Eric Chevillard, Défense de Prosper Brouillon, illustrations de Jean-François Martin, Noir sur blanc, 101 pages, 14 € |
Une expérience marquante, à tous les sens du mot, si l'on en croit le récit intitulé Défense de Prosper Brouillon qu'il publie aujourd'hui.
Qui est Prosper Brouillon (à ne pas confondre avec Georges Bouillon et sa célèbre potion magique) ?Un auteur français à succès, dont " pas un roman ne se hisse quelques minutes après sa sortie en tête des meilleures ventes. " Un abonné des plateaux de télévision, un vieux renard des antennes radiophoniques dont le succès irrite ses confrères que l'on pourrait surnommer " les moindres ventes ".
Pendant ce temps, Prosper score, Prosper prospère.
Eric Chevillard le connaît sur le bout des doigts son Prosper Brouillon. " Si vous rencontrez un personnage ' protégé d'humour ', 'crêté d'orgueil ', ' émergé du ridicule ', ' troué de chagrin ' ou
' éreinté de faux semblants ', écrit-il, vous êtes à n'en pas douter dans un livre de Prosper Brouillon. "
Six années de lectures intensives lui ont fourni une abondante documentation. Il peut nous restituer son génie, dévoiler ses techniques, nous faire valoir la beauté de sa prose. Citations à l'appui, dont voici trois ou quatre nouveaux exemples saisissants :
" Il jeta un œil circulaire sur la pièce. "
" Un deuil brutal aboie en elle. "
" ... amoncelé sur une chaise en osier (...), le regard catapulté au large. "
" Un rien suffisait à l'extirper de ses gonds "
" On n'entendait pas siffler le passage du temps. "
Et autres perles que le chroniqueur Eric Chevillard, il nous le jure, a relevé dans une
" vingtaine de romans français publiés ces dernières années, ayant tous obtenu de beaux succès de vente ". Car, bien sûr, Prosper Brouillon, n'est pas un être fabriqué d'une seule pièce. Chevillard l'a bricolé, tel Frankenstein, à partir de divers cas littéraires bien connus, et même récompensés pour leurs services par de grands prix littéraires, mais dont les noms restent scellés.
Le libraire se demande si vous sauriez les reconnaître... De toute façon, lui qui vend les romans de Prosper sans prospérer, il ne croit pas aux méchancetés de cette mauvaise langue d'Eric Chevillard. Le libraire est pur.
Roald Dahl, La Potion magique de Georges Bouillon, traduit de l'anglais par Marie-Raymond Farré, 128 pages, 6,80 € |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire