Carole Sandrel, Le Sang des sorcières, François Bourin, 324 pages, 22 € |
La comptabilité du nombre de mortes varie selon les sources, mais elle reste effroyable.
Les poètes, les théologiens, les démonologues et, sans doute, la misogynie ordinaire, préparèrent de longue date le terrain et poussèrent les présumées sorcières vers les bûchers, comme le pose au départ de son enquête Carole Sandrel.
Ainsi Du Bellay :
... Tu es une attise-querelle,
Tu es sorcière et maquerelle,
Tu es hypocrite et bigote,
Et toujours ta bouche marmotte ...
Ainsi Ronsard, celui de "mignonne allons voir si la rose" :
... vieille sorcière deshontée,
Que les bourreaux ont fouettée
Te honnissant de coups...
Ainsi Platon, qui décréta : " Il n'y a que les hommes qui ont été créés directement par les dieux et qui possèdent une âme. " Et les Pères de l'Eglise ne furent pas en reste dans cette curée. Ainsi Thomas d'Aquin : " La femme est quelque chose de défectueux et de manqué. "
Le Sang des sorcières instruit un contre-procès, qui retrace l'histoire de la chasse aux sorcières et nomme ses acteurs au cours des siècles (avec la période 1560-1630 comme apogée), ainsi que ses quelques courageux opposants. Et l'auteur propose en conclusion une réhabilitation mémorielle des soi-disant sorcières dont on connaît le nom.
De son coté, Folio réédite l'essai romantique que Michelet a composé comme une tragédie, et à qui l'on reprocha de s'être abandonné à une apologie du démonisme : La Sorcière.
Michelet, La Sorcière, préface de Richard Millet, Folio classique, 480 pages, 5,90 € |
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