samedi 18 novembre 2017

L'art des courtisans

Paul Henri Dietrich d'Holbach, Essai sur
l'art de ramper à l'usage des courtisans,
Berg International, 52 pages, 14 €
"... de tous les arts, le plus difficile est celui de ramper. Cet art sublime est peut-être la plus merveilleuse conquête de l'esprit humain. La nature a mis dans le cœur de tous les hommes un amour-propre, un orgueil, une fierté qui sont, de toutes les dispositions, les plus pénibles à vaincre. L'âme se révolte contre tout ce qui tend à la déprimer ; elle réagit avec vigueur toutes les fois qu'on la blesse dans cet endroit sensible ; et si de bonne heure on ne contracte l'habitude de combattre, de comprimer, d'écraser ce puissant ressort, il devient impossible de le maîtriser. C'est à quoi le courtisan s'exerce dans l'enfance, étude bien plus utile sans doute que toutes celles qu'on nous vante avec emphase, et qui annonce dans ceux qui ont acquis ainsi la faculté de subjuguer la nature une force dont très peu d'êtres se trouvent doués. "
L'ironiste qui se trouve être l'auteur de ces lignes se nomme Paul Henri Dietrich d'Holbach, plus connu sous le nom de baron d'Holbach (1723-1789). Il tint salon, où il accueillit tout ce que son temps connaissait d'esprits indépendants. La pertinence du propos frappe le libraire.
Celui-ci ne trouve que La Boétie (1530-1563), illustre Périgourdin, l'alter ego de Montaigne, pour rivaliser avec sa verve et sa perspicacité. L'œuvre s'intitule Discours de la servitude volontaire. Elle s'avère inépuisable et d'une actualité saisissante.

Etienne de la Boétie, Discours de la servitude
volontaire, Payot, 352 pages, 10

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