Eric Vuillard, 14 juillet, Actes Sud, 202 pages, 19 € |
14 juillet que publie ces jours Eric Vuillard. Pas de dialogues dans ce livre ; pas de personnages fictifs, glissés entre les
" grands personnages " de l'histoire ; ni, non plus, de regard distancié et clinique nécessaire, dit-on, à la reconstitution historique. Le lecteur entre, au contraire, de plain pied et immédiatement dans les tourbillon des faits -- ils ne sont pas neutres : tout commence par la destruction par la foule de la riche demeure d'un industriel qui veut baisser les salaires de ses gens, le 28 avril 1789.
Eric Vuillard procède par immersion du lecteur dans son récit où les faits s'enchaînent sans délai ni atermoiements.
Les destructions ; le compte des morts ; leur identité ; leur description physique ne donnent pas lieu à un quelconque pathos, mais rendent êtres et choses très présents. Le langage se fait souvent familier, et anachronique, participant de cette proximité ; et il est en même temps nourri par une information précise sur l'époque. les archives ont été consultées, intelligemment mises à profit. Il n'est pas jusqu'aux listes de noms (coup désormais un peu classique, facile) qui n'aient leur charme : "Ils s'appellent Mathieu, Guillaume, Firmin, de leur nom de famille, car les pauvres n'ont souvent pas mieux à se mettre. Ils peuvent aussi porter noms et prénoms pareils, Pierre Pierre, Jean Jean ; cela signe deux fois leur pauvreté. Ils ont aussi des noms de métiers, Mercier, Meunier, Lesaulnier, Vigneron (...) Mais encore des noms ridicules, Godailler, Quignon, Fagotte, Bourgeonneau, Tronchon, Pinard "...
Le 14 juillet des noms ridicules et des sans nom, sans grade, se lit d'un trait, jusqu'au déluge qui donne son titre au dernier chapitre de ce roman "historien ", plutôt qu' " historique ", selon la distinction que vient de proposer Dominique Viart.
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