Le Cahier dessiné n°11, 384 pages, 45 € |
Ne comporterait-elle que le cahier consacré à Jacques Hartmann ( " Dans les entrailles foisonnantes du paysage ") que nous serions bien aise. Mais non. Il faut que s'y ajoutent un dossier Roland Topor (" Roland Topor, un jardin longtemps resté secret ") et un autre, saisissant, présentant le clochard dessinateur Marcel Bascoulard (" Une ombre dans la ville "), mort étranglé en 1978 dans un coin de Bourges, dont il hantait les rues depuis quarante ans...
Au sommaire encore, les natures mortes de Marianne Wydler et, sur plus de 380 pages d'un grand format, rien de médiocre.
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Dessiner, c'est peut-être une de ces dernières occasions qui restent de faire silence avec laquelle Alain Corbin, historien des sensibilités, nous invite à renouer.
De plus en plus, parmi nous autres civilisés, la capacité de se taire et d'écouter diminue.
" Certes, écrit Alain Corbin, quelques randonneurs solitaires, des artistes et des écrivains, des adeptes de la méditation, des femmes et des hommes retirés dans un monastère, quelques visiteuses de tombes et, surtout, des amoureux qui se regardent et se taisent sont en quête de silence et restent sensibles à ses textures. Mais ils sont comme des voyageurs échoués sur une île, bientôt déserte, dont les rivages sont rongés. "
En même temps, notre intolérance au bruit ne fait que croître. Et il apparaît que le silence est tout sauf un moment sinistre : une vraie richesse.
Jean-Michel Delacomptée, que cite Alain Corbin, disait : " Il y a toujours, dans le silence une beauté qui surprend, certaine tonalité qu'on goûte avec la finesse d'un gourmet, un repos au goût exquis (...) "
Alain Corbin, Histoire du silence. De la Renaissance à nos jours, Albin Michel, 216 pages, 16,50 € |
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