Marc Pautrel, La Sainte réalité. Vie de Jean-Siméon Chardin, Gallimard, 162 pages, 16 € |
Le prouvent à l'envi Les Singuliers d'Anne Percin (Gauguin), Deux remords de Claude Monet
(par Michel Bernard, au sujet de Bazille et des Impressionnistes), La Valse des arbres et du ciel, de Jean-Michel Guenassia, sur Van Gogh, Charlotte, de David Foenkinos redécouvrant Charlotte Salomon. Sans remonter à La Jeune fille à la perle de Tracy Chevalier et aux romans de Sophie Chauveau sur Manet, Botticelli ou Fragonard, ni même à L'Affaire Arnolfili, enquête sur un tableau de Van Eyck de Jean-Pierre Postel. Sans oublier non plus notre Prix des Lecteurs A la Page, Gaëlle Josse, et son beau Georges de la Tour.
C'est maintenant au tour de Chardin (1699-1779), Jean-Siméon de son prénom, d'inspirer une
" biofiction " à un auteur contemporain. Pour nous introduire dans l'univers du peintre, Marc Pautrel
a choisi de se concentrer sur les œuvres de l'artiste plutôt que sur les événements de sa vie. Se trouvent ainsi minutieusement décrits les tableaux qui ont valu la postérité à Chardin, lui qui peignait dans un genre situé au plus bas de la hiérarchie des genres : la nature morte.
" Un petit panier d'osier d'un doigt de profondeur, est rempli de prunes sombres, de l'espèce quetsche d'Italie, séparées les unes des autres par leurs feuilles disposées en tapis, et les prunes les plus hautes sont de couleur changeante sous l'effet des reflets, violet orangé, et l'une réfléchit tellement la lumière qu'elle semble grise, alors que les prunes du dessous sont très sombre et quasiment bleu nuit. "
Cette attention portée à la couleur et au nuancier de Chardin pourrait avoir quelque chose d'hyper-réaliste dans l'écriture, si on ne craignait pas les anachronismes. Quelque chose d'entêtant aussi, comme un bocal d'abricots. Ou une pyramide de fraises dressée dans un panier d'osier. Avec deux œillets blancs posés de biais.
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