Kaouther Adimi, Nos richesses, Seuil, 218 pages, 17 € |
Edmond Charlot (1915-2004) fut ce qu'aujourd'hui l'on appellerait un éditeur indépendant. Un éditeur d'une grande finesse, car c'est lui qui publia le premier texte d'Albert Camus. Installé à Alger, au fond de sa librairie à l'enseigne de " Les vraies richesses " (en hommage à Jean Giono), Charlot est encouragé par Jean Grenier, son professeur de philosophie, à se lancer pour de bon dans l'édition. En 1936, il publie L'Envers et l'endroit de Camus, des textes de Max-Pol Fouchet (1913-1980) et de Grenier. Sa passion de l'édition le possédera (quel autre mot employer ?) toute sa vie, durant laquelle alterneront ses séjours entre l'Algérie et la métropole.
Le roman de Kaouther Adimi nous conduit des premiers pas de l'éditeur en Algérie française jusqu'au début des années 1960 où l'Algérie est devenue algérienne. La petite librairie, désormais sise au 2 bis rue Hamani, est plastiquée en 1961. Les archives d'Edmond Charlot concernant Camus, entre autres, ont été entièrement détruites et l'éditeur, qui avait publié les poètes de la Résistance lors de la seconde guerre, devra prendre le chemin de Paris. Il y poursuivra le même type de carrière.
A qui lui demande sa recette pour favoriser l'éclosion des jeunes talents d'écrivain, Kaouther Adimi imagine la réponse suivante :
Achetez une table, la plus ordinaire possible, avec un tiroir et une serrure.
Fermez le tiroir et jetez la clé.
Chaque jour, écrivez ce que vous voulez, remplissez trois feuilles de papier.
Glissez-les par la fente du tiroir. Evidemment sans vous relire. A la fin de l'année vous aurez à peu près 900 pages manuscrites. A vous de jouer.
Les Vraies richesses |
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