Edmund de Waal, La Voie blanche. A la rencontre d'un art millénaire, traduit de l'anglais par Josée Kamoun, Autrement, 517 pages 24 € |
" Je suis en Chine. Je tente de traverser la rue à Jingdezhen, capitale de la porcelaine située dans la province du Jiangxi, Ur légendaire où tout a commencé ; les cheminées des fours brûlent toute la nuit, la ville n'est qu'une " grande fournaise qui a plusieurs soupiraux", avec ses manufactures pour la maison impériale, là-bas au repli des montagnes où pointe la flèche de ma boussole. C'est ici que les empereurs envoyaient leurs émissaires commander des bassins de porcelaine d'une profondeur invraisemblable pour les carpes du palais, des coupes pour les rites, des bols par milliers pour leur maisonnée. Ici que les marchands venaient commander des plats pour les festins des princes timourides, des jattes pour les ablutions des cheikhs, des services à vaisselle pour les reines. C'est la ville des secrets de fabrication, avec son savoir-faire millénaire, ses cinquante générations d'ouvriers qui ont extrait, lavé et malaxé la terre blanche, la ville où l'on connaît et façonne si bien la porcelaine, avec ses ateliers innombrables, ses potiers, ses vernisseurs, ses décorateurs, la ville des négociants, des courtisanes et des espions. "
La Voie blanche bénéficie aussi de la meilleure dernière page de la semaine grâce à Josée Kamoun, sa fervente traductrice, qui conclut en beauté : " Le traducteur, arlequin serviteur de deux maîtres, a mis ses pas dans ceux d'Edmund de Waal passeur de cultures, pour emprunter la route de la porcelaine avec ses tours et détours entre deux mondes et quelques empires. Au lecteur, il est heureux d'en faire retour. "
Melville, Moby Dick, traduit de l'américain par Jean Giono, Lucien Jacques et Joan Smith, Folio, 752 pages, 9,80 € |
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