jeudi 2 mars 2017

Utopies, contre-utopies

Alberto Manguel, Voyage en Utopies, traduit de
l'anglais par Christine Le Bœuf, Editions Invenit,
104 pages, 28 €
Les utopies ont mauvaise presse ; les utopies n'ont simplement pas de presse du tout. Tous ces principes espérance, pour reprendre l'idée d'Ernst Bloch, s'effondrent dans une désespérance largement répandue.
C'est pourquoi une invitation au Voyage en Utopies, comme celle que propose Alberto Manguel ne saurait être prise de haut ou à la légère. Les grands rêveurs d'absolu sont là. Thomas More et son empire situé nulle part ; Cyrano de Bergerac et ses Etats de la Lune ; Swift, énorme, et ses exploits de Gulliver ; Charles Fourier, le passionné considérable et son nouveau monde amoureux ; Robert Owen, Etienne Cabet, André Godin, les réformateurs sociaux et leurs phalanstères...
Le libraire n'a que deux regrets à exprimer : la brièveté des notices consacrées à chacun. La pauvreté, pour ne pas dire l'absence, de grands rêves au XXe et au XXIe siècles...
Hasard ou ironie de l'histoire, les éditions Actes Sud proposent une nouvelle traduction du classique d'Eugène Zamiatine (1884-1937) naguère connu sous le titre de Nous autres (L'Imaginaire).
Féroce satire de l'Etat totalitaire, ce roman de science fiction fut publié en 1920 et interdit à la vente en URSS. Il s'agit d'une contre-utopie, c'est-à-dire une de ces créations causées, et rendues nécessaires, par le déception ou la trahison d'un grand rêve. D'une utopie. Le pamphlet de Zamiatine est de la famille du Meilleur des mondes de H.G. Wells ou de 1984 de George Orwell.
Evgueni Zamiatine, Nous, traduit du russe
par Hélène Henry, Actes Sud, 234 pages,
21 €

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