nous retient d'autant plus qu'il est basé sur le roman
de Bernard Ollivier, qui avait obtenu
le Prix des Lecteurs A la Page
lors de sa parution chez Phébus en 2013.
Rosa a maintenant un visage  ; le peu ordinaire scénario de Bernard Olliver
est fort bien servi dans un album
(que suivra un deuxième et dernier volume, toujours chez Glénat).

mardi 17 mars 2015

C'est la semaine de la poésie


Depuis 28 ans, l’association La Semaine de la poésie propose au public des
rencontres avec la poésie contemporaine et les poètes qui l’écrivent.
Création de Jean-Pierre Siméon, aujourd’hui Président d’honneur de
l’association et directeur artistique du
Printemps des Poètes, La Semaine de la poésie poursuit son travail de découverte, de promotion et de diffusion de la poésie contemporaine.
La Semaine de la poésie est aujourd’hui reconnue tant sur le plan national que sur le plan
international grâce à des échanges et des partenariats, avec le Brésil en 2013 et 2014.
Depuis ses débuts, plus de 200 poètes ont été invités par La Semaine de la poésie.
Ces rencontres s’intègrent chaque année dans les deux programmations proposées par
l’association : le festival de mars et le cycle de lectures Poésie hors saison.

Samedi 21 mars, vous avez donc rendez-vous au 5, rue Sornin à 11 h 30 avec Patricia Castex-Menier, pour un apéritif en poésie.

Patricia Castex-Menier

lundi 16 mars 2015

Daphné, Tatiana, George et Rebecca

Tatiana de Rosnay, Manderley for ever,
Albin Michel/ Héloïse d'Ormesson, 455 pages, 22 €
Les feux de la rampe littéraire se sont allumés sur la biographie de Daphné du Maurier (1907-1989) par Tatiana de Rosnay.
Et certainement, l'auteur de Rebecca, de L'Auberge de la Jamaïque et de la nouvelle Les Oiseaux, qui fut adaptée au cinéma par Alfred Hitchcock, méritait ce vif éclairage.
Mais c'est l'occasion offerte au librairie de parler d'un autre du Maurier : George de son prénom, qui était le grand-père de Daphné, l'auteur d'un grand classique du rayon romantique, superbement traduit en français en 1946 par Raymond Queneau : Peter Ibbetson.
Peter Ibbetson est doté d'un pouvoir merveilleux : celui de " rêver vrai ", c'est-à-dire de se plonger quand il le veut dans ses rêves et d'y retrouver ceux qu'il aime. Ce pouvoir est bienvenu car Ibbetson a été injustement condamné à une longue peine de prison. Rêver vrai est sa manière d'échapper à sa geôle et à la vie de captif qui lui est faite. Peter Ibbetson, à force d'entraînement, réussit à revivre son enfance, à mener une double vie, à dépasser les contraintes du réel.
Pour George du Maurier, c'est aussi une façon de nous dire qu'il est possible d'échapper à notre humaine condition. Ce qui est, reconnaissons-le, une excellente nouvelle.
Comme Les Oiseaux, la nouvelle de Daphné sa petite fille, le roman de George du Maurier fut  adapté au cinéma (en 1935, par Henry Hathaway). André Breton et les surréalistes en étaient de grands admirateurs.
Le libraire applaudit des deux mains au film et au livre paru chez Gallimard.

George du Maurier, Peter Ibbetson,
traduit de l'anglais par Raymond Queneau,
L'imaginaire, 336 pages, 9,65 €

dimanche 15 mars 2015

En écoutant Bénédicte Renaud-Morand

Bénédicte Renaud-Morand, 28 février 2015, 16 h 45
La conférence de Bénédicte Renaud-Morand, en écho à son livre du même titre, a passionné l'auditoire : qu'elle en soit une nouvelle fois remerciée, ainsi que le Service régional de l'Inventaire qui avait permis sa venue.
L'Auvergne ce sont, naturellement des vallées et des montagnes, des villages et des hameaux. Mais ce sont aussi des villes à part entière, et leurs formes en évolution.
Des villes que Bénédicte Renaud-Morand a vu ni du ciel ni des plans (ou pas seulement), mais à hauteur de regard, tel que le piéton peut les parcourir.
Soit qu'il y travaille et y consomme, soit qu'il s'y promène par plaisir d'observer les œuvres successives des constructeurs publics ou privés. Soit qu'il trouve le décor urbain aimable et beau, soit qu'il le trouve froid, écrasant, sans charme.

A la page, samedi 28 février, 15 h 30




La conférencière a ainsi pu donner des éléments de lecture des villes auvergnates en s'appuyant sur des exemples vichyssois ou proches, non pas seulement pour renseigner le touriste, mais pour permettre à l'habitant de mieux connaître son cadre de vie.
Le catalogue des publications réalisées par le Service régional de l'Inventaire d'Auvergne est à la disposition de tous (notamment sur la table basse devant le canapé bien connu des habitués).

samedi 14 mars 2015

Apéro-poésie


ET SI VOUS VENIEZ PRENDRE UN APERITIF EN POESIE AVEC
PATRICIA CASTEX-MENIER ?
samedi prochain, 21 mars, à 11h30
rencontre-dédicace et lecture de poèmes assurées
l'entrée est libre et gratuite

Les mots qui fâchent

Jean-Loup Chiflet,
99 mots et expressions à
foutre à la poubelle, Points,
136 pages, 5,90 €
Dans la collection le " Goût des mots ", Jean-Louis Chifflet a réuni des mots de mauvais goût.
De ces vocables et expressions qui, on ne sait exactement pourquoi, se mettent à envahir la langue, comme des tics sur le visage.
99 d'entre eux ont été recensés et désignés comme " flous et vagues, creux et inutiles ". De booster à clivage et que du bonheur ! en passant par signal fort et tout à fait ou y'a pas de souci ! ils se sont incrustés dans la langue politique et médiatique ou dans celle que nous utilisons entre nous.
Parlons-en : c'est la meilleure façon de nous en défaire...

jeudi 12 mars 2015

Le fado et son destin

Agnès Pellerin, Le fado,
Michel Chandeigne, 192 pages, 25 €
Les excellentes éditions Chandeigne ont été créées en 1992. Elles se consacrent à la défense et à l'illustration du monde et de la culture lusophones. Leurs livres sont, en outre, toujours amoureusement réalisés.
Elles viennent de publier la deuxième édition, largement augmentée, d'une somme sur le fado, que l'on dit être le blues ou le rebetiko portugais. Comme eux il est né chez les vagabonds et les voyous, dans les bas-quartiers et les maisons closes ; comme eux, il s'accompagne d'un instrument à cordes. Mais, s'il a une portée universelle, le fado, né au XIXe siècle, a également des traits particuliers.

" Ce n'est pas la tristesse, juste
Une certaine façon d'être ",
 
voilà ce qu'est le fado, fado du marin ou fado de la religieuse, fado de Lisbonne ou fado de Coimbra (chanté par les hommes).
Le livre comporte in fine une anthologie bilingue de 47 fados et un CD-audio, réalisé en coédition avec les Carnets Nomades de Colette Fellous (France-Culture), de 50 minutes.
Agnès Pellerin  qui signe cette histoire du fado, est l'auteur, également chez Michel Chandeigne, de Les Portugais à Paris, au fil des siècles et des arrondissements. 
 
L'ambassadrice du fado, Amalia Rodrigues
 

 
 
 
 


mercredi 11 mars 2015

Le Prix des Lecteurs à la Page 2015

... est lancé.
Pour la huitième année consécutive, le jury de douze membres devra départager huit romanciers français.
Cette année, la librairie a sélectionné les romans suivants :

Le Voyage d'Octavio, de Miguel Bonnefoy
(Rivages).
Un été, de Vincent Almendros
(Minuit).
La Montagne de la dernière chance, André Bucher
(Le Mot et le reste).
L'Idiot du palais, de Bruno Deniel-Laurent
(La Table Ronde).
Evariste, de François-Henri Désérable
(Gallimard).
J'ai entraîné mon peuple dans cette aventure,
d'Aymeric Patricot
(Anne Carrière).
L'Odeur du Minotaure, de Marion Richez,
(Sabine Wespieser).
La Maison-guerre, de Marie Sizun
(Arléa).

Le premier tour de vote aura lieu le 30 mai.

Une partie du jury du Prix des Lecteurs A la Page en 2014, année où La Fin du monde a du retard,
 de Jean-Marcel Erre a été élu Prix des Lecteurs A la Page.

mardi 10 mars 2015

Vous avez dit :" âge obscur " ?

Michel Zink, Bienvenue au Moyen Âge,
France Inter/Les Equateurs,
182  pages, 14 €
 
Le premier mérite de cet ouvrage de Michel Fink, né des émissions diffusées sur les ondes de France Inter, est de nous rendre le Moyen Âge incroyablement proche. C'était hier, c'est aujourd'hui.
Le deuxième de ses mérites, c'est qu'il est à la fois un livre d'histoire et de littérature.
D'où découle directement son troisième mérite qui est de donner à lire de savoureux textes de poèmes, de chansons et de contes.
A quoi s'ajoute le mérite insigne d'un ton simple, enjoué, contagieux, donné seulement à ceux qui dominent si bien leur sujet  qu'ils n'ont pas à se cacher derrière des mots tarabiscotés, prononcés pour être compris entre soi.
En voulez-vous un exemple, le libraire vous donne celui-ci , tiré du chapitre intitulé
" La nature et l'amour " :
" Pour nous, la nature est d'abord un spectacle. Pour le  Moyen Âge, un contact. Nous la voyons comme un paysage avec ses dégradés, ses lointains, sa perspective. Le Moyen Âge, dont l'art ignore longtemps
la perspective, en a une perception rapprochée. Il la voit tout près, en gros plan.
La nature est ce qu'on touche, ce qu'on sent, ce qu'on entend, ce qui borne le regard et baigne le corps entier : une branche fleurie, une source et son déversoir,
la tiédeur de l'air sur la peau, le parfum de la brise, l'odeur du froid. La nature, c'est le monde sensible et sa sensualité. "
Le Moyen Âge, c'est maintenant, non ? Ou jamais.
Michel Zink est professeur au Collège de France et l'auteur de nombreux livres et travaux de référence sur le Moyen Âge.

lundi 9 mars 2015

Que vive la baleine !

François Garde, La baleine dans tous ses états,
Gallimard, 205 pages,
17,50 €
A la page avait déjà défendu Ce qu'il advint du sauvage blanc, le premier roman de François Garde paru dans la collection blanche  comme la baleine de la même couleur. Voici, de cet auteur, une nouvelle histoire qui concerne la mer ou, plus exactement, le plus imposant de ses habitants : la baleine, la reine des mers : ne dit-on pas le roi lion ? 
Une histoire fragmentée en quarante trois tableaux fantaisistes et érudits regroupant l'animal lui-même et ses représentations chez les écrivains et chez les pêcheurs ; dans la publicité (d'une célèbre marque de sel de table) et sur la chapiteaux des églises romanes (allez voir à Saint-Pierre de Mozac).
Cette promenade maritime est allègre (" A tout prendre, affirme François Garde, mieux vaut rire comme une baleine que comme une hyène ") et l'on y apprend plein de choses. A aimer les vraies baleines, comme fait Isabelle Autissier ; et à aimer les baleines d'encre et de papier comme Moby Dick, la plus célèbre d'entre elles.
Comment le libraire n'approuverait-il pas la comparaison que fait François Garde entre le capitaine Achab et le plus grand des héros de roman de toute la littérature occidentale : Don Quichotte.
Oui, comment ?

Jonas et la baleine sur le chapiteau de Saint-Pierre de Mozac

 

dimanche 8 mars 2015

L'Ouest extrême autrement dit : le Far West

Ralph Meyer, Xavier Dorison,
Undertaker I, Le Mangeur d'or
Dargaud, 64 pages, 13,99 €
Le croque-mort (the undertaker) est un personnage qui appartient à la mythologie du western en bande dessinée.  On ne citera pour mémoire que le croquignolet croque-mort qui sévit dans Lucky Luke.
Ici, c'est  Jonas Crow (autrement dit Jonas La Corneille) qui prend du service, pour la première fois mais sans doute pas la dernière : Xavier Dorison et Ralph Meyer ne cachent pas, en effet, leur souhait de prêter longue vie à leur croque-mort.
Dans ce premier volume, Le Mangeur d'or, même le moins averti des lecteurs de bandes dessinées ne peut pas ne pas penser à la série culte de Charlier et Giraud, Blueberry (" Myrtille ", pour les intimes).  C'est à peine si les chapeaux sont moins enfoncés et l'ombre moins marquée sur les visages des soldats grimaçants.
Bref, voici un album de la meilleure eau de l'Ouest, qui joue de tous les codes et de tous les colts. Le croque-mort à les pommettes hautes, les lèvres charnues et il abat beaucoup de travail.
Le portfolio se termine par un magnifique portrait de sheriff,  dans lequel le libraire a cru voir passer un faux air de l'excellent Lee Van Cleef, l'acteur au regard glacial et à la parole rare des westerns italiens et, entre autres, Du train sifflera trois fois.  Le même qui fit son apparition dans une aventure de Lucky Luke  : Le Chasseur de primes. Il a peut-être pris un peu de joues, mais c'est du bon travail.

Lee Van Cleef

samedi 7 mars 2015

Petits géants

Andrée Chedid, L'Onomatopée,
Sarabacane, 24 pages, 7,50 €
C'est le nom de la collection que les éditions Rue du Monde destinent à la poésie pour les tout petits, dès l'âge de deux ans, selon l'éditeur.
Chaque volume d'un petit format carré associe un poète francophone et un illustrateur de talent. Au catalogue figurent, par exemple, les duos suivants : Victor Hugo et Eric Battut ; Jules Supervielle et Marc Daniau ; Boris Vian et Lionel Le NéouanicPaul Eluard et Antonin Louchard.
 

Cerise sur le gâteau, il existe à côté de la collection francophone, des
" Petits géants " en version bilingue. Oui, monsieur, oui madame !  Soit des poètes du monde entier, comme l'espagnol Juan Goytisolo, le japonais  Ryokan, ou le turc Nazim Hikmet dont les poèmes figurent d'abord en traduction française, puis dans leur langue d'origine. Un  parfait départ dans la vie de polyglottes que nos enfants pourraient mener.
Le librairie confesse un petit coup de cœur pour C'est demain dimanche (Soupault/Choux) ; L'Enfant précoce (Cadou/Larnicol) et L'Onomatopée (Chedid/Placin).


Philippe Soupault, C'est demain dimanche,
Sarbacane, 24 pages, 7,50 €

vendredi 6 mars 2015

Yak Rivais dans la cour des grands

Yak Rivais, Les Aventures du général
Francoquin au pays des frères Cyclopus,
Le Tripode, 600 pages, 23,00 €
Les Sorcières sont NRV (1988), Le Métro mé pas tro (1991), L F H É la sorcière (1999), Yak Rivais est une étoile de la littérature enfantine.
Ce qu'on ignorait généralement, c'est qu'il avait fait ses débuts dans les romans pour les grands en 1967, avec ces Aventures du général Francoquin au pays des frères Cyclopus.
Salué lors de sa première parution, le général qui fait d'abord penser, allez savoir pourquoi (mais c'est un grand compliment), aux deux aventures du Baron de Münchhausen et de Simplicus Simplicissimus, fut publié dans la collection blanche de Gallimard avant d'être livré à la critique rongeuse des souris...
Sous une pétulante couverture jaune,
Le Tripode republie aujourd'hui ce récit tordant, véloce, un brin paillard, burlesque et qui fait mouche à chaque ligne de ses 596 pages imprimées, ce qui fait beaucoup, puisque le libraire a compté environ 35 lignes par page.

Extrait :
" La sentinelle ouvrit la porte et Francoquin entra. Reclus, Chou-Baby pleurait fixement, sur son lit. Un moment, Francoquin la regarde sans rien dire, de la porte refermée. Il s'avance embarrassé, une main tendue :
- Chou-Baby ?
Elle le regarde sans expression. Elle pleure. Il s'assied auprès d'elle, bras croisés, contemple ses bottes :
- Parle-moi ? Qu'y a-t-il entre ce garçon, Catt-bis, et toi ?
- Rien.
- Il prétend que tu l'aimes.
- Oui. Tu ne sais même pas ce que ça veut dire. Au fond, tu n'as que vingt ans. (...)
Il n'a pas d'avenir peut-être ! Pas d'argent ! La situation qu'il occupe dans ce pays, il peut la perdre !
- Je l'aime.
- (...) Quand l'as-tu vu pour la première fois ? Ce matin ?
- Oui. "


Yak Rivais, Le métro mais pas tro,
Ecole des Loisirs;


 
 
 

jeudi 5 mars 2015

Ce n'est pas tout à fait le printemps

Pas tout à fait, non : nous sommes d'accord : des petits grêlons sont même tombés hier rue Sornin, au numéro 5.
Toutefois, si le printemps n'est pas pour demain, il est pour après-demain. Et alors, tous au jardin !
Le libraire a donc mis de côté deux livres. Le premier est relatif à une très belle plante de jardin, le bambou. A condition que le bambou apprenne un peu à respecter autrui ou que le jardinier sache s'y prendre avec le bambou, car tous les observateurs vous le diront : " les bambous soit on les déteste, soit on les adore ".
Les auteurs de ce guide " pour une utilisation raisonnée " (je cite) proposent d'apprendre à connaître les différentes variétés  (bambous nains, petits bambous, bambous moyens et géants...) et à faire bon usage de leur plantation. C'est une précaution qu'approuve le libraire.

Danielle et Jean Vastrade,
Le bambou, ça rend fou, Edisalm, 98 pages
18,50 €

Le deuxième livre est tout aussi salutaire. Il s'intitule Ma tondeuse est silencieuse, et lui aussi s'attaque à l'une des nuisances bien connues des jardins printaniers : les bruits de moteur dans la maison d'à-côté et, le libraire sera franc, dans toutes les maisons du quartier ou du village (Le librairie se plaint souvent qu'il se publie trop de livres. Mais à quand Ma tronçonneuse est silencieuse ? Ma perceuse est silencieuse ?). Cet ouvrage joliment illustré suggère des remèdes et leur réalisation pratique : des tondeuses sans moteur pour les petites surfaces aux tondeuses animales (lapins, poules, mini-moutons). Et avez-vous pensé à cette solution bouleversante de beauté et de simplicité : la pelouse fleurie ?
Ces deux œuvres sont des cadeaux pour les amis du genre humain.

 
Patricia Beucher,
Ma tondeuse est silencieuse, Alternatives,
93 pages, 10 € 
 

mercredi 4 mars 2015

L'un des meilleurs romans français

Hubert Mingarelli,
L'Homme qui avait soif,
J'ai Lu, 156 pages,  6,40 €
... de l'année 2014 vient de paraître au format de poche. Il s'agit de L'Homme qui avait soif, d'Hubert Mingarelli, initialement publié chez Stock.
Il nous transporte dans le Japon de l'immédiat après-guerre.
Le soldat de seconde classe Hisao Kikuchi en a réchappé.
Avec cette étrange séquelle qu'il souffre d'une soif irrépressible. Au point de laisser repartir le train duquel il était descendu pour l'assouvir.
Le lecteur le suivra pendant tout le roman alors qu'il essaie de retrouver sa valise, son seul bien, restée à bord.
Nous haletons à ses côtés dans la quête qu'il mène pour retrouver à la fois sa mémoire et le contenu mystérieux et infiniment précieux de cette valise.
Hubert Mingarelli conduit son récit en de courts chapitres où s'entrelacent ses souvenirs resurgis, cette soif insistante, ainsi que des scènes dont on ne saurait vraiment dire si elles sont vécues ou rêvées. 

Le temps flotte de même que les lieux. Les êtres aussi, reliés toutefois par l'amitié.
Et une grande douceur, qui est celle du protagoniste lui-même, personnage complètement exposé, enveloppe le récit.
Les phrases sont elliptiques, à la mesure des chapitres, le vocabulaire d'une touchante simplicité comme Hisao Kikuchi.
Mais, bon sang, que contient cette fichue valise ?
Lorsqu'il l'apprend, le lecteur n'est que plus ému par tant de vraie candeur.


Hubert Mingarelli, DR.

mardi 3 mars 2015

En chantier

Le libraire est sur le pont.
Il prépare la rencontre avec Patricia Castex-Menier
du SAMEDI 21 MARS 2015, à 11 h 30
pour un apéritif-lecture en poésie
en partenariat, comme chaque année, avec la Semaine de la poésie.
Patricia Castex-Menier
Et, pour la première fois, 
en partenariat avec les 48 heures du polar de Clermont,
la venue de deux auteurs de romans policiers :
Barry Gornel et Olivier Norek,
le JEUDI 2 AVRIL 2015, à 17 h.
 
Olivier Norek
Barry Gornel
 
 

lundi 2 mars 2015

Al Capone, le Balafré, est-il en vie ?

Al Capone, Ma vie,
La Manufacture de livres, 237 pages, 16,90 €
Le catalogue des éditions de la Manufacture de livres est entièrement consacré aux  malfrats et aux gros méchants.
Et de ce point de vue, Al Capone, dit Scarface (Le Balafré) était incontournable.
Rédigée en 1948, son autobiographie n'était plus disponible en français depuis les années 1980. On peut douter que tout y soit conforme à la vérité et même qu'il soit l'auteur du récit de sa vie. Mais celui-ci, qui nous plonge au cœur de la prohibition dans les années 1920-30 à Chicago, est digne des classiques du polar. Il a inspiré maints films et séries.
Capone, dès qu'il règne, sur le trafic d'alcool et sur la ville, devient un mélange de dandy cruel et de Robin des Bois, distribuant des repas aux pauvres pour redorer son blason dans la crise qui secoue les Etats-Unis.
En attendant, les guerre des gangs fait rage ; Capone introduit le jazz à Chicago ; il règle leur compte aux caïds rivaux à coups de sulfateuse et de battes de baseball.
Il est plus que probable que la devise d'Al Capone soit apocryphe, mais elle vaut d'être citée : " On peut obtenir beaucoup plus avec un mot gentil et un revolver, qu'avec un mot gentil tout seul. "
Le libraire trouve que tout cela a très mauvais genre.

dimanche 1 mars 2015

Un chercheur dans l'alcôve

Jean-Claude Kaufmann,
Un lit pour deux. La tendre guerre.
Jean-Claude Lattès,  283 pages, 18 €
Où va se nicher la sociologie ? Et le sociologue ?
Un peu partout, à vrai dire, leur champ n'ayant fait que s'élargir (avec la multiplication des sociologues de l'Université eux-mêmes) et se rapprocher des domaines les plus personnels depuis qu'Auguste Comte inventa le mot.
Bref, avec Jean-Paul Kaufmann, la sociologie vient se nicher dans... la chambre à coucher.
Un échantillon (c'est le terme en vigueur chez les sociologues) de deux-cents couples a accepté de confier à l'enquêteur ce qui se passe sous la couette.
" Les témoignages sont très clairs : après quelques mots doux, ("bonne nuit"), bisous ou caresses, tourner le dos à son conjoint est une pratique massivement répandue " a ainsi découvert Jean-Paul Kaufmann.
Les positions, les combinaisons, les séparations, " le décalage des horaires au coucher ", il a tout ausculté. " Le dormeur léger (homme ou femme"), qui a la malchance d'avoir un conjoint ronfleur, est condamné à toute une gamme de tactiques bien connues :
il siffle, pince ou secoue, ne réglant le plus souvent que très momentanément le problème."
C'est finement observé.
Le lit, on s'en doutait un peu, est l'objet d'une mythologie complexe, dans laquelle les "irrémédiables solitaires" et les "fusionnels absolus " installent leurs habitudes. Le rituel du livre, rapporté par Jean-Paul Kaufmann a bien amusé le libraire :

Yves : Quand je lis un livre, je le pose toujours par terre.
Maria : Ça m'énerve ça ! Tu pourrais le mettre sur la table, ou à peu près rangé.
Yves : Moi, j'ai l'habitude de mettre mon livre par terre. C'est sa place, c'est mon côté, hein !